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autres? Le commencement de ce vers de la hui

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tième Églogue des Bucoliques de Virgile est devenu proverbe; il se dit de ceux qui obtiennent, par leur crédit ou par leurs intrigues, un emploi honorable et lucratif, dont ni leurs talens ni leur probité ne les rendent dignes. La comparaison que Virgile établit entre Mopsus, berger lourd et grossier, et Nise, bergère d'une grande beauté, constitue le sens véritable du proverbe.

32. Intus Nero, foris Cato. C'est un Caton audehors, un Néron au-dedans. C'est une expression proverbiale attribuée à saint Jérôme, lorsqu'il voulait désigner un hypocrite. Caton était recommandable par l'austérité de ses mœurs, Néron connu par sa dépravation et sa cruauté.

33. Septem convivium, novem convicium. Sept à table, c'est raisonnable, neuf, c'est vacarme. C'est le sentiment de Marcus Varron, qui ne veut pas que le nombre des convives excède celui des Muses, ni qu'il soit au-dessous de celui des Grâces. Vénus réclamerait contre cette prétention, malgré l'adage numero impari gaudet. En effet, la confusion règne dans une table trop nombreuse; chacun ne pouvant s'entretenir qu'avec son voisin, cela fait un murmure continu et un mélange de voix discordant. Le sage ne peut placer son mot ni retrouver une pensée, et, comme le disait fort bien, dans un repas, le fameux Montmaur, impatienté du bruit confus des voix, tandis qu'on ne devait entendre que le mouvement des mâchoires et le cliquetis des dents Taisez-vous donc, Messieurs, on ne sait ce qu'on mange.

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34. Iro pauperior. Plus pauvre qu'Irus. Irus était un pauvre de l'île d'Ithaque, qui était à la suite des amans de Pénélope et qui se trouvait probablement le jouet de leurs caprices. Par opposition on disait Craso ditior, plus riche que Crésus, roi de Lydie, qui possédait d'immenses richesses. Les poètes se sont souvent servi de ces deux comparaisons proverbiales. 1o Ovide dit, liv. III, élég. VII, vers 42 :

Irus et est subito qui modo Cræsus erat.

De Crésus il devient Irus, vers qui peut admirablement bien s'appliquer à tous ces spéculateurs de bourse, qui aujourd'hui nagent dans l'opulence, et le lendemain se trouvent réduits, par l'effet de ce jeu infernal, à la plus affreuse misère. 2° Properce s'exprime ainsi, élég. IV, liv. III :

Non distat Cræsus ab Iro.

• Il n'y a qu'un pas de la richesse à la pauvreté.

35. Vinum trifolinum. Vin de trois feuilles, maître vin. Cela se disait chez les Romains d'un vin généreux qu'on avait gardé trois ans ou trois nouvelles pousses de feuilles. Martial se sert de cette expression dans ce vers :

Non sum de primo fateor trifolina lyæo.

On appelait aussi ces sortes de vins rois ou dynastes. C'est le surnom qu'on donnait au vin de l'île de Scio, qui jouissait d'une grande réputation parmi les Grecs.

36. In tenebris micare. Briller dans les ténèbres. Proverbe fort commun pour exprimer un homme de bien auquel on peut se fier sans prendre de pré

cautions. Erasme le rapporte d'après Cicéron. Les gens de la campagne, dit ce grand orateur, au livre III de Officiis, ont donné naissance à un proverbe, lorsque, pour louer la bonne foi et la probité de quelqu'un, ils disent qu'on pourrait sans risquer jouer à la mourre avec lui dans les ténèbres. La mourre est un jeu de la plus haute antiquité. Hélène, au rapport de Ptolémée, en fut l'inventrice; elle y joua contre Pâris et le gagna. Ce jeu est purement de hasard; sa perfection consiste dans l'agilité des doigts.

37. Omnis Minerva homo. C'est-à-dire un homme adroit qui sait tout faire. Minerve était regardée comme la décsse des arts et de l'industrie.

38. Quòd nec ad cœlum nec ad terram pertinet. Qui n'appartient ni au ciel ni à la terre. Proverbe pour marquer que quelque chose est tout-à-fait hors de propos et n'intéresse personne. Ce sont des préceptes en l'air, des paroles en l'air, des personnages en l'air, des contes en l'air, dit le français, pour rendre la même idée.

39. Sic notus Ulysses? Est-ce là connaître Ulysse? Ces mots, tirés d'un vers du discours de Laocoon aux Troyens, dans le 2o livre de l'Enéide, étaient devenus proverbiaux à Rome pour désigner ceux qui, par l'effet d'une découverte ou d'une reconnaissance subite, paraissent riches et magnifiques après avoir paru sordides et gueux, et cela par allusion à Ulysse qui se présenta couvert de haillons devant les amans de Pénélope, et qui fut ensuite reconnu par eux.

40. Dii lanatos pedes habent. Les dieux ont les

pieds de laine. Macrobe explique d'une manière très-nette l'origine de ce proverbe. Apollodore, ditil, assure que pendant toute l'année on liait les pieds de là statue de Saturne, avec des cordons de laine qu'on ne déliait qu'au jour de la fête du dieu, qui se célébrait dans le mois de décembre, et que c'est de cette cérémonie qu'est venu le proverbe. Quant au sens moral, ce proverbe signifie que les dieux sont souvent lents à punir et viennent au petit pas; mais qu'ils punissent enfin, comme le fait entendre Horace, qui appelle leur châtiment boiteux.

Raro antecedentem scelestum

Deseruit pede pœna claudo.

Et rarement le châtiment, qu'on représente avec un pied boiteux, a manqué d'atteindre le scélérat qui fuit devant elle.

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41. Ex amphiteto bibisti. Vous avez bu plus que de raison. C'est comme si l'on disait proverbialement, en français, vous avez bu comme un chantre, comme un templier. Ce proverbe vient de la coutume de boire dans un énorme vase nommé amphitète, dont on se servait dans les orgies.

42. Porrigo suram. Je présente ma jambe. C'était chez les Romains une façon de parler proverbiale empruntée des enfans qui, lorsqu'ils avaient fait une faute en jouant à la paume, présentaient leurs jambes pour dire qu'ils avaient failli. Un jour Sylla demandant compte en plein sénat à Cornélius Lentulus, des finances qui lui avaient été remises, celui-ci se présenta avec une nonchalance et avec un air de dédain qui marquaient qu'il se met

tait peu en peine de cette demande, et il dit qu'il n'avait nul compte à rendre, qu'il présentait sa jambe. Cette action lui fit donner le surnom ironique de Sura; car c'est ainsi que la jambe était appelée par les Romains.

43. Argumentum Achilleum. C'est pour exprimer une objection insoluble qu'on se servait proverbialement de l'épithète d'Achilleum; et en effet on appelait autrefois dans les écoles le principal argument d'une secte son Achille. Ce qui ne vient pas tant, dit Bayle, de ce qu'Achille était un invincible guerrier, que de la difficulté tout-à-fait embarrassante que Zénon d'Elée proposait contre l'existence du mouvement. Il mettait une tortue en parallèle avec Achille, pour montrer qu'un mobile lent qui précéderait tant soit peu un mobile vite, n'en pourrait être devancé. D'anciens scoliastes, tels que Charles Etienne et Hoffman, se fondant sur l'autorité d'Aulugelle qui appelle l'argent Achilleen, argentum Achilleum, parce qu'il est insurmontable, n'ont sûrement pas compris la proposirion spécieuse d'Elée, et ont substitué le mot argentum au mot argumentum. Il est évident que si l'on réfléchit sur le véritable sens du raisonnement, ce dernier mot est celui qu'on doit employer. Il y avait autrefois en Angleterre, le pays de la singularité, une façon d'argumenter qu'on nommait argumentum baculinum, et qui était propre à trancher la difficulté. Quand on ne pouvait réfuter son adversaire, on l'assommait à coups de bâton.

44. Felicibus etiam trimestres filii. Les personnes heureuses ont des enfans trois mois après leur ma

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