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douze études supprimées avant 1790, rangés sous le nom du premier dépositaire.

J'ai ouvert au hasard quelques-uns des cahiers des dates les plus reculées; les actes que j'y ai lus n'étaient que d'un intérêt tout privé. Cependant, il y a dans ces registres des documents fort curieux pour l'étude des idiomes vulgaires du Midi, pour celle des mœurs et des usages du pays, différents bien plus autrefois qu'aujourd'hui de ceux des autres provinces, et même pour l'histoire du droit dans le midi de la France.

M. du Mége, correspondant du ministère de l'Instruction publique, se propose de publier un choix de ces actes notariés, qui formeront, on l'espère, un recueil fort intéressant.

Bibliothèques de la ville et du clergé.

Après avoir pris connaissance de l'état des différentes archives historiques de Toulouse, j'ai dû voir les deux bibliothèques que renferme cette ville.

Parmi les manuscrits de la bibliothèque du collége royal ou de la ville, il en est un très-intéressant, c'est un registre original des premiers temps de l'établissement de l'inquisition en France, c'est-à-dire du xin" siècle. Je me suis assuré à la Bibliothèque Royale qu'il ne faisait pas partie des documents relatifs au Midi, copiés par ordre du président Doat; il complétera donc la partie de cette collection relative aux Albigeois, et fournira, je crois, des renseignements très-curieux à M. Fauriel, pour le grand recueil qu'il prépare.

Ce manuscrit, écrit sur papier, est formé de deux tomes reliés en un volume in-4°, et composé en tout de 255 folios. Il renferme les enquêtes faites par les inquisiteurs, en 1245, 1246 et 1253, dans différents lieux du Lauraguais et du diocèse de Toulouse. En tête du procès-verbal de chaque instruction, on indique le lieu où elle a été faite; et le nom est répété, mais avec des variantes, au haut de chaque page du volume. J'ai relevé avec soin le nom de toutes ces localités. (Suit la Table géographique.)

Au commencement du registre, sur un onglet plié, on lit ces mots : Hic sunt duo volumina confessionum de libris fratris Bernardi de Cantio

transcripta, scilicet de Lauraguesio et de multis aliis locis dyocesis tho losani, per fratres Guillelmum Bernardi et Reginaldum de Carnoto inquisitores.

Au verso de la feuille de garde: Confessiones de v° libro. Confessiones anni 1245 et 1246, coram Bernardo de Cantio inquisitore. Ce volume finit au fo 255 vo.

Dans l'intérieur, sur les marges, se trouvent, en écriture du temps, de petites notes, telles que celles-ci: Hic venit non citatus, iste recessit sine licentia, hic fugit, relapsus, hic fuit convictus apud Vilamanha, immuratus (c'était l'hérétique condamné à finir sa vie enfermé dans une petite cellule), hic reddidit se ad murum (en prison) coram episcopo, invenit (le témoin) quinque hereticos in nemore de Canthalop in quadam cabana, invenit hereticos in ecclesia de Cargodas qui faciebant ignem juxta altare et coquinabant ibidem, etc.

Les autres manuscrits des bibliothèques de Toulouse ont infiniment moins de valeur que celui dont je viens d'avoir l'honneur de vous entretenir. On remarque, dans la bibliothèque du clergé, les pièces originales sur la réforme de l'université de Toulouse, un manuscrit du XIV siècle, intitulé: Droits de la cathédrale de Cahors; le livre et l'ordre de chevalerie, manuscrit de la même époque. Dans la bibliothèque de la ville, un recueil de lettres de personnages de la Fronde; quelques pièces relatives au duc de Montmorency, exécuté à Toulouse; la copie des pièces originales du procès de Biron; un manuscrit sur le cardinal de Retz; la description de la Gascogne, en latin, par le jésuite Montgaillard; un recueil de notes sur les membres du parlement de Paris; les mémoires de Marca, archevêque de Toulouse, qui paraissait devoir remplacer Mazarin, si Louis XIV n'eût voulu, à la mort du cardinal, gouverner par lui-même. Les mémoires manuscrits de Montrésor, favori de Gaston, qui sont conservés dans la même bibliothèque, sont publiés depuis longtemps. Je ne prétends point du reste, en citant ces manuscrits, donner l'énumération de tous ceux qui méritent d'être remarqués.

Tels sont les établissements publics que j'ai visités à Toulouse: les archives du département, celles de la ville, de la cour royale, des notaires, et les deux bibliothèques de la ville et du clergé.

GARONNE (HAUTE-). Partout, l'ordre se rétablit dans les dépôts, que des événements divers avaient si notablement dérangé. Toutes les archives de Toulouse ont leurs conservateurs. Dans toutes, les inventaires se confectionnent, et, dans les deux qui offriront aux travaux historiques le plus de documents importants, celles de la préfecture et celles du Capitole, les inventaires se font avec tous les détails désirables. C'est là l'heureux effet des mesures que prend depuis quelques années le gouvernement, pour encourager les études historiques, et du zélé concours des administrations locales, qui attachent une haute importance aux résultats de ces études.

DÉPARTEMENT DU GERS.

I. DESCRIPTION DE DEUX CARTULAIRES DU MONASTERE DE SAINT-MONT; PAR M. PATRICE DE BERNIS.

1er mai 1835.

PREMIER CARTULAIRE.

Parmi les objets antiques conservés dans les archives de M. le vícomte de Corneillan, il y a un manuscrit (que M. le vicomte, père de M. de Corneillan, fit relier pour mieux le conserver) qui contient les chartes de la fondation du monastère de Saint-Mont, et de diverses donations et concessions qui y furent faites par le duc de Gascogne Bernard Tumapaler, ses fils, et autres seigneurs d'Armagnac, depuis environ l'an 1045, jusqu'à la fin du xr siècle.

Ce manuscrit consiste en un cahier de vingt-six feuilles, d'un trèsvieux parchemin, qui ont chacune vingt-quatre centimètres de haut, et seize et demi de large.

Chaque page a une marge à droite et une autre à gauche. Celle qui est vers le bord du parchemin, de quelque côté qu'elle se trouve, est d'une largeur de deux centimètres, et l'autre est un peu plus étroite.

Il y a à chaque page de quarante à quarante-trois lignes, qui ont une longueur de douze centimètres. Ces lignes sont très-droites sans être rayées. Chaque ligne contient de vingt-neuf à trente-trois syllabes; les lettres sont si serrées qu'elles se touchent. L'intervalle d'une ligne à l'autre est de trois millimètres; la hauteur des lettres est de deux millimètres, et l'épaisseur des jambages des lettres est d'un millimètre.

Il n'y a aucun alinéa que le commencement de chaque charte, et il n'y a aucun intervalle de l'une à l'autre. Il n'y a non plus d'autres lettres initiales que la première de chaque charte.

Il est écrit en latin un peu moins élégant que celui des derniers siècles. Les caractères sont gothiques, ayant quelque ressemblance avec ceux dont on se servait à l'origine de l'imprimerie, et tels que les archivistes en donnent des modèles pour le xr siècle.

Presque tous les mots sont en abréviation; il n'y a point de ponctuation sur les i, ni d'accent. Il n'y a que quelques points, ou un point et virgule, non pour suspendre le sens des phrases, mais seulement à la fin de quelques mots abrégés, quels qu'ils soient, et en quelque endroit de la phrase qu'ils se trouvent. Il n'y a aucune diphthongue. Les lignes finissent quoiqu'un mot ou une phrase soit commencée, et les mots ou lettres pour finir une charte, s'ils sont insuffisants pour en faire une ligne, ou au moins la moitié, sont placés non au commencement de la ligne, mais au-dessous des dernières lettres de la fin de la ligne précédente.

La couleur du corps de l'écrit est noire, mais les titres de chaque charte sont en rouge, de même que les lettres et chiffres qui indiquent les folios: ceux-ci ne sont indiqués qu'à la première page de chaque feuille.

Outre que le titre de chaque charte est écrit en rouge en tête de chacune d'elles, ce titre est encore écrit en très-petits caractères noirs à l'extrémité, et presque touchant au bord extérieur de chaque page, de manière qu'à la page de gauche les mots sont écrits de haut en bas, et à la page de droite, de bas en haut.

Les chiffres indiquant les pages sont arabes, et quoiqu'ils soient très-anciens, il paraît que ces chiffres y ont été mis longtemps après, puisque le rouge est beaucoup plus vif que celui des titres des chartes, et des signatures, qui paraît plus vieux, et que dans le corps de l'écrit, soit pour les dates ou pour toutes les autres énumérations, on ne s'est servi que des chiffres romains.

La plupart des chartes n'ont point de date; plusieurs autres la portent en marquant le temps du règne du roi des Français, du duc ou comte qui gouvernait, et de l'archevêque d'Auch. Dans d'autres on

T. I.

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