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M. Payen écrit à l'Académie pour lui donner connaissance d'un fait nouveau qui lui paraît susceptible d'amener des résultats importans dans plusieurs applications industrielles.

L'auteur s'occupant de recherches sur les causes de la plus grande dureté du sulfate de chaux, relativement à ses usages comme matière plastique, eut occasion de remarquer :

1° Que ce ne peut être la chaux qui augmente la propriété de se solidifier avec l'eau dans certaines variétés de pierres à plâtre calcinées, car la température de la calcination était de beaucoup inférieure à celle qui opère la décomposition du carbonate de chaux;

2° Que dans les jours ordinaires, la calcination très-inégale présente des différences très-grandes entre les propriétés utiles du plâtre;

3o Enfin, que dans les parties des pierres calcinées avoisinant les cristaux incomplètement privés de leur eau de cristallisation, se rencontrent les propriétés recherchées dans cette matière.

M. Payen ayant supposé, d'après ces premières remarques, que le degré de température utile à la fabrication du plâtre devait être beaucoup moins élevé qu'on ne l'admet généralement, réduisit en poudre grossière de la pierre de Montmartre, et la maintint, par une double enveloppe, autour d'un, tube chauffé à 105 degrés par un courant de vapeur sous la pression correspondante. Au bout de six heures, il broya cette poudre, et reconnut qu'elle avait acquis la propriété de se solidifier par l'eau avec plus d'énergie que le plâtre de même sorte cuit dans les fours ordinaires.

« Cette expérience, dit en terminant M. Payen, permet d'espérer qu'à l'avenir on pourra traiter en grand la pierre à plâtre avec une grande régularité, et obtenir constamment la meilleure qualité de matière plastique. Elle réduit toute la question de la cuisson du plâtre à une simple dessiccation, facile à opérer par la vapeur, et fait ainsi disparaître toutes les difficultés auxquelles remediaient mal les diverses constructions des fours au bois, à la houille et à la tourbe. ( Le Globe; 26 sept. 1829, p. 610.)

173. MÉTHODE DE PURGER LE SUCRE DE SA MÉLASSE OU SIROP. Patente à John HAGUE. ( London journ. of arts and scienc.; sept. 1829, p. 303.)

L'appareil employé pour cet objet peut varier beaucoup, le patenté emploie, par exemple, un vaisseau contenant un faux fond en cuivre, percé de treus comme une passoire, et placé à quelques pouces du fond véritable. On place sur le faux fond une toile serrée, sur laquelle on répand une couche de quelques pouces d'épaisseur du sucre à purifier. La partie inférieure du vaisseau au-dessous du faux fond étant hermétiquement fermée, on y fait arriver le conduit d'une machine pneumatique; ensuite, en faisant mouvoir celle-ci soit à l'aide d'un levier à bras, d'une machine à vapeur ou d'une roue à eau, on retire l'air contenu entre le faux fond et le fond véritable; la pression de l'air supérieur force alors la mélasse de passer à travers les molécules solides du sucre et de la toile serrée, et de se rendre à travers les trous du faux fond dans la partie inférieure de l'appareil, d'où on peut la retirer à l'aide d'un robinet placé dans cette partie. L'auteur conseille de continuer l'opération en aspergeant sur le sucre une petite quantité d'eau ordinaire ou d'eau de chaux.

La partie supérieure de l'appareil étant fermée hermétiquement, on peut, à l'aide d'une machine pneumatique, y refouler une certaine quantité d'air qui, se condensant sur la surface du sucre, forcera la mélasse ou autres parties liquides de passer à travers les molécules de ce dernier et de se rendre dans la capacité inférieure du vaisseau, de la même manière qu'en faisant le vide comme on l'a indiqué ci-dessus. On peut pratiquer l'un ou l'autre de ces deux procédés, ou tous deux peuvent être exécutés en même temps, et l'on parviendra ainsi à extraire la mélasse du sucre plus complètement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent.

CHEV....T.

174. SUR LE PLOMB COULÉ EN FEUILLES PERFECTIONNÉES; par MM. VOISIN et fils. Rapport de M. Payen. ( Bullet. de la

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Soc. d'encourag.; mai 1829, p. 170.)

Le rapporteur commence par entrer dans quelques détails sur l'antiquité de la méthode de laminage du plomb et sur les procédés de coulage, puis il décrit la méthode de M. Voisin; la voici :

Le plomb est mis en fusion par la houille (1) dans des chau(1) MM. Voisin ont substitué avec avantage la houille au bois et an charbou de bois, d'où résulte une économie notable dans les frais de fabrication.

dières de fonte, contenant 1,800 à 2,500 kilogrammes de

métal.

Ces chaudières sont placées près des parties les plus élevées des moules, qui sont de deux espèces différentes.

L'une représente une table avec rebords, ayant 9 mètres 18 centimètres de longueur sur 2 mètres 30 centimètres de large, hors d'œuvre. Les rebords qui forment le bâtis du moule ont 36 centimètres de hauteur et 8 centimètres d'épaisseur; ils sont en chêne. Le fond de cette table, qui est en bois, est fixé à 14 centimètres plus bas que le dessus des bords qu'on nomme bandes.

Au milieu de leur longueur, sont fixés deux supports en bois, entaillés en portion de cercle; ces entailles reposent sur une pièce de bois fixée solidement au sol et arrondie; elle sert d'essieu. Cette disposition est nécessaire pour donner la pente convenable aux diverses épaisseurs qu'on veut obtenir. Cette table est recouverte d'une couche de sable humecté, de 4 centimètres d'épaisseur, qu'on étend également avec des rateaux de fer; puis on prend une planche dont la longueur excède de 28 centimètres la largeur de la table. Cette planche, qu'on nomme ráble, large de 15 centimètres, est entaillée à ses extrémités, de manière que les 38 cèntimètres excédans forment deux manches de la longueur chacun de 19 centimètres, qui servent à la manier; les parties des manches qui reposent sur les bandes sont garnies de fer, et la table n'entre dans le moule que jusqu'à la hauteur que doit avoir le sable.

Deux hommes prennent ce râble, avec lequel ils refoulent et égalisent le sable. Cette opération faite, on se sert d'une autre planche de la même forme que la précédente, mais qui descend un peu plus bas; on la nomme batteur. C'est avec cet outil, qui a un centimètre d'épaisseur à sa partie inférieure, qu'on tasse le sable, en commençant par la partie la plus élevée, et en avançant vers le bas de la moitié de l'épaisseur du batteur, à chaque coup, et en ayant soin que les manches touchent chaque fois les bords, afin que le sable soit régulièrement battu; après quoi on rejette tout le sable excédant, et qu'on peut emmener avec le râble, en le promenant du haut en bas à plusieurs reprises. On l'unit ensuite davantage avec une plaque de fer non poli qu'on nomme platine ; elle a 26 Е. Томи ХІІІ,

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centimètres de longueur sur 21 de largeur; finalement, on passe une seconde platine de cuivre, qui unit le sable, puis une troisième en fer poli, qui termine la préparation de la table.

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La table ainsi disposée, le lit de sable se trouve également li éloigné du dessus des bandes, qui doivent être parfaitement dressées, et de niveau ou dans le même plan, sans quoi le plomb coulerait tout d'un côté.

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Lorsque le métal est arrivé au degré de température conve nable, deux hommes, munis chacun d'une cuiller de fer, pui- 2 sent le plomb dans la chaudière et le versent dans une poële de tôle, faite en forme d'une large trémie évasée, de la largeur & du moule, et fixée dans un châssis de fer, dont le devant repose sur des tourillons, au bord de la table. L'autre côté est suspendu par une chaîne au bout de laquelle est fixée une corde qui s'enroule sur un tambour, mis en mouvement par es deux leviers fixés à son axe.

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Lorsque la poële est pleine de métal, on enlève à la surface, t avec une palette de fer, l'oxide qui s'y est formé, puis deux in hommes saisissent les leviers, deux autres la poële, et renver- q sent ainsi le plomb, qui coule rapidement vers le bas et couvre toute la largeur du moule. Au même instant, les quatre hommes qui ont versé la poële prennent une espèce de râble, qu'on nomme suiveur, terminé à chaque bout par un manche en forme de T, dont la double branche glisse sur les bandes; l'espace qui reste entre le bord inférieur du suiveur détermine l'épaisseur que doit avoir la table de plomb : le suiveur conduit en même temps devant lui l'excédant du plomb dans des creux qu'on nomme rejets. Cet excédant du plomb est à peu près du même poids que celui qui forme la table.

Cette opération est à peine finie, que la table a déjà pris assez de consistance pour pouvoir être enlevée ; elle a déjà éprouvé un retrait de 2 centimètres sur sa largeur et de 5 sur sa longueur, retrait qui augmente encore à mesure du refroidissement.

On enlève à chaque côté une bande de 8 centimètres de largeur (1), et à la tête une de 30 centimètres, de sorte que

(1) Dans plusieurs fabriques, les bassins ou chaudières doivent être

les bords de la table ne présentent aucun défaut, et qu'elle peut être livrée au commerce. Lorsque la première table est enlevée, on dispose de suite le moule pour en couler une seconde, de sorte qu'on peut en couler six par jour, de 2 millimètres au moins d'épaisseur.

L'autre espèce de moule propre à couler les feuilles de 2 millimètres et au-dessous est appelée moule en pierre.

La pierre qui remplace la couche de sable est fort tendre, mais d'un grain uni et homogène. Son épaisseur est d'environ 22 centimètres, sa longueur est de 7 mètres 22 centimètres, sur 1 mètre 87 centimètres de largeur. On a fixé sur ses bords des bandes en bois de 10 centimètres carrés.

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L'opération du coulage des feuilles de plomb se fait de la manière suivante : le plomb est fondu de même que pour le coulage sur sable; mais au lieu de le verser dans une poële, il est reçu dans un chassis de bois, posé sur la pierre à la partie la plus élevée, et descendu graduellement jusqu'à l'autre extrémité; à 1 mètre de distance marche le suiveur, dont le bord inférienr est élevé au-dessus de la pierre, suivant l'épaisseur que doit avoir la feuille. Le restant de l'opération s'effectue de la même manière que pour le plomb coulé sur le sable.

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La pierre a l'avantage, sur le sable, d'être toujours prête à recevoir de nouveau métal, et de permettre de couler trois fois autant de feuilles que sur le sable, mais seulement d'une ligne (2mm 25) d'épaisseur, et au-dessous, jusqu'à une demi-ligne ou (1mm, 12). La célérité qui résulte de l'emploi de cette mé thode est la principale cause de l'égalité du prix des feuilles minces et épaisses, résultat que n'aurait pas procuré le laminage, par la raison qu'il faut passer un plus grand nombre de fois les feuilles minces que les feuilles épaisses, si la concurrence du plomb coulé n'eût forcé le cours régulier de toutes les épais

seurs.

MM. Voisin composent un mastic servant à joindre les dif

faits sans soudure; la pureté du plomb est, même dans ce cas, d'un grand avantage, parce que ce métal résiste mieux à l'action des acides: relativement à cet emploi, la plus grande largeur possible est souvent utile, et, pour l'obtenir, on conserve quelquefois les sortes de lisières latérales ou bavares.

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