Page images
PDF
EPUB

coup de difcernement pour la critique. & de goût pour la littérature. C'est dommage qu'il n'ait pas fini fon Ouvrage.

M. LINGUET.

Son Continuateur a de quoi nous confoler; c'est M. Linguet (1) qui a reçu de le nature le talent de l'éloquence: talent qu'il a tranfporté par-tout jufques dans l'Hiftoire. S'il écrit avec moins de fimplicité que fon premier modele, il a plus de chaleur & de coloris.

AUTEURS ANGLOIS.

;

Ces qualités manquent totalement à l'Hiftoire univerfelle, compofée par une Société de Gens de Lettres Anglois. Il y a dans ce Livre des matériaux excellens, des recherches profondes & curieuses mais l'érudition n'eft pas toujours amenée par le fujet; elle n'eft pas ornée non plus de l'élégance du ftyle & de la politeffe du difcours. Cependant comme il y a beaucoup de chofes qui ne se trou

(1) Il y en a actuellement 20 vol. in-12. Le 19 & 20 font de M. Linguet.

vent point ailleurs, ce Livre mérite une place dans les Bibliotheques. Nous avons actuellement une trentaine de volumes in-4°. de la traduction françoise, imprimés à Amfterdam.

PUFFENDORF.

On ne peut gueres fe difpenfer d'avoir l'Introduction à l'Hiftoire générale de Puffendorf, revue & corrigée par M. de Grace, Paris, 1753, 8 vol. in-4°. Ce Livre eft très-propre à faire connoître les intérêts des Princes; & il peut être confidéré comme une excellente notice de la politique & du gouvernement de tous les Peuples.

M. DE THOU

Dans l'Abrégé de l'Hiftoire univerfelle de M. de Thou, en dix vol, in-12, traduite par M. Remond de Sainte-Albine, imprimé en 1759, le Rédacteur déclare d'abord s'être impofé pour premiere loi, de ne point altérer les jugemens de fon Hiftorien; de ne blâmer ni ne louer que ce qu'il condamne ou qu'il approuve; en un mot, de peindre les perfonnes & les actions avec les couleurs fous lef

quelles M. de Thou les repréfente, même dans les occafions où il n'auroit pas jugé comme lui. Il n'a donc pas refufé des éloges aux Proteftans, ni diffimulé les torts des Catholiques; & dans la crainte qu'on ne l'accufe d'avoir dit plus qu'il n'y a dans l'Original, il a copié dans les endroits critiques, la traduction du texte latin publiée en 1731. Dans le refte de l'Abregé, non-feulement il s'é carte fouvent de cette traduction; mais il retranche quelquefois des morceaux entiers & très-étendus qui fe trouvent dans la grande Hiftoire: je veux parler de ces difcuffions fréquentes auxquelles fe livroit fi volontiers M. de Thou, & qui ne paroîtroient aujourd'hui qu'un vain étalage d'une érudition inutile. M. de Sainte-Albine en a usé de même à l'égard de plufieurs faits moins importans, quefon Auteur auroit vraisemblablement négligés, s'ils euffent été moins récens lorfqu'il les écrivoit. Plus les événemens deviennent anciens, & moins on doit s'arrêter aux détails peu effentiels. Quelqu'exactitude qu'ait apporté M. de Thou dans fes recherches, il étoit difficile, vu la multitude d'objets accumulés fous fa plume, qu'il ne tombât pas dans quelques erreurs; fon Abréviateur s'eft prin

cipalement appliqué à les corriger, en indiquant toutefois les différences qui fe trouvent entre lui & fon modèle : pour cela il a puifé dans des fources plus fûres, il a profité des remarques de quelques favans; & pour ne rien négliger de tout ce qui pouvoit être l'objet de fon travail, il a cru devoir avertir des fautes même qui fe trouvent dans la traduction. Autant que je puis en juger, fes obfervations & fes critiques me paroiffent appuyées de raifons folides, & d'autorités fuffifantes: mais les chan. gemens qu'il s'eft permis, ne fe bornent pas à des retranchemens & à des correc tions. Ne fe fervant, pour ainsi dire, de l'Original que comme d'excellens mémoires, M. de Sainte-Albine ne s'eft point affujetti à placer les faits dans l'ordre où M. de Thou les avoit rangés; il a feulement adopté la forme d'annales, choifie par cet Hiftorien. Perfuadé qu'on ne peut offrir trop de leçons aux différens membres qui compofent la fociété, l'Abréviateur a respecté tout ce qui pouvoit former des Citoyens utiles; & dans cette vue, il s'eft étendu fur les queftions du Droit public & d'administration générale; il a fuivi, avec fon Auteur, le fil des grandes négociations; il a donné

le

le précis de divers Traités, en mettant fous nos yeux les principales particularités des fieges & des combats, & a fur-tout examiné les caufes des bons & des mauvais fuccès. Il a auffi confervé tous les articles que M. de Thou a confacrés à la mémoire de plufieurs Savans françois & étrangers : c'eft la partie de l'Ouvrage,dont les Amateurs des Lettres ont fçu le plus de gré à ce grand Historien. M. L'ABBÉ ROUBAUD.

Son Hiftoire générale de l'Afie, de l'Afrique & de l'Amérique eft moins un amas de faits, qu'un recueil d'obfervations philofophiques fur le génie, les mœurs & les arts des Nations. Elle préfente par-tout un fonds intéreffant de morale & de politique; les révolutions & les événemens y conduisent à la connoiffance des hommes, des Loix & des Gouvernemens. C'eft fans doute faifir le vrai but de l'Hiftoire & la traiter en grand, que de la préfenter fous ce point de vue. Il ne manque à cet Ouvrage que d'être écrit avec plus de fimplicité: on y trouve fouvent l'emphafe philofophique, des expreffions gigantefques, des métaphores. outrées.

Tome III,

F

« PreviousContinue »