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cavaliers; elle a couché avec des égyptiens dès fa première jeunesse..... Ooliba fa fœur a bien plus forniqué encore avec des officiers, des magiftrats et des cavaliers bien faits; elle a découvert fa turpitude; elle a multiplié fes fornications; elle a recherché avec emportement les embrassemens de ceux qui ont leur membre comme un âne, et qui répandent leur femence comme des chevaux....

Ces descriptions, qui effarouchent tant d'efprits faibles, ne fignifient pourtant que les iniquités de Jérufalem et de Samarie; les expreffions qui nous paraiffent libres ne l'étaient point alors. La même naïveté se montre fans crainte dans plus d'un endroit de l'Ecriture. Il y eft fouvent parlé d'ouvrir la vulve. Les termes dont elle se sert pour exprimer l'accouplement de Booz avec Ruth, de Juda avec fa belle-fille, ne font point déshonnêtes en hébreu, et le feraient en notre langue.

On ne le couvre point d'un voile quand on n'a pas honte de sa nudité; comment dans ces temps-là aurait-on rougi de nommer les génitoires, puifqu'on touchait les génitoires de ceux à qui l'on fefait quelque promeffe ? c'était une marque de refpect, un fymbole de fidélité, comme autrefois parmi nous les feigneurs châtelains mettaient leurs mains entre celles de leurs feigneurs paramonts.

Nous avons traduit les génitoires par cuiffe.

Eliézer met la main fous la cuiffe d'Abraham: Jofeph met la main fous la cuiffe de Jacob. Cette coutume était fort ancienne en Egypte. Les Egyptiens étaient fi éloignés d'attacher de la turpitude à ce que nous n'ofons ni découvrir, ni nommer, qu'ils portaient en proceffion une grande figure du membre viril nommé phallum, pour remercier les dieux de faire fervir ce membre à la propagation du genre-humain.

Tout cela prouve affez que nos bienséances ne font pas les bienséances des autres peuples. Dans quel temps y a-t-il eu chez les Romains plus de politeffe que du temps du fiècle d'Augufte? cependant Horace ne fait nulle difficulté de dire dans une pièce morale:

Nec metuo ne, dùm futuo, vir rure recurrat.

Augufte fe fert de la même expreffion dans une épigramme contre Fulvie.

Un homme qui prononcerait parmi nous le mot qui répond à futuo, ferait regardé comme un crocheteur ivre; ce mot, et plufieurs autres dont fe fervent Horace et d'autres auteurs, nous paraît encore plus indécent que les expreffions d'Ezéchiel. Défefons-nous de tous nos préjugés quand nous lifons d'anciens auteurs, ou que nous voyageons chez des

nations éloignées. La nature eft la même partout, et les ufages par-tout différens.

Je rencontrai un jour dans Amsterdam un rabbin tout plein de ce chapitre. Ah! mon ami, dit-il, que nous vous avens obligation! Vous avez fait connaître toute la fublimité de la loi mofaïque, le déjeûner d'Ezechiel, fes belles attitudes fur le côté gauche ; Oolla et Ooliba font des chofes admirables; ce font des types, mon frère, des types qui figurent qu'un jour le peuple juif sera maître de toute la terre; mais pourquoi en avez-vous omis tant d'autres qui font à peu-près de cette force? pourquoi n'avez-vous pas représenté le Seigneur disant au fage Ofée, dès le second verset du premier chapitre Ofée, prends une fille de joie, et faislui des fils de fille de joie. Ce font fes propres paroles. Ofée prit la demoiselle, il en eut un garçon, et puis une fille, et puis encore un garçon; et c'était un type, et ce type dura trois années. Ce n'eft pas tout, dit le Sei gneur, au troisième chapitre : Va-t-en prendre une femme qui foit non-feulement débauchée, mais adultère; Ofée obéit, mais il lui en coûta quinze écus et un fetier et demi d'orge; car vous favez que dans la terre promife il y avait très-peu de froment. Mais favez-vous ce que tout cela fignifie? Non, lui dis-je; ni moi non plus, dit le rabbin.

Un

Un grave fage s'approcha, et nous dit que c'était des fictions ingénieufes et toutes remplies d'agrément. Ah, Monfieur, lui répondit un jeune homme fort inftruit, fi vous voulez des fictions, croyez-moi, préférez celles d'Homère, de Virgile et d'Ovide; quiconque aime les prophéties d'Ezechiel mérite de déjeûner avec lui.

EZ OUR VEIDA M.

QU'EST

U'EST-CE donc que cet Ezourveidam qui eft à la bibliothéque du roi de France? C'eft un ancien commentaire, qu'un ancien brame compofa autrefois avant l'époque d'Alexandre fur l'ancien Veidam, qui était lui-même bien moins ancien que le livre du Shafta.

Refpectons, vous dis-je, tous ces anciens Indiens. Ils inventèrent le jeu des échecs, et les Grecs allaient apprendre chez eux la géométrie.

Cet Ezourveidam fut en dernier lieu traduit par un brame, correfpondant de la malheureufe compagnie française des Indes. Il me fut apporté au mont Krapac, où j'observe les neiges depuis long-temps; et je l'envoyai à la grande bibliothèque royale de Paris, où il est mieux placé que chez moi.

Ceux qui voudront le confulter, verront qu'après plufieurs révolutions produites par Dictionn. philofoph. Tome V.

*X

l'Eternel, il plut à l'Eternel de former un homme qui s'appelait Adimo, et une femme dont le nom répondait à celui de la vie.

-Cette anecdote indienne eft-elle prise des livres juifs? les Juifs l'ont-ils copiée des Indiens? ou peut-on dire que les uns et les autres l'ont écrite d'original, et que les beaux ́efprits fe rencontrent ?

Il n'était pas permis aux Juifs de penfer que leurs écrivains euffent rien puifé chez les brachmanes dont ils n'avaient pas entendu parler. Il ne nous eft pas permis de penser fur Adam autrement que les Juifs. Par conséquent je me tais, et je ne pense point.

-F.

FABLE.

IL eft vraisemblable que les fables dans le goût de celles qu'on attribue à Esope, et qui font plus anciennes que lui, furent inventées en Afie par les premiers peuples fubjugués: des hommes libres n'auraient pas eu toujours besoin de déguiser la vérité; on ne peut guère parler à un tyran qu'en paraboles, encore ce détour même eft-il dangereux,

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