Que l'on dira communement, e; On le hait bien ailleurs sans faulte: Il y pert son sens et constance Sans y donner quelque raison Ou autre argument d'oraison, Et ses vers vont ainsi marchans Comme ung oison paté aux champs. Au demeurant bien je le sçay Qu'il reproche le coup d'essay A Sagon, et de son creu estre. J'oseroye bien gaiger et mectre Que sur tout tect, fust-il de chaulme, O le Clement ne dormoit pas, A il bien mesdict du sainct pere? Gardez bien que ce rat pellé Et me dresser une harengue, PIERRE FABRI La vie de Pierre Fabri ou Le Febvre, curé de Meray, est tout-à-fait inconnue. Ce poète étoit de Rouen. Il a laissé un traité qui a pour titre le Grant et Vrai Art de pleine Rhétorique, etc., nécessaire à toutes gens qui desirent à bien élégantement parler et écrire, tant en prose qu'en rime. Ce traité, imprimé pour la première fois en 1521, est divisé en deux Livres. Dans le premier, Pierre Fabri insiste longuement sur la manière de composer les lettres suivant les différentes personnes à qui elles sont adressées. Le second est consacré tout entier à l'art poétique. L'auteur y désapprouve fortement l'usage alors assez commun d'associer des mots qui appartenoient à des idiomes différents, ou d'entremêler le latin et le françois, comme dans cette phrase: De asino nostro bono, meliori et optimo, debemus faire fête. Il vouloit qu'on réhabilitât certains mots que le temps a corrompus et que l'ignorance a consacrés, comme, par exemple, celui d'amé pour aimé, que nos secrétaires du roi ont si long-temps employé dans leur bizarre expression de d'amé féal, etc. Quoique nourri de la lecture des anciens rhéteurs, et surtout de celle de Cicéron, Fabri manque généralement de goût, et son ouvrage est d'ailleurs fort superficiel. Il eut cependant un grand succès, puisqu'on en fit plusieurs éditions; il en existe trois de 1539. Celle qui est in-12 fut donnée par Denys Janot, à Paris. Étienne Caveiller et Pierre Sergeant, imprimeurs-libraires de la même ville, publièrent les deux autres, qui sont in-8°. Nous avons encore de Pierre Fabri les Épitaphes du Roy Loys, imprimées à Rouen, et un Traité touchant le temps de maintenant, où sont introduits parlant ensemble onze Dames: à savoir, Naples, Venise, Rome, Florence, Gennes, Mylan, France, Espagne, Angleterre, Flandres, Autriche, et l'acteur. LA FONTAINE D'AMÉNITÉ, CHANT ROYAL. Au pied du mont de contemplation, Au sainct prieur que d'elle eust remembrance, Si quelque temps vers toi fuz variable, Le bon prieur meu en compassion, |