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DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE

A

A. Voir ALEPH.

A et , alpha et oméga, noms de la première et de la dernière lettre de l'alphabet grec. Notre-Seigneur dit trois fois dans l'Apocalypse, 1, 8; XXI, 6; xx11, 13, qu'il est l'alpha et l'oméga, c'est-à-dire, comme il l'explique lui-même, « le commencement et la fin, » 1, 8, ou « le premier et le dernier », xxII, 13; « celui qui est, celui qui était, celui qui doit venir, le Tout-Puissant, » 1, 8. Cette locution est propre à l'Apocalyse, mais la pensée ellemême se trouve dans l'Ancien Testament, où Dieu dit dans Isaïe : « Je suis le premier et le dernier. » Is., XLIV, 6; cf. XLIII, 10. Quand Jésus-Christ s'appelle l'alpha et l'oméga, il proclame donc par là même sa divinité, en s’attribuant les caractères qui sont donnés par les prophètes au Dieu véritable, de qui seul vient toute vie, et à qui seul tout retourne :

Alpha et cognominatus: ipse fons et clausula Omnium, quæ sunt, fuerunt, quæque post futura sunt, chante le poète chrétien Prudence, Cathemer., IX, 11-12, t. LIX, col. 863. Voir aussi Tertullien, De monog., 5, t. II, col. 935. Les premiers chrétiens empruntèrent ce symbole à l'Apocalypse pour faire acte de foi à la divinité de leur Maître, en inscrivant sur les tombeaux et dans leurs églises l'A et l'O des deux côtés de la croix, A+w, et en le gravant jusque sur leurs sccaux et les bagues qu'ils portaient aux doigts. Nous reproduisons ici (fig. 1) un des plus remarquables de ces anneaux chrétiens, trouvé dans un antique cimetière de Rome. D'après M. A. Boldetti, Osservazioni sopra i Cimiterj de' santi martiri ed antichi cristiani di Roma, in-fo, Rome, 1720, p. 502, no 32. F. VIGOUROUX.

1.

Anneau chrétien antique.

AAGAARD (Niels ou Nicolas), érudit danois, luthérien, né à Wiborg en 1612, mort en 1657. Il fut d'abord pasteur à Faxol, puis professeur d'éloquence et bibliothécaire à Soroë. Parmi ses écrits figure une Disputatio de stylo Novi Testamenti, in-4o, Soroë, 1655. Voir J. Worm, Forzæg til et Lexikon over danske, norske, og islandske lærde Mænd, t. 1, Elseneur, 1771, p. 2-3; R. Nyerup

DICT. DE LA BIBLE.

et J. C. Kraft, Almindeligt Litteraturlexicon for Danmark, Norge, og Island, in-4o, Copenhague, 1820, p. 2.

AARHUSIUS, théologien protestant, né en 1532, nort le 15 juillet 1586. Son vrai nom était Jacobus Mathiæ. Son surnom d'Aarhusius lui vient d'Aarhuus, lieu de sa naissance, en Danemark, où il fut, en 1564, directeur de l'école de la ville. En 1574, il devint professeur de latin à Copenhague; en 1575, professeur de grec, et, en 1580, professeur de théologie. Ses ouvrages exégétiques sont les suivants: Disputatio inauguralis de Veteris ac Novi Testamenti consensione ac diversitate, in-4o, Copenhague, 1582; Theses de doctrinæ cœlestis et Sacræ Scripturæ origine et auctoritate, in-8°, Copenhague, 1584; Prælectiones in Joelem et Ecclesiasten, editæ ab Andr. Kragio, in-4o, Bâle, 1586; Introductio ad Sacram Scripturam discendam et docendam, edita ab Andr. Kragio, in-4o, Båle, 1589; Prælectiones in Hoseam, in-4o, Bâle, 1590. Voir J. Worm, Forsæg til et Lexicon, t. 11, p. 22.

1. AARON (hébreu: 'Aharôn, signification inconnue), premier grand prêtre de la loi ancienne. Il était fils d'Amram et de Jochabed, de la tribu de Lévi. Il naquit en Égypte, trois ans avant son frère Moïse, cf. Exod., vii, 7, sous le règne du pharaon qui commença à persécuter les Hébreux. Exod., I, 8-11, 22. La Bible ne nous dit pas le nom de ce roi, mais toutes les données chronologiques tendent à établir que c'était Séti ler, le père de Ramses II. I. Dieu prépare Aaron au pontificat. — Le nom d’Aaron est prononcé pour la première fois dans le récit sacré par Dieu lui-même, parlant à Moïse sur le mont Horeb, du milieu du buisson ardent. Après avoir allégué diverses raisons pour éluder la glorieuse mais redoutable mission qui lui était imposée, le futur libérateur d'Israël avait objectė en dernier lieu la difficulté qu'il éprouvait à parler. Le Seigneur lui répondit que l'éloquence de son frère Aaron suppléerait à ce défaut. « Tu mettras, ajouta-t-il, mes paroles sur ses lèvres; je serai dans ta bouche et dans la sienne, et je vous montrerai ce que vous avez à faire. C'est lui qui parlera pour toi au peuple ; il sera ta bouche, et toi, tu seras comme son Dieu (hébreu : le'élohim), » Exod., Iv, 10-16. Cf. vi, 1. Moïse n'avait plus qu'à obéir; il se mit donc en devoir de retourner dans la vallée du Nil. Pendant ce temps, Aaron recevait de Dieu le commandement d'aller au-devant de son frère. Il partit aussitôt, et, l'ayant rencontré en chemin, revint avec lui en Égypte, où ils se livrèrent sans retard à l'accomplisse

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I. — 1-2

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ment de la mission que le Seigneur venait de leur confier. Moïse avait alors quatre-vingts ans et Aaron quatre-vingttrois. Exod., VII, 7.

Ils convoquérent d'abord les anciens d'Israël pour leur communiquer les instructions de Dieu à Moïse. La docilité avec laquelle on se rendit à cet appel, qui émanait d'Aaron aussi bien que de Moïse, ferait supposer qu'Aaron avait acquis pendant l'absence de son frère, Exod., II, 15, une grande autorité parmi les Hébreux. Son éloquence, appuyée de miracles dont l'écrivain sacré ne nous dit pas la nature, les convainquit, eux et tout le peuple, que le Seigneur allait mettre fin à leur affliction. Exod., Iv, 29–31. Les deux fils d'Amram se rendirent ensuite de la terre de Gessen, où étaient établis les Hébreux, Gen., XLVII, 6, 11, à Tanis, cf. Ps. LXXVII, 12, pour demander au pharaon, de la part de Jéhovah, de laisser les Hébreux aller lui offrir des sacrifices dans le désert. Le pharaon qui régnait alors était Ménephtah Ier; il occupait le trône depuis peu de temps, car la mort de son père Ramses II était récente. Exod., II, 23-25, et Iv, 19.

Ménephtah reçut mal les envoyés de Dieu, et leur démarche n'eut d'autre résultat que de l'irriter et de provoquer une aggravation de la corvée : il défendit de fournir dorénavant aux ouvriers hébreux la paille hachée qu'on mélangeait à l'argile pour la fabrication des briques, tout en exigeant la même quantité d'ouvrage journalier. Le peuple d'Israël, ne trouvant bientôt plus de paille,« se répandit dans toute la terre d'Égypte afin, dit le texte hébreu, d'y ramasser, au lieu de paille, tében, des roseaux, qaš, » Exod., v, 12, qui croissaient sur les bords des branches du Nil et des canaux. M. Naville a trouvé dans les murs de Pithom, en 1885, de ces briques renfermant des fragments de roseau. Voir BRIQUES. Cependant les malheureux Israélites ne pouvaient parvenir à remplir leur tàche comme par le passé, et les chefs de chantier, les scribes (hébreu : šoterim; Septante: ypaμμatɛdow) furent soumis à la bastonnade, ce châtiment qu'on voit si souvent représenté sur les monuments de l'antique Égypte. De là un mécontentement général et des plaintes amères contre Moïse et Aaron. Moïse alors se plaignit à son tour au Seigneur, qui lui renouvela ses promesses de délivrance et lui confirma sa mission. Exod., v, 22-23; vi, 1-11. « Voilà, ajouta-t-il, que je t'ai constitué le Dieu du pharaon, et Aaron ton frère sera ton prophète, »> c'est-à-dire ton interprète, pour lui faire connaître les ordres que je te donnerai. Exod., vil, 1-2.

Aaron accompagna donc son frère auprès de Ménephtah, et porta la parole pour Moïse. Dieu, qui avait résolu de l'appeler bientôt à la sublime dignité de souverain pontife, voulut le mettre en évidence et le grandir aux yeux du peuple, afin de préparer d'avance les esprits à la soumission et au respect envers lui. Voilà pourquoi Aaron fut non seulement « la bouche » de Moïse, Exod., Iv, 16, mais encore son bras pour exécuter les ordres de Dieu, en produisant lui-même les premières plaies d'Égypte. Voir PLAIES. Il commença par changer auparavant en serpent, sous les yeux du pharaon, la verge de Moïse, qui dévora celles des enchanteurs royaux, transformées par eux de la même manière. Exod., vii, 10-12. Puis il produisit la première plaie par le changement des eaux du Nil en sang, Exod., vII, 19-21 ; la seconde, par l'invasion des grenouilles, qui couvrirent tout le pays et remplirent toutes les maisons, Exod., VIII, 2-6, et la troisième, par la transformation de la poussière en nuées de moustiques. C'est à la vue de cette plaie que les ḥartumîm ou sages du pharaon, incapables de l'imiter d'aucune façon, comme ils l'avaient fait pour les deux précédentes, s'écrièrent: « Le doigt de Dieu est ici! » Exod., vi, 16-19.

Ces prodiges confirmaient d'une manière éclatante les preuves qu'Aaron avait données de sa mission dès le premier jour, Exod., IV, 30, et l'élevaient bien haut au-dessus du reste du peuple. Il pouvait donc maintenant s'effacer devant son frère, qui agit seul dans les plaies suivantes, sauf

celle des ulcères, Exod., xx, 8-12; mais il n'en resta pas moins en réalité et aux yeux de tous l'auxiliaire de Moise dans son rôle de libérateur. C'est à lui aussi bien qu'à Moise que Dieu adresse ses derniers ordres en Égypte, Exod., XII, 1; Ménephtah les appelle toujours ensemble; ensemble ils reçoivent ses prières, ses promesses, son regret, Exod., VIII, 28; IX, 27-28, etc.; et l'Esprit-Saint, résumant d'un mot toute l'œuvre de la délivrance d'Israël, l'attribue à l'un comme à l'autre. Ps. LXXVI, 21. Aussi le peuple d'Israël ne les sépara-t-il jamais dans sa confiance ui dans ses murmures et ses révoltes; nous en avons un exemple dès la première occasion où Aaron reparaît surla scène, à la station du désert de Sin, après le passage de la mer Rouge.

Lorsque les Hébreux arrivèrent à cette station, dans la plaine actuelle d'El-Markha, le quinzième jour du second mois depuis la sortie d'Égypte, les provisions qu'ils avaient emportées se trouvèrent épuisées et ils commencèrent à souffrir du manque de vivres. Alors « ils murmurèrent: tous contre Moïse et Aaron ». Exod., XVI, 2. Dieu, de son côté, attesta une fois de plus en cette circonstance l'autorité et la mission d'Aaron, en le chargeant d'apporter au peuple, de concert avec Moïse, la nouvelle de deux bienfaits de sa bonté et de sa providence, à savoir : l'ar-rivée miraculeuse des cailles le soir même, et le lendemain le miracle plus étonnant encore de la manne, ce prodige qui devait se renouveler tous les jours, sauf le sabbat, pendant quarante ans. Il fit plus encore : il ordonna à Aaron, par l'intermédiaire de Moïse, de recueillir dans un vase la mesure d'un gomor de la manne lorsqu'elle serait tombée, afin qu'il la conservât plus tard dans le tabernacle en mémoire de ce prodige. Exod., xvI. C'était comme un gage des fonctions sacrées que le futur grand. prêtre remplirait un jour dans le Saint des saints.

Ce qui se passa quelques jours après à Raphidim, la troisième station à partir de celle du désert de Sin, n'est pas moins digne d'attention au point de vue de la préparation d'Aaron à son ministère. Les Amalécites ayant attaqué les Hébreux, Moïse leur opposa les plus braves de son armée, commandés par Josué, tandis qu'il montait. · lui-même, accompagné d'Aaron et d'Hur, sur le sommet d'une colline pour y prier pendant la bataille. Or, tant qu'il tenait les mains levées vers le ciel, la victoire demeurait du côté des Israélites; mais, quand il les abaissait, c'étaient les Amalécites qui l'emportaient. Lorsque, à la fin, la fatigue ne lui permit plus de lever les mains, Aaron et Hur le firent asseoir sur une pierre, et, se tenant à ses côtés, les lui soutinrent jusqu'à la complète défaite des ennemis d'Israël. Exod., XVII, 8-16. Les membres de l'Ordnance Survey ont trouvé en 1868, parmi les ruines de la ville chrétienne de Pharan, construite plus tard en. cet endroit, des bas-reliefs représentant cette scène si propre à exciter la piété des fidèles. Elle dut contribuer bien plus puissamment à fortifier celle d'Aaron, qui venait de faire un pas de plus dans son initiation. Après avoir été établi par Dieu, en Égypte, l'intermédiaire entre son représentant d'une part, et le peuple et le pharaon de l'autre, et avoir reçu de lui au désert de Sin la garde de la manne, comme pour préluder à l'exercice de ses fonctions, il vient de voir à Raphidim la nécessité et la puissance de la prière, afin que plus tard, aux jours de son sacerdoce, il sache, en sa qualité d'intercesseur, tenir ses mains levées vers le ciel, pour offrir au Seigneur les sup-plications de son peuple et attirer sur Israël les bénédictions d'en haut.

Il manquait, dans les desseins de Dieu, quelque chose à cette formation; elle reçut son dernier complément peu de temps après, au pied du Sinaï, par une chute d'Aaron aussi profonde qu'inattendue. Dieu voulait montrer au pontife de la loi ancienne, comme il le montra plus tard å Pierre, le pontife de la loi nouvelle, qu'il n'était et ne pouvait rien par lui-même, et lui faire sentir par l'expé rience de sa faiblesse quelle compassion il devrait avoir

pour celle de ses frères. Comme Pierre averti par JésusChrist n'en fut que plus coupable dans son renoncement, Aaron fut d'autant plus inexcusable dans la faute que nous allons raconter, que Dieu l'avait prémuni d'avance par le privilège d'une vision merveilleuse. Sur la pente occidentale du Djébel-Mouça, où il s'était rendu avec Moïse et d'autres Israélites désignés comme lui par le Seigneur, il lui avait été donné de voir « le Dieu d'Israël et, sous ses pieds, comme un pavé de saphir et comme le ciel quand il est serein ». Exod., xxiv, 10. Et c'est à la suite de cette faveur divine que Moïse, avant d'achever son ascension en compagnie du seul Josué jusqu'au haut de la montagne, chargea Aaron de régler avec Hur les difficultés qui pourraient surgir en son absence. Exod., xxiv, 9-14.

Or il s'en présenta une que personne n'avait prévue : les Israélites, fatigués d'attendre le retour de Moïse, s'assem

blèrent autour d'Aaron et lui dirent : « Fais-nous un dieu qui marche devant nous. » Aaron leur dit : « Otez les pendants d'oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi. » Exod., xxxii, 1-2. Il espérait peut-être, en leur imposant ce sacrifice, les détourner de leur projet criminel. Théodoret, Quæst. LXVI in Exod., t. LXXX, col. 292. Il se trompait. Ces bijoux lui furent apportés; il les fondit et en forma un veau d'or, devant lequel il dressa un autel. Voir VEAU D'OR. Il fit ensuite publier par tout le camp que le lendemain serait un jour de fête solennelle du Seigneur. Dès le matin, en effet, on immola des holocaustes et des hosties pacifiques à l'idole.

Quelle fut la nature du péché commis en cette circonstance par les Israélites, dont Aaron fut le complice et le fauteur? Le veau d'or était indubitablement un souvenir ou du boeuf Apis, adoré à Memphis, ou, plus probablement, de Mnévis, plus connu des enfants d'Israël 'parce qu'on l'adorait à On du nord ou Héliopolis, ville voisine de la terre de Gessen; c'est un prêtre d'Héliopolis qui avait donné sa fille en mariage à Joseph. Gen., XLI, 45. Mais le peuple voyait-il dans cette image une divinité autre que Jéhovah? Quelques-uns l'ont pensé. D'autres croient avec plus de raison que la faute des Israélites consista à vouloir adorer Dieu sous cette figure d'animal, ce qui était un grand crime, quoique Aaron rapportât expressément au vrai Dieu l'adoration du veau d'or dans la fête annoncée. Exod., xxxII, 5; Ps. cv, 19-20.

Du reste, si Aaron avait pu, dans la conjoncture difficile où il se trouvait, se faire quelque illusion sur la gravité de sa faute, cette illusion dut cesser à l'arrivée de Moïse, qui descendit de la montagne le jour même où avait lieu cette fête sacrilège dans la plaine d'Er-Rahah. Le législateur d'Israël rapportait du Sinaï les tables de la loi. A la vue de ce peuple en délire, qui dansait en chantant et en poussant des cris de joie selon la coutume orientale, il fut transporté d'une sainte colère et brisa les tables de la loi contre le roc du Soufsaféh. S'avançant ensuite jusqu'au veau d'or, il le saisit, le mit dans le feu et le réduisit en poussière; puis il jeta cette poussière dans l'eau, probablement dans le ruisseau qui coule encore aujourd'hui dans l'ouadi Schreich, afin que le peuple füt obligé de la boire. Il s'adressa enfin à son frère comme au véritable auteur de tout le mal: « Que vous avait fait ce peuple, lui dit-il, pour que vous l'ayez fait tomber dans un si grand péché? » Exod., xxxii, 21. C'était le reproche le plus accablant qu'il pût adresser au futur pontife d'Israël. Aaron n'y sut faire qu'une réponse embarrassée, aussi peu capable de le justifier que de conjurer les funestes conséquences de sa faute; car, en punition du crime que sa faiblesse avait laissé commettre, vingt-trois mille hommes (trois mille seulement selon le texte hébreu et un grand nombre de versions) périrent par le glaive des Lévites, exécuteurs des ordres de Moïse, Exod., xxxii, 28, et lui-même aurait péri comme eux, si son frère n'avait désarmé la colère de Dieu et obtenu son pardon. Deut., IX, 20.

II. Aaron grand prêtre.

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desseins de Dieu de rétracter à cause de ce péché le choix. qu'il avait fait d'Aaron; il l'avait appelé lui-même au sacerdoce, Hebr., v, 4, il lui suffisait de l'avoir instruit par cette humiliante leçon. Lors donc que le moment fut venu, Moïse procéda, conformément aux prescriptions divines sommairement énoncées dans le chapitre XXIX de l'Exode, à la consécration d'Aaron comme grand prêtre, et à celle de ses fils Nadab, Abiu, Éléazar et Ithamar comme prêtres. Voir GRAND PRÊTRE.

Le Seigneur voulut que cette cérémonie eût lieu avec un appareil et une pompe propres à donner à Israël la plus haute idée du nouveau sacerdoce qui devait présider à ses destinées religieuses. Les Hébreux, réunis dáns cette même plaine d'Er-Rahah, théâtre de leur idolâtrie; avaient devant eux, sur le Djébel – Moneidjah, une dės ramifications orientales du Sinaï, le tabernacle nouvelle→ ment construit. Là, devant la porte du tabernacle et à la vue de tout le peuple, Moïse, prêtre et médiateur, Gal., III, 19, agissant comme représentant de Dieu, offrit les divers sacrifices et accomplit les nombreuses cérémonies de cette consécration, sacrifices et cérémonies qui furent répétés sept jours consécutifs, durant lesquels Aaron et ses fils demeurèrent complètement séparés du reste d'Israël. Quand, à la fin, le grand prêtre eut inauguré ses fonctions de sacrificateur par l'immolation des victimes, il bénit le peuple, sans doute selon le rite prescrit au livre des Nombres, vi, 24-26, et il entra avec Moïse dans le tabernacle comme pour en prendre possession. A leur sortie, Dieu ratifia solennellement tout ce qui s'était fait: sa gloire apparut sur le tabernacle, et un feu céleste consuma la chair des holocaustes. Lev., VIII et IX.

L'institution du sacerdoce aaronique était une des plus importantes de la loi nouvelle que Dieu donnait à son peuple. Elle devait avoir pour la conservation de la religion véritable une influence très grande. Mais c'était en même temps une innovation qui, malgré le soin avec lequel elle avait été préparée en la personne d'Aaron, étonna les tribus d'Israël et suscita des mécontentements qui plus tard se manifestèrent au grand jour. D'après les coutumes patriarcales, c'était l'aîné de la famille qui remplissait les fonctions de prêtre. Le sacerdoce semblait donc revenir de: droit à la tribu de Ruben. Jacob mourant lui avait, il est vrai, enlevé les privilèges de la primogéniture; mais ses descendants ne se résignèrent pas si aisément à être privés d'un si grand honneur. Le peuple, de son côté, avait bien été accoutumé en Égypte à voir une organisation sacerdotale particulière, qui aurait pu le préparer à accepter l'organisation mosaïque; cependant telle est la force des traditions et des coutumes chez les Orientaux, qu'on n'accepta pas sans quelque peine les ordres divins. Ce ne fut que par des prodiges que Dieu put imposer sa volonté à Israël.

Il lui fallut aussi des exemples terribles pour enseigner aux nouveaux prêtres de quelle manière ils devaient remplir leurs fonctions sacrées, avec quelle exactitude et quel respect ils devaient accomplir les rites prescrits. Le jour même de la consécration d'Aaron, à l'heure du sacrifice de l'encens, Nadab et Abiu, les fils aînés d'Aaron, ayant manqué, dans les cérémonies, aux prescriptions divines, Num., III, 4; xxvi, 61, sur-le-champ une flamme partie probablement de l'autel des parfums les foudroya, et ils furent emportés hors du tabernacle encore revêtus de leurs habits sacerdotaux. Témoin de cette triste scène, Aaron en fut abattu et troublé au point de négliger lui-même une cérémonie importante; mais sa résignation fut absolue, et la foi du pontife imposa silence aur plaintes du père. Lev., x.

Peu de temps après avoir donné à Aaron cette leçon indirecte de respect pour les saintes cérémonies du culte, Dieu lui donna de sa propre bouche une leçon d'humilité, en lui montrant que, malgré sa dignité de grand prêtre, il restait toujours de beaucoup inférieur à son frère, dont il venait de méconnaître l'incomparable grandeur. C'était

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à la station d'Haséroth, la seconde après le Sinaï. «<< Marie et Aaron parlèrent contre Moise, à cause de sa femme l'Éthiopienne. » Num., XII, 1. Il semblerait, d'après le texte sacré, qui nomme Marie la première et nous la montre seule punie, qu'Aaron pécha seulement par faiblesse. Peut-être se laissa-t-il persuader par sa sœur que sa dignité de pontife devait l'affranchir de la dépendance dans laquelle il était toujours resté vis-à-vis de son frère, dont il était d'ailleurs l'aîné. Il dit donc avec Marie : « Le Seigneur n'a-t-il parlé qu'à Moïse? Est-ce qu'il ne nous a pas parlé comme à lui? » Num., XII, 1-2. Le Seigneur appela aussitôt Marie et Aaron à la porte du tabernacle; là il les reprit sévèrement de leur faute, et les humilia en Jeur montrant combien son serviteur Moïse était plus grand qu'eux et que tous les prophètes. Quand il se retira, Marie se trouva toute blanche de lépre. Aaron demanda pardon à Moïse pour lui-même et pour elle, et Marie, grâce à la prière de Moïse, se trouva guérie le septième jour. Num., XII.

Après avoir soutenu la dignité de Moïse contre Aaron, Dieu dut défendre les prérogatives d'Aaron lui-même et du sacerdoce nouveau, qu'il venait d'instituer et de lui confier. La création de ce sacerdoce et l'attribution qui en était faite aux sculs descendants d'Aaron devaient exciter, comme nous l'avons dit, la jalousie des enfants de Ruben. Elle excita même celle des autres Lévites, et mécontenta ainsi du même coup ceux qui jusqu'alors avaient été appelés à exercer les fonctions sacerdotales et ceux des descendants de Lévi relégués au second rang. Il se trouva un homme ambitieux et en même temps assez hardi pour se faire l'interprète de ces mauvais sentiments. C'était Coré, cousin germain de Moïse et d'Aaron. Il souffla l'esprit de révolte à trois Rubénites, Dathan, Abiron et Hon, qui ne pouvaient oublier que dans le passé le sacerdoce appartenait de droit à leur tribu.

Autour de ces chefs se groupèrent deux cent cinquante des principaux d'Israël, et la sédition éclata. Mais Dieu vengea les droits de ses prêtres les chefs de la révolte furent engloutis vivants dans la terre entr'ouverte sous leurs pieds, et le feu du ciel frappa de mort leurs deux cent cinquante complices tandis qu'ils offraient un encens sacrilège. Voir CORÉ. Un moment terrifiée par ce châtiment divin, la multitude passa bientôt à la colère et aux murmures contre Moïse et Aaron, qu'elle accusait d'être la cause de la mort de tous ces hommes; le lendemain, une révolte générale les obligeait de se réfugier dans le tabernacle. « Dès qu'ils y furent entrés, Dieu le couvrit de la nuée, et la gloire du Seigneur apparut; et le Seigneur dit à Moïse » qu'il allait exterminer le peuple. Num., XVI, 43-45. En effet, un incendie allumé par sa justice commença aussitôt ses ravages, et l'on voyait déjà de toutes parts tomber les rebelles, lorsque, sur l'ordre de Moïse, Aaron prit du feu de l'autel, et, l'encensoir à la main, parcourut le camp au milieu des morts et des vivants, en priant pour que le fléau cessât. Le grand prêtre ne rentra dans le tabernacle que lorsqu'il eut triomphé de la colère divine, et obtenu la vie pour ses ennemis. Num., xvi. Dieu venait ainsi de montrer du même coup la légitimité du sacerdoce d'Aaron et la puissance d'intercession dont il avait investi le grand prêtre suprême, médiateur entre lui et le peuple.

L'autorité pontificale d'Aaron, après cette redoutable intervention du Seigneur, devait paraître suffisamment établie et à l'abri de toute contestation; Dieu voulut néanmoins lui rendre un nouveau témoignage, mais d'un caractère bien différent. Il ordonna à Moïse de recueillir les verges des chefs des douze tribus, de faire inscrire sur chacune le nom de la tribu qu'elle représentait, et de les déposer toutes dans le tabernacle avec celle de la tribu de Lévi, qui devait porter écrit le nom d'Aaron. « La verge de celui que j'aurai choisi fleurira, » ajouta le Seigneur. Num., XVII, 5. Moise fit ce qui lui était commandé : le jour suivant, chacun des chefs reprit sa verge telle qu'il

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à franchir un intervalle de trente-sept ans pour retrouver la suite de la vie d'Aaron; car de l'histoire d'Israël, depuis l'exode jusqu'à l'entrée dans la Terre Promise, Moïse n'a raconté que la première, la deuxième et la quarantième année. Dans le premier mois de cette quarantième année, les Hébreux arrivèrent à Cadès, dans le désert de Sin. Lå mourut et fut ensevelie Marie. Pendant le séjour qu'on y fit, l'eau vint à manquer, et aussitôt les murmures du peuple de se faire entendre comme toujours contre ses deux chefs. Num., xx, 2-5. Dieu dit alors à Moïse : « Prends la verge; toi et Aaron ton frère, convoquez le peuple; parlez ensemble au rocher devant eux, et le rocher donnera des eaux. » Num., xx, 8. Moïse obéit; il frappa ensuite la pierre deux fois avec la verge, et l'eau jaillit en si grande quantité qu'elle suffit abondamment au peuple et aux animaux. « Mais Dieu dit à Moïse et à Aaron: Parce que vous n'avez pas cru en moi et que vous ne m'avez pas rendu gloire devant les enfants d'Israël, vous n'introduirez pas ce peuple dans la terre que je lui donnerai. » Num., xx, 12. L'écrivain sacré n'indiqué pas en quoi consistait la faute dont Dieu se montra si offensé; mais au Psaume cv, 33, nous lisons dans le texte hébreu que Moïse, en cette occasion, « fut inconsidéré dans ses paroles. » Or il avait dit au peuple devant le rocher: « Pourrons-nous faire sortir de l'eau de cette pierre? » Num., xx, 10. Ce langage, en effet, exprime un doute: Moïse et Aaron se demandaient peut-être si la promesse de Dieu n'était pas conditionnelle et subordonnée aux bonnes dispositions du peuple, ou même si elle n'était pas seulement une sorte d'ironie à l'adresse de ces incorrigibles murmurateurs.

Quoi qu'il en soit, Aaron ne tarda pas à recevoir le châtiment annoncé. Environ quatre mois plus tard, le cinquième mois de cette même année, les Hébreux étant venus camper au pied du mont Hor, sur la frontière du pays d'Edom, Dieu annonça à Moïse que le dernier jour de son frère était arrivé, et lui ordonna de le conduire sur cette montagne, afin qu'il mourút là. Num., xx, 24-26. Tout le peuple hors de ses tentes regarda monter Moïse avec Aaron et son fils Éléazar. Lorsqu'ils furent parvenus sur le sommet, Moïse procéda à la cérémonie funèbre, dont Dieu avait lui-même réglé les détails. Il dépouilla Aaron de ses vêtements de grand prêtre, et en revètit Éléazar, qui allait lui succéder. Alors Aaron mourut, à l'âge de cent vingt-trois ans, et Moïse « descendit avec Éléazar. Or toute la multitude du peuple, apprenant la mort d'Aaron, le pleura pendant trente jours dans toutes les familles ». Num., xx, 29-30.

C'est tout ce que la Bible nous apprend sur la mort du premier pontife d'Israël; elle ne nous dit rien de sa sépulture, et l'histoire profane, de son côté, ne nous fournit sur ce sujet aucun document. Cependant il existe sur le plus élevé des deux pitons culminants du Djebel - NébiHaroun, ou montagne du prophète Aaron, une construction appelée le Tombeau d'Aaron. Voir HOR. Cette montagne, située près de Pétra, entre la mer Morte et la mer Rouge, est identifiée avec le mont Hor par une ancienne tradition généralement adoptée, malgré l'opinion contraire de quelques modernes. Voir Wilton, The Negeb, p. 126 et suiv. Le tombeau est renfermé dans un petit édifice rectangulaire d'environ 10 mètres sur 7 m. 50 dans œuvre, que recouvre un toit en terrasse portant coupole et accessible par un escalier extérieur. Cet édicule est une sorte d'oualy ou sanctuaire pareil à ceux qu'on rencontre si fréquemment sur la tombe des santons musulmans; il a été båti avec les débris de la chapelle d'un petit monastère chrétien, encore debout en cet endroit au commencement du XIIIe siècle. Il se compose de deux pièces superposées. Celle de dessus, voûtée et éclairée seulement par la porte, est ornée de quatre colonnes, auxquelles on suspend des

ex-voto. On y voit une pierre haute et arrondie, sur laquelle les pèlerins musulmans immolent en sacrifice à Aaron un mouton ou un chevreau. A côté de cette espèce d'autel est un sarcophage ayant l'aspect d'une dalle tombale de marbre commun ou de pierre calcaire d'un blanc 'aunâtre. Ce serait plutôt un simple cénotaphe, car les Arabes affirment que le vrai tombeau d'Aaron est dans la salle inférieure. Un escalier assez difficile conduit à cette seconde chambre, creusée en partie dans le roc, et où règne la plus profonde obscurité. Le tombeau qui se trouve dans cette crypte offre l'apparence d'une masse demi-cylindrique de maçonnerie, recouverte d'un tapis noir et défendue par une grille contre l'indiscrète curiosité des visiteurs. Voir de Luynes, Voyage d'exploration à la mer Morte, p. 277. Irby et Mangles, qui visitèrent ce monument en 1818, avaient pu arriver jusqu'au tombeau et le toucher, ainsi que les loques qui le dissimulaient en partie; la grille, renversée avant leur passage, n'avait pas encore été relevée et restaurée. Irby et Mangles, Travels in Egypt, etc., édit. de 1844, p. 133-134. Qu'y a-t-il sous ce mystérieux couvercle? S'il se soulève un jour en faveur d'un voyageur plus heureux que ses devanciers, lui laissera-t-il voir, à côté des restes qu'il renferme peut-être, quelque signe auquel on puisse reconnaître avec certitude qu'ils sont bien ceux d'Aaron? Cela paraît fort douteux, et il est bien à craindre qu'il ne faille alors comme aujourd'hui répéter au sujet d'Aaron ce que l'Écriture nous dit de Moïse, après avoir raconté sa mort sur le mont Nébo : « Nul homme n'a connu jusqu'à ce jour le lieu de sa sépulture. » Deut., XXXIV, 6.

Mais si cet oualy ne renferme pas les restes d'Aaron, il n'en est pas moins une sorte d'hommage permanent rendu par les infidèles eux-mêmes à la sainteté de ce pontife. Par leurs pèlerinages et par le culte superstitieux qu'ils lui rendent, ils publient à leur manière que le Seigneur « le fit bien grand et pareil à Moïse ». Eccli., xLv, 7. Aaron fut, en effet, un homme d'une éminente sainteté. Il ne montra pas sans doute le zèle ardent et courageux de son frère; il eut moins de fermeté que lui et fit preuve en deux circonstances, Exod., xxxII; Num., XII, d'une coupable faiblesse; mais il répara ces deux fautes par un prompt repentir. Plein de déférence et de docilité pour son frère, il fut comme lui homme de prière, patient, doux, dévoué à son peuple, et d'une obéissance parfaite aux ordres du Seigneur, qui l'en récompensa par la bénédiction la plus désirée en Israël : une longue vie et une innombrable postérité. De son mariage avec Élisabeth, sœur de Nahasson, chef de la tribu de Juda, Exod., vi, 23; Num., 1, 7, il avait eu quatre fils. Les deux aînés, Nadab et Abiu, étaient morts sans laisser d'enfants, Lev., x, 2; I Paral., xxiv, 2; mais la descendance d'Éléazar et d'Ithamar fut très nombreuse: au temps de Jésus-Christ, on comptait en Palestine vingt mille prêtres, d'après Josèphe, Cont. Apion., II, vii, et même beaucoup plus si l'on s'en rapporte aux autres auteurs juifs. Gemara Hierosol., Taanith, fol. 67, dans Carpzov, Apparatus criticus antiquitatum Sacri Codicis, in-4o, Leipzig, 1748, p. 100. Dieu glorifia bien davantage encore Aaron dans sa postérité en y choisissant le précurseur du Messie, JeanBaptiste, duquel Jésus déclara « qu'il ne s'était jamais vu entre les hommes un plus grand que lui », Matth., XI, 11, et qui à son tour rendit témoignage au Christ, et dit en le montrant aux Juifs: « Voilà l'Agneau de Dieu, voilà celui qui efface le péché du monde. Joa., 1, 29. Il faut qu'il croisse et que je diminue. » Joa., III, 30. Ainsi, par une admirable disposition de sa providence, Dieu accordait en quelque sorte une dernière fois à Aaron «< de faire briller la lumière devant Israël », Eccli., XLV, 21, et le premier pontife de l'ancienne alliance proclamait par la bouche du plus illustre de ses petits-fils la déchéance du sacerdoce aaronique, en reconnaissant Jésus-Christ pour « le prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech ». Ps. cix, 4. Voir aussi Hebr., VII. E. PALIS.

2. AARON, Lévite, publia à Amsterdam, en 1610, le Pentateuque hébreu, in-12.

3. AARON, de Pesaro (xvIe siècle), composa Les générations d'Aaron, Toledoţ 'Aharon, table des endroits de l'Écriture Sainte rapportés dans le Talmud de Babylone. Cet ouvrage a été imprimé à Fribourg, 1581; à Bâle, 1587; à Venise, 1583 et 1591.

4. AARON ABIOB ou ARIOB, publia à Thessalonique, en 1601, un commentaire littéral sur le livre d'Esther. C'est une simple compilation sans vues personnelles, intitulée: Parfum de myrrhe, Šémėn hammôr.

5. AARON - ABOU-ALDARI ou AARON ALRABBI, fils de Gerson. On a de lui un commentaire sur le Pentateuque, publié à Constantinople, in-fo, XVIe siècle.

6. AARON ABRAHAM (XVIa siècle), a laissé Lettre des sens (de l'Écriture Sainte), ouvrage composé d'après la méthode cabalistique, in-8°, Constantinople, 1585.

7. AARON-BEN-CHAÏM ou ABEN-CHAÏM, né à Fez vers la fin du XVIe siècle, fut par sa science et son influence à la tête des synagogues du Maroc et de l'Égypte. En 1609, il alla à Venise faire imprimer ses œuvres; il y mourut peu après, avant d'avoir achevé cette publication. Ses principaux ouvrages, très estimés des Juifs, sont: 1o Le cœur d'Aaron, Leb'Aharon, composé de deux commentaires : l'un littéral sur le livre de Josué, et l'autre allégorique sur le livre des Juges; 2o L'offrande d'Aaron, Qorban ’Aharón, commentaire savant, mais diffus, sur le Siphra, commentaire du Lévitique; 3° Les règles d'Aaron, Middôṭ 'Aharôn, où l'on traite des treize façons dont le rabbin Ismaël interprétait l'Écriture Sainte. Ces œuvres laissent beaucoup désirer à cause de leur diffusion et de leur subtilité. Elles ont été imprimées à Venise en 1609, in -fo. Très rares.

8. AARON -BEN-DAVID, cohen (prêtre), né à Raguse, en Dalmatie, mort à Venise vers 1656, a laissé un coinmentaire littéral et allégorique sur le Pentateuque et sur plusieurs autres livres, comme les Prophètes et les Hagiographes. Il est intitulé La barbe d'Aaron, Zeqan 'Aharôn; il n'a rien de bien remarquable. Ce commentaire fut imprimé à Venise, in-fo, en 1652 et 1657, avec un commentaire de Salomon Ohef, son oncle, sous le titre : Huile du bien.

9. AARON -BEN-ÉLIE. Aaron, fils d'Élie, appelé aussi Aaron le Second ('aḥarôn), pour le distinguer d'Aaronben-Joseph, surnommé le Premier (hâri'šôn), né à Nicomédie au commencement du xive siècle, alla au Caire, où florissait une nombreuse communauté de Juifs caraïtes. Il y mourut en 1369, après avoir été l'un des plus célèbres rabbins de cette secte. Ses principaux ouvrages scripturaires sont: 1o L'arbre de vie, 'Eş ḥayîm (1346), traité de philosophie religieuse, qui rappelle par le plan, l'esprit et la plupart même des questions, Le guide des égarés, de Maimonide. Ce que cette œuvre de Maimonide fut pour le rabbinisme, L'arbre de vie le fut pour le caraïsme. On y trouve des principes d'exégèse destinés à concilier la foi et la raison, à éclairer les Israélites fidèles, souvent perplexes devant les apparentes oppositions de la Bible et de la science. 2o La couronne de la Loi, Keter fôráh (1362), commentaire littéral, mais parfois un peu diffus, sur le Pentateuque. Avec des vues personnelles, on y trouve le résumé des travaux des deux synagogues, et en particulier d'Ibn-Ezra. Aaron-ben-Élie suit de préférence l'exégèse grammaticale. Pour lui, c'est la base de toute interprétation de l'Écriture. Cependant à la recherche du sens littéral il unit souvent les explications philosophiques et allégoriques. Par le caractère de ses écrits et la nature de son esprit, il a beaucoup de traits de ressemblance avec l'auteur du Guide des égarés, qu'il semble du reste avoir

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