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La mine de Mondragon est à environ une lieue de la ville de ce nom, dans le Guipuscoa. Les mineurs espagnols l'appellent hierro elado ou fer gclé; on le trouve dans une argile rouge, et il produit de l'acier naturel avec cette circonstance remarquable qu'on n'en rencontre en aucune autre partie du royaume. La tradition rapporte qu'on employa cette mine à la fabrication des fameuses épées dont Catherine d'Aragon fit présent à son mari Henri VIII, roi d'Angleterre. Quelquesunes ont encore une grande réputation parmi les montagnards d'Écosse, parce qu'elles s'accordent avec leur costume. On leur donne le nom d'André Ferrare, du nom du fabricant, marqué sur les lames. On suppose aussi que les fameuses lames de Tolède, ainsi que celles de Sarragosse, appelées del perillo, à cause de la figure d'un petit chien qui y est marquée, et dont il est fait mention dans Don Quichotte et ailleurs, ont été fabriquées avec cette mine qui donne 40 pour cent de métal, difficile à fondre. On en obtient facilement de très-bon acier, parce que ce fer est naturellement disposé à prendre, dans le fourle carbone nécessaire pour faire d'excellentes lames; mais sans cémentation on ne pourrait peut-être pas en obtenir des limes et des rasoirs.

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Ces lames étaient naturellement larges et d'une grande longueur, parce qu'on les portait à cheval et qu'elles convenaient au vieux costume espagnol. Mais ce costume s'étant altéré lorsque le duc d'Anjou monta sur le trône d'Espagne, les épées de France s'y introduisirent avec le costume de cette nation, qu'on appelle encore en Espagne costume militaire (vestido de militar), en opposition avec le long manteau noir qu'on y portait universellement avant cette époque. Il en résulte que les lames de Tolède devinrent hors d'usage, et que la fabrique tomba; mais une nouvelle manufacture de lames d'épées à l'usage des troupes s'est, depuis, élevée à Tolède, et l'on assure que ces lames sont aussi bien trempées que les anciennes, et qu'elles peuvent supporter les épreuves les plus fortes. Mais elles ne sont point fabriquées avec les mines de Mondragon.

Il existe diverses épreuves sur les anciennes lames dont nous venons de parler. Les uns prétendent qu'on ne les trempait. que dans l'hiver, et que lorsqu'on les tirait de la forge pour la dernière fois, on les agitait dans l'air par la température la

plus froide. D'autres assurent qu'on les chauffait jusqu'au rouge cerise, et qu'on les plongeait un moment dans un tube rempli d'huile ou de graisse, et ensuite de la même manière dans l'eau chaude, mais toujours au cœur de l'hiver. Si l'on en croit d'autres, on fabriquait ces lames avec l'acier naturel de la mine de Mondragon, en y ajoutant une bande de fer ordinaire au milieu pour les rendre plus flexibles; enfin on les trempait à la manière ordinaire, dans l'hiver. Telles sont les dernières opinions existantes sur les lames de Mondragon, qui sont réellement excellentes. Mais aujourd'hui les ouvriers de Mondragon, ou d'autres parties du Guipuscoa, ne connaissent point la manière de convertir le fer en acier, ou de le tremper convenablement; et même, pour la fabrication des outils, ils sont très-inférieurs aux ouvriers anglais.

Comme les principaux ouvriers de Tolède quittèrent cette ville lorsque leur commerce s'y anéantit; comme ils s'établirent dans différentes parties du royaume, où ils soutinrent la réputation de leur art; comme enfin leurs lames ont été dispersées dans toutes les contrées de l'Europe, les personnes qui sont curieuses de ces sortes de choses ne seront peut-être pas fâchées d'avoir la liste de leurs noms. Par ce moyen, elles reconnaîtront les lames de leur fabrique lorsqu'elles en rencon

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On peut considérer toutes les anciennes lames qui portent ces noms comme de véritables lames de Tolède, et exécutées par les principaux ouvriers.

Cervantes rapporte aussi que Ramon de Hoces était fameux, à Séville, pour la fabrication des poignards. BOQUILLON.

7. PROCÉDÉ POUR EXTRAIRE LA COMME OU LA MATIÈRE VÉGÉTALE DU CHANVRE NON ROUI, APRÈS SA FABRICATION EN CORDES. Patente à Sands OLCOTT. (Journ. of the Franklin instit.; mars 1829, p. 189.)

On met les cordes tremper dans une cuve pleine d'eau pendant trois ou quatre jours, au bout desquels on la renouvelle. On répète ce procédé jusqu'à ce qu'elle reste parfaitement claire. On goudronne ensuite la corde après l'avoir tordue et suspendue à l'air pour la sécher. On peut hâter l'opération en élevant la température de l'eau. BOQUILLON.

8. PROCÉDÉ ÉCONOMIQUE POUR IMITER LE PAPIER ARGENTE. (Jour. des Connaiss. usuell. ; no 51, 1829, p. 246.)

Nous sommes redevables de ce procédé chinois au P. Du Halde.

On prend 2 scrupules de gélatine ou colle de Flandre, faite de cuir de bœuf; 1 scrupule d'alun; une pinte d'eau. On met le tout sur un feu lent, jusqu'à ce que l'eau soit presque toute évaporée ; on étend ensuite des feuilles de papier sur une table, et, avec un pinceau, on y applique 2 ou 3 couches de cette colle on prend alors une poudre faite d'une certaine quantité de talc bouilli, et d'un tiers de cette quantité d'alun. Après avoir bien broyé ces matières, on les passe au tamis; on les fait ensuite bouillir de nouveau dans l'eau, puis sécher au soleil pour les broyer de nouveau. Alors on passe la poudre, qui est très-fine, à travers un tamis très-fin, sur les feuilles de papier préparées. La poudre de talc s'y colle; on les fait sécher à l'ombre, après quoi on les lisse avec un morceau de coton pour enlever le superflu du talc.

9. APPAREIL DISTILLATOIRE, APPELÉ RECTIFICATEUR, PROPRE A DISTILLER NON-SEULEMENT TOUTE ESPÈCE DE FARINEUX, COMME GRAINS, POMMES DE TERRE MAIS AUSSI LE MARC DE RAISIN, LA MÉLASSE, L'HYDROMEL ET LE VIN. Brevet de 10 ans en 1816, à M. O. ALEGRE. (Descript. des mach. et procédés; Tom. XIV, p. 55.)

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La distillation se fait dans cet appareil au moyen des va

peurs de l'eau, qui, par les routes qu'elles parcourent dans le centre même de la substance, acquièrent environ cent degrés de chaleur, qu'elles communiquent à la matière en distillation. Pendant que la première chauffe se fait, la substance qui doit être distillée à la seconde chauffe acquiert de la chaleur par le même calorique, et se trouve préparée à entrer dans la chaudière; et comme toute la machine est échauffée, l'ébullition du liquide recommence trois ou quatre minutes après la charge faite.

10. SUR L'EMPLOI DE LA SEMENCE DU SOLIUM TEMULENTUM DANS LA BRASSERIE. ( Recueil indust. ; juin 1829, p. 305.)

Ce que font quelques brasseurs anglais pourrait être fait aussi par ceux de Paris. Les premiers emploient quelquefois la semence du Solium temulentum, puisqu'on a vu, l'an dernier, à la porte de Londres, faire la récolte d'un terrain de plusieurs acres d'étendue, qui avaient été exclusivement consacrés à la culture de cette plante.

Comme on a fait périr plusieurs animaux en leur faisant manger du pain dans lequel on avait mis une certaine quantité de cette graine réduite en farine, il est hors de doute qu'elle est de même un poison dans la bière, quand, pour rendre celle-ci plus spiritueuse, on la mêle avec la drêche, ce qui a lieu trop souvent.

Les lois de la Chine mettent au nombre des crimes capitaux tout emploi de cette graine dans les liqueurs fermentées. La peine est beaucoup trop rigoureuse, sans doute; mais son principe, convenablement modifié, est très-bon à adopter.

11. LEVURE ARTIFICIELLE. ( Industriel belge; mai 1829, p. 395. · Journ. des Connaiss. usuell. ; no 50, 1829, p. 215.)

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Lorsqu'on veut faire cette levure en grand, on brasse cent cinquante livres (soixante-quinze kilogrammes) de moût de bière avec cent livres cinquante kilogrammes) de drêche composé de deux tiers du meilleur malt d'orge, et d'un tiers de malt de froment, avec dix livres (cinq kilogrammes) de houblon. On sépare soigneusement le marc et le houblon, et on évapore jusqu'à cent soixante-quinze livres (quatre-vingt-sept kilogrammes).

On partage ensuite le moût entre plusieurs vases, afin qu'il se refroidisse le plus promptement possible; après cela on le réunit dans un seul vase, et on ajoute trente-deux livres (seize kilogrammes) de levure de biêre. (Pour le second bassin et pour les suivans on se sert de la levure artificielle.) La matière entrera promptement en fermentation, et après trois à cinq heures elle sera couverte d'une écume épaisse, blanche, et de la nature de l'écume de la levure.

Au moment où l'écume s'élève, on mêle bien la matière, et on y ajoute, sous une agitation continuelle, de cinquante à soixante-quinze livres ( vingt-cinq à trente-sept kilogrammes) de drêche d'orge ou de froment, ou encore de la farine fine de seigle ou d'orge, et on dépose le mélange dans un endroit frais.

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Cette levure, lorsqu'on y incorpore assez de farine pour lui donner la consistance d'une bouillie épaisse, se conserve en été pendant dix à quinze jours, et en hiver pendant quatre à six semaines. On peut l'employer à la fermentation de l'eaude-vie de grains, du moût de bière, du vinaigre de bière, du vinaigre de cidre, du vinaigre de vin artificiel, du pain, de la pâtisserie, en un mot à tous les usages auxquels on emploie la meilleure levure de bière, dite levure de bondon.

Afin de pouvoir conserver long-temps cette levure, on doit chaque jour la remuer une ou deux fois. On peut aussi la sécher à une chaleur modérée, et ensuite la pulvériser. On enferme cette poudre dans des cruches de grès, et lorsqu'on veut s'en servir, on la délaie dans 4 pintes (litres) d'eau à 17 ou 19° Réaumur. On n'obtient le même effet que d'une égale quan

tité de levure de bière.

Veut-on fabriquer cette levure en grand pour la débiter aux boulangers, distillateurs d'eau-de-vie de grains, etc.? alors on ne doit la délayer qu'avec la quantité d'eau nécessaire pour lui donner la consistance de la levure ordinaire.

12. BLEU D'OUTRE MER.

M. Hermbstædt a obtenu, d'après le procédé de Gmelin, le plus bel outremer qu'il soit possible d'obtenir. Il attribue principalement la réussite de l'opération à l'attention que l'on met à employer le mélange de silicate de soude et d'alumine aussi

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