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père d'Alcinous. Il avait de magnifiques jardins dont Homère a fait une brillante description. Ce qui fait dire à Martial (Epig. 94, liv. 10):

Regius Alcinoi nec mihi servit ager.

Je n'ai point en ma possession le champ fertile d'Alcinoüs.

2° à Properce (1" élégie du 3TM Liv.):

Nec mea Phæacas æquant pomaria silvas.

Mes vergers n'égalent point en beauté ceux des Phæaciens.

30. Il vient de Marseille - Massiliam navigare. Cette expression proverbiale, chez les Grecs, voulait désigner un homme efféminé. Athenée qui vivait du temps de Marc Aurèle, parle des MarseilJais comme d'hommes sans énergie et sans mœurs. Suidas qui rapporte ce proverbe, ajoute qu'ils portaient alors de longs vêtemens brodés, qu'ils étaient couverts de parfums, et que leurs cheveux étaient relevés avec mollesse. Il faut que la prise de Marseille par César, et que la communication habituelle avec les Romains, sous les empereurs, aient porté aux mœurs de cette ville un coup bien sensible. Dans le moyen âge, les passages des Croisés pour combattre en la Terre-Sainte, et les rapports suivis de Marseille avec le Levant, ont dû encore contribuer à entretenir cette mollesse et ce relâchement de mœurs. Les immenses produits du commerce n'étaient pas propres à y rappeler la simplicité antique.

31. Armes des Crétois. -Les Crétois toujours menteurs. Ces proverbes, cités par Callimaque, étaient en usage pour désigner la fraude et le men

songe, armes dont se servaient principalement les Crétois, si décriés par leur astuce et leur perfidie.

32. Quis Herculem vituperet? Qui a jamais blâme Hercule? C'était une espèce de proverbe à Lacédémone, pour reprocher à quelqu'un qui faisait l'éloge d'Hercule, que c'était une chose inutile, un discours superflu; le mérite et les qualités d'Hercule étant incontestables.

33. Larrons du temps. C'est ainsi que Phocion désignait proverbialement les babillards, que Plutarque compare à des vaisseaux vides qui résonnent plus que ceux qui sont pleins.

34. Les Léontins sont toujours vis-à-vis des coupes de vin. Les Léontins, peuples de Sicile, étaient si grands ivrognes, qu'ils ont donné lieu à ce proverbe.

35. Permis à lui de demeurer dans les jardins de Tantale. Par ce proverbe, les Grecs voulaient exprimer un être de raison, une chose qui n'existe pas; car ils regardaient comme fable ce que les poètes ont dit du Tartare.

36. Ne temerè Abydum. Il faut ajouter naviges. N'allez pas sans raison à Abydos. C'était anciennement le grand défaut des habitans d'Abydos, ville de l'Anatolie, d'être excessivement railleurs. Le proverbe exhortait donc les voyageurs à les éviter. Erasme a commenté le sens moral de ce proverbe en disant qu'il ne faut pas s'exposer à un danger sans de fortes raisons; par exemple, fréquenter la cour des rois, séjour de la dissimulation et des alarmes, et lire certains poètes qui sont l'écueil des mœurs.

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57. La besace du mendiant n'est jamais pleine. Les Latins disaient, mendicorum loculi semper inanes. Ce proverbe, suivant Zénodote, est tiré de Callimaque. On peut l'appliquer à ces importuns qui fatiguent leurs amis par des demandes continuelles, à ces riches agioteurs, spéculateurs et autres zélés sectateurs de Plutus, qui ne sont jamais assez gorgés de biens, enfin à ceux qui sont les jouets malheureux d'une passion que rien ne saurait assouvir.

38. Lupus hiat. Le loup baille: c'est ce que les Grecs disaient en parlant d'un homme trompé dans son attente et désappointe; et c'est ce que nous rendons assez bien par ce proverbe: Il est resté la gueule morte, la gueule béante.

39. Aller chercher le bonheur aux tles Macarées. Expression de découragement parmi les Grecs, lorsqu'on n'espérait plus rien d'heureux dans le monde et qu'on ne pouvait plus prétendre qu'au sort des habitans des îles Fortunées, où les Grecs plaçaient le séjour des âmes après la mort. Ce proverbe répond assez bien à l'expression française: Compte sur la fortune qui voudra.

40. Discours de Chilon. Le sage Chilon était court et serré dans tous ses discours. Sa manière de parler passa en proverbe.

41. C'est un rhéteur de Cappadoce un homme peu éloquent ou plutôt n'ayant pas l'accent, la prononciation du pays. On disait cela des Cappadociens qui ne prononçaient pas bien le grec, et l'on ajoutait encore, proverbialement, qu'un rhé

teur de Cappadoce était plus rare qu'un corbeau blanc et qu'une tortue qui vole.

Rariùs alatâ testudine, rariùs albo
Invenias corvo rhetora Cappadocem.

42. Elle éloigne la pierre de la ligne. C'est-à-dire, en parlant d'une personne artificieuse, elle emploie la ruse pour réussir. Ce proverbe était fort usité chez les Grecs et tirait son origine d'une espèce de jeu où l'on traçait cinq lignes. Celle du milieu s'appelait sacrée, et jamais on ne devait remuer la pierre qui en était voisine.

43. Trois six ou trois as: tout ou rien. Les Grecs avaient les premiers donné les noms des dieux, des héros, des hommes illustres et même des courtisanes célèbres, à tous les coups différens du jeu des dés: le plus beau coup était trois six, le jeu le plus ordinaire étant à trois dés; on le nommait Vénus, qui désignait, dans les jeux de hasard, le coup le plus favorable. Le plus mauvais était trois as; c'est sur ce coup qu'Épicharme a dit que dans le mariage comme dans le jeu de dés, on amène quelquefois trois six et quelquefois trois as.

44. Maigre comme Chéréphon. C'était un disciple de Socrate. La maigreur et la mauvaise mine de Chéréphon étaient passées en proverbe ; ses études nocturnes lui avaient attiré le surnom de νοκτερις, chauve-souris, et sa pâleur lui avait fait donner l'épithète de vos, l'homme de buis.

45. Cumini sector. Homme qui coupe les grains de cumin, expression dont se servaient les Grecs pour désigner tantôt l'avarice, tantôt l'esprit de

minutie; elle correspond aux locutions proverbiales Tondre sur un œuf; gréler sur le persil; disputer sur la pointe d'une aiguille; couper un cheveu en quatre.

46. Voleur comme Autolicus. Homère, au XIX livre de l'Odyssée, dit qu'Autolicus, aïeul maternel d'Ulysse, l'emportait sur les autres hommes en friponnerie et en parjure. Madame Dacier, dans ses commentaires, prétend que le mot grec employé par Homère peut signifier non-seulement le vol, mais aussi la ruse, l'adresse, le stratagême, l'habileté à dérober la connaissance de ses projets, à pénétrer les secrets des autres, et qu'Homère veut dire qu'Autolicus était un politique très-délié, un prince adroit, habile négociateur, qui savait faire des traités à son avantage, mais au reste fidèle à sa parole, et qui respectait les sermens. Quoi qu'il en soit de l'explication charitable de madame Dacier, il est malheureux pour Autolicus d'avoir été loué par Homère en termes si équivoques, car sa friponnerie a passé en proverbe. Martial dit en parlant d'un voleur:

Non fuit Autolici tam piceata manus.

47. Plutus est peureux. C'était un proverbe par allusion à ce que dit un poète comique, que l'or est pâle à cause que tout le monde lui dresse des embûches.

48. Les discours de Socrate ressemblent aux tableaux du peintre Pauson. C'était une espèce d'ironie dont on usait en manière de proverbe, pour désigner des discours à double entente. Pauson,

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