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Puis il transcrit la lettre que le roi, prisonnier, écrivit à sa mère, Louise de Savoie, et qui contient ces mots : de toutes choses ne mest demoure que lhonneur et la vie. Ladam donne ensuite les noms des morts et des prisonniers qui furent faits à cette bataille mémorable, et raconte les événemens qui ont eu lieu en Europe de 1524 à 1528.

La relation des événemens de cette année, consiste seulement en cinq strophes. Voici la première :

1528. » Mil chincq cens vingt et huit quoy que chacnn en dye
» Arthois de joye est wid (1) aussi est Picardie

» Mais pour les soulaigiez en leurs anguoisses griefves
>> Dieu y faict de legier pour huit moys unes triefves.

Enfin nous finirons notre revue par la strophe suivante qui est la dernière de ces chroniques.

» Dont puis que triefves sont en Arthois et sups Somme
» Gens de guerre ny font choses qui rompe ung somme
» Pour bouter (2) en escript ailleurs je me retire
» Priant a Jhesuscrist me faire un vray escripre.

Nous savons qu'il existe à la bibliothèque d'Arras des chroniques de Nicaise Ladam (3), mais nous ignorons si

(1) Vuide, privé. (2) Mettre.

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(3) Né dans le XV.me siècle, à Béthune, il se retira vers la fin » de ses jours à Arras, et c'est là que, suivant la Biographie uni» verselle, tom. XXIII, page 90, il composa sa chronique qui s'étend » de 1488 à 1545. M. Weiss, auteur de l'article où nous trouvons » ces détails, ajoute que le dernier éditeur de la Bibliothèque historique » de France, fait mention de deux copies de cette chronique, qui » étaient conservées, l'une à l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras (c'est, » sans doute, celle dont nous venons de parler), et l'autre dans la » bibliothèque du chancelier d'Aguesseau : notre manuscrit serait donc >> une troisième copie abregée de la chronique de Nicaise Ladam. »

ces chroniques sont en prose, ou, comme les nôtres, tirées de prose en rime; selon le titre rapporté ci-dessus, il serait possible qu'il les ait composées d'après un manuscrit ou un ouvrage imprimé d'un autre auteur; et comme il se pourrait aussi que celui qui nous appartient soit unique en son genre, nous avons cru qu'il ne serait pas inutile de le faire connaître.

LAMBIN,

Archiviste de la ville d'Ipres.

Guillaume de Meeff

Dit de Champion.

Guillaume de Meeff naquit à Liége vers la fin du quinzième siècle, de Michel de Meeff et d'Isabeau de Vivegnis; d'après Loyens, on le surnomma Champion, parce qu'il habitait une maison qui portait cette enseigne. De Meeff, fut successivement revêtu de plusieurs charges importantes et nommé deux fois bourgmestre de la cité, en 1544 et en 1550. Durant, ces deux années de magistrature, il fit exécuter des travaux importants et d'une grande utilité pour la ville dont l'administration lui était confiée. Pendant le court séjour que fit Charles-Quint à Liége, en 1544, il fut présenté à cet empereur, qui le reçut avec la plus grande distinction.

Guillaume de Meeff ne nous a laissé qu'un seul ouvrage; voici à quelle occasion il le composa En 1531, sous Erard de la Marck, la disette et l'excessive cherté des grains firent naître une violente émeute parmi les habitans de Seraing, de Jemeppe, de Tilleur et d'autres villages voisins. Champion, alors greffier de la cité, fut député par le conseil vers les révoltés, dans le dessein de calmer l'extrême irritation qui se manifestait parmi eux. C'est la narration complète et fidèle des évenements

qui se passèrent alors, que de Meeff a intitulée : La mutinerie des Rivageois; il l'a composée, dit-il, afin que ceux qui gouverneront la cité dans la suite, connaissant les évenements antérieurs, puissent plus facilement prévenir les maux futurs, car a-t-il soin d'ajouter : Expérience est maîtresse de toutes choses.

Avant d'entamer sa narration, Champion expose toutes les mesures prises par le conseil de la cité, pour remédier à l'affreuse disette qui se faisait sentir alors chez nous. Il entre ensuite dans tous les détails de cette émeute qui faillit amener le pillage de la cité entière. Cet ouvrage d'un contemporain, d'un homme qui a pris une part active aux évenements qu'il raconte, est indispensable à tous ceux qui désireront connaître cet épisode curieux de l'histoire du règne d'Erard de la Marck; écrit en français, il peut en outre offrir des renseignements utiles sur l'état du langage à cette époque, dans la ville de Liége. Quoiqu'il méritât bien les honneurs de la publication, le travail de Champion est resté inédit jusqu'à ce jour; j'ai pensé qu'on en lirait ici avec plaisir quelques fragments; cette citation suffira, je pense, pour donner quelqu'idée du degré d'intérêt qu'il présente. Comment que, après que les dits Rivageois furent retirés, aucuns de la ville d'Ans les allèrent resomeir et rassembleir; et de la conspiration que ilz firent ensemble devant le vaulx de Saint Lambert. « Le prédit dymenche mesme à soir, environ d'entre siex » et sept heures, ung compagnon de la ville d'Ans, nommeit » le sulty Laurent filz Simon De champs de Montgnée, >> prinst ung tambour et le sonnat parmy laditte ville d'Ans, >> assemblat vingt-cincq à vingt siex autres compagnons ; » soy partirent tous ensemble et passant parmy la ditte » ville de Montgnée, assemblèrent et convocarent le plus

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» de gens que avoir povoient, et de là s'en allèrent des» cendre à Jemeppe et à Tylleur; sy y trouvèrent encour >> aucuns ensemble, et les autres qui estoient retirez en >> leurs maisons, les allèrent huchier et appelleir, disant >> que ils estoient meschants gens et povres canailles de >> soy avoir ainsy laissiez seduyr par belles parolles, et » pour trois à quattre thoneaux de cervoise que l'on leur » avait donné à boire A la ditte semonce et convoca» tion, les dits de Tylleur de rechieff se eslevèrent, se >> rassemblérent et s'en allèrent tous ensemble, convoc» queir et appellier ceulx de Jemeppe et des autres vil>> laiges alenthour, en sorte que ils furent plus gros >> nombre qu'ils n'avoient estez paravant. Et pour ce que >> le soir approuchoit, ils cuidèrent alleir logier à la >> vaulx St.-Lambert; touttes fois, pour la résistance qui >> leur fust faicte, ils n'y allèrent pas, mais demorèrent » sur les prez devant la ditte vaulx St. Lambert; et >> mandèrent à l'abbaye que l'on leur envoyast à boir et » à mangier, ce que Mons." l'abbé qui est homme savant » et prudent, affin de eviteir leur fureur et maulvaise » volonté, ne leur volut refuseir, mais leur envoyat >> incontinent trois à quattre thonneaulx de bonne cer» voise, du pain, de la chair et du fromaige à l'advenant. >> Et comme ils estoient ainssy logiez sur les dits prez, >> aians buyz ceste bonne cervoise, comenchèrent à de>> viseir de leur conspiration et entreprinse, et oussy de >> faire serment les ungs aux aultres de non separeir ny » devideir, si tout ce qu'ils demanderoient ne fust faict » et accomply, et de resisteir et de defendre contre tous >> ceulx qui les voldroient invader et courir sus, jusques >> à morir tous ensemble. Et de fait eurent tels conseils >> que ils firent ledit serment, et leur faisoient faire comme >> chieffs et capitaines Michiel Caltroux de Tylleur et Goffin » son frère. Le dit serment faict, firent conspiration que

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