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pratiqué jusqu'au xvIe siècle, de célébrer la messe en grec le jour de la Pentecôte, et rappelait l'érudition de la première abbesse '. L'ancienne liturgie aura aussi perdu un document précieux dans ce manuscrit français du XIIe siècle, sur les Ordenances des saints et du service de tout l'an, que l'on conservait dans cette abbaye.

Toutefois, je n'ai pas mis pour cela moins de soin au dépouillement de ce qui restait à ma disposition; chaque pièce a été examinée et appréciée. Le seul profit que j'en ai pu tirer a été de dresser une suite des abbesses du Paraclet aussi exacte que possible. Elle a sur celle des bénédictins du Gallia christiana l'avantage d'un petit nombre de dates et de noms propres de plus; et si les travaux de ces savants hommes avaient besoin de contrôle, mon travail pourrait en servir, car il a été achevé sur le vu des actes, avant que j'aie pu me procurer leur XII volume, où se trouve la métropole de Sens.

Je vais, en conséquence, transcrire ci-après la liste des abbesses, en ayant soin de faire remarquer que les dates dont je fais suivre leur nom sont celles des actes que j'ai rencontrés, où elles figuraient comme parties.

Sous la rubrique de chaque abbesse je noterai le peu de faits ou de documents qui se rapportent au temps de sa direction, et de cette manière j'emploierai, sans grand profit assurément pour les curieux, mais avec la conscience de n'avoir rien négligé pour un meilleur résultat, les notes que j'ai tenues durant ces recherches.

1. Heloysa, Heloyssa, Helwisa, Helvidis, s'installe au Paraclet, en 1130, meurt le 17 des calendes de juin 1164.

Les bulles des papes Innocent II, Lucius II, Eugène III, Anastase IV, Adrien VI, Alexandre III, qui ont accordé et confirmé les priviléges de l'abbaye et homologué les libéralités dont elle était l'objet, sont toutes transcrites, soit dans le Promptuarium de Camusat, soit dans les preuves du Gallia christiana, ou des Lettres d'Abeilard (édition de Duchesne). Elles sont conçues dans les termes bien connus et consacrés, et n'ont d'intérêt que par un grand nombre de noms de lieux qu'elles rappor

'Histoire littéraire, tom. XII, P. 643.

tent; elles doivent être consultées pour la topographie du moyen âge. J'ai retrouvé la plupart de ces bulles en originaux, notamment les deux premières, de 1131 et 1136. Il ne reste quasi aucun sceau. Ils ont été coupés et enlevés.

2. Millesendis, Melisendis', en vieux français Melissant, 1193, 1198, 1202. Un de ses sceaux est resté; il est de forme ovale-ogive, représente une femme tenant une crosse de la main droite, un livre de la main gauche. On lit autour de cette effigie: Sigillum Milisendis (un mot effacé) Paracliti.

Ce fut à elle que Garnier, évêque de Troyes, donna la cure de SaintAubin. Il la qualifie de alti sanguinis ingenuitate spectabilis, en 1193. Par un autre acte de la même année, il approuve toutes les possessions du couvent, dont il donne une nomenclature détaillée.

Ces deux actes existent en original. Ils sont imprimés aux endroits indiqués plus haut.

Sous l'an 1198, le pape Innocent III lui adressa une bulle confirmative de ses priviléges et des biens de sa maison. Ne l'ayant trouvée imprimée nulle part, je la transcris à la suite de ce rapport comme appendice, aussi correctement que l'état de la pièce a pu me le permettre, et seulement à titre de document topographique.

3. Ida 2, août 1209.

4. Hermengelis, Hermengarde, en vieux français Emmanjarz, août 1218, 1233, 1248. Son sceau en cire représente une abbesse, comme il est dit ci-dessus. On lit d'un côté : Ermegelis Dei permis. abbatissa Paracliti; de l'autre, une crosse avec ces mots : Secretum meum.

En août 1218, elle ratifie la vente d'un certain héritage faite par la prieure au profit du roi saint Louis, à qui il était nécessaire pour sa fondation de Royaumont.

En 1244, elle réduisit à vingt-cinq les religieuses de Traisnel, abbaye fille du Paraclet.

Ce nom n'est adopté que par conjecture dans le Gallia christiana. Cette conjecture est aujourd'hui justifiée. (Note de l'Éditeur.)

Même observation.

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En mars 1229, le Paraclet s'enrichit d'un droit sur les boulangers et pâtissiers de Provins; ce droit ne manque pas d'une certaine originalité. Voici les termes de l'acte primordial :

Ego Theobaldus, Campanie et Brie comes palatinus, notum facio omnibus tam presentibus quam futuris quod, cum dominus Philippus Poiletius dedisset in elemosinam ecclesie Paracliti et filiabus suis, thelonium panis de Pruvino, et jus tale, quod talementarii de Pruvino non possunt esse talementarii apud Pruvinum sine licentia abbatisse Paracliti, qui quidem movebant de feodo domini Milonis de Montigny, sine cessura mea, tanquam de feodo meo non essent, capita ista laudavi et concessi ad preces abbatisse Paracliti, etc.

En mars 1258, on lit dans un acte récognitif, qu'on percevait une redevance et un tribut de pain vulgairement appelé thouyn.

Dans les actes plus modernes, on lit : Que les maîtres boulangers et pâtissiers de Provins étaient redevables chacun an, au jour de la Pentecôte, de trois deniers de cens par chaque maître, payable devant l'église de Saint-Thibault, au châtel, à l'issue de la prédication et èsmains du préposé de l'abbaye. Et les nouveaux maîtres de la communauté payaient à leur venue trois deniers de cens, et demandaient permission d'ouvrir boutique, et en signe de reconnaissance, ils devaient fournir une tarte et un gâteau bon et honnéte.

Le dernier titre est du 14 octobre 1782, de Thierri, notaire, à Provins.

5. Maria I, 1249, 1254, sœur d'Odon, archevêque de Rouen.

6. Heloisa II, 1266.

7. Maria II, 1278, 1298.

8. Catherine Desbarres, 1320.

9. Alix, Aalips ou Aalis Desbarres, 1331, 1347, 1348.

10. Helissandre Desbarres, 1366, 1371, 1376.

En 1366, des guerres longues et acharnées avaient mis le couvent à

feu et à sang.

En 1376, cette abbesse s'intitule, dans un titre français : dame Helissen Desbarres, humble abbesse.

11. Jehanne Desbarres, 1403, 1405. Le 30 octobre 1406, elle consent une transaction avec l'abbaye de Jouy.

12. Jehanne II Delaborde, 1415.

13. Catherine II Desbarres, 1420.

14. Agnès Delaborde, 1423 1.

15. Guillemette Delamotte, morte en 1431. 16. Guillemette II Delamotte, 1457, 1474. 17. Jacoba?

18. Isabella 2?

19. Eustachia?

Je n'ai trouvé dans les titres aucune mention de ces trois abbesses. Leur existence est néanmoins incontestable. Duchesne, auteur des Notes sur la lettre d'Abeilard De calamitatibus suis, en a trouvé et transcrit la commémoration sur le double obituaire latin et français de l'abbaye. On peut regarder comme certain qu'elles n'ont pas vécu dans des temps plus bas que ceux où je les place, car au delà, la succession des abbesses n'éprouve aucune interruption. Quant aux conjectures émises par Duchesne sur l'ordre qu'elles doivent occuper, elles ne méritent aucune confiance, elles sont contraires aux actes. Lui-même prévient, en général, que dans son travail il ne garantit que le nom des dignitaires, sans trop répondre du mérite chronologique : il faut donc attendre, pour leur assigner un rang, les lumières qui pourront venir d'ailleurs, par exemple, des chroniques particulières des cinq prieurés qui relevaient du Paraclet, savoir : Traisnel, la Pommeraie, Laval, Monfort et Saint-Flour.

20. Catherine de Courcelles, fille de Jean, chevalier, seigneur de Saint-Thibault, 1482, 1488, 1497, 1504.

Sixte IV lui permit, à la sollicitation du roi de France, de conserver l'abbaye de Notre-Dame aux nonnains de Troyes, dont elle était déjà pourvue (1482).

Ce fut cette abbesse qui, en 1497, fit enlever les restes d'Abeilard et d'Héloïse de la chapelle Saint-Denis, dite le Petit Moutier, pour les placer dans la nouvelle église, de chaque côté du chœur, savoir: ceux du fondateur à droite, ceux de la fondatrice à gauche.

Ce nom manque dans la liste du Gallia christiana.

(Note de l'Éditeur.)

2 Ces deux abbesses sont nommées, pour des époques incertaines, à la fin de la liste du (Note de l'Éditeur.)

Gallia christiana.

Cette translation se fit avec une grande solennité. L'acte latin qui en fut dressé par les tabellions d'Autricy et de la Garmoise, et que nous avons sous les yeux, constate qu'on y procéda avec l'autorisation de l'évêque diocésain, après la célébration de plusieurs offices, en présence de la communauté, de l'official, d'Helienor de Courguilbert, abbesse de Traisnel, et de plusieurs autres personnages considérables, specialiter vocatis et rogatis. Ce jour-là, le personnel de la communauté était composé comme il suit :

Marguerite de Limay, prieure.

Catherine de Villebeon, infirmière.
Élisabeth Grassins, trésorière.

Thelisonne Bourgette, sous-prieure.

Gilette de Noyon.

Jacquette de Dun.

Charlotte de Saint-Julien.

Marie de Melun.

Barbe de Morvilliers.

Et Heberte de Melun.

A des époques postérieures nous avons rencontré un personnel plus nombreux; mais jamais il ne dépasse le nombre de trente, qui, par conséquent, nous paraît avoir été réglementaire; mais il était rarement atteint. Le nombre vingt se rencontre presque toujours. Il est à remarquer qu'indépendamment des religieuses, la maison était autorisée à recevoir des prêtres, des religieux du même ordre profès et novices, et des frères et sœurs dits oblats. On appelait ainsi des personnes pieuses qui, se retirant du monde, se donnaient au Paraclet, eux et leurs biens. Ils jouissaient de certains priviléges. Ils avaient droit à la sépulture dans le cimetière de l'abbaye.

21. Charlotte de Coligny.

22. Antoinette de Bonneval, 1536.

23. Renée de la Tour, 1547, fille de François, vicomte de Turenne, et d'Anne de la Tour-Bologne. Mourut en mai 1548, avant sa prise de possession. L'intérim de l'administration fut exercé par Marie de Melun, prieure.

T. I.

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