Afin que rien n'offensât Mais, Seigneur, qui eût osé, Sur toy, qui as disposé Ce que toy seul peux comprendre? Voilà le beau corps d'hôtel Au droit sentier de sa grace. Voyez donc l'enfantelet, Grand Seigneur de tout le monde, Qui suce et suce le lait D'une pucelle féconde; Qui doit un jour de sa croix Brisera tous les efforts Voilà donc l'enfant qui doit Qui, devant Dieu, nous rendoit Donc, Seigneur, brise l'effort PIERRE GROGNET. PIERRE GROGNET, ou GROSNET, étoit de Toucy, petite ville à quelques lieues d'Auxerre. Les particularités de sa vie ne sont pas connues. Dans sa requête au prevôt de Paris, pour l'impression de ses Mots dorés, il se qualifie maître ès arts, et licencié en chacun droit; ailleurs il se dit prêtre et humble chapelain. Le premier ouvrage de Pierre Grognet a pour titre : Mots dorés du grand et saige Caton, etc. C'est une traduction des distiques attribués à Caton; il en existe plusieurs éditions; la plus ancienne est de 1530 (Paris, en caractères gothiques). Le poète a rendu chaque distique latin par quatre vers françois. Les autres productions poétiques de Grognet sont: 1o. une pièce fort curieuse, intitulée de la Louange et Excellence des bons facteurs, qui bien ont composé en rime, tant de-çà que de-là les monts : cette pièce contient une notice d'un grand nombre de poètes, depuis Jean de Meun jusqu'à l'époque où écrivoit l'auteur; 2o. la Louange des femmes; 3o. la Bonne Doctrine pour les filles; 4°. la Louange et Description de plusieurs bonnes villes et cités du noble royaume de France; 5°. quelques poésies sur l'histoire de son temps; 6o. le Manuel des vertus intellectuelles et morales; 7o. un Rondeau contre les taverniers qui broullent le vin, etc. Parmi les poésies de Grognet on lit surtout avec intérêt celles qui nous ont conservé la mémoire de faits historiques, et entre autres la pièce qui a pour titre : Recollection des merveilleuses choses et nouvelles advenuës au noble royaume de France en nostre temps, depuis l'an de grâce 1480. Cette chronique finit en 1530. Grognet la dédia à Jean de Dinteville, maître d'hôtel ordinaire du roi; elle a été réimprimée par fragment dans le Mercure de novembre 1740, où elle est précédée des réflexions suivantes : « J'ai fait moi«< même l'extrait en question en faveur de ceux qui font <<< la recherche de nos anciens poètes, par rapport aux <«< faits et aux expressions que leurs ouvrages contien<< nent. Vous savez qu'on en forme, à la Bibliothéque du Roi, un Recueil le plus complet qu'il est possible de faire, en continuant celui de M. De Cangé, qui est « aujourd'hui dans la même Bibliothéque, de sorte qu'il n'y a pas d'apparence que les souhaits de ceux qui <«< condamnent au feu tous les anciens poètes françois, «< soient jamais accomplis. BLASON DE LA NOBLE VILLE ET CITÉ DE PARIS. Je suis Paris, cité de renommée, Rien ne me fault; de Dieu suis gouvernée; Où l'on peult veoir faire bon jugement; Des criminels verrez pugnition, Et d'ung chascun on faict correction. AUTRE SUR LE MÊME SUJET. PAISIBLE domaine, Amoureux vergier, Repos sans dangier, Justice haultaine, C'est Paris entier. RONDEAU CONTRE LES TAVERNIERS QUI BROULLENT LES VINS. BROULLEURS de vins, malheureux et mauditz Gens sans amour, faulx en faicts et en dictz, Qui ne tendez qu'en dampnable avarice, Soyez certains que divine justice Vous pugnira de bien brief, je le dis. |