des services par lui rendus à l'état de judicature par plus de quarante ans, lui a accordé les mêmes privilèges dont il jouissait étant lieutenant », c'est-à-dire « d'avoir droit d'assistance et de suffrages aux assemblées du bailliage présidial et autres » (1). M. de Bras résignait ses fonctions pour s'adonner à l'étude des belles-lettres, qu'il n'avait cessé de cultiver au milieu des affaires; tout jeune, il avait été plusieurs fois couronné aux concours du Palinod: premier du Laurier en 1532 et 1535, premier de l'Estoile et premier des Signet en 1534 pour la pièce suivante : RONDEAU DOUBLE N'en doutez plus, ie suis mere à mon pere, le n'ay poinct crainct ny serpet ny vipere: N'en doutez plus. (1) Matrologe de Caen, f 219. C'est luy sur tous, qui Rois et Ducs tepere: S'il luy a pleu de faire son repaire Si par la pomme Eue peché opere, C'est quelques années plus tard en 1541 si nous en croyons M. Lechaudé d'Anisy, (1) qu'il traduisit Darès; il avait 37 ans. C'est cet âge que dans la préface de sa traduction, arrivé à (1) Notes pour une 3o édition des Origines de Caen, extraites des manuscrits de Huet par M. Lechaudé d'Anisy (Bib. de Caen, mss. 77.) p. 345 in-8°. Mais il n'avait pas attendu cette année 1572 faire imprimer sa traduction. pour A la page 345 d'un exemplaire des Origines de la Ville de Caen, de Huet (éd. de 1706), se trouve la note manuscrite suivante de M. l'abbé de La Rue « La version de Darès de Phrygie fut imprimée à Caen, par Benedic Macé en 1557, il y en eut une seconde édition en 1572 » (1). Cette note du savant abbé nous intrigua fort, et ne laissa pas que de nous inquiéter: l'exemplaire de la Bibliothèque de Caen n'était donc pas unique comme on l'avait cru jusqu'à ce jour ? Cependant, cette note contenait une grave erreur elle disait que la première édition avait été imprimée par Benedic Macé en 1557; or, Bénédic n'avait commencé à imprimer qu'en 1558, ainsi que le prouvent les registres de l'Université et les « Annales typographici Cadomenses» de l'abbé de La Rue lui-même, qui se trouvent manuscrites à la Collection Mancel. Le plus simple était de rechercher cette traduction, qui aurait été imprimée en 1557 nous fûmes assez heureux pour la rencontrer à la (1) Cette note nous a été très gracieusement signalée par M. G. Dupont ancien conseiller à la Cour de Caen. L'HISTOIRE VERI TABLE DE LA GVERRE DES GRECS, ET TROYANS. Efcrite premierement en Grec, par Dares de Phrygie: PAR CHARLES DE BOVRGVEVILLE, DE CAEN. ELIAS Royau Peleponeze, eut vn frere nommé Efon, duquel estoit Iafon fils, estimé fort vertueux tellemet qu'il eftoit aimé, non feulemet de ceux du Roy aume, mais außi des eftrangers.Et comme le Roy Pelias confidera Iafon eftre tant agreable au peuple, ayant crainte à ceste occafion de fouffrir iniure, voire &qu'il le priuaft de fon Royaume, il appela Iafon ̧& par perfuafion luy fait entedre qu'il y auoit une Peau ou Toifon d'or en Colchos: pour laquelle gaigner ou coquerir il le cognoiffoit affez vertueux, luy faisant promeffe de tout ce qu'il luy demanderait,s'illa gaigneit & apporto:t.Iafon qui estoit ieune, hardi vaillant, & qui deftroit eoir cognoistre tous pais ayant entendu telle promeffe, außi preuoyant l'honneur que celuy feroit de gaigner chose tat rare & eftimée, promift au Roy fon oncle d'aller Bibliothèque Nationale; mais la vue de cet exemplaire ne fit qu'augmenter les difficultés, et un examen attentif nous prouva qu'il était impossible d'en fixer la date. Nous en avons fait reproduire le titre; et, si on l'examine jusqu'à la marque inclusivement, on ne trouve aucune différence avec le titre de l'édition de 1572, pour l'excellente raison que c'est exactement le même titre, annonçant des « effigies des Grecs et Troyens les plus signalez », que l'exemplaire de la Bibliothèque Nationale ne renferme pas et n'a jamais renfermées. Mais, si l'on descend plus bas que la marque, audessous du mot Caen, on se trouve en face d'un large trou: une plume chargée d'encre a tenté d'effacer le nom de l'imprimeur, et cela, avec une telle énergie que le papier s'est trouvé déchiré, pas assez cependant pour qu'il ne soit encore possible de lire au commencement et à la fin de la ligne : Par Be.. du Roy. L'abbé de La Rue a donc bien lu, quand il a cru lire Benedic Macé. Mais c'est en lisant la date que le savant abbé n'a pas prêté une attention suffisante. |