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l'anneau, est à peu près la même que celle de la révolution d'un satellite mu circulairement à la distance du centre de l'ellipse génératrice, et cette durée est d'environ quatre heures et un tiers, pour l'anneau intérieur. Herschell a confirmé par l'observation, ce résultat auquel j'avais été conduit par la théorie de la pesanteur.

L'équilibre du fluide subsisterait encore, en supposant l'ellipse génératrice, variable de grandeur et de position, dans l'étendue de la circonférence de l'anneau; pourvu que ces variations ne soient sensibles qu'à des distances beaucoup plus grandes que l'axe de la section génératrice. Ainsi, l'anneau peut être supposé d'une largeur inégale dans ses diverses parties: on peut même le supposer à double courbure. Ces inégalités sont indiquées par les apparitions et les disparitions de l'anneau de Saturne, dans lesquelles les deux bras de l'anneau ont présenté des phénomènes différens : elles sont même nécessaires pour maintenir l'anneau en équilibre autour de la planète; car s'il était parfaitement semblable dans toutes ses parties, son équilibre serait troublé par la force la plus légère, telle que l'attraction d'un satellite, et l'anneau finirait par se précipiter sur la planète.

Les anneaux dont Saturne est environné, sont par conséquent, des solides irréguliers d'une largeur inégale dans les divers points de leur circonférence, ensorte que leurs centres de gravité ne coïncident pas avec leurs centres de figure. Ces centres de gravité peuvent être considérés comme autant de satellites qui se meuvent autour du centre de Saturne, à des distances dépendantes des inégalités des anneaux, et avec des vitesses angulaires égales aux vîtesses de rotation de leurs anneaux respectifs.

On conçoit que ces anneaux sollicités par leur action mutuelle, par celle du soleil et des satellites de Saturne, doivent osciller autour du centre de cette planète, et produire ainsi des phénomènes de lumière, dont la période embrasse plusieurs années. On pourrait croire que ces anneaux obéissant à des forces différentes, ils doivent cesser d'être dans un même plan: mais Saturne ayant un mouvement rapide de rotation, et le plan de son équateur étant le même que celui de l'anneau et des six premiers satellites; son action

maintient dans ce plan, le système de ces différens corps. L'action du soleil et du septième satellite, ne fait que changer la position du plan de l'équateur de Saturne, qui dans ce mouvement, entraîne les anneaux et les orbes des six premiers satellites.

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CHAPITRE X.

Des atmosphères des corps célestes.

UN N fluide rare, transparent, compressible et élastique, qui environne un corps, en s'appuyant sur lui, est ce que l'on nomme son atmosphère. Nous concevons autour de chaque corps céleste, une pareille atmosphère dont l'existence vraisemblable pour tous, est relativement au soleil et à Jupiter, indiquée par les observations. A mesure que le fluide atmosphérique s'élève au-dessus du corps; il devient plus rare, en vertu de son ressort qui le dilate d'autant plus, qu'il est moins comprimé: mais si les parties de sa surface extérieure, étaient élastiques; il s'étendrait sans cesse, et finirait par se dissiper dans l'espace; il est donc nécessaire que le ressort du fluide atmosphérique diminue dans un plus grand rapport, que le poids qui le comprime, et qu'il existe un état de rareté, dans lequel ce fluide soit sans ressort. C'est dans cet état qu'il doit être à la surface de l'atmosphère.

Toutes les couches atmosphériques doivent prendre, à la longue, un même mouvement angulaire de rotation, commun au corps qu'elles environnent; car le frottement de ces couches, les unes contre les autres et contre la surface du corps, doit accélérer les mouvemens les plus lents, et retarder les plus rapides, jusqu'à ce qu'il y ait entre eux, une parfaite égalité. Dans ces changemens, et généralement dans tous ceux que l'atmosphère éprouve; la somme des produits des molécules du corps et de son atmosphère, multipliées respectivement par les aires que décrivent autour de leur centre commun de gravité, leurs rayons vecteurs projetés sur le plan de l'équateur, reste toujours la même en temps égal. En supposant donc que, par une cause quelconque, l'atmosphère

vienne à se resserrer, ou qu'une partie se condense à la surface du corps; le mouvement de rotation du corps et de l'atmosphère en sera accéléré; car les rayons vecteurs des aires décrites par les molécules de l'atmosphère primitive, devenant plus petits; la somme des produits de toutes les molécules, par les aires correspondantes, ne peut pas rester la même, à moins que la vitesse de rotation n'augmente.

A la surface extérieure de l'atmosphère, le fluide n'est retenu que par sa pesanteur; et la figure de cette surface est telle que la résultante de la force centrifuge et de la force attractive du corps, lui est perpendiculaire. L'atmosphère est aplatie vers ses pôles, et renflée à son équateur; mais cet aplatissement a des limites, et dans le cas où il est le plus grand, le rapport des axes du pôle et de l'équateur est celui de deux à trois.

L'atmosphère ne peut s'étendre à l'équateur, que jusqu'au point où la force centrifuge balance exactement la pesanteur; car il est clair qu'au-delà de cette limite, le fluide doit se dissiper. Relativement au soleil, ce point est éloigné de son centre, du rayon de l'orbe d'une planète qui ferait sa révolution dans un tems égal à celui de la rotation du soleil. L'atmosphère solaire ne s'étend donc pas jusqu'à l'orbe de Mercure, et par conséquent, elle ne produit point la lumière zodiacale qui paraît s'étendre au-delà même de l'orbe terrestre. D'ailleurs, cette atmosphère dont l'axe des pôles doit être au moins, les deux tiers de celui de son équateur, est fort éloignée d'avoir la forme lenticulaire que les observations donnent à la lumière zodiacale.

Le point où la force centrifuge balance la pesanteur, est d'autant plus près du corps, que le mouvement de rotation est plus rapide. En concevant que l'atmosphère s'étende jusqu'à cette limite, et qu'ensuite elle se resserre et se condense par le refroidissement, à la surface du corps; le mouvement de rotation deviendra de plus en plus rapide, et la plus grande limite de l'atmosphère se rapprochera sans cesse de son centre. L'atmosphère abandonnera donc successivement, dans le plan de son équateur, des zônes fluides qui continueront de circuler autour du corps, puisque leur force centrifuge est égale à leur pesanteur: mais cette égalité n'ayant

point lieu relativement aux molécules de l'atmosphère, éloignées de l'équateur; elles ne cesseront point de lui appartenir. Il est vraisemblable que les anneaux de Saturne sont des zônes pareilles, abandonnées par son atmosphère.

Si d'autres corps circulent autour de celui que nous considérons, ou si lui-même circule autour d'un autre corps; la limite de son atmosphère est le point où sa force centrifuge, plus l'attraction des corps étrangers, balance exactement sa pesanteur: ainsi, la limite de l'atmosphère de la lune est le point où la force centrifuge due à son mouvement de rotation, plus la force attractive de la terre, est en équilibre avec l'attraction de ce satellite. La masse de la lune étant 68,5 de celle de la terre; ce point est éloigné du centre de la lune, d'un neuvième environ, de la distance de la lune à la terre. Si à cette distance, l'atmosphère primitive de la lune n'a point été privée de son ressort; elle se sera portée vers la terre qui a pu ainsi l'aspirer : c'est peut-être la cause pour laquelle cette atmosphère est aussi peu sensible.

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