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39. Les yeux du lièvre sont autres que ceux de la

chouette.

40. Cracher contre le ciel, c'est se cracher au visage. 41. Il y a eu un incendie l'année dernière, et on le sent encore cette année. (N'est pas sauvé qui traîne son lien, disent les Français. ) C'est sans doute un avis que les Grecs se donnent entre eux de se défier de l'avidité des Turcs et surtout des janissaires, qui excitent souvent des incendies pour avoir occasion de les piller.

42. La vieille a trouvé les figues douces, maintenant elle en cherche toute la journée. Qui a bu, boira; qui a joué, jouera.

45. Dans la ville des pécheurs, l'impie est magistrat. 44. La nuit fait un évêque, le matin un archevêque. 45. Le vaisseau peut périr pour avoir trop de pilotes. Trop de précautions entraînent trop de soins; la foule cause embarras.

46. Si tu entends dire qu'il y a quelque part une grande abondance de cerises, tu n'as besoin de prendre avec toi qu'un petit panier.

47. Basile, honore ton père; et toi, père de Basile, observe-toi.

48. Le sang qui doit couler ne saurait toujours rester dans la veine. Il faut tôt ou tard se préparer à mourir; la vie n'est qu'un sommeil dont le réveil est la mort.

49. Tâche de gagner le chien par des caresses, mais ne dépose pas ton bâton.

50. Chacun est débiteur du brigand et de celui qui a la force en main. Depuis le padischah, ou le grand-seigneur, jusqu'au moindre topdji, canon

nier, tous les Turcs s'entendent pour rançonner les Grecs.

51. Il n'y a pas de menteur qui ne trouve quelqu'un qui témoigne pour lui.

52. Que sert d'avoir une cuvette d'or pour y cracher du sang?

53. La souffrance est un bon médecin.

54. Celui qui s'est brûlé en mangeant trop chaud, souffle même sur un morceau froid.

55. Ne consulte pas le médecin, mais celui qui a été malade. Les médecins grecs sont très-ignorans et ont bien dégénéré de leur compatriote Hippocrate; toute leur science ne consiste qu'en un recueil de recettes qu'ils appliquent à tout propos : le punch est leur remède favori, parce qu'ils le boivent avec leurs malades.

56. Chacun a l'heure de sa mort écrite sur son front en caractères qui sont indéchiffrables pour l'homme, mais que le doigt de Dieu a traces.

SIII. LATINS, spécialement des Romains.

A la différence des Grecs qui dans leur origine ont été enfans, les Romains dans la leur ont été barbares; leurs mœurs ont varié suivant la diversité des temps. Sous leurs premiers rois ils vécurent dans la plus grande simplicité; toute leur existence était partagée entre le besoin de pourvoir à leur nourriture et le péril de la guerre, pour repousser un ennemi jaloux de leur établissement. Ce période dura 244 ans. Sous les consuls ils furent souvent en proie à de cruelles dissensions: d'un

côté, l'envie de dominer chez les patriciens, de l'autre, l'amour de l'indépendance chez les plébéïens excités par l'esprit turbulent des tribuns, firent naître de dangereuses factions, qui mirent la république naissante à deux doigts de sa perte. Cette série de dissensions civiles, où cependant la république romaine eut quelques jours de gloire, dura plus de trois siècles, depuis l'expulsion des rois jusqu'au temps des Gracques. Enfin la destinée du peuple romain devait s'accomplir et le rendre maître du monde; mais ce ne fut que lorsque l'esprit de faction eut fait place à l'esprit d'ordre, à l'amour de la patrie, lorsque les mœurs se furent épurées, et que de grands hommes, tels que les Curius, les Cincinnatus, les Scipion, eurent donné l'exemple des vertus civiques et guerrières, et inspiré à leurs concitoyens le désir de se distinguer par de grandes actions. La guerre civile vint replonger ensuite la république romaine dans un gouffre de maux, dont elle ne sortit que pour devenir la proie des empereurs, qui disposèrent des Romains comme de vils troupeaux d'esclaves soumis à leurs caprices et aux infamies de leurs dissolutions. Tel a été l'état politique des Romains. Nous ne remonterons pas aux causes de la décadence de leur empire, que l'on peut cependant attribuer à l'entreprise même de le porter bien au-delà de l'Italie, et de lui donner une étendue à laquelle aucune espèce de gouvernement ne pourrait suffire; nous nous occuperons seulement de retracer les traits les plus saillans de leur caractère, de leurs usages et de leurs mœurs,

Dans les premiers siècles de la république, l'agriculture fut en grand honneur chez les Romains, et cette considération attachée aux travaux rustiques fut de si longue durée, que Cicéron affirme que sur la fin même de la république, les honnêtes gens aimaient encore mieux être enregistrés dans les tribus de la campagne que dans celles de la ville. Ils ne quittaient le séjour de la campagne que pour voler à la guerre; ils étaient à-la-fois laboureurs et soldats, et c'est cet amour du travail et de la vie champêtre qui a entretenu pendant tant de siècles ces sentimens de générosité et de désintéressement qui ont porté plus haut le nom du peuple romain que ses victoires et ses conquêtes. L'objet principal de la vertu des Romains était la prospérité de l'État; ils ne parlaient entre eux que, de leur grande destinée, long-temps avant qu'elle se fût accomplie, comme on le voit par l'expression favorite qu'ils employaient dans toutes leurs harangues : Quirites imperio nati, Romains nés pour l'empire. Pleins de l'idée ambitieuse que l'empire du monde était destiné à leur patrie, tous leurs efforts tendaient à l'obtenir. Pour satisfaire cette flatteuse ambition, ils sacrifièrent tout, jusqu'à l'amour des plaisirs et l'amour des richesses. De tous les peuples du monde il n'y en a pas eu, dit Tite-Live, de plus grand, de plus respectable, ni de plus riche en bons exemples, que le peuple romain; aucun chez lequel le brigandage et la débauche se soient introduits plus tard, et chez lequel la pauvreté et l'économie aient été plus long-temps en honneur.

Dans les beaux jours de la république, plus tard même, les Romains étaient très-exacts observateurs de la décence publique. César voyant accourir plusieurs sénateurs armés de poignards pour lui ôter la vie, et ne pouvant se soustraire à leur fureur, s'entoura de son manteau, et rangea sa robe de manière à pouvoir tomber avec décence et dérober, ainsi aux yeux le spectacle de sa nudité. Philippe, roi de Macédoine, faisant vendre en sa présence dans la place publique plusieurs soldats romains que le sort de la guerre avait condamnés à être vendus comme esclaves, était assis négligemment dans la posture d'un homme qui se repose. Sa robe par hasard s'était dérangée; l'une de ses jambes découverte et passée sur le genou de l'autre qui était aussi nue, laissait voir ce que probablement il croyait cacher. Un des prisonniers aperçut l'indécence de cette posture, et par une rare présence d'esprit, il s'écria qu'il ne devait pas être vendu parce qu'il était l'ami du roi, et que s'il pouvait lui dire deux mots en secret, il lui en donnerait la preuve. Philippe fit approcher ce prisonnier qui lui dit tout bas : Seigneur, vous n'êtes point commodément assis. Philippe remarquant en effet la position indécente dans laquelle il se trouvait, remit ses deux jambes l'une à côté de l'autre, et couvrit de sa robe ce qu'il avait fait indiscrètement remarquer Oui, cet homme est de mes amis, dit-il; je l'avais oublié, je lui donne la liberté; et il le renvoya.

Il faut convenir que si le peuple romain brilla long temps par l'exercice de toutes les vertus, il

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