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vir de fupplément aux 2. premiers, qui paroîtra à la fin de cette année 1729. chez le même Libraire.

V. la vie de Jacques Savary à la tête de fon Parfait Négotiant, hui tiéme édition.

LOUIS CASTELVETRO.

OUIS Caftelvetro naquit à L. CASModene l'an 1505. de Jacques TELVECaftelvetro & de Bartolomea dalla TRO.. Porta, tous deux d'une famille noble & illuftre. Les heureufes difpofitions qu'il fit voir dès fa premiere jeuneffe pour les fciences engage, rent fes parens à ne rien épargner pour fon éducation.

Il commença fes études dans fa Patrie, & alla enfuite les continuer dans les principales Univerfitez d'I talie, comme à Boulogne, à Ferrare,; à Padoue & à Sienne; ce fut dans cette derniere Ville, que pour fe conformer aux defirs de fon pere,, il étudia en Droit ; mais fon incli-, nation le portoit ailleurs, & le lui fit bientôt negliger. Il aimoit les Belles Lettres, & il leur donnoit,

TRO.

L. CAS-tout le tems qu'on vouloit qu'il TELVE- donnât à la Jurifprudence; il réfolut même de renoncer pour toujours à cette fcience, lorfqu'il eût été reçû dans l'Academie des Intronati de Sienne, qui étoit alors très-floriffante ; mais les lettres preffantes de fon pere, & les exhortations réitérées de fes amis le. déterminerent enfin à s'y appliquer de nouveau, & à s'y faire recevoir Docteur.

S'il fut obligé de faire ceder en cela fon goût à celui des autres, it le fut encore par rapport au lieu de fa demeure. Son deffein avoit été de fe fixer à Sienne; mais fon pere & un de fes oncles maternels le firent venir à Rome, pour le poufferdans les voyes de la fortune.

Cet oncle étoit Jean Marie dalla Porta, qui avant été d'abord Secre taire d'Alphonfe I. Duc de Fe rare, paffa enfuite au fervice de François Marie de la Rovere Duc d'Urbin; iľ étoit alors à Rome pour les affaires de ce Prince, qui fut fi content de fes fervices, qu'il lui donna en 1530.. le Château de Frontone avec le titre. de Comte. Le crédit & les amis

qu'avoit tant à la Cour d'Urbin L. CAS qu'à celle de Rome, lui faifoient ef- TELVEperer qu'il pourroit contribuer à TRO.. l'avancement de fon neveu, qu'il aimoit avec d'autant plus de ten, dreffe, qu'il n'avoit point d'enfans... Il avoit deffein de le faire charger dans la fuite à fa place des affaires de la Cour d'Urbin à celle de Rome, & de lui procurer l'Evêché de Gubbio, que le Pape lui avoit promis pour un de fes freres, mais qu'il n'en jugeoit pas digne, lorfqu'il viendroit à vacquer, & il fit part de ce deffein à fon neveu, pour l'engager davantage à fe perfectionner dans la fcience du Droit & dans les affaires de la Cour.

Mais tout cela ne fut point capa ble de tenter Caftelvetro; il n'étoit ni intereffé ni ambitieux, & il ne. voulut point facrifier fon inclination, pour fatisfaire deux paffions, qu'il ignoroit. Il fortit même fecre tement de Rome, & retourna à Siennes où il fe donna de nouveau avec: beaucoup d'ardeur aux Langues Grecque, Latine & Italienne.

Il demeura en cette Ville jufqu'à ee que la colere de fon pere, qui.

TRO

-E. CAS- le voyoit avec chagrin negliger les TELVE- Occafions de fortune qui s'offroient à lui, fut entierement appaifée. Il retourna alors dans fa Patrie, où il continua de s'appliquer aux BellesLettres, mais avec fi mais avec fi peu de ménagement, qu'il fut attaqué d'une fiévre quarte très-violente, qui ne le quitta pas pendant deux ans, & qui étoit accompagnée de tems en tems de crachemens de fang fi abondans, qu'il en étoit quelquefois à P'extrémité. Cette derniere incommodité lui dura dix ou douze ans pendant lefquels il fut prefque toujours obligé de s'abstenir de vian➡de, de vin, & de toutes chofes nourriffantes, de ne vivre que de pain, d'herbes, de fruits, de poiffon, & de ne boire que de l'eau ; ce qui altéra entierement fon tempérament, & le rendit foible & délicat, de robufte qu'il étoit auparavant.

Il ne négligea pas pendant cet intervalle fes études chéries, il pro. fitoit des moindres momens de relâche que fes maux lui laiffoient pour les reprendre ; il les reprit même tout-à-fait, lorfqu'il vit fa2

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fanté en meilleur état. L'ardeur L. CAS qu'il avoit pour les Lettres lui fai- TELVEfoit étendre fes foins jufque fur les TRO. autres, il n'oublioit rien pour porter fes concitoyens à les aimer, & pour leur faciliter les moyens de s'y appliquer. Ce fut lui qui enga gea les Magiftrats de Modene à attirer dans cette Ville de fçavans Profeffeurs en Langues Grecque & Latine, & en Jurifprudence. I contribua auffi à y former une Aca demie, où l'on examinoit les anciens Auteurs Grecs & Latins, & où l'on s'entretenoit fur diverfes matieres de fcience, & principalement fur la critique. Pendant les troubles que caufa l'herefie de Luther, on foupçonna quelques membres de cet Academie de donner dans fes erreurs, mais ils fe juftificrent en fignant un Formulaire qu'on leur envoya de Rome. Caftelvetre fut du nombre de ceux qui fignerent, quoiqu'il ne paroiffe pas avoir pris depart aux difputes de ce tems.

Il fut en 1542. & 1551. un des douze Confervateurs de la ville de Modene, & vêcut tranquille jufqu'à Fan 1553. qu'une difpute litteraire,

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