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tirer ce titre avec la date 157, dont notre faussaire a fait 1557. Mais, au courant de l'histoire de l'imprimerie à Caen, il a tenté de supprimer le nom de l'imprimeur.

Il eût été curieux de trouver le nom du faussaire; mais aucune indication ne figure dans l'exemplaire de la Bibliothèque Nationale, si ce n'est une note de la main de Huet, à qui il a appartenu. Or, il faudrait une imagination vraiment par trop vive pour accuser le docte prélat d'une supercherie qui aurait répugné aussi bien à son caractère sacré qu'à sa profonde honnêteté littéraire.

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M. de Bras s'était marié deux fois; en 1557, il avait épousé Anne de Bures, qui mourut sans lui laisser d'enfants; mais sa seconde femme, Philippine du Buisson, lui en donna quatorze, qu'il vit mourir les uns après les autres. Un seul restait, Guillaume de Bourgueville, sieur de Brucourt; il fut du nombre des 400 gentilshommes qui tombèrent sur le champ de bataille de Coutras, en 1587: Guillaume de Bourgueville fut tué aux pieds mêmes du duc de Joyeuse.

Huit ans après, le 5 novembre 1593, M. de Bras mourait à l'âge de 90 ans.

« Il était encors vigoureux malgré un age si

avancé, dit Cahaignes, et il possédait toutes ses facultés intellectuelles. »

M. de Bras, qui habitait, rue Guilbert, la maison portant aujourd'hui le n° 27 (1), fut inhumé dans l'église St-Pierre, dans un sépulcre de famille qui se trouvait dans la chapelle de l'Ecce-Homo, à droite du maître-autel; le lieu de sa sépulture a donné lieu à une longue discussion, sur laquelle M. l'abbé Le Cointe a fait une complète lumière (2).

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L'histoire véritable de la guerre des Grecs et des Troyens n'est pas le seul ouvrage qui ait occupé M. de Bras : nous avons vu que c'était, selon son expression, une œuvre de jeunesse ; mais il occupa son âge mûr à de plus utiles travaux.

C'est d'abord, en première ligne : « Les

(1) L'habitation de ville de Charles de Bourgueville, s de Bras, par M. Ch. Hettier. (Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie,

IX, 131.)

(2) Sans vouloir entrer dans l'exposé de cette question, citons les différentes publications auxquelles elle a donné naissance : « Copie de la fondation de l'obit de M. de Bras le 25 janvier 1876, 12 sous de rente au trésor de l'église St-Pierre de Caen... par M. Chatel... (Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, tome VII, p. 113.) — Que faut-il entendre par le côlé droit et le côté gauche d'une église, par M. Julien Travers. (Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, VII, 121.) De la sépullure de Ch. de Bourgueville, sr de Bras, par M. E. Le Cointe, curé de Cormelles. (Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, IX, 78.)

Recherches et antiquitez de la Province de Neustrie, à present Duché de Normandie, comme des villes :remarquables d'icelle; mais plus spéciallement de la Ville et Université de Caen », qui parut, en 1588, chez Jean de Feure. La première édition de ces Recherches fut détruite presque à son apparition, parce que, disent les uns, elle conténait un passage blessant pour la famille d'Harcourt; parce que, disent les autres, l'auteur la fit supprimer à cause du trop grand nombre de fautes d'impression qui y figuraient toujours est-il que cette première édition est devenue d'une excessive rareté. En 1705, un imprimeur de Caen, Doublet, en fit une réimpression fac-similé, avec la date de 1588, pour tenter de la faire confondre avec la véritable édition originale. (Encore une supercherie ! )

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On avait copié l'édition page par page et ligne par ligne; on avait pris un caractère presque semblable, et, au premier coup d'oeil, l'imitation est fort bien faite; mais, à une comparaison un peu approfondie des deux éditions, on découvre facilement de nombreuses différences. Enfin, la contrefaçon de l'imprimeur Doublet étant devenue assez rare, un Chalopin, à la fin du xvì siècle, fit à son tour une nouvelle édition, qu'il essaya de rendre semblable aux deux premières; mais son essai de contrefaçon est bien

inférieur à celui de Doublet, et son édition est très facile à reconnaître.

Une édition moderne de cet ouvrage a été donnée en 1833 par M. Trébutien, chez Chalopin (1).

Citons enfin les autres ouvrages laissés par M. de Bras:

L'Athéomachie et Discours de l'Immortalité de l'Ame et Résurrection des corps. — Paris, Martin le Jeune, 1564 — in-4°;

Les Discours de l'Église, Religion, et de la Justice. Paris, Nicolas Chesneau, 1579-in-4°.

La Bibliothèque de Caen possède une lettre autographe signée de M. de Bras; on y trouve également (mss. in-folio 136) des pièces généalogiques sur la famille de Bourgueville.

Une des rues de Caen porte le nom de son premier historien.

L'image de notre Bourgueville se voit par trois fois dans la Bibliothèque de Caen: c'est d'abord son buste par Brunet (2), puis son portrait, qui occupe le centre du vitrail placé par Lorin de Chartres dans la première salle; enfin, dans la

(1) C'est dans la notice qui précède cette édition que M. Trébutien, (p. xj, note 1) donnant le titre de notre Darès, a imprimé Camille Nepueu au lieu de Cornille, erreur que Brunet a reproduite. (Manuel du libraire, vo Darès, 11, 522.)

(2) Ce buste a obtenu le premier prix au concours ouvert en 1886 par la Société des Beaux-Arts de Caen...

salle de travail, un portrait à l'huile dû au pinceau de M. Edmond Legrain, de Vire.

Les trois artistes se sont inspirés du portrait placé en tête des « Antiquitez » et qui, nous avons déjà eu occasion de le dire, est le même que celui que l'on voit dans le « Darès »; seule l'orthographe du quatrain diffère dans les deux éditions, et il est assez curieux que ce soit dans celle publiée en 1588, seize ans après le « Darés », que l'on trouve les formes anciennes; on y lit, en effet, pourtrait au lieu de portrait, et paintre au lieu de peintre.

Au sujet de ces portraits de M. de Bras, il peut être intéressant de rappeler qu'il en existe un autre, assez peu connu, croyons-nous, et qui se trouve en tête de l'« Athéomachie. » Ce portrait est de 1563, sept ans avant celui du « Darès » et des « Antiquitez ». Nous avons cru devoir le reproduire également.

C'est du portrait de 1563 que parle M. Frère, lorsque (Manuel de Bibliographie normande I. p. 141, v. Bourgueville, in fine). Il indique que la Bibliothèque de Rouen possède de M. de Bras un portrait sur bois et du temps: ce portrait, que nous avons vu, a tout simplement été arraché à un exemplaire de l' « Athéomachie ».

La comparaison entre ces deux portraits ne

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