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LIVRE PREMIER.

DES MOUVEMENS APPARENS DES CORPS CÉLESTES.

CHAPITRE PREMIER.

Du mouvement diurne du ciel.

Si pendant une belle nuit, et dans un lieu dont l'horizon soit à découvert, on suit avec attention le spectacle du ciel; on le voit changer à chaque instant. Les étoiles s'élèvent ou s'abaissent; quelques-unes commencent à se montrer vers l'orient, d'autres disparaissent vers l'occident; plusieurs, telles que l'étoile polaire, et les étoiles de la grande Ourse, n'atteignent jamais l'horizon dans nos climats. Dans ces mouvemens divers, la position respective de tous ces astres reste la même : ils décrivent des cercles d'autant plus petits, qu'ils sont plus près d'un point que l'on conçoit immobile. Ainsi le ciel paraît tourner sur deux points fixes nommés par cette raison, pôles du monde; et dans ce mouvement, il emporte le système entier des astres. Le pôle élevé sur notre horizon, est le pôle boréal ou septentrional: le pôle opposé que l'on imagine au-dessous de l'horizon, se nomme pôle austral ou méridional.

Déjà plusieurs questions intéressantes se présentent à résoudre. Que deviennent pendant le jour, les astres que nous voyons durant la nuit? D'où viennent ceux qui commencent à paraître ? Où vont ceux qui disparaissent ? L'examen attentif des phénomènes, fournit des réponses simples à ces questions. Le matin, la lumière des

EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE.

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étoiles s'affaiblit à mesure que l'aurore augmente: le soir, elles deviennent. plus brillantes à mesure que le crépuscule diminue; ce n'est donc point parce qu'elles cessent de luire, mais parce qu'elles sont effacées par la vive lumière des crépuscules et du soleil, que nous cessons de les apercevoir. L'heureuse invention du télescope nous a mis à portée de vérifier cette explication, en nous faisant voir les étoiles, au moment même où le soleil est le plus élevé. Celles qui sont assez près du pôle, pour ne jamais atteindre l'horizon, sont constamment visibles. Quant aux étoiles qui commencent à se montrer à l'orient, pour disparaître à l'occident; il est naturel de penser qu'elles continuent de décrire sous l'horizon, le cercle qu'elles ont commencé à parcourir au-dessus, et dont l'horizon nous cache la partie inférieure. Cette vérité devient sensible, quand on s'avance vers le nord: les cercles des étoiles situées vers cette partie du monde, se dégagent de plus en plus de dessous l'horizon: ces étoiles cessent enfin de disparaître, tandis que d'autres étoiles situées au midi, deviennent pour toujours invisibles. On observe le contraire en avançant vers le midi : des étoiles qui demeuraient constamment sur l'horizon, se lèvent et se couchent alternativement; et de nouvelles étoiles auparavant invisibles, commencent à paraître. La surface de la terre n'est donc pas ce qu'elle nous semble, un plan sur lequel la voûte céleste est appuyée. C'est une illusion que les premiers observateurs ne tardèrent pas tifier par des considérations analogues aux précédentes: ils reconnurent bientôt que le ciel enveloppe de tous côtés la terre, et que les étoiles y brillent sans cesse, en décrivant, chaque jour, leurs différens cercles. On verra dans la suite, l'astronomie souvent occupée à corriger de semblables illusions, et à reconnaître les objets réels dans leurs trompeuses apparences.

à rec

Pour se former une idée précise du mouvement des astres; on conçoit par le centre de la terre et par les deux pôles du monde, un axe autour duquel tourne la sphère céleste. Le grand cercle perpendiculaire à cet axe, s'appelle équateur: les petits cercles que les étoiles décrivent parallèlement à l'équateur, en vertu de leur mouvement diurne, se nomment parallèles. Le zénith d'un observateur, est le point du ciel que sa verticale va

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rencontrer le nadir est le point directement opposé. Le méri dien est le grand cercle qui passe par le zénith et les pôles : il partage en deux également, l'arc décrit par les étoiles sur l'horizon, et lorsqu'elles l'atteignent, elles sont à leur plus grande ou à leur plus petite hauteur. Enfin l'horizon est le grand cercle perpendiculaire à la verticale, ou parallèle à la surface de l'eau stagnante dans le lieu de l'observateur.

La hauteur du pôle tient le milieu entre la plus grande et la plus petite hauteur des étoiles qui ne se couchent jamais, ce qui donne un moyen facile de la déterminer; or en s'avançant directement vers le pôle, on le voit s'élever à fort peu près proportionnellement à l'espace parcouru; la surface de la terre est donc convexe, et sa figure est peu différente d'une sphère. La courbure du globe terrestre est sensible à la surface des mers: le navigateur, en approchant des côtes, aperçoit d'abord leurs points les plus élevés, et découvre ensuite successivement les parties inférieures que lui dérobait la convexité de la terre. C'est encore à raison de cette courbure, que le soleil à son lever, dore le sommet des montagnes avant que d'éclairer les plaines.

CHAPITRE II.

Du Soleil et de ses mouvemens.

Tous les astres participent au mouvement diurne de la sphère céleste; mais plusieurs ont des mouvemens propres qu'il est im→ portant de suivre, parce qu'ils peuvent seuls nous conduire à la connaissance du vrai système du monde. De même que pour me surer l'éloignement d'un objet, on l'observe de deux positions différentes; ainsi pour découvrir le mécanisme de la nature, il faut la considérer sous divers points de vue, et observer le développement de ses lois, dans les changemens du spectacle qu'elle nous présente. Sur la terre, nous faisons varier les phénomènes par des expériences dans le ciel, nous déterminons avec soin tous ceux que nous offrent les mouvemens célestes. En interrogeant ainsi la nature, et soumettant ses réponses à l'analyse; nous pouvons par une suite d'inductions bien ménagées, nous élever aux phénomènes généraux dont tous les faits particuliers dérivent. C'est à découvrir ces grands phénomènes, et à les réduire au plus petit nombre possible, que doivent tendre nos efforts; car les causes premières et la nature intime des êtres nous seront éternellement inconnues.

Le soleil a un mouvement propre dirigé en sens contraire du mouvement diurne. On reconnaît ce mouvement, par le spectacle du ciel pendant les nuits, spectacle qui change et se renouvelle avec les saisons. Les étoiles situées sur la route du soleil, et qui se couchent un peu après lui, se perdent bientôt dans sa lumière, et reparaissent ensuite avant son lever; cet astre s'avance donc vers elles, d'occident en orient. C'est ainsi que l'on a suivi longtemps son mouvement propre, qui maintenant peut être déterminé avec une grande précision, en observant chaque jour, la hauteur

méridienne du soleil, et le temps qui s'écoule entre son passage et ceux des étoiles, au méridien. Ces observations donnent les mouvemens propres du soleil, dans le sens du méridien et dans le sens des parallèles; et la résultante de ces mouvemens est le vrai mouvement de cet astre autour de la terre. On a trouvé de cette manière, que le soleil se meut dans un orbe que l'on nomme écliptique, et qui, au commencement de 1801, était incliné de 26°,07315 à l'équateur.

C'est à l'inclinaison de l'écliptique sur l'équateur, qu'est due la différence des saisons. Lorsque le soleil atteint par son mouvement annuel, l'équateur; il le décrit à fort peu près en vertu de son mouvement diurne, et ce grand cercle étant partagé en deux également par tous les horizons, le jour est alors égal à la nuit, sur toute la terre. On a nommé par cette raison, équinoxes, les points d'intersection de l'équateur avec l'écliptique. A mesure que le soleil, en partant de l'équinoxe du printemps, s'avance dans son orbe, ses hauteurs méridiennes sur notre horizon, croissent de plus en plus l'arc visible des parallèles qu'il décrit, chaque jour, augmente sans cesse, et fait croître la durée des jours, jusqu'à ce que le soleil parvienne à sa plus grande hauteur. A cette époque, le jour est le plus long de l'année; et comme vers le maximum, les variations de la hauteur méridienne du soleil sont insensibles, le soleil, à ne considérer que cette hauteur dont dépend la durée du jour, paraît stationnaire; ce qui a fait nommer solstice d'été, ce point du maximum. Le parallèle que le soleil décrit alors est le tropique d'été. Cet astre redescend ensuite vers l'équateur qu'il traverse de nouveau dans l'équinoxe d'automne; et de là, il parvient à son minimum de hauteur, ou au solstice d'hiver. Le parallèle décrit alors par le soleil, est le tropique d'hiver; et le jour qui lui répond, est le plus court de l'année. Parvenu à ce terme, le soleil remonte vers l'équateur et revient, à l'équinoxe du printemps, recommencer la même carrière.

Telle est la marche constante du soleil et des saisons. Le printemps est l'intervalle compris entre l'équinoxe du printemps et le solstice d'été : l'intervalle de ce solstice à l'équinoxe d'automne forme l'été l'intervalle de l'équinoxe d'automne au solstice d'hiver, forme

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