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Ont su venger son nom longtemps humilié :

Et Baudouin, Baudouin seul, est encore oubliét
Pour voir son noble front, pour lire ses batailles,
Il faut interroger les toiles de Versailles,

Où le passé se lève et revit à nos yeux;

Là, le comte de Flandre apparaît glorieux.

La France a des honneurs pour nos hommes célèbres,
Et nous disputerions vainement aux ténèbres
Tant de faits éclatants, de souvenirs sacrés!
Non! chers concitoyens, vous qui vous honorez
De retracer les traits, d'embaumer la mémoire
Des hommes d'autrefois, comprenant que leur gloire
Est pour un pays libre un sublime garant,
C'est à vous d'élever au plus juste, au plus grand,
Un monument qui puisse apprendre à tous les âges
Que la Belgique sait égaler ses hommages

A l'amour qu'on lui porte, au pieux dévoûment
De qui vécut pour elle et mourut en l'aimant.

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LA CHASSE AUX NIDS.

FABLE.

Par un jour de congé, des espiègles finis,
Pour leurs communs plaisirs troupe bien assortie,
Résolurent d'aller faire la chasse aux nids;
Que de trésors devait procurer la partie !
Chacun aurait au moins, on n'en pouvait douter,
Des petits et des œufs, à ne plus les compter:
Ils avaient pour chercher une journée entière.
Or, les voilà remuant les buissons,

Sans en laisser un en arrière,
Beaucoup plus attentifs qu'au moment des leçons.
Garde à vous, fauvettes gentilles,

Par un vol imprudent, ne leur découvrez pas
Les précieux berceaux de vos jeunes familles;
L'ennemi se trouve à deux pas.

Nos écoliers, cédant au feu qui les dévore,

Se déchirent aux mains, à d'autres lieux encore,
Pas un nid à trouver;

Puis si le soir n'allait pas arriver !

Mais il faut que bientôt la chasse se termine;
Cœurs sensibles, jugez s'ils faisaient triste mine
Et quels tourments ils devaient éprouver!
Déjà, sans prononcer une seule parole,

Ils retournaient chercher le repos qui console,
Quand, au sommet d'un arbre, un nid frappe leurs yeux;
N'importe on le prendra, dût-on monter aux cieux !

Au même instant l'un d'eux s'adosse au chêne

Et forme ainsi, comme il advient souvent,

Un échafaudage vivant,

Qui du grimpeur allégera la peine.
Après avoir beaucoup, beaucoup trop transpiré,
Celui-ci touche au but si longtemps désiré,
Rapporte à ses amis, prompts à lui faire fête,
Six jolis œufs, jolis à leur tourner la tète !
Avec bonheur chacun les contemplait.

Enfin s'opéra le partage.

L'un dit nous sommes cinq; à qui donc, s'il vous plaît, Sera le sixième oeuf ? l'affaire ici s'engage:

D'un ton ferme, le plus âgé

Se prévaut de son droit d'aînesse

Et jure d'être avantage.

Deux que son arrogance blesse,

Déclarent qu'à l'instant et d'un commun aveu
On tirera la paille, ou l'on verra beau jeu !
Le grimpeur, ne pouvant contenir sa colère,
Leur dit: Ne croyez pas me ravir mon salaire;
Vous avez tous un œuf et c'est assez, je crois;
S'il en reste un sixième, il n'y faut pas prétendre:
Le mal que j'ai souffert m'y donne seul des droits;
Jusqu'à la mort je saurai les défendre..........
Approchez..... on approche; il jette un œuf au front

De l'un des querelleurs, qui, par un œuf répond
A ce héros, d'humeur si cavalière;

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LA FONTAINE ET LE TORRENT.

APOLOGUE.

Du sein d'un rocher séculaire,
Souvent battu par les autans,

Sortait une source plus claire

Que le bleu pur des cieux au soleil du printemps,
C'était la sœur de Blandusie,

Qu'avec tant de bonheur chanta la poésie!
Son eau, qui s'échappait sur un sable argenté,
Conservait sa fraîcheur à l'ombre des charmilles,

Et formait en ces lieux un bassin abrité,
Où l'on allait puiser la boisson des familles;
Quand un torrent, en de néfasles jours,
Grossi, soulevé par l'orage,

Rompant ses digues avec rage,

Vint troubler notre source, en son modeste cours,
Et d'un Dieu bienfaisant anéantir l'ouvrage.

Petit pays, où nous vivons en paix,
Où le travail nous donne l'abondance,
Ah! puissiez-vous n'ètre envahi jamais
Et garder votre indépendance !

M. GRENIER.

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