Page images
PDF
EPUB

menti à Madame la Comtesse et désobéi à sa mère.

"Après l'enterrement, qui fut certainement magnifique, le château fut fermé, et Monsieur le Marquis n'y retourna avec la famille qu'au bout de trois ou quatre ans. Nous avions quitté le village depuis plus de six mois.”

Plusieurs bonnes, et des domestiques qui attendaient dans le vestibule, firent comprendre à Gustave que l'heure était arrivée de se séparer comme des enfants raisonnables. Il donna des poignées de mains amicales aux petits messieurs, embrassa poliment les demoiselles, et aussitôt la jeune assemblée se dispersa.

FIN DE PETIT JEAN.

E

AVANT-PROPOS.

L'HISTOIRE de PETIT JEAN, qui précède celle de MARIE BLAKE, fut racontée, si l'on a la bonté de se le rappeler, par le jeune Gustave, un des membres de la petite société dont il a été fait mention.

C'est à présent la charmante Dora, troisième fille d'un médecin célèbre de la capitale, qui va nous faire le récit suivant. C'est chez elle que les enfants sont rassemblés. Elle fait donc les honneurs de la soirée, et c'est à elle qu'il appartient, d'après les règles du rendez-vous, d'être narratrice à son tour et dame de la fête.

Vous aurez beaucoup d'affabilité, des poses et des gestes remplis de grâce, et de grands efforts pour vous plaire, car Dora, je dois vous le dire, est la bonté même et l'élégance personnifiée.

LE DÉ D'OR;

ου,

DÉVOUEMENT FILIAL DE MARIE BLAKE.

Dès que les enfants eurent fini de choisir leurs places, et que le silence se fut établi, la jeune hôtesse, saluant gracieusement ses conviés, leur dit :—

"Vous ne pouvez pas connaître, mes chers amis, la partie pittoresque et superbe de l'Angleterre où se passèrent les principaux incidents du récit que je vais vous faire. Je crois qu'aucun de vous n'a encore quitté la capitale. Vous avez un plaisir à goûter, auquel vous ne vous attendez pas. Le climat des îles Britanniques n'est pas à beaucoup près si beau

que celui de la France, mais la campagne, plus ornée et beaucoup mieux cultivée, n'y laisse presque rien à désirer, principalement pour tout ce qui a rapport à l'aspect des champs, à la fécondité de la nature végétale, à la propreté et à la belle tenue de

ses fermes. un air confortable et tranquille, s'ils n'ont pas l'air riant; ses hameaux même ont une apparence de bien-être industriel, qu'on voit rarement dans les hameaux des autres contrées de l'Europe entière.

Ses villages ont presque tous

"Un monsieur, fort bien mis et à cheval, venait de quitter une des fermes dont je viens de vous parler. Il paraissait promener ses regards de droite et de gauche, comme un propriétaire qui examine l'état de ses blés et le produit de ses terres : c'était en effet le maître de la ferme et de ses dépendances. Il avait fait à-peu-près deux lieues de chemin, lorsqu'au détour d'une route écartée, bordée d'aubépines et

de pruniers sauvages, il vit sur sa droite une maisonnette; à peine eût-on pu l'appeler autre chose, tant elle était peu spacieuse et modeste. Ce qui le surprit, cependant, le plus, fut de remarquer à la seule des croisées de cette maisonnette qui donnait sur la route, une jeune fille de quatorze à quinze ans, travaillant à l'aiguille, avec un zèle qui eût fait honneur à la couturière la plus pressée de Londres.

"C'était la première fois que Monsieur Melvil se dirigeait de ce côté de la ferme depuis qu'il l'avait achetée. Il en connaissait à peine les environs. Depuis six mois seulement toute cette belle propriété lui avait été vendue par un agent de la ville voisine, qui avait agi au nom de la veuve du ci-devant propriétaire.

"Ce ci-devant propriétaire, par suite de pertes considérables, de maladies prolongées, et d'autres malheurs, auxquels il lui avait été impossible de faire face,

« PreviousContinue »