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renferme ; aucune aussi n'a plus puissamment contribué à l'avancement de la chimie et des sciences qui en dépendent. Sans doute la postérité ne contemplera point avec indifférence ce recueil précieux, dans lequel les fondateurs de la science ont déposé les matériaux qui ont servi à élever l'édifice imposant de la chimie moderne; on se plaira à suivre la filiation des tra vaux et des découvertes qui l'ont enfin conduite à une époque à jamais célèbre dans les fastes du dix-huitième siècle. Nous n'essaierons point toutefois de parcourir l'espace que la chimie a franchi depuis que Lavoisier et ses illustres collaborateurs ont appliqué les méthodes de Bacon et de Condillac à l'étude de cette science; mais il ne sera peut-être pas déplacé de jeter un coup-d'œil rapide sur quelques-uns des principaux faits dont elle s'est enrichie pendant la publication des trente volumes dont cette Table présente en quelque sorte l'analyse....

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Une des causes qui ont le plus influé sur les progrès immenses des sciences chimiques dans ces derniers tems, est sans contredit le perfectionnement où sont arrivés les procédés analy tiques. L'analyse des minéraux, sur - tout, est parvenue à un tel degré d'exactitude, que plasieurs substances qui échappoient aux recherches les plus délicates, sont rendues sensibles par l'art avec lequel on sait employer les réactifs. Non-seulement le chimiste force la nature à lui

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dévoiler la composition du plus grand nombre des substances minérales, mais encore il détermine les proportions de leurs principes constituans avec une précision si rigoureuse, qu'il peut reproduire, dans le plus grand nombre de cas, par la synthèse, le corps dont il avoit séparé les élémens. C'est sans doute à l'étude approfondie des affinités, à laquelle on s'est livré depuis plusieurs années, qu'il faut attribuer cette perfection des moyens d'analyse. Bergman avoit rectifié les erreurs de Geoffroy, et avoit en quelque sorte créé une nouvelle doctrine sur les affinités; mais les théories imaginées par ce célèbre chimiste étoient loin de pouvoir être appliquées à tous les cas; on étoit même souvent obligé de recourir à des explications hypothétiques pour se rendre raison des phénomènes qui avoient lieu dans quelques combinaisons; il falloit une main habile pour mettre cette partie fondamentale de la science au niveau des connoissances actuelles. Cette tâche glorieuse a été remplie par Berthollet, dont les travaux ont tant contribué à l'avancement de la chimie moderne. Les théories qu'il a établies sont basées sur les expériences les plus exactes et sur des faits les plus décisifs; et les inductions. rigoureuses qu'il en tire découlent naturellement de chaque proposition.

On n'avoit que des idées vagues et confuses sur les pierres météoriques; plusieurs physiciens. avoient même révoqué en doute leur existence

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et ce n'est que depuis quelques années qu'on a recueilli des observations plus exactes sur leur chûte et sur les phénomènes qui la précèdent ou qui l'accompagnent; Howard, Vauquelin, Klaproth, Thenard et Laugier, qui les ont analysées avec le plus grand soin, ont démontré que ces aérolithes, quelle que soit la partie du globe où on les ait recueillies, présentoient une identité parfaite dans leur composition.

Chacune des années qui viennent de s'écouler a vu éclore les découvertes les plus importantes. Guyton a dévoilé la nature du diamant. Les analyses lithologiques de Vauquelin l'ont conduit à la découverte de la glucine. Gadolin a constaté l'existence d'une autre terre nommée yttria. Hatchett a trouvé le colombium, et Richter le niccolane. Les travaux de Descostils, Fourcroy, Vauquelin, Chenevix, Tennant et Wollaston sur le platine, leur ont fait connoître plusieurs métaux dont on ne soupçonnoit pas même l'existence. Il restoit beaucoup de connoissances à acquérir sur les propriétés de quelques autres métaux qui nous étoient connus depuis longtems, l'antimoine, le nickel et le cobalt. Thenard, Proust et Richter ont publié à ce sujet des recherches très-intéressantes. Le tannin, ce nouveau principe végétal découvert par Seguin, est mieux connu depuis que Davy, Proust, Bouillon-Lagrange et Trommsdorff l'ont soumis à de nouvelles expériences. Qui ne connoît les tra yaux immortels de Fourcroy et Vauquelin şur les

substances animales ! La découverte de l'urée, leurs recherches sur les calculs, l'analyse des os, des cheveux, et tant d'autres expériences qui ont répandu le plus grand jour sur la physiologie humaine.

L'électricité galvanique a ouvert un nouveau champ aux expériences. Les physiciens ont étudié la nature de ce nouvel agent, son développement dans les divers appareils, les lois de son mouvement, etc. Les chimistes ont examiné son action sur différens corps; ils ont obtenu une nouvelle décomposition de l'eau par la pile de Volta. C'est encore avec cet appareil que M. Pacchiani prétend avoir résolu un des problêmes les plus intéressans de la chimie, la décomposition de l'acide muriatique; mais les divers savans qui ont répété ses expériences, n'ont point obtenu le même succès. Cette question intéressante n'a été décidée que depuis les expériences ingénieuses que Davy a faites récemment.

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Si nous considérons la chimie dans les nouveaux rapports qu'elle s'est créés avec les arts, quelle source inépuisable de richesses n'offret elle point au commerce et à la prospérité nationale ? Par-tout s'élèvent de nouvelles manufactures d'alun, de sel ammoniac, de couperose, de tannerie, de verrerie, de poterie et de porcelaine. Le nombre des fabriques d'acides minéraux est considérablement augmenté. Les utiles procédés de Berthollet pour le blanchiment, sont pratiqués presque dans

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toute l'Europe. L'art de la teinture s'enrichit chaque jour des belles recherches de Vauquelin, Berthollet, Thenard et Chaptal.

C'est encore à l'aide de la chimie que les physiologistes ont soulevé le voile qui couvroit quelques-unes des fonctions les plus importantes du corps humain. Mais de toutes les branches de la médecine, aucune n'a retiré des avantages plus nombreux de la chimie que la matière médicale : cette science qui naguères n'offroit qu'un ramas informe de faits douteux et mal observés sur l'action des remèdes, s'est presque généralement régénérée depuis qu'on a soumis à des analyses exactes la plupart des médicamens; une connoissance plus approfondie des principes qui les composent nous a appris à mieux apprécier leurs effets, et par conséquent à procéder d'une manière plus certaine à leurs combinaisons. Par exemple, quelles inductions utiles ne tirera pas un médecin observateur, pour l'administration du quinquina, lorsqu'il connoîtra le beau travail de Vauquelin sur cette écorce! Les eaux minérales offrent à la médecine des secours très-efficaces contre un grand nombre de maladies; et quoique leur usage remonte à une haute antiquité, jamais peut-être on ne les a employées avec autant de succès que de nos jours; on ne peut en trouver la cause que dans les lumières que la chimie a répandues sur ce point non-seulement elle a dévoilé, par l'analyse, la composition de presque toutes les eaux

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