Page images
PDF
EPUB

et on fait bouillir le tout pendant 20 minutes, dans une chaudière d'une forme particulière. La hauteur de cette chaudière est à peu près le double de son diamètre; elle est munie, à sa partie supérieure, de deux anses et d'un rebord qui s'étend sur la moitié de sa circonférence, pour faciliter l'écoulement du liquide; à sa partie extérieure et vers la moitié de sa hauteur est un rebord entier qui sert à soutenir la chaudière dans le fourneau, de manière à ce que la partie inférieure seule soit en contact avec la flamme. On ne chauffe qu'avec le bois, parce qu'on a remarqué que la houille produisait de fâcheux effets; le carmin, lorsqu'on s'en sert, est, dit-on, moins beau et moins abondant.

Au bout de 20 minutes d'ébullition, on retire la chaudière du feu, on la pose sur un baquet renversé, et on y ajoute,

[blocks in formation]

I

gros, crême de tartre; on remue le mélange pendant quelques instans ; puis on incline la bassine afin de pouvoir décanter commodément, et on l'abandonne à elle-même. Peu à peu les débris de cochenille se déposent, le bain, qui était violacé, prend une teinte rosée, puis rouge vif. Il est légèrement trouble et contient évidemment le carmin en suspension, mais en poussière si fine, que les toiles ne l'arrêteraient pas.

On décante le liquide au bout d'un quart d'heure, on le passe au travers d'un tamis de soie serrée; on le reçoit dans une autre bassine. On laisse déposer de nouveau pendant quelques instans, et on décante une seconde fois; il reste encore un petit résidu brunâtre.

On ajoute alors deux blancs d'œufs bien battus, en agitant continuellement la liqueur avec un pinceau. Quelquefois le carmin se sépare en flocons assez volumineux, d'une belle couleur écarlate; quelquefois aussi la séparation n'a pas lieu, et alors il faut reporter la bassine sur le feu ; on l'y laisse jusqu'à ce qu'on voie nager à la surface du bassin des flocons de carmin, ce qui arrive toujours avant l'ébullition. On retire la bassine du feu, on fait retomber le carmin qui surnage au moyen d'un pinceau; on laisse déposer pendant dix minutes, et on décante avec précaution, la liqueur passe claire, et il reste un

dépôt de carmin que l'on reçoit à part on l'étend d'un ou deux litres d'eau fraîche et on le jette sur une toile.

:

On le sèche à l'étuve à 25° ou 26° centig. Si on le séchait à l'air libre il se moisirait.

Le carmin, ainsi préparé, produit cinq à six gros par livre de cochenille; mais on peut retirer deux ou trois gros de nouveau carmin presqu'aussi beau que le précédent, en reprenant la liqueur décantée, la portant à l'ébullition, puis la traitant au blanc d'œuf comme la première fois.

Le carmin ainsi préparé convient très-bien aux confiseurs, aux parfumeurs, aux fabricans de fleurs artificielles, aux fabricans d'encre rouge; mais il ne peut convenir aux dessinateurs à l'aquarelle. Il est trop grenu et se délaie mal sous le pinceau; pour ces derniers, on fabrique du carmin dans lequel on substitue la colle de poisson au blanc d'œuf.

Carmin à la colle.

Voici le dosage des matières à employer pour obtenir ce

carmin.

I livre de cochenille en poudre.

3 gros de sous-carbonate de potasse,

8 gros d'alun en poudre,

3 gros de colle de poisson.

On fait bouillir, dans une chaudière contenant cinq seaux d'eau, la cochenille avec la potasse. L'effervescence qui se manifeste pendant l'opération est appaisée par une addition d'eau froide. Après quelques minutes d'ébullition, on enlève la chaudière et on la place sur une table, en l'inclinant de manière à pouvoir transvaser la liqueur commodément. On y jette l'alun en poudre et l'on agite; la liqueur change aussitôt de couleur et vire à une teinte plus brillante. Au bout de quinze minutes, la cochenille est déposée au fond, et le bain est clair comme s'il eût été filtré; il contient le carmin en suspension.

On décante la liqueur dans une autre chaudière semblable et on la met sur le feu en ajoutant la colle de poisson dissoute dans beaucoup d'eau et passée an tamis. Au moment de l'ébullition, on voit le carmin monter à la surface du bain, et un coagulum se former comme dans les clarifications par le blanc d'œuf. On retire alors la chaudière et on remue le bain avec une spatule.

Après un quart-d'heure, le carmin se dépose, on décante et l'on met égoutter le dépôt sur un filtre de toile serrée.

Voici le procédé que l'on emploie pour préparer la colle de poisson. C'est celui dont on se sert dans tous les cas analogues.

Aprés l'avoir coupée en petits morceaux, on la met tremper dans de l'eau pendant une nuit ; elle se gonfle prodigieusement et absorbe entièrement l'eau, alors on la pile dans un mortier propre et on la réduit en une gelée transparente qui se fond en un instant.

Le carmin à la colle n'a jamais autant d'éclat que l'autre ; il rend moins d'ailleurs, si on met peu de colle; si on en met trop, l'ébullition le tourne au brun. En tous cas, le carmin qui a bouilli est toujours moins vif que celui qui a été séparé à une température plus basse.

Pour concilier toutes les difficultés, on peut s'y prendre de la manière suivante : quand on a ajouté la colle (demi-once), et qu'on a bien remué, on prend demi litre d'eau, on y verse deux ou trois gouttes de dissolution d'étain dans l'eau régale, et on verse ce mélange dans le bain ; on remue, on laisse déposer et on examine si le carmin se sépare. Dans le cas où il ne se séparerait pas, on recommencerait, et ainsi de suite jusjusqu'à 5 ou six fois au besoin. Il vaut mieux y revenir plusieurs fois que de mettre davantage de dissolution du premier coup; car si on en met trop, le carmin vire au bleu. Dès que les flocons sont bien distincts dans la liqueur, on la met au repos; ce carmin est si léger qu'il faut bien plus de temps pour le déposer que lorsqu'il s'agit du carmin au blanc d'œuf. Il a aútant d'éclat que lui, et son grain très-fin le rend fort convenable pour les dessinateurs.

Carmin au chlorure d'étain, dit carmin chinois.

Ce carmin s'obtient en faisant bouillir dans une chaudière un seau d'eau de rivière avec 20 onces de cochenille en poudre très-fine, puis on y ajoute 60 gr. d'alun de Rome. Après sept minutes d'ébullition, on ôte la chaudière du feu, et l'on fait passer la liqueur dans un autre vase à l'aide d'un siphon; on peut aussi la passer à travers une toile fine.

On verse alors une dissolution de chlorure d'étain, goutte à goutte, dans cette liqueur, que l'on a fait réchauffer; le car

[ocr errors]

min se précipite. Lorsque le carmin est déposé, on décante et on le fait sécher à l'ombre dans des vases de faïence ou de porcelaine.

On prépare la dissolution de chlorure d'étain en faisant dissoudre dans une livre d'eau forte 10 onces de sel marin; on ajoute à cette dissolution froide, peu à peu, 4 onces d'étain de Malaca en limaille; il ne faut ajouter une nouvelle quantité d'étain que lorsque la première est dissoute.

Ici, il est bien évident que la précipitation a lieu au moyen de la dissolution d'étain ajoutée; celle-ci servant à la coagulation d'une petite quantité de matière animale qui se trouvait dans la liqueur; ce dépôt, en se formant, entraîne le carmin. 177. ANALYSE DES PATES D'ÉMERIL EMPLOYÉES PAR LES COUTELIERS. (Annal. de l'indust. nat. et étrang.; août 1829, p. 191.)

Deux échantillons de pâte d'émeril, regardée par un des plus habiles couteliers de la capitale comme étant d'un excellent usage, ont offert la composition suivante :

[blocks in formation]

L'oxide de fer, qu'on suppose ici à l'état de colcothar, pouvait bien être autrefois à l'état d'oxide cristallin fait au moyen dela calcination du sulfate de fer et du sel marin. Les caractères physiques de la poudre, laissée par la calcination que détruisait la matière grasse, semblaient même d'accord avec cette supposition. En tous cas, cet oxide cristallin substitué au colcothar ordinaire doit être d'un bon emploi.

178. PAPIER FABRiqué au Mexique avec une plante indigène appelée Maguey.

Le Congrès du Mexique a passé un acte qui enjoint aux divers départemens du gouvernement du Mexique de ne pas se servir d'autre papier que celui désigné ci-dessus. On en a établi

des manufactures à Quérétara et à Saint-Angel. On assure que ce papier convient parfaitement à tous les usages, de même que celui fait avec les meilleurs chiffons de toile. (Globe. Galignani's Messenger; 24 oct. 1829.)

ARTS ÉCONOMIQUES.

179. CHANDELLes de suif durci, ou bougieS SCLERAPHTHITES A MÊCHES PERCÉES; par M. HÉBERT. Rapport à la Société d'encouragement de Paris, par M. Gillet de Laumont, au nom du Comité des arts économiques. (Bulletin de cette Soc.; oct. 1826, p. 311.)

En présentant à la Société, en 1821, un rapport sur les chandelles de suif durci, ou bougies scléraphthites de M. le docteur Manjot, nous lui proposâmes d'accorder son approbation aux travaux de ce médecin, comme ayant trouvé un moyen de purifier les graisses, de les durcir, de les blanchir et d'en fabriquer des chandelles dont l'intensité de lumière et la durée sont supérieures à celles des chandelles communes, et、 surpassent toutes celles perfectionnées que nous connaissions, par leur sécheresse et par l'absence du gras désagréable et de l'odeur rebutante des suifs. La Société approuva ce rapport dans sa séance du 17 juin 1821, et le fit insérer dans son Bulletin.

M. le docteur Manjot a depuis cédé son brevet et vendu sa manufacture, située à Mouceau, près Paris, no 46, à M. Hébert; mais avant d'entretenir la Société des perfectionnemens que ce manufacturier a depuis quelque temps ajoutés à cette fabrication, nous devons lui rappeler que nous lui présentâ mes, lors de notre premier rapport, des tablettes de suif durci par le docteur Manjot, qui étaient blanches, sonores, ayant l'aspect et la cassure de la cire ; des suifs en gros grains blancs et très-durs, d'autres en grains fins et friables; tous dans un état de siccité que l'on ne connaissait pas encore.

Nous croyons pouvoir dire aujourd'hui que le docteur Manjot avait alors trouvé le moyen de séparer des suifs la partie la plus dure, que des savans français ont désignée, depuis, sous

« PreviousContinue »