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heur de bien croire, il ne lui feroit pas arrivé de mieux vivre. Il femble même que fa Vertu mérite plus de récompenfe, pour avoir été vigoureuse & à l'épreuve des plus mauvais principes. Quoi qu'il en foit, fa perfuafion n'eft point l'effet de fon choix, mais de l'empire que l'Ecriture & la Raifón, déguifées par fes préventions, ont fur fon efprit.

La quatriéme Claffe d'Errans comprend Des Errans ceux qui adoptent des Erreurs exprès pour de mauvai s'en fervir à juftifier leurs actions mauvaifes. Je fai Les Errans de cette derniére forte font les feuls qui ne feront pas épargnez au Jugement de Dieu. La Raifon eft qu'ils manquent de bonne foi & de fincérité, ou, ce qui eft pis, qu'ils mettent actuellement en œuvre les Vices contraires. Leur ignorance eft affectée; ils n'ont envie ni de s'inftruire, ni de s'amender; ils violent ouvertement les Loix les plus claires & les plus expreffes; leur Volonté, qui prend plaifir à fe tromper, eft animée par une parfaite malice."

Quelques zélez, gens d'efprit chaud, feront charmez de fourrer dans cette derniére Claffe tous ceux qu'il leur plaît de taxer ou même de foupçonner d'Héréfic & de Schifme. On en a affez dit pour faire comprendre à toutes les perfonnes équitables & intelligentes l'injuftice d'une telle cenfure: On me permettra feulement de faire fouvenir de l'obligation où eft un chacun de fuivre fa Confcience, même lors qu'elle eft erronnée.

L'Auteur employe quelques pages à prouver ce principe fondamental de la Morale. Le résultat de tout ce qu'il dit eft, qu'il n'y a D 3

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que

En quoi

confifte

que la négligence à s'inftruire qui puiffe rendre coupable un homme qui crre de bonne foi. Cette négligence eft plus ou moins puniffable, felon qu'il a eu plus ou moins de moyens pour découvrir la faine Doctrine; puniffable, dit-il, non par les hommes, à moins que les Erreurs n'enfantent des actions pernicieufes à la Société Civile, mais par le Scrutateur des Cœurs, feul Juge compétent des Talens reçûs, & de l'emploi qu'on en a fait.

Qu'il nous foit permis, dit l'Auteur en finiffant, de nous familiarifer un peu avec ces Herefie deux Epouvantails Theologiques, l'Herefie & le Schifme, ces deux Bêtes Noires qui effaCouchent prodigieufement le Vulgaire.

Pour prouver que l'Herefie (il en eft de même du Schifme) eft Puniffable, il faut montrer qu'elle foit Criminelle; & pour faire voir qu'elle eft Criminelle, il faut faire voir qu'elle eft Volontaire, ou qu'elle procede de Negligence dans la perfonne qu'on en accufe. Il faut donc paffer l'éponge fur la Définition Banale de l'Hercfie: Il ne faut plus dire que l'Herefic eft une Erreur dans les Points Fondamentaux, defquels fi l'on pouvoit une fois venir à bout de fixer le nombre on mutileroit bien le Catalogue des Hercfies, & bien des Opinions, innocentes & fouvent vrayes dont l'intérêt de parti le groffit, ne feroient pas expofées comme elles font à la Fletriffure. Il faut dire qu'un Heretiqué veritablement Punif fable, eft un Homme qui enfeigne des Doctrines qu'il fait être fauffes, dans le deffein d'engager les Horames à des Actions qu'il fait être man vaifes. C'eft un tel Homme que l'Apôtre

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nous

nous ordonne de rejetter, quand nos Avis ont échoué auprès de lui, parce qu'il eft clair que c'est un Homme entierement perverti, un mé chant Homme, un Homme qui prononce_interieurement fa propre Sentence. Tit. 3. 10, 11. Trouvera-t-on ces trois marques Characteriftiques que l'Apôtre nous donne d'un Hereti que ou d'un Herefiarque dans un Homme qui s'égare dans fesSpeculations fur la Trinité, &c. l'Herefie n'eft pas une Erreur de l'Entendement, mais un Peché de la Volonté. Si les Erreurs de l'Entendement font criminelles, les Erreurs Philofophiques ne doivent pas être exceptées: fi elles rendent un Homme Heretique, ou digne d'être lapidé, que celui qui en eft exempt lance contre lui la premiere Pierre.

Il eft donc fort étrange qu'une fimple opinion noirciffe un honnête homme dans l'efprit de quelques gens, plus que ne feroit la vie la plus licentieufe & la plus debordée! Quant à moi, dit l'Auteur, j'aimerois mille fois micux paroître au Tribunal du Scrutateur des Cœurs tout couvert depuis les pieds jufqu'à la tête de la Lepre pretenduë qu'on appelle Herefie, que foüillé de la moindre faute contre les mœurs. Cependant, on paffe legerement fur les fautes les moins pardonnables du dernier genre, pendant qu'un pauvre homme, à qui il arrive d'être feulement foupçonné de quelque Erreur en elle même très innocente, eft perfecuté, fatigué, harcelé de la maniere la plus acharnée & la plus impitoyable.

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Où eft le temps heureux dont parle M. Hales dans fon Sermon fur Rom. 14. 1. Où les Orthodoxes & les Heretiques prioient & com

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munioient

munioient ensemble, fans que la confcience de perfonne en fût fcandalifée. Vous n'eussiez diftingué les Ariens des autres qu'au moment qu'on recitoit la Doxologic. Mais helas! Ce font-là des fiecles d'or dont nous lifons les beaux Exemples, fans être tentez de les imiter. L'Esprit de Severité contre les Societez Heretiques & de Separation, germa bientôt dans l'Enclos des Heretiques mêmes.

D'où vient que les Orthodoxes imitent ainfi les Hérétiques, même dans ce qu'ils ont de plus mauvais? D'où vient qu'on met en œuvre avec tant d'allegreffe les mêmes moyens qu'ils ont employez pour faire triompher une mauvaise Caufe? L'expérience nous fournira la Réponse à cette question, & nous dira que depuis que la Force s'en eft mêlée, pour une fois qu'elle a fait des Profélites à la Vérité, elle en a fait mille & dix mille fois à l'Er

reur.

Au refte, on attribuë cette Piéce au même Auteur qui a fait il n'y a pas long-tems une autre brochure fur les Difficultez qui empêchent la lecture de l'Ecriture Sainte; Piéce qui a été fort eftimée en Angleterre, & plufieurs fois réimprimée en peu de mois. Nous en avons donné un Extrait affez ample dans le VI. Tome de ce Journal, pag. 144.

III. AR T.

A FULL INQUIRY into the original Authority of that Text, I. John. V. 7. There are three that bear record in Heaven, c. containing an account of Dr. Mill's evidences from Antiquity for and against its being genuine; with an examination of his judgment thereupon, humbly addrefs'd to both Houfes of Convocation now affembled. C'est à dire : Recherché de l'autorité originale du texte de la I. Epit. de S. Jean, Ch. V. v, 7., Il y en a trois dans le Ciel qui rendent témoignage &c. Où l'on voit les preuves du Docteur Mills pour contre l'authenticité de ce Texte, avec un examen de fon jugement là-deffus. Londres 1715. p.

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70.

L n'y a rien de plus indigne de la Vérité, Mauvais que d'être défendue par le préjugé & par effets d l'erreur; & il eft d'un homme fage, de fouf. préjugé frir fans impatience qu'on le defabufe fur la force imaginaire des preuves, qui appuyent fes fentimens. Il devroit être fort aifé d'agir ainfi quand ces preuves font d'une nature à n'envelopper pas dans leur ruïne des fentimens qui font affez affermis par des argumens plus forts & plus évidens. D'ordinaire pourtant

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