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dans de l'eau régale, et ils vous jurent que c'eft de l'or potable fans acide: ils dépouillent l'or autant qu'ils le peuvent de fon eau régale ; ils la chargent d'huile de romarin. Ces préparations font très - dangereufes; ce font de véritables poifons, et ceux qui en vendent méritent d'être réprimés.

Voilà, Monfieur, ce que c'eft que votre or potable, dont vous parlez un peu au hasard ainfi que de tout le reste.

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Cet article eft un peu vif, mais il est vrai et utile. Il faut confondre quelquefois l'ignorance orgueilleufe de ces gens qui croient pouvoir parler de tous les arts parce qu'ils ont lu quelques lignes de S' Augustin. (1)

(1) M. l'abbé G.... a été trompé par ceux qu'il a confultés; il faut très-peu de temps, à la vérité, pour jeter en fonte une petite ftatue dont le moule eft préparé; mais il en faut beaucoup pour former un moule. Or, on ne peut fuppofer que les Juifs aient eu la précaution d'apporter d'Egypte le moule où ils devaient couler le veau d'or.

Le célèbre chimifte Stahl, après avoir montré que le foie de foufre peut diffoudre l'or, ajoute qu'en fuppofant qu'il y eût des fontaines fulfureufes dans le défert, on pourrait expliquer par là l'opération attribuée à Moife. C'eft une plaifanterie un peu lefte qu'on peut pardonner à un phyficien, mais qu'un théologien auffi grave que M. l'abbé G.... ne devait pas fe permettre de répéter.

Dictionn. philofoph. Tome V.

FORCE PHYSIQUE.

U'EST-CE que force? où réfide-t-elle ? d'où vient-elle ? périt-elle, fubfifte-t-elle toujours la même ?

On s'eft complu à nommer force cette pefanteur qu'exerce un corps fur un autre. Voilà une boule de deux cents livres ; elle eft fur ce plancher; elle le preffe, dit-on, avec une force de deux cents livres. Et vous appelez cela une force morte. Or, ces mots de force et de morte ne font-ils pas un peu contradictoires? ne vaudrait-il pas autant dire mort vivant, oui et non ?

Cette boule pèfe; d'où vient cette pefanteur? et cette pefanteur eft-elle une force? Si cette boule n'était arrêtée par rien, elle se rendrait directement au centre de la terre. D'où lui vient cette incompréhenfible propriété?

Elle eft foutenue par mon plancher; et vous donnez à mon plancher libéralement la force d'inertie. Inertie fignifie inactivité, impuiffance. Or, n'eft-il pas fingulier qu'on donne à l'impuiffance le nom de force?

Quelle eft la force vive qui agit dans votre bras et dans votre jambe? quelle en eft la fource? comment peut-on fuppofer que cette force fubfifte quand vous êtes mort? va-t-elle

fe loger ailleurs, comme un homme change de maison quand la fienne est détruite ?

Comment a-t-on pu dire qu'il y a toujours égalité de force dans la nature ? il faudrait donc qu'il y eût toujours égal nombre d'hommes ou d'êtres actifs équivalens.

Pourquoi un corps en mouvement communique-t-il fa force à un corps qu'il rencontre ?

Ni la géométrie, ni la mécanique, ni la métaphyfique, ne répondent à ces questions. Veut-on remonter au premier principe de la force des corps et du mouvement, il faudra remonter en core à un principe supérieur. Pourquoi y a-t-il quelque chofe?

Force mécanique.

ON préfente tous les jours des projets pour augmenter la force des machines qui font en usage, pour augmenter la portée des boulets de canon avec moins de poudre, pour élever des fardeaux fans peine, pour deffécher des marais en épargnant le temps et l'argent, pour remonter promptement des rivières fans chevaux, pour élever facilement beaucoup d'eau, et pour ajouter à l'activité des pompes.

Tous ces fefeurs de projets font trompés eux-mêmes les premiers, comme Lafs le fut par fon fyftême.

Un bon mathématicien, pour prévenir ces continuels abus, a donné la règle suivante :

Il faut dans toute la machine confidérer quatre quantités. 1°. La puiffance du premier moteur, foit homme, foit cheval, foit l'eau, ou le vent, ou le feu.

2°. La vîteffe de ce premier moteur, dans un temps donné.

3o. La pefanteur ou réfiftance de la matière qu'on veut faire mouvoir.

4°. La vîteffe de cette matière en mouvement, dans le même temps donné.

De ces quatre quantités, le produit des deux premières eft toujours égal à celui des deux dernières; ces produits ne font que les quantités du mouvément.

Trois de ces quantités étant connues, on trouve toujours la quatrième.

Un machinifte, il y a quelques années, préfenta à l'hôtel de ville de Paris le modèle en petit d'une pompe, par laquelle il affurait qu'il éleverait à cent trente pieds de hauteur cent mille muids d'eau par jour. Un muid d'eau pèse cinq cents foixante livres, ce sont cinquantefix millions de livres qu'il faut élever en vingtquatre heures, et fix cents quarante-huit livres par chaque feconde.

Le chemin et la vîteffe font de cent trente pieds par feconde.

La quatrième quantité eft le chemin, ou la vîteffe du premier moteur.

Que ce moteur foit un cheval, il fait trois pieds par feconde tout au plus.

Multipliez ce poids de fix cents quarantehuit livres par cent trente pieds d'élévation, auquel on doit le porter, vous aurez quatrevingt-quatre mille deux cents quarante, lesquels divifés par la vîteffe, qui eft trois, vous don nent vingt-huit mille quatre-vingts.

Il faut donc que le moteur ait une force de vingt-huit mille quatre-vingts pour élever l'eau dans une feconde.

La force des hommes n'eft eftimée que vingtcinq livres, et celle des chevaux de cent foixante et quinze.

Or, comme il faut élever à chaque feconde une force de vingt-huit mille quatre-vingts, il réfulte de là que pour exécuter la machine. propofée à l'hôtel de ville de Paris, on avait besoin de onze cents vingt-trois hommes ou de cent foixante chevaux, encore aurait-il fallu fuppofer que la machine fût fans frottement. Plus la machine eft grande, plus les frottemens font confidérables, ils vont fouvent à un tiers de la force mouvante ou environ; ainfi il aurait fallu, fuivant un calcul très-modéré, deux cents treize chevaux, ou quatorze cents quatre-vingt-dix-fept hommes.

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