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A la dernière, un des acteurs étant venu assurer encore que l'auteur était absolument inconnu à la comédie, on lui a répondu en choeur : C'est M. de La Harpe, c'est M. de La Harpe. Une voix, perçant ce cri presque universel, s'est permis d'ajouter: J'ai reconnu un vers de Pharamond, souvenir dont M. de La Harpe se serait bien passé, et qui a égayé les applaudissemens plus que de raison. On n'a donné la pièce encore que cinq fois, et toute applaudie qu'elle est, cette nouveauté n'a pas encore pu produire ce que les comédiens appellent une bonne chambrée.

Il y a six mois que M. de La Harpe a désavoué publiquement cette tragédie dans le Journal de Paris, et l'a désavouée de la manière la plus formelle; mais on sait ce que peut permettre à cet égard la morale des poètes, et pour justifier celle de M. de La Harpe, il suffira peut-être de dire que sans ce mensonge le public aurait été privé du bonheur de voir sa pièce. Le rôle de Plautie ne pouvait guère être rempli que par Mule Raucour, et cette actrice, qui a recouvré depuis quelque tems la faveur publique, avait donné sa parole d'honneur à M. le prince d'Hénin, de ne jamais jouer dans aucune pièce de M. de La Harpe. Ce n'est pas sur des objets si graves qu'une femme sensible voudrait se permettre de manquer à sa parole.

L'autre jour, à l'Académie, M. de La Harpe s'était défendu encore très-vivement d'être l'auteur de Virginie. Eh bien, lui dit M. Sedaine, dans l'em

brasure d'une fenêtre, je l'ai revue hier, il y a, je vous assure, monsieur, des scènes que vous ne désavoueriez pas. — Des!... répliqua M. de La Harpe, rougit et se tut.

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A une vieille coquette.-Par M. RICHARD.

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QUATRAIN impromptu en voyant le magnifique portail de l'église de Sainte-Geneviève.

CETTE église est faite de sorte
Que, pour y loger le bon Dieu
Dans le plus bel endroit du lieu,
Il faudrait le mettre à la porte.

La Vie de M. de Voltaire, par M. M***. Un vol. in-8°, avec cette épigraphe:

L'exemple d'un grand homme est un flambeau sacré Que le ciel bienfaisant en cette nuit profonde Alluma quelquefois pour le bonheur du monde. On assure que cet ouvrage est de l'abbé Beloney, que nous ne connaissons que par quelques

petites pièces de vers citées dans l'ouvrage même. On l'avait attribué d'abord à M. Delille, l'auteur de la Philosophie de la Nature, ensuite à l'abbé Duvernet, l'éditeur des Lettres de M. de Voltaire à l'abbé Moussinot (1). On y trouve peu de détails qui ne soient déjà fort connus, mais il en est plusieurs qu'on retrouve avec plaisir. Le style en est fort inégal, souvent plus que négligé, surtout dans la dernière partie; mais il a en général de la rapidité, quelquefois même une hardiesse assez piquante; on sent que l'auteur a beaucoup lu M. de Voltaire, et qu'il a tâché d'imiter sa manière, ce qui ne lui a jamais mieux réussi que lorsqu'il a pris son parti de le copier tout uniment. Voici une épigramme de M. Voltaire contre Rousseau, que nous ne nous rappelons pas d'a

voir vue ailleurs :

On dit qu'on va donner Alzire ;
Rousseau va crever de dépit,
S'il est vrai qu'encore il respire;
Car il est mort quant à l'esprit;
Et s'il est vrai que Rousseau vit,
C'est du seul plaisir de médire.

(1) Nous venons d'apprendre que l'ouvrage est très-décidément de l'abbé Duvernet.

VERS laissés à la Grande Chartreuse de Grenoble, sur le livre qu'on présente aux étrangers poury inscrire leurs noms.- Par M. Ducis, de l'Académie française.

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QUEL calme! quel désert! dans une paix profonde,
Je n'entends plus mugir les tempêtes du monde ;
Le monde a disparu, le tems s'est arrêté..........
Commences-tu pour moi, terrible éternité ?
Ah! je sens que déjà dans cette auguste enceinte
Un Dieu consolateur daigne appaiser ma crainte;
Je le sais, c'est un père, il chérit les humains;
Pourquoi briserait-il l'ouvrage de ses mains?
C'est lui qui m'a formé dans le sein de ma mère;
Il veut mon repentir, mais il veut que j'espère.
O toi qui, sur ces monts blanchis par les hivers,
Vins chercher les frimas, un tombeau, des déserts,
Et qui, volant plus haut, par ton amour extrême,
Semblais voisin du ciel, habiter le ciel même ;

Que j'aime à voir tes pas empreints dans ces saints lieux!
Le berceau de ton ordre est caché dans les cieux;
C'est là que, du Seigneur répétant les louanges,
La voix de tes enfans s'unit au chœur des anges.
Là, de ses faux plaisirs, par le siècle égaré,
Le voyageur pensif a souvent soupiré.
Ces rochers, ces sapins, ce torrent solitaire,
Tout parle, tout m'instruit à mépriser la terre,
La terre où le bonheur est un fruit étranger,
Que toujours quelque ver en secret vient ronger;
Partout de la douleur j'y trouve les images.
L'amour a ses tourmens, l'amitié ses outrages.
Que de désirs trompés, de travaux superflus!
Vous qui, vivant pour Dieu, mourez dans ces retraites,
Heureux qui vient vous voir dans le port où vous êtes !
Mais plus heureux cent fois celui qui n'en sort plus!

COUPLETS de madame Vestris à mademoiselle Clairon pour le jour de sa fête.

Air: Avec les jeux dans le village, etc.

Je voudrais célébrer ta fête.
Et je ne sais qui me retient,
Mon cœur sur mes lèvres s'arrête,
Pour trop sentir je ne dis rien.
Reçois donc avec indulgence
Mon trouble, effet du sentiment';
T'exprimer ma reconnaissance
Est le but de mon compliment.

A tes conseils, que je révère,
Je dus quelquefois des succès;
Mais c'est l'enfant qui, de sa mère,
Ne sait jamais tous les secrets.
Pour prix de mon sincère hommage,
Adopte un cœur plein d'amitié,
De tes talens, pour héritage,
Lègue-moi du moins la moitié.

Anecdote anglaise.

WICK perd sa femme le mardi,
Et l'enterre le mercredi ;

Une autre, qu'il prend le jeudi,
Accouche dès le vendredi,

Et lui se pend le samedi.

(bis)

(bis)

On a donné le 14 juillet, sur le théâtre de l'Opéra, la première représentation de Rosine ou

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