NR

ous nous plaignons souvent du peu d'efforts que fait la France officielle pour répondre à la propagande effrénée de nos ennemis. Mais avons-nous soin d'encourager, comme nous le devrions, les œuvres d'initiative privée qui tâchent d'y suppléer? Combien savent l'activité persévérante et féconde de l'Alliance française, dont les conférenciers ne cessent de sillonner les routes de l'ancien et du nouveau monde? Et combien connaissent l'existence du Comité catholique des Amitiés françaises, créé dans des circonstances si particulières et qui en démontrent si clairement l'utilité ?

C'était en 1915. Une à une, les nations se rangeaient de l'un ou de l'autre côté; les dispositions même des neutres pouvaient être d'un grand poids. On se heurta alors au préjugé qu'avait répandu contre nous, dans les pays catholiques, la politique antineligieuse. Le gouvernement, qui avait si heureusement pris pour mot d'ordre l'union sacrée, n'hésita pas à envoyer Mgr Baudrillart plaider notre cause auprès des évêques espagnols. Ainsi naquirent, de la force même des choses, les Amitiés françaises.

Elles ont un but nettement défini, et qui ne fait double emploi avec celui d'aucune autre association. A une propagande intéressée qui représente l'idée française comme l'ennemie pour toute nation catholique, il s'agit d'opposer l'image de la vraie France. Le Comité y travaille par divers moyens, dont le plus efficace est la création de bourses pour les étudiants étrangers.

J'ai sous les yeux le rapport annuel présenté par le très dévoué secrétaire général de l'œuvre, Mgr Beaupin, à l'assemblée générale du 24 février. Le Comité a fait venir 119 étudiants étrangers à l'Institut catholique de Paris, 44 à Lille, 26 à Strasbourg : autant de témoins qui, rentrés dans leur pays, se feront les défenseurs de notre bon renom. << De retour dans ma patrie, écrivait dernièrement l'un d'eux, je redirai ce que j'ai admiré dans ce Paris qui n'est la ville légère que pour quelques-uns et pour les nombreux cosmopolites qui viennent s'y amuser, mais qui demeure, pour qui veut l'étudier d'un peu près, la cité du dévouement ardent et généreux. »

Mgr Beaupin a bien raison de conclure qu'une telle institution a droit. de prendre rang parmi celles que l'intérêt national ne permet pas de laisser péricliter. Mais c'est une de nos tristesses de voir les œuvres, les plus propres à servir la cause française, limitées dans leur action par la pénurie de leurs ressources.

La Revue des Deux Mondes publiera dans son prochain numéro :
SOUVENIRS SUR LE CARDINAL LAVIGERIE

par M. JULES CAMBON, de l'Académie française.

Toute traduction ou reproduction des travaux de la Revue des Deux Mondes est interdite dans les publications périodiques de la France et de l'Étranger, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande.