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On procéderait de la même manière pour les autres espèces de bois que pour le chêne. Tous les bois contiennent du tan soit développé, soit non développé ; d'ailleurs on aurait recours, comme première ou dernière opération, à des bains de tan, ou on ferait alterner des bains de tan et des bains des réactifs ci-dessus indiqués. Ces bois ont chacun des propriétés qui leur sont propres, et si nous leur ajoutons une propriété, un élément qui se trouve éminemment dans le chêne, le tannin, ils peuvent répondre à l'idée du correspondant anglais et devenir supérieurs au chêne pour les constructions navales.

Note des rédacteurs de la Bibliothèque physico-économique. La question qui fait le sujet de la lettre de M. Gossier est du plus haut intérêt et mérite toute l'attention des industriels. On pourrait tenter, sans doute avec avantage, d'immerger le bois dans une solution de muriate de chaux, au bout de quelques jours l'en retirer et le plonger dans un bain contenant une solution de sulfate de soude et de sulfate de fer dans des proportions que l'expérience aurait déterminées; on pourrait tenter d'ajouter au bain , par le muriate de chaux, de l'arséniate de soude. Quant au tannage également proposé par M. Gossier, nous le regardons, non comme impropre à remplir ce but, mais comme trop coûteux. Nous nous proposons d'entreprendre une série d'expériences à ce sujet, avec les substances terreuses, salines et acides; nous aurons soin de les faire connaître. Nous dirons seulement ici que ces moyens, par les premières substances, rendent les bois presqu'incombustibles, ce qui est très-avantageux pour les vaisseaux.

4. SUR LA FABRICATION DU SALPÊTRE EN FRANCE, EN ESPAGNE, Et en Portugal, d'après Guil. BowLES. (Gill's technol. Reposit. ; août 1829, p. 94.)

Bowles a publié, dans le dernier siècle, un ouvrage important sur les mines d'Espagne. Il n'est pas sans intérêt d'en extraire quelques renseignemens. L'auteur établit d'abord qu'il a la preuve évidente que la base du nitre existe réellement dans la terre et dans les plantes de différentes provinces d'Espagne, de même que dans la soude d'Alicante; qu'on peut facilement se convaincre de cette vérité, et voir le salpêtre avec la base alcaline, dans les manufactures de la Castille, de l'Aragon, de

la Navarre, de Valence, de Murcie et de l'Andalousie, où on le fabrique sans le secours d'aucune substance végétale. On se borne quelquefois à y jeter une poignée de cendres de matweed, espèce de jonc dont on fait des nattes, uniquement pour filtrer la lessive des terres. Mais généralement on y fait d'excellent salpêtre en faisant bouillir seulement cette lessive, de sorte qu'en Espagne on peut fabriquer la poudre à canon sans recourir au règne végétal pour l'alcali fixe, la terre en fournissant de parfait. Voyons maintenant, dit l'auteur, comment on fabrique généralement le salpêtre en France et en Espagne. Je ne dirai rien de l'Angleterre et de la Hollande, parce qu'on n'y en fait pas, et qu'on y va chercher celui dont on a besoin aux Indes orientales où on le trouve naturellement dans la terre, comme en Espagne, où j'ai vu faire du salpêtre par l'incinération des terres nitreuses ramassées dans des lieux où il n'y a peut-être jamais eu un arbre ou une plante.

Cette fabrication se fait à Paris et dans d'autres parties de la France, d'après les procédés prescrits par les ordonnances royales; procédés que je vais décrire.

Les décombres et les ordures des vieilles maisons sont conduits sur les lieux de fabrication, où on les pulvérise à coup de marteau. La poussière est ensuite mise dans des tonneaux percés par le fond, mais dont les ouvertures sont recouvertes de paille pour laisser un passage libre au liquide. On verse alors, sur la poussière, de l'eau qui entraîne toute la matière saline. Cette eau prend alors le nom de lessive; et si on la faisait bouillir immédiatement, elle donnerait un salpêtre d'une nature grasse. Pour y remédier, on achète les cendres de bois brûlé dans les cheminées de Paris, et on en tire une lessive qu'on mêle avec la première : c'est ce mélange qu'on fait bouillir (1). A mesure que l'eau s'évapore, le sel qui cristallise à chaud tombe au fond de la chaudière, tandis que le salpêtre qui ne cristallise qu'à froid reste en dissolution dans le liquide. On décante cette eau saturée de salpêtre et on la met à l'ombre où le nitre cristallise, c'est ce qu'on nomme salpêtre de première

(1) Voici comment on peut expliquer ce fait. Le sel qu'on obtient de la lessive des décombres est un nitre à base terreuse; l'alcali végétal fixe, qu'on retire des cendres de bois, y est alors ajouté. Cet alcali précipite la base terreuse, et; prenant sa place, forme le vrai salpêtre.

cuite. Il contient encore quelque reste de sel commun, de terre et de matière grasse. On le porte en cet état à l'arsenal pour le raffiner convenablement : là on le fait encore bouillir et cristalliser, deux, trois fois et même plus si cela est nécessaire. C'est ainsi qu'on le dépouille de toutes ses impuretés, et qu'on le rend propre à la fabrication de la poudre à canon ou aux autres emplois qu'on lui donne dans les arts.

En Espagne, où le tiers du territoire, et la poussière des routes, dans les parties orientales et méridionales du royaume, contiennent du salpêtre naturel, je l'ai vu préparer de la manière suivante :

On laboure le terrain deux ou trois fois dans l'hiver et au printemps, près des villages. En août, on empile cette terre en tas de 20 à 30 pieds de hauteur, puis on emplit une série de vases de forme conique percés par le fond, qui est recouvert de matweed et d'une couche de cendres de deux ou trois doigts d'épaisseur; on y jette alors de l'eau dans laquelle on a quelquefois mêlé un peu de cendres. La lessive qui résulte de cette opération est ensuite soumise à l'ébullition et traitée comme nous l'avons décrit plus haut.

La terre, ainsi dépouillée de son salpêtre, est reportée dans les champs ou exposée à l'action des élémens, et, aidée par la main invisible et toute puissante de la nature, elle s'imprègne d'une quantité égale de salpêtre au bout de l'année. Je demandai un jour à l'un de ces fabricans la raison de cette constante reproduction de salpêtre. Sa réponse fut celle-ci : « J'ai deux champs je sème du grain dans l'un, et j'ai une moisson; je laboure l'autre, et il me fournit du salpêtre.

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BOQUILLON.

5. SUR LA MINE DE FER et les forges de Somorrostro, dans la Biscaye (Espagne); d'après le même. ( Ibid.; p. 101.)

La fameuse mine de fer de Somorrostro, en Biscaye, a, suivant toutes les apparences, été produite par des alluvions, et formée par la combinaison d'une matière fluide qui s'est accrue par degrés insensibles, et s'est déposée sous forme lamelleuse d'où sont résultées des plaques ou écailles plus minces que du papier, et se recouvrant les unes les autres ; ce qui devient évident par l'examen des cavités ou crevasses que ces lames re

couvrent. Si ce fait est exact, on sera moins étonné de l'assertion faite mainte fois par les mineurs, qu'ils ont souvent trouvé des fragmens de pioches ou d'autres outils de leur profession dans des endroits exploités plusieurs siècles auparavant, et qui sont aujourd'hui remplis de nouveau minérai. Ce fait encore admis, on peut les en croire lorsqu'ils affirment que la mine s'augmente naturellement, bien que la lenteur des progrès de la nature dans cette opération ne permette pas d'en calculer la gradation ou de déterminer le nombre de siècles qu'elle emploie pour remplir une cavité de dimensions données.

Il résulte de ce qui précède, que cette mine est formée par le concours simultané d'une solution, d'une évaporation, d'unc alluvion et d'une déposition. Elle est située dans une colline ondulée, qui semble presque une plaine lorsqu'on la regarde des montagnes voisines; sa forme est régulière, et l'on peut en faire le tour en quatre ou cinq heures. Le minérai forme une couche continue dont l'épaisseur varie entre trois et six pieds. Il est recouvert par une couche de roche calcaire, blanchâtre, de deux à six pieds d'épaisseur. Au moment où l'on retire le minéral de la mine, il a la couleur du sang de bœuf, et il devient pourpre à l'humidité. On en conduit de grandes quantités par l'eau dans les provinces voisines, où on le fond seul, ou mélangé avec le minérai de la coulnée, qui donne un fer plus dur. Je ne parlerai que du procédé suivi pour le fondre sans mélange.

La première opération consiste à le griller en plein air, en empilant des couches alternatives de bois et de minérai, pour diviser celui-ci, lui enlever son humidité, diminuer son poids, le rendre plus facile à fondre, et séparer de la gangue (slag) les parties ferrugineuses. Lorsqu'il est suffisamment grillé, on le met dans un fourneau avec la quantité nécessaire de charbon, et lorsque la portion ou une quantité suffisante de métal fondu est tombée sur l'âtre du fourneau pour faire une masse de quatre ou cinq arrobes, de 31 à 32 livres chaque (1), on en prend alors une certaine portion avec des tenailles, et on la place sur une enclume sous un immense martinet de sept cent à mille livres anglaises (300 à 450 kil. ), qui réduit la fonte en

(1) Le texte anglais ne donne à l'arrobe que 25 livres anglaises, ou 11 kil. environ. Le rapport que nous avons choisi est celui de Boiste.

barres. Ces barres sont ensuite doublées ou alongées à une plus petite forge, et même forgées à froid comme si elles étaient d'argent! De cette manière, en peu d'heures le minérai est fondu, façonné en barres, et le fer prêt à être livré au commerce. Autrefois on n'employait pas le martinet, le fer était forgé à la main, ce dont on peut trouver la preuve dans les noms de plusieurs villes ou villages de la Biscaye qui sont situés dans des lieux qui n'ont jamais eu de cours d'eau, et qui commencent ou finissent en ola ou olea, mots qui signifient travail du fer dans le langage biscayen. C'est ainsi que mendiola veut dire forge de la montagne.

Il paraît que 100 livres de minérai produisent environ 35 livres de bon fer; et comme il ne contient ni soufre ni acides, il n'est pas nécessaire de le mêler avec une substance calcaire pour le fondre, afin d'absorber ces matières, si gênantes dans les minérais qui en contiennent, comme cela arrive trop souvent en France et ailleurs. Néanmoins, il n'est pas inutile d'en mêler un peu pour faciliter la fusion de la terre ferrugineuse, accélérer l'opération, diminuer la gangue (slag) et la consommation du combustible.

Les ouvriers ont appris, par une expérience constante, la méthode convenable pour traiter ce minéral, ainsi la conque naissance de la quantité de charbon nécessaire au fourneau ou à la forge. Cette dernière est rarement plus grande que celle d'un forgeron bien occupé, de sorte qu'il y aurait peu de perfectionnement à apporter à leurs travaux. Une bonne forge, bien construite, peut rapporter à son propriétaire 500 ducats, quelques-unes en produisent 300, toutes les charges acquittées. Il est nécessaire qu'ils mettent une grande économie dans l'emploi du combustible, et que pour cela ils se servent de petites forges; car s'ils en avaient d'aussi grandes que dans les autres contrées de l'Europe, avec tous les accessoires qu'on y rencontre, ils auraient bientôt déboisé toutes leurs montagnes, et leurs travaux seraient arrêtés faute de combustible. BOQUILLON.

6. SUR LA MINE DE FER DE MONDRAGON dans le Guipuscoa (Espagne), et sur les fameuses lames d'épées de Tolède, autrefois si estimées en Angleterre; d'après le même. (Ibid.; p. 97.)

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