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à cause des études spéciales auxquelles j'ai consacré mes loisirs. C'est ce qui m'encourage aussi à vous demander, Monsieur le Ministre, s'il me serait possible d'obtenir la copie du catalogue de la collection Doat, si intéressante pour l'Armagnac, le Béarn, etc.

II. INVENTAIRE DES ARCHIVES DE LA VILLE D'AGEN.

M. Morellet, correspondant du Ministère de l'Instruction publique dans le département de Lot-et-Garonne, informa M. le Ministre, en l'année 1834, de l'existence de l'Inventaire des archives de la ville d'Agen, dressé en 1776 par l'ordre des consuls. Sur cet avis, des mesures furent prises par le Conservatoire de la Bibliothèque royale, avec l'approbation du même Ministre, pour qu'une copie de cet Inventaire fût faite immédiatement aux frais de la Bibliothèque. Cette copie est aujourd'hui déposée au département des manuscrits du même établissement.

III. COPIES DE QUELQUES DOCUMENTS HISTORIQUES.

Le même correspondant du Ministère pour les travaux historiques dans le département de Lot-et-Garonne, M. Morellet, envoya à M. le Ministre la copie de cinq chartes très-intéressantes, savoir :

Charte de Richard Coeur de Lion, relative à la construction du pont d'Agen et à ses franchises, donnée en 1189;

Trois traités d'alliances entre plusieurs villes de l'Agenais, passés dans les années 1222, 1224 et 1239;

État de répartition des dépenses de la ville d'Agen, pour l'année 1245, entre l'évêque, le sénéchal et les consuls.

Ces cinq pièces sont insérées textuellement dans la deuxième partie de ce volume.

Au sujet de ces curieux documents, M. le Ministre écrivit à M. Champollion-Figeac la lettre suivante :

Paris, le 15 avril 1835.

Monsieur, je vous adresse copie de cinq pièces qui existent aux archives de l'hôtel de ville d'Agen, trois en langue romane et deux en latin, avec quelques fac-simile relevés par M. Morellet, correspondant du comité :

Les trois premières sont des traités d'alliance entre plusieurs villes de l'Agenais, vers les années 1222, 1224 et 1239; les deux autres sont : 1o une charte de Richard Cœur de Lion, relative à la construction du pont d'Agen, de 1189; 2° une répartition des dépenses de la ville d'Agen, entre l'évêque, le sénéchal et les consuls de la ville, de 1245.

Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien examiner ces pièces, ainsi que les fac-simile qui les accompagnent, et de me faire, à leur égard, les communications que vous jugeriez nécessaires, soit sur des doubles qui seraient à votre connaissance, soit sur d'autres chartes qui en seraient le commentaire ou le complément.

Veuillez mettre à ce travail le plus de promptitude possible, ou du moins me renvoyer dans le plus bref délai les pièces ci-jointes, s'il vous suffit d'en prendre note.

Recevez, etc.

Signé: GUIZOT.

M. CHAMPOLLION-FIGEAC RÉPONDIT EN CES TERMES

A M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE:

Paris, le 15 mai 1835.

Monsieur le Ministre, j'ai l'honneur de vous renvoyer les copies des chartes tirées des archives de la ville d'Agen, que vous avez bien voulu me communiquer. Ces chartes ne se trouvant pas dans nos collections, j'en ai fait faire une nouvelle copie sur laquelle leur origine est indiquée.

A la marge des copies faites à Agen, et qui sont jointes à ma lettre, j'ai noté quelques corrections que le sens exige, ou que les fac-simile existant ont indiquées. J'ai aussi ajouté la lecture des mots laissés en blanc.

Ces pièces ne sont pas dénuées d'intérêt. Celle de 1189, relative au pont d'Agen, et qui est une charte de Richard I, ne se trouve pas dans les vastes collections imprimées en Angleterre; elle y est vraisemblablement inconnue.

Les chartes de 1222, 1224 et 1239, contenant des compositions ou plutôt des associations de plusieurs communes pour la défense et la garantie réciproque de leurs droits et priviléges, sont remarquables par leur date, les ligues de cette espèce, formées entre les divers ordres du même lieu, ou entre le même ordre de diverses provinces, étant plus communes dans le siècle suivant.

Enfin la charte de 1245, qui établit une égale répartition des dépenses de la commune sur tous ses citoyens et habitants, mérite également quelque attention.

Sous tous ces rapports, ces pièces sont curieuses et intéressantes, la Bibliothèque ne possédant sur la même ville d'Agen qu'une copie de ses anciennes coutumes, en 56 chapitres, sans autre date que celle

de leur confirmation par le roi de France Charles V, au mois de février 1369.

S'il existait à l'hôtel de ville d'Agen d'autres pièces des x et x siècles, il serait également utile d'en avoir des copies; on pourrait toutefois, avant de les demander, attendre d'avoir sous les yeux le double qui se fait en ce moment de l'ancien inventaire des archives d'Agen; il serait alors facile de désigner sur cet inventaire les pièces sur lesquelles devrait être dirigée l'attention de la personne à laquelle vous voulez bien, Monsieur le Ministre, adresser vos instructions.

Si l'envoi de la copie de l'inventaire devait être retardé encore, cette même personne pourrait être priée, dès aujourd'hui, de donner quelques notes sur celles des pièces des XII et XIIIe siècles qui lui paraîtraient les plus intéressantes.

Je m'empresse, Monsieur le Ministre, de vous soumettre ces propositions, et j'ai l'honneur de vous renouveler, etc.

Signé: J.-J. CHAMPOLLION-FIGEAC.

DÉPARTEMENT DE LA MANCHE.

I. EXTRAIT DU RAPPORT DE M. LEMAISTRE,

SOUS-PRÉFET DE L'ARRONDISSEMENT DE MORTAIN,

AU CONSEIL DE CET ARRONDISSEMENT; SESSION DE 1835.

ARCHIVES DE L'ANCIENNE ABBAYE DE SAVIGNY.

Le gouvernement s'occupe, depuis quelque temps surtout, avec une vive sollicitude, de la recherche de nos anciens monuments, de l'exploration de nos vieilles archives, des moyens enfin d'assurer la conservation de tous les objets qui peuvent intéresser l'histoire des peuples, de la littérature, des arts et des sciences. Presque partout, jusqu'à ce jour, les travaux de ce genre, isolés ou du moins demeurés en dehors de l'action administrative, s'ils attestent le zèle et le savoir des hommes qui s'y sont livrés, font aussi regretter qu'ils n'aient été souvent que spectateurs impuissants de la spoliation ou de la ruine de nos richesses archéologiques.

Bientôt, il faut en gémir, Messieurs, il ne restera plus que le souvenir de cette immense abbaye de Savigny, l'un des plus riches et des plus anciens monastères de France, dont la puissance féodale alla jusqu'à se mesurer avec l'autorité souveraine, et qui, pendant plusieurs siècles, occupa le premier rang parmi les plus illustres établissements religieux; bientôt la cupidité aura effacé jusqu'à la trace des ruines qui subsistent encore. Mais si ce mal est sans remède, faut-il laisser à jamais ensevelie dans la poussière et dans l'oubli cette masse considérable de manuscrits précieux, de titres originaux, d'actes diplomatiques, que l'abbaye de Savigny avait conservée avec tant de soin

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