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du fameux livre de l'Esprit, qui parut d'abord in-4° en 1758, et ensuite in-8° et in 12, c'est de n'avoir rien voulu sacrifier de ses idées, ni de cette quantité énorme de connoissances, dont une lecture prodigieuse avoit rempli le vaste magasin de sa mémoire. Il a fallu que tout entrat dans son livre, soit en digressions, soit en notes. Il semble que ces différens morceaux aient été préparés de longue main, sans qu'on sût quelle seroit leur destination, et qu'on ait seulement eu la précaution d'y laisser quelques lignes en blanc, pour y mettre la liaison quand le temps de les employer seroit venu. Il est vrai que, par cette raison-là même, on y trouve plusieurs belles choses traitées par occasion, et toujours avec agrément : mais, pour nous renfermer dans la partie purement systématique, nous avons cru voir que l'auteur, en amassant l'érudition qui n'a point été assez employée jusqu'ici dans cette matière, ou faisant de nouveau usage des faits que d'autres avoient déja recueillis, a eu l'art d'en composer un systême qui paroît neuf, et dont toutes les parties néanmoins ne présentent rien qui n'ait été dit. On ne peut nier, malgré cela, qu'il ne contienne les plus grandes vérités sur la morale et sur la métaphysique, et que l'auteur n'ait traité ces deux points, la morale sur-tout, de la manière la plus élevée, et en même temps la plus nouvelle. S'il est parti d'après le principe de la Rochefoucauld, qui rapporte tout à l'intérêt personnel, il l'a mieux développé, et a été plus loin que lui: mais ce qui nous a singulièrement frappés dans cette composition, c'est l'exactitude d'esprit et de méthode avec laquelle on a suivi cons. tamment toutes les règles de la plus parfaite dialectique;

c'est cette adresse particulière d'attacher les faits aux différentes causes qui les ont produits, et d'expliquer les passions et les motifs secrets qui font agir les plus grandes machines; c'est cet assemblage curieux d'une infinité de choses qui sont d'un usage très-grand dans la science du monde et dans la conversation. L'auteur rapporte plusieurs traits que l'on ne sait que par tradition, et sa manière de les dire est agréable et les rend encore plus piquans; sa netteté, soit à penser, soit à s'exprimer, est très-propre à introduire dans l'esprit les vérités difficiles; et nous connoissons peu de livres qui réunissent une métaphysique plus profonde avec des faits plus amusans un ordre plus méthodique avec un plus grand nombre de digressions; nous n'en connoissons point où il y ait plus d'esprit, d'éloquence, plus de poésie même, car il s'y en.trouve de la plus brillante et de la plus sublime. C'est cette variété toujours soutenue qui fait de cet ouvrage trèsphilosophique un livre de goût et d'agrément.

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D'ALEMBERT. On remarque dans les cinq volumes in-12 des Mélanges littéraires de d'Alembert, une philosophie saine, beaucoup de force et de sagesse toutà-la-fois; des vérités abstraites, rendues avec une netteté singulière; une diction claire, énergique et noble; une grande variété de matières, traitées chacune avec le style qui leur est propre; celles-ci avec justesse et précision, celles-là avec élévation et dignité; les unes avec légèreté, les autres avec sentiment; en un mot, tous les tons, tous les styles que la philosophie peut prendre, quand elle veut à-la-fois instruire et plaire. D'Alembert

sait la rendre aimable par la décence et l'aménité qu'il lui donne, et sur-tout par l'expression de vertu et d'honnêteté qui règne dans ses ouvrages, et qui doit les rendre aussi précieux aux gens de bien qu'agréable aux littérateurs et aux sages. On remarque sur-tout dans Essai sur les gens de lettres un style énergique et noble, des tours heureux et variés, des pensées neuves et hardies. C'est l'ouvrage d'un philosophe un peu sévère, il faut l'avouer, mais toujours vrai dans ses peintures, toujours équitable dans ses décisions; en un mot, c'est un morceau d'une nature à être souvent relu, même par ceux qui s'y croient offensés.

JOANNET. (l'abbé) - La Connoissance de l'homme, par l'abbé Joannet, deux volumes in-8°, qui ont paru en 1775, renferme non-seulement cette saine métaphysique dont tous les bons esprits ont le germe en euxmêmes, mais il réunit encore cet heureux choix de pensées et d'expressions qui rend sensibles et intéressantes les vérités les plus abstraites, et cette méthode qui les présente dans leur vrai jour, et qui les met par ce moyen à la portée de tous les lecteurs. On ne trouvera point dans cet ouvrage, également profond et solide, toutes ces questions frivoles et insolubles, qui ne servent qu'à égarer l'esprit dans la région des chimères, et à le rendre faux et contentieux, sous prétexte de le rendre subtil et pénétrant.

On trouve à la tête du traité un discours préliminaire où l'éloquence de l'orateur est jointe à la clarté du style philosophique. Les vérités les plus sublimes et les plus abstraites y sont présentées d'une manière simple

et aisée, et forment une chaîne dont toutes les parties sont liées et assorties immédiatement l'une à l'autre. Les ornemens n'accablent pas les preuves qui y sont développées, et ne servent qu'à les faire entrer avec plus de facilité dans l'esprit.

C'est dans le corps du livre que l'auteur considère l'ame comme sensible, comme intelligente et comme affective; il développe avec sagacité et avec profondeur tout ce qui a rapport aux sensations et aux connoissances humaines.

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Les bêtes ont-elles une ame, ou ne sont-elles que pures machines? C'est une question qui a été longtemps agitée par les savans, et sur laquelle leurs recherches et leurs disputes ne nous ont encore donné aucune lumière certaine; des preuves de fait pourroient seules la décider. De tous les raisonnemens et de tous les systêmes possibles, il ne résultera jamais que des probabilités, des vraisemblances et des conjectures. L'abbé Joannet se déclare hautement pour les bêtes machines ; et la démonstration de l'hypothèse cartésienne est l'objet qu'il s'est proposé dans un autre ouvrage, intitulé les Bétes mieux connues, qu'il a distribué en dix-sept Entretiens entre une comtesse, un commandant et un abbé, in 8°, 1770.

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Les livres de philosophie les plus agréables et les plus utiles sont sans contredit ceux de la physique; plusieurs excellens auteurs se disputent ici l'entrée du cabinet d'un homme de goût. On ne sauroit assurément la refuser aux suivans:

Derham présente sa Théologie physique et sa Théologie astronomique, l'une et l'autre traduites en françois, in-8°, l'une en 1729, et l'autre en 1730.

Nieuwentyt nous offre son excellent livre de l'Existence de Dieu, démontrée par les merveilles de la nature, in-4°, 1740.

Le Spectacle de la nature, en neuf volumes in-12, et l'Essai de physique de Musschenbroeck, en deux volumes in-4°, etc., sont dans toutes les bibliothèques.

Le Traité des sens de le Car est très-bon; et les autres ouvrages du même chirurgien décèlent un métaphysicien profond et un observateur exact.

NOLLET (l'abbé) Pour la physique expérimentale en particulier, il y a les Leçons de physique de l'abbé Nollet, en six volumes in-12. Il ne faut point séparer de ces Leçons son Art de faire les expériences, trois volumes in-12, 1769, le dernier ouvrage et le plus utile peut-être de ceux de cet habile académicien. Ses * Pierre Van musicbentureck, céilve moketer & Feyer, por cutiur aussi d'un Cons de physique expérimentale & mathématique, prable. vartenfils in

4; outrage in ount, qui a servi de lymatous ni a passin's fuis, Jur ath molire, of a été traduit on

Surath

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