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I peu de Darès, nous venons de le voir, ont eu les honneurs de l'illustration, l'édition de 1527 n'en est que plus intéressante sous ce rapport. Nous n'avons plus affaire, comme dans le livre de M. de Bras, à un essai de gravure artistique: nous sommes avec elle en pleine imagerie populaire. De prétention à l'art, il n'y en a pas : l'ouvrier a naïvement copié quelques mauvais modèles, qu'il est allé prendre dans les eux de cartes de l'époque et dans les premières chronologies de nos rois. Par leur naïveté même, ces figures sont curieuses, et d'ailleurs un peu de gaîté a-t-elle jamais nui à l'ouvrage le plus sérieux ?

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Le titre seul vaut un poème. Il nous représente le jugement de Pâris : l'auteur ne dit pas, comme M. de Bras, s'il l'a fait graver après le naturel.» Entourant une fontaine monumentale, les trois déesses courtvêtues viennent de disputer le prix de la beauté; Vénus tient la pomme, et Paris, en armure du temps de François Ier, se repose étendu sur le gazon. Un cartouche portant les initiales P. G. est suspendu aux branches d'un arbre; Pierre Gaudoul, qui probablement avait fait graver ce bois pour cette édition, l'a utilisé en en faisant le titre de l'ouvrage et en y insérant ses initiales.

Tous ses bois sont encadrés d'un trait grossier, et le nom des héros se lit en lettres gothiques au-dessus de chaque gravure, particularité qui se remarque dans beaucoup d'illustrations antérieures à cette époque. Ils ont été taillés plutôt que gravés, et, si le dessinateur n'était pas fort, il faut bien reconnaître aussi que l'ouvrier auquel il a eu affaire l'a par trop sommairement interprété. Comme le fait remarquer A.-F. Didot dans sont Essai sur l'histoire de la Gravure sur bois, en traitant des premières manifestations de cet art, les gravures insérées dans les livres n'étaient que trop souvent des essais grossiers, confiés par les imprimeurs à des tailleurs en bois, ouvriers peul-être de leur imprimerie ou imagiers chez les fabricants de cartes. »

Ceux qui employaient de vrais artistes n'étaient pas nombreux, et le catalogue en a pu être facilement dressé.

Plus tard, cependant, Pierre Gaudoul soigna davantage ses illustrations. Dans son Étude, A.-F. Didot le cite à propos d'un volume de G. Corrozet, LE TABLEAU DE CÉBÈS ». — « Cet ouvrage, dit-il, contient de charmantes gravures dont le dessin a été attribué à Jean Cousin, opinion partagée par Renouvier. La première planche, « LE PÉLERIN VISITANT LE TEMPLE DE SATURNE», est marquée d'une F gothique, monogramme que l'on retrouve sur le frontispice des REMÈDES DE L'UNE ET L'AUTRE FORTUNE, de Pétrarque, imprimés en 1534 par D. Janol, pour Pierre Gaudoul. »

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On voit qu'en 1534 notre éditeur avait fait des progrès; car cette F indique, dans tous les cas, un graveur expérimenté. Il n'y a pas à la rechercher dans les gravures dont nous nous occupons: telles qu'elles sont, on les admettait alors sans difficulté dans les livres sérieux. Celui-ci a pourtant été imprimé à Paris ; mais, à Paris comme ailleurs, la transition entre la gravure archaïque et la vignette de la Renaissance n'a pu se faire que lentement.

Aussi nous y voyons, pour la plus grande partie, de vieux bois que le libraire aura utilisé, et pour le reste l'œuvre d'un ouvrier imprimeur plus accoutumé à se servir de la presse que du crayon. Nos pères savaient se contenter de peu la science n'en souffrait pas et le scepticisme, qui n'était pas encore inventé, n'avait pas entamé la foi robuste des marchands et des amateurs.

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Proh dedecus inquit

Aeternum patriæ generifq; infamia noftri Terga refers! Nihil adiuuat arma Nobilitas forma:duro Mars milite gaudet

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