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de la même époque, relatifs à des taxes et impositions de tout genre frappées sur les habitants après la réduction de la ville, en 1590, par Henri IV... Je dois au secrétaire de la mairie, M. Dingremont, la connaissance parfaite de presque toutes ces pièces, que depuis longues années il s'est appliqué à déchiffrer et à analyser. Les seuls renseignement importants qui s'y trouvent sont relatifs aux événements de la Saint-Barthélemi, et peuvent jeter quelque lumière sur la question si débattue de ce beau trait d'humanité attribué, peut-être fort gratuitement, à l'évêque Jean Hennuyer, d'avoir sauvé du massacre général les protestants de son diocèse. On y trouve, en grande partie, la correspondance du gouverneur de la Normandie, Carrouge, avec le capitaine de la ville, Guy de Long-Champ de Fumichou, au sujet de ces événements; et il me paraît en résulter, si ma mémoire ne me trompe, que les protestants de Lisieux furent à la vérité emprisonnés en petit nombre, mais qu'ils furent, peu de jours après, remis en liberté sur un ordre de la cour expédié le même jour où leur arrestation avait été opérée. Il n'est fait mention, dans aucune de ces pièces, de l'intervention de l'évêque, qui, comme on le sait, était aumônier de la reine, confesseur de toute la cour, et probablement dans le secret de ce grand complot; car il avait protesté assez énergiquement, dix années auparavant, contre l'édit de tolérance du 17 janvier. Aucun indice ne peut même faire soupçonner que ce prélat se trouvât alors à Lisieux.

C'est au greffe du tribunal de première instance de Lisieux que sont restées déposées les archives du bailliage-vicomtat de cette ville, et que furent apportés les registres du bailliage royal d'Orbec. Les pièces provenant des autres juridictions du diocèse se trouvent en partie aux archives de la cour royale de Caen; mais elles ne se composent que de plumitifs et de dossiers de procédures entre particuliers.

Il peut paraître étonnant que les états dressés en 1784 ne fassent aucune mention du chartrier de l'évéché, et pourtant c'est la seule collection de titres un peu complète, et dans laquelle mes recherches n'aient pas été infructueuses. Transportées, à l'époque de la révolution, à la préfecture actuelle de Caen, ces archives renferment encore, quoique constamment pillées jusqu'à ces derniers temps, des pièces fort intéressantes sur la plupart des établissements religieux de l'ancien

diocèse de Lisieux. Mon travail en est en partie l'extrait; et quoique j'aie été puissamment secondé dans leur classement par le zèle assidu et éclairé de l'archiviste, pendant plusieurs mois, je suis loin d'avoir tout vu, mème superficiellement.

Les autres lieux de dépôt que j'ai visités dans l'arrondissement de Pont-l'Évêque, dépendant autrefois de Lisieux, ne m'ont fait découvrir qu'un manuscrit de 1752, d'une belle écriture paléographique, espèce de cartulaire, renfermant des copies de chartes et titres, ou autres documents précieux sur le prieuré de Saint-Himer, à l'aide desquels j'ai fait une histoire abrégée de ce monastère.

Les bibliothèques particulières que j'ai consultées m'ont également fourni quelques pièces historiques dont l'analyse se trouvera dans l'Inventaire qui va suivre.

Afin de faire comprendre, au premier aperçu, l'ensemble de ce travail, j'ai cru devoir le soumettre à une classification méthodique, quoique assez arbitraire, en évitant toutefois de descendre à des sousdivisions oiseuses.

Cet inventaire sera donc divisé en deux parties. La première comprendra tous les documents relatifs à l'histoire générale; la seconde, ceux qui se rattacheront plus spécialement à l'histoire de l'ancien diocèse de Lisieux.

Le titre de comte, avec les droits de juridiction qui y étaient attachés, ayant été accordé par les rois de la seconde dynastie aux prélats qui ont occupé ce siége, et la double juridiction spirituelle et temporeile s'étant ainsi trouvée concentrée entre leurs mains, il en est résulté nécessairement quelque confusion dans les pouvoirs, et il s'ensuit la nécessité de rapporter à l'autorité épiscopale la plupart des institutions civiles, militaires ou autres dont a pu être dotée la ville dont il s'agit. Aussi, est-ce en parlant des évêques que je les mentionnerai.

Je dois faire remarquer, en finissant, que l'analyse complète de toutes les pièces qui vont être mentionnées, est à peu près terminée, et que cette froide nomenclature pourra être aisément remplacée par des détails plus substantiels.

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II. INVENTAIRE. (EXTRAIT.)

PREMIÈRE PARTIE.

DOCUMENTS RELATIFS A L'HISTOIRE GÉNERALE.

ABBAYE DE MONDAYE. (Bayeux.)

1215. Charte de Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux, portant donation et union de la cure ou vicairie de Saint-Vigor de Juez à l'église de Saint-Martin d'Aï ou de Mondaye.

Cette pièce est tirée des papiers de M. Savalezerie, avocat à Lisieux.

ABBAYE DE SAINT-OUEN. (Rouen.)

1221. Robert Bertrand, seigneur de Roncheville, etc., aumône au monastère de Saint-Ouen de Rouen, dix églises en Normandie, confirme les donations faites à la même abbaye par Robert du Tort et Susanne sa femme.

Papiers de M. Savalezerie.

4 février 1363. Bail fait par le captal de Buch 1.

Cette pièce appartient à M. Châtelet, régent au collége de Lisieux.

Le captal de Buch, Jean de Grailly, était gouverneur en Normandie pour le roi de Navarre. Le bail qui se trouve à Lisieux, et qui y aura été oublié parmi les papiers du gouverneur, concerne les propriétés du captal, sises en Périgord. Ce bail, en langue romane du Périgord, est souscrit par Pierre Arnaud de la Mensans Cavoy (chevalier), châtelain de Bénauges et de Cadilhac, pour noble et puissant seigneur messire Jean de Grailly, chevalier captal de Buch, vicomte de Bénauge et de Castilhon. Ce bail porte cette date :

Actum fuit iiij die exitus februarii anno Domini м° CCC° LXIII° regnante Domino Edwardo principe Aquitanie ac primogenito regis Anglie. Helia Burdigalense archiepiscopo. Testes sunt Peyr (Pierre) de Mayzis, Peyr Riquart et Peyr de Paracge, notari de Cadilhac qui aquesta carta enquiri escritzy et signeyt. Ces mots: iiij die exitus februarii, le 4 jour de la fin de février, indiquent le 25 de ce mois; c'est la véritable date de la charte. (Note de l'Éditeur.) 8

T. I.

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TRAITÉ D'ALLIANCE.

4 octobre 1472. Traité d'alliance entre François, duc de Bretagne, et le roi d'Angleterre, en parchemin, signé François, et sur le pli: par le duc, de son commandement, H. Lettouzé... (Grand sceau de cire rouge brisé). Au manoir de Listres lez notre ville de Redon, le quart jour d'octobre 1472.

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Tiré des papiers de M. Bloche, avocat à Lisieux.

MORT DE MM. DE GUISE.

1588. « Discours particulier contenant le dessein, procédé et exécu«<tion au vray qu'a tenu le roy Henry troisième en la mort de M. de <«< Guise à Blois, en décembre 1588. »

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Ce manuscrit de 15 pages in-fo commence ainsi :

<«< D'autant que plusieurs ont raconté et laissé par écrit, à l'aventure <<< hors des termes de la vérité, la procédure et l'exécution du dessin du <<< roi Henry trois sur la personne du duc de Guise, et l'entreprise étant << si remarquable pour la conduite, pour la fin et pour la suite, j'estime (( que chacun est obligé de contribuer ce qu'il en a pour en faire savoir « la vérité à la postérité, par où les subjets puissent apprendre que <«< c'est chose très-dangereuse d'entreprendre contre son roi, et à un « roi de lâcher si bas les rennes de son autorité à qui que se soit que <«< l'envie ne puisse venir à ses sujets ambitieux et courageux d'élever <«< la leur sur telle occasion aux dépens de la sienne.

((

« Autrefois je vous ai fait entendre ce que je savois l'ayant apris sur « les lieux où même j'étois encore, servant pour lors mon quartier <<< chez le roi; depuis, vous avez désiré de le voir par écrit, de façon que << me laissant emporter à votre désire et à celui que j'ai de vous complaire pour le respect que je dois a votre antière amitié, je vous dirai <<< sans fard et sans passion ce qui est venu à ma connoissance, venu par la propre bouche de ceux qui ont veü jouer et par celle de ceux quelques autres qui ont été du nombre des joueurs de cette tragédie, <«<et principalement par le récit d'un personnage qui est un de mes <«< amis intimes en qui le roi se confioit entièrement de ses affaires les

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«< plus secrètes, en un temps où la fidélité des hommes étoit tellement « débauchée, que celle de quelques-uns les plus obligés, non sans sujet «< ce disoit on, lui étoit fort suspecte; voire celle de mon ami le fut à << la fin non pour aucune faute punie par l'artifice et les feintes ca<«<resses que le duc de Guise lui faisoit en présence du roy a dessin de << le perdre, comme il le fit par cette voye puisqu'il ne l'avoit pu gaigner « a soy par toute autre moyen, ce qui parut en ce que Sa Majesté ayant pris ombrage de telles privautés, luy commanda d'aller à Paris sur « une affaire simulée : où étant arrivé il reçut peu de jours après un «< billet de la part du roy portant congé pareil à d'autres qui furent « envoyés à quelques uns de ceux dont il s'étoit toujours auparavant <«< servi à la conduite de ses affaires. Cependant arrive la mort du duc « de Guise et un peu de temps après revient à Blois; l'ayant sceu je le «fus saluer en son logis, où ayant appris quelques discours sur les <«< choses passées pendent son absence et particulièrement sur les motifs <<< du funeste accident, je le priai de me dire ce qui luy plairoit de vray<< semblable qu'il en scavoit pour avoir si longuement participé avec <«<les dits affaires. Je vous estime trop discret et de mes amis, dit-il, pour << vous refuser et vous céler ce que j'ai pu savoir ou par service ou par conjecture sur quelques propos tenus bien des fois en certains lieux où je me suis trouvé, il n'y a plus de danger puisque par les... ... ... ... ... ..., « les résolutions sont maintenues.

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<«<Vous savez que le duc de Guise étant à Saisson le roy fut averti qu'il avoit résolu de venir à Paris, etc. »

Le manuscrit se termine par ces mots : « Et comme le cardinal apro«< che de la porte de la chambre pour en sortir, il se trouve assailli à coups de hallebarde par deux hommes apostés et commandés pour <«< cette exécution, après laquelle ils font de son corps de même qu'on << avoit fait de celui de son frère.

« Voilà ce que j'ai pu apprendre de plus véritable sur ce sujet, si les << yeux et les oreilles de ceux qui ont vu et entendu ne se sont point << trompés; au demeurant, la longue et misérable suite de ces funestes «<actions étant du gros de l'histoire je m'en tairay. » (Le surplus signifie qu'en écrivant ce récit, l'auteur satisfaisait à l'amitié qu'il portait à son correspondant.)

S.

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