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cette funeste invasion, qui a été rédigé par un de mes ancêtres, témoin oculaire, sous l'inspiration de deux sentiments bien vifs, l'horreur et la compassion. J'y ai joint des notes et des additions importantes, et cette pièce inédite aurait déjà vu le jour, si d'autres soins plus pressants n'y avaient mis obstacle.

Le même motif et peut-être aussi la crainte de m'engager dans des frais difficiles à recouvrer, me font différer la publication de la seconde édition des Éphémérides du comté de Montbéliard, dont la première a paru à Besançon en 1832; un volume in-8°. Ce livre, entièrement refondu, et presque augmenté du double, ne contient, comme son aîné, que des faits puisés aux sources les plus pures. En l'accompagnant d'un choix de pièces justificatives inédites, il formerait deux volumes aussi in-8°, chacun d'environ 600 pages.

Les archives de Montbéliard ont subi, à quelques époques, d'importantes spoliations. Il reste surtout le souvenir de celles de 1676 et 1735, faites par les ordres de l'autorité française qui administrait alors la principauté conquise par les armées du roi. A ces deux dates, de précieux documents, que j'ai vus et extraits, furent transportés à Besançon, où ils sont encore, et lorsqu'à la fin de 1793 le conven-. tionnel Bernard de Saintes eut pris possession du pays, ces mêmes archives, laissées à la disposition du premier occupant, furent bouleversées, et beaucoup de parchemins livrés aux flammes sur la place publique ou convertis en gargousses. Dès lors encore une basse avidité a fait passer dans les mains de l'épicier une foule de papiers dont j'ignore l'importance, en même temps que des titres de propriété au pouvoir d'emphytéoses, qui refusent aujourd'hui de payer au gouvernement les rentes dont les domaines ainsi acensés étaient chargés. Enfin, dans les premières années du xixe siècle, il a été envoyé à Colmar, d'après les ordres du préfet du Haut-Rhin, quelques caisses de titres des archives, parmi lesquels se trouvaient les pièces fort curieuses d'une négociation entre Henri IV et le comte Frédéric de WurtembergMontbéliard, destinée à assurer à celui-ci, par la vente à rachat de

enquêtes qui furent faites par les ordres du prince de Montbéliard, et dont les originaux sont aux archives.

plusieurs terres domaniales de la couronne, les grandes sommes de deniers qu'il avait prêtées à ce monarque pendant les troubles de la ligue. J'y ai vu entre autres plusieurs lettres autographes du bon Roi.

Les archives de Wurtemberg, que j'ai visitées fréquemment il y a peu d'années encore, renferment un grand nombre de documents provenant de celles de Montbéliard on y trouve entre autres toutes les pièces qui ont rapport à la vente du comté de Montbéliard, faite en 1534 à François Ier par Philippe le Magnanime, landgrave de Hesse, mandataire d'Ulric de Wurtemberg, et celles non moins intéressantes d'une autre vente sollicitée, en 1647, au nom du grand Condé par Herwart, intendant de Lyon, devenu plus tard contrôleur général des finances. A la vérité, le gouvernement de Wurtemberg, sur la demande de l'empereur Napoléon, a fait remettre à la France un très-grand nombre de documents relatifs à Montbéliard et à ses dépendances; mais ceux que je viens d'énumérer, avec beaucoup d'autres, n'ont point été compris dans la restitution.

VI. Je ne connais qu'assez imparfaitement les archives de la ville de Montbéliard; mais une inspection superficielle m'a paru suffisante pour affirmer qu'elles sont dans un désordre presque absolu, et que l'inventaire qui en a été dressé, il y a environ quinze ans, mal conçu et mal dirigé, ne peut fournir que des renseignements erronés et incomplets. Ce qu'elles offrent de plus remarquable, avec quelques lettres autographes des princes, ce sont les franchises obtenues par les habitants en 1283, avec les actes de confirmation jusqu'en 1744, en originaux généralement bien conservés. Parmi les actes de confirmation figurent celui du dauphin (depuis Louis XI), en 1444, et un autre du roi François Ier, daté de 1534, qui n'ont point été imprimés dans le Recueil des franchises que l'ancien magistrat a fait publier en trois éditions successives.

Cette compagnie tenait registre des faits mémorables passés à Montbéliard. L'un de ceux-là, désigné sous le nom de Livre doré, fournit sur le xvII° siècle quelques détails curieux, mais de pure localité. Il était accompagné de miniatures sur vélin, dont la disparition du plus grand nombre dénote l'insouciance presque coupable des précédents dépositaires.

La ville possède encore le Livre rouge, grand in-f° sur vélin, destiné à recevoir les actes d'inscription à la bourgeoisie. La première est de l'année 1318. On voit figurer dans ce livre plusieurs noms distingués appartenant à des Français réfugiés pour cause de religion. De ce nombre sont les Joyeuse, Choiseul, Jaucourt, Stuart (de la famille royale d'Écosse), le célèbre jurisconsulte François Hottmann, et le non moins illustre naturaliste Jean Bauhin.

Ce que l'incurie et l'abandon où elles étaient encore assez récemment ont laissé perdre ou disperser de ces archives, se retrouve pour la plus grande portion en copies ou en originaux dans celles de la principauté. Rien n'y manque, surtout quant à ce qui concerne les interminables démêlés de la ville avec le souverain sur l'interprétation des franchises, démêlés qui ont commencé dès 1301, 1314, 1340, et n'étaient terminés en 1793.

pas

VII. La bibliothèque publique de Montbéliard ne possède qu'un manuscrit de quelque importance historique. Ce sont les Mémoires des négociations en cour de France, par Pierre Vessaux, surintendant du domaine de nos princes, dès 1633 à 1639. Ils forment un volume d'environ 200 pages, grand in-4o, écrit en caractères fort menus par l'auteur lui-même, et d'une manière si peu lisible qu'il a fallu un zèle aussi patriotique que le mien pour me rendre familière cette relation curieuse, mais un peu diffuse. M. Weiss, de Besançon, chargé de publier les Mémoires de Girardot de Beauchemin sur les événements de la guerre de trente ans, dans notre Franche-Comté, pourrait puiser d'utiles additions, et même des rectifications, tant dans l'écrit de Vessaux que dans les correspondances relatives aux affaires militaires qui sont dans nos archives. Ces mémoires-ci ne seraient d'ailleurs point indignes d'être imprimés, soit séparément, soit à la suite de ceux de Girardot.

Un autre manuscrit de cette bibliothèque, mais qui perd la plus grande partie de son prix, parce qu'il est mutilé au commencement et à la fin, est la Chronique de Hugues Bois-de-Chêne. Dans ses deux ou trois exemplaires complets, tous de format in-12 et de quelque 200 pages d'écriture assez serrée, qui se trouvent entre les mains d'amateurs peu disposés à s'en dessaisir, cette chronique porte le titre

de Recueil mémorable. Ce n'est, pour ainsi dire, qu'une table des matières, tant la brièveté des faits, tous relatifs au pays de Montbéliard, est désespérante. L'auteur, boulanger de profession, commence son œuvre à l'année 1444; il est très-exact, et même minutieux, pour les événements dont il a été le contemporain. Il termine ce que j'appellerai sa nomenclature historique, au 11 août 1665, peu de mois avant sa mort; il était né le 22 février 1585 1.

Six ans avant l'époque où finit la chronique de Bois-de-Chêne, c'està-dire en 1659, commence le journal du conseiller Jean-George Perdrix, qui embrasse un espace de trente années. Placé plus haut que le précédent pour mieux connaître et juger les faits, il initie en même temps son lecteur dans les joies, les ennuis et les petites intrigues de la cour de nos princes. Les détails qu'il fournit ne sont pas sans intérêt pour l'histoire des mœurs et des usages de son époque; plusieurs de ses récits se rattachent d'ailleurs aux grands événements du siècle de Louis XIV.

Je ne connais qu'un exemplaire de ce journal, qui forme un volume de 250 à 300 pages in-12; beaucoup d'extraits qui en ont été tirés, ainsi que de la chronique de Bois-de-Chêne, sont insérés textuellement dans les Éphémérides du comté de Montbéliard, et d'autres pourront se trouver dans la 2e édition. Enfin, il existe dans mon cabinet un autre journal qui tire sa principale importance du nom de son auteur, le duc George de Wurtemberg-Montbéliard : écrit entièrement de la main de ce prince, sur un cahier in-fo de 70 pages, il embrasse un espace de dix années (1662 à 1672), et, à côté de quelques détails de gouvernement, il initie le lecteur à tous les actes de la vie privée et religieuse de son auteur, qui pousse la franchise au point d'indiquer, au reste par de simples initiales, les jours et les heures où il rendait à son épouse les devoirs conjugaux. Cette dame, arrière-petite-fille de l'amiral de Coligny, et sœur de la galante et spirituelle comtesse de la Suze, ne se plaignait pas moins de l'abandon dans lequel la lais

Bois-de-Chêne projetait de faire imprimer son recueil pour en multiplier les exemplaires, ⚫ comme l'on met plusieurs œufs sous la poule pour couver et en éclore plusieurs poulets. » Mais le typographe lui en ôta les moyens par 50 écus demandés, de manière qu'il préféra ⚫ faire esclore son livre sur la cendre brûlée du phénix, à cette fin qu'il fust unique. »

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sait le prince, et, dans sa sombre jalousie, elle l'accablait de reproches et d'outrages. Cet infortuné mari raconte ses tribulations dans un récit auquel il a donné la forme dramatique, et qui porte le titre de Dialogue du ménage d'un seigneur. Quelque curieuse que soit cette pièce, qui repose dans les archives, elle ne peut, étant écrite avec la plume de l'Arétin, subir l'épreuve du grand jour.

II. RÉSUMÉ DE L'INVENTAIRE RAISONNÉ

DES ARCHIVES DE L'ANCIEN COMTÉ DE MONTBÉLIARD.

Janvier 1835 '.

Nos des sections.

I.

II.

Ire CLASSE. MATIÈRES GÉNÉRALES.

Archives, inventaires...

Famille des princes, généalogie, titres et qualités, pactes de famille, démêlés avec la branche aînée de Stuttgart, charges et offices de cour, domaine privé; contrats de mariage, testaments, correspondances autographes; branches collatérales; bâtards de Montbéliard .... III. Maisons alliées de Neufchâtel, Belvoir et Châlons. IV. a) Souveraineté; atteintes qui y sont portées, depuis le comte duc Ébérard l'aîné (1495) jusqu'au duc Charles-Eugène (1793)..

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1 Cet inventaire indique une foule de documents historiques qui intéressent, après le département du Doubs, ceux de la Haute-Saône, du Haut et du Bas-Rhin. Nous rappellerons l'existence de cet inventaire au chapitre relatif à chacun de ces trois derniers départements. (Note de l'Éditeur.)

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