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blanches et les fontes grises? L'auteur peuse que oui; "mais il adopte aussi l'opinion émise par M. Karsten, que l'état dans lequel se trouvé lé carbone des fontes doit influer sur leurs qualités. Ainsi les fontes blanches, si dures et si attaquables par les acides, contiendraient le carbone uni à toute la masse, tandisque, dans les fontes grises, une portion s'en séparerait par le refroidissement lent. Ce qui tend à appuyer cette supposition, c'est que les fontes grises deviennent blanches, dures et très-cassantes, lorsqu'on les refroidit subitement en les coulant dans l'eau; mais elles reprennent leurs propriétés premières par une nouvelle fusion et un refroidissement lent, qui permet alors à une partie de carbone de s'en séparer. Si le premier cas présente une analogie admissible, le second le détruit entièrement, car les fontes blanches naturelles, refondues et refroidies lentement, conservent toutes leurs propriétés. On ne peut alors se dispenser d'attribuer ces effets à la moins grande quantité de silicium qu'elles contiennent généralement, ainsi qu'au manganèse qui s'y trouve au contraire en assez grande proportion.

La séparation spontanée d'une partie du carbone dans la fonte grise, fondue et refondue lentement, est surtout rendue manifeste quand on examine à différentes profondeurs une masse un peu considérable de fonte coulée. Il résulte d'une expérience faite à la fonderie de Charenton, sous les yeux de M. Wilson et dans son laboratoire, qu'un cylindre de laminoir, de 16 pouces de diamètre, coulé dans un manchon de fonte, a offert à différens points de son centre et de sa surface, les quantités suivantes de carbone pour 100: une portion de la masse prise au centre contenait 3, 20 de carbone; à deux pouces de ce point, 3, 65; à deux pouces de l'extrémité, 2, 80; enfin à la surface extérieure 2, 14. Ce résultat ne semble-t-il pas prouver qu'une partie du carbone a abandonné les surfaces qui se sont refroidies les premières, pour se porter aux parties centrales ?

Le refroidissement plus ou moins prompt qu'éprouvent les objets fabriqués en fonte moulée, est la principale cause de leur dureté et dé leur aigreur; aussi les rend-on faciles à être travaillés en les chauffant au rouge et les laissant refroidir len

tement.

Les propriétés des différens aciers qu'on trouve dans le

commerce dépendent, non-seulement du procédé employé pour les fabriquer, mais surtout des qualités du fer avec lequel on les prépare. Cette dernière considération paraît de la plus haute importance pour obtenir de l'acier de bonne qualité; et la supériorité qu'on accorde encore aujourd'hui à quelques aciers étrangers provient de la pureté du fer qui entre dans leur fabrication, comme le prouve le tableau qui suit :

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Une espèce d'acier que l'on fabrique depuis long-temps à Bombay, dans l'Inde, et qu'on désigne sous le nom indien, acier Woolz, est surtout recherché à cause de ses qualités et du damassé qu'on développe à sá surface par les acides. D'après l'analyse qui en a été faite par M. Faraday, il paraîtrait que les propriétés de cet acier sont dues à la présence d'une certainé quantité d'aluminium, qui ne se trouve pas dans les meilleurs aciers anglais. Ce chimiste est parvenu à l'imiter, en préparant d'abord un alliage d'aluminium et de fer par la calcination de l'alumine avec le fer carburé, et unissant par la fusion une portion de cet alliage avec 18 parties d'acier de bonne qualité; il obtint par ce moyen une espèce d'acier présentant tous les caractères de l'acier Wootz.

Dans le courant de l'année 1828, M. Wilson, directeur de la fonderie de Charenton, fit venir directement d'Angleterre deux échantillons d'acier Wootz, l'un brut et l'autre martelé ; l'analyse qui en fut faite démontra effectivement que le premier renfermait une assez grande quantité d'aluminium, tandisque le second n'en renfermait plus.

Voici les résultats qui ont été obtenus :

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L'on doit conclure, d'après ces derniers essais, que pendant le martelage à chaud et le laminage de l'acier Wootz, l'aluminium qu'il contenait primitivement en a été éliminé, soit par suite de sa combustion à l'air, soit par le rapprochement des molécules, et que conséquemment les propriétés de cet acier ne dépendent pas exclusivement de l'aluminium, puisqu'il n'en renferme plus quand il a été travaillé, mais qu'elles sont dues à sa grande pureté et surtout à l'homogénéitéde ses parties.

Dans le tableau que nous avons rapporté plus haut sur l'analyse comparative de quelques aciers, l'on voit combien est variable la proportion de carbone. Quelle est la quantité de ce corps combustible strictement nécessaire pour constituer un bon acier ? C'est ce qu'on ignore; car des échantillons d'acier anglais et français, doués des mêmes qualités, en contiennent des proportions différentes. Il est plus vraisemblable, d'après ce que l'expérience a appris, que la présence de quelques millièmes de phosphore et de silicium influent sur les mauvaises qualités de certains aciers, et que, par conséquent, le choix du fer est du plus grand intérêt dans cette fabrication. 171. SUR LA PRÉSENCE DE LA SILICE DANS L'ACIER ; par M. Jules

RENAUX, de Lyon. ( Annal. de l'indust. nat. et étrang. ; août 1829, p. 114, et Bullet. industr. de St-Étienne ; 10o no, oct. 1829, p. 289.)

ans,

M. Vauquelin a, le premier, signalé l'existence de la silice, dans la fonte de fer ou fer cru. Il a rendu compte, il y a trois dans les Annales de chimie, T. 31, page 332, de l'analyse d'une substance blanche, formée de filamens soyeux, qui paraissaient sortir d'un morceau de fonte de fer provenant d'un haut fourneau et qui ressemblaient à des faisceaux de certaines amiantes ou d'alun de plume. Cette silice était d'une extrême blancheur, en fibres ou filamens très-déliés et très-légers, soyeux, flexibles comme l'amiante, infusibles, insapides et insolubles dans l'eau, et enfin inattaquables aux acides.

Cette silice très-pure ne contenait pas un atôme de fer. Ce chimiste rapporte, à cette occasion, qu'il avait examiné, il y

a long-temps, une matière à peu près semblable trouvée dans un haut-fourneau de fonte. (Voyez la première série des Annales de chimie, vol. 73, p. 102). Il fit connaître son opinion sur la formation de cette substance par l'action du feu. Il pensa que la silice, dont la fonte retient une partie, réduite à l'état de vapeur fortuitement ou par quelque cause qu'il ne déduisit pas, s'était condensée par le contact de l'air à la surface du saumon de gueuse et qu'elle avait produit le faisceau ou gerbe fibreuse de silice, qui adhérait à la surface du métal. Il paraît que la fonte qui présentait ce phénomène provenait de hauts fourneaux à charbon de bois.

Depuis, on ne s'est point occupé de recherches sur ce fait si singulier; cependant elles auraient conduit à la connaissacce de la constitution et de la nature des fontes que l'on ne connaît que très-imparfaitement. Il serait en effet d'une haute importance, pour la prospérité des établissemens de hauts-fourneaux et forges, de connaître les causes qui font varier sans cesse la qualité des fontes et qui les font passer de l'état de fonte blanche à celle de fonte truitée, à celle de fonte grise, enfin à l'état d'acier naturel.

M. Boussingault, de son côté, avait constaté la présence du silicium dans les aciers de la Bérardière, mais on avait regardé ce fait comme une exception.

Le hasard vient de révéler au respectable D' Eynard, chimiste et mécanicien très-distingué de Lyon, la présence du silicium dans l'acier, en quantité assez notable.

Ce savant, en s'occupant de la recherche d'un chose, est arrivé, comme on l'a vu souvent, à la découverte d'une autre. La découverte du silicium dans l'acier peut jeter un grand jour sur la question extrêmement importante de la fabrication de l'acier naturel et des aciers de toute espèce; sur celle de la production des fontes et sur les moyens de les obtenir de première qualité, et amener enfin à la connaissance exacte de leur constitution relative.

M. Eynard, recherchant le moyen que, dans l'expédition d'Égypte, Conté avait pu employer pour raviver ses limes émoussées, est, en peu de temps, parvenu à le découvrir et à obtenir les mêmes résultats que celui-ci. Il fait usage pour cela d'une eau acidulée au cinquième, par l'acide sulfurique, dans laquelle il met tremper pendant plusieurs jours les limes

qu'il veut raviver. Par ce moyen, il donne à des limes lisses et hors de service, un nouveau mordant qui les rend d'un usage presque égal à celui des limes neuves.

Ce procédé, très-simple à exécuter, peut être d'une grande utilité dans les arts, notamment pour l'horlogerie et l'orfèvre rie, qui font usage de limes très-fines dont le prix est toujours fort élevé. Il consiste à faire enlever, par l'acide étendu d'eau, une couche de métal équivalant à un dixième ou à un quinzième de millimètre. Cette opération, se faisant sur toute la surface de la lime, au même instant, l'eau aciduléc attaque et creuse les sillons de cet instrument, rétablit toutes les rainures dans l'état primitif, et fait ressortir toutes les aspérités, sur tous les points, d'une manière uniforme, au point de donà cet instrument le mordant des limes neuves.

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La dissolution obtenue présente du sulfate de fer et de la silice. En examinant le vaisseau de verre dans lequel il avait opéré, le D' Eynard reconnut un dépôt d'une matière blanche, floconneuse, tenue en suspension dans le liquide, au fond du vase. La liqueur filtrée, il a obtenu sur le filtre une substance blanche, qui, lavée et séchée, a été reconnue pour de la silice d'une grande blancheur, cristallisée en fibres souples, soyeuses et parfaitement analogues à celles qu'a analysées Vauquelin.

Cette expérience a été par lui successivement répétée plusieurs fois, et il a obtenu constamment le même résultat. Il a fait usage, dans ces essais, de fragmens de limes, de râpes et de morceaux d'acier de toute nature.

Ainsi, il demeure constant que l'acier contient, comme la fonte de fer, une quantité assez notable de silice, qu'il sera important de constater. Par analogie, il est permis de croire que le fer en contient également quelques parties, qui ne lui permettent pas d'être forgé à froid.

La connaissance de ce fait pourra peut-être conduire à connaître la cause de cette propriété qu'acquiert l'acier, de durcir considérablement par la trempe, et expliquer pourquoi il peut l'acquérir et la perdre sans cesse. Elle servira à expliquer la dureté de la fonte blanche et la ductilité de la fonte grise. 172. PERFECTIONNEMENS QUI PARAISSENT POUVOIR ÊTRE ApporTÉS DANS LA FABRICATION DU PLATRE; par M. PAYEN. (Note lue à l'Académie des sciences, séance du 21 sept. 1829. )

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