Ton pere n'en eut moins, ce grand duc genereux : tel que le sien ta face est ennoblie. D'un coup Si ou Charles ton oncle, ou bien François ton pere L'un se recognoistroit en son fils figuré, L'autre s'esjouiroit voir au nepveu son frere. Que di-je ? ils sont voyans et l'un et l'autre encores, Charles, helas! duquel ma muse eut cest adveu, Les deux ostz combattoient par grand' puissance d'armes : Tes vœuz espars au ciel, soudain (merveilleux faict) O Dieu, ô la pieté, vertu la plus certaine! Tu as ainsi vaincu par vouz en ton absence, Duc par le roy vainqueur, par le duc son armee. MICHEL D'AMBOISE. MICHEL D'AMBOISE, écuyer, qui prenoit, en tête de ses ouvrages, le titre de seigneur de Chevillon, étoit fils naturel de Chaumont d'Amboise, amiral de France, et lieutenant-général du roi en Lombardie; il naquit à Naples dans les premières années du seizième siècle. A peine au sortir du berceau, son père l'envoya à Sagonne, dont il étoit seigneur, pour y être élevé avec George d'Amboise, son fils légitime, qui n'étoit guère plus âgé que lui. En 1511, Michel perdit son père, qui l'aimoit tendrement, et cette mort fut si prompte, que ce dernier n'eut pas le temps de faire des dispositions en sa faveur. Amené à Paris peu de temps après, on le fit étudier avec son frère George. Ses parents, qui le destinoient au barreau, le mirent chez un procureur; mais, au lieu de s'appliquer à l'étude du droit, Michel suivit son penchant pour la poésie, et, malgré les représentations qui lui furent faites, et le peu de succès qu'obtinrent ses premiers ouvrages, il continua de faire des vers, contre le gré de ses parents qui l'abandonnèrent. La bataille de Pavie lui enleva son frère, et par cette perte il fut privé de tout secours. Il ajouta à l'embarras de sa position, en épousant une femme sans fortune; le seigneur de Barbezieux, son parent, le renvoya de chez lui. Il perdit, au bout de deux ans de mariage, son épouse et un fils qu'elle lui avoit donné; de nouveaux chagrins vinrent l'assaillir; il fut enfermé deux fois, et manqua souvent du nécessaire. Tant de malheurs abrégèrent ses jours, et il cessa de vivre, ou plutôt de souffrir, à la fin de l'année 1547. Michel d'Amboise avoit beaucoup de facilité; mais, travaillant pour vivre, il ne corrigeoit jamais ses productions, qui consistent en Complaintes de l'Esclave fortuné, Paris, 1529, in-8°; la Panthaire de l'Esclave fortuné, Paris, 1530, in-8°; les Bucoliques de Baptiste Mantuan, traduites du latin en rime francoise, Paris, 1530, in-4°; cent Epigrammes, traduites du Mantuan, et la fable de Biblis et de Caunus, traduite d'Ovide, Paris, 1532, in-16 et in-8°; les Epistres vénériennes de l'Esclave fortuné, Paris, 1532, 1534, et 1536, in-8°: ces épîtres sont des plaintes ou des demandes d'amour, où l'auteur s'exprime avec une licence extrême; le Babylon, autrement la confusion de l'Esclave fortuné, Paris, 1535, in-16 et in-8°, sans date; le Blason de la dent, dans le recueil intitulé les Blasons anatomiques du corps humain; les Contre-Epistres d'Ovide, Paris, 1546, in-16 et in-12; Secret d'amour, Paris, 1542, in-8°; Déploration de la mort de messire Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, Paris, 1543, poëme en vers héroïques; quatre Satyres de Juvénal (les 8, 10, 11 et 13) translatées en rime françoise, Paris, 1544, in-16; le Ris de Démocrite et le Pleur d'Héraclite, sur les folies et miseres de ce monde, traduit de l'italien d'Antonio Phileremo Fregoso, en rime françoise, Paris, 1547, in-8°, et Rouen, 1550, in-16; et enfin, une traduction du dixième Livre des Métamorphoses d'Ovide. Michel d'Amboise avoit pris pour surnom ou devise l'épithète d'Esclave fortuné. BLASON DE LA DENT. DENT qui te monstres en riant En celuy ordre où tu repose, Comme faict une perle belle, Ung bien fin or bouté en œuvre; Tu fais le reste estre divine, Quand on te voit à descouvert; Mais dent, quand ton prix est couvert, |