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pas douteux aussi que les relations des rois de Juda et d'Israël avec les Égyptiens, les Syriens, les Assyriens et les Chaldéens, ainsi que l'introduction dans l'armée des Juifs de contingents étrangers, cf. II Reg., vIII, 18; I Par., XVIII, 7, souvent commandés par des chefs eux-mêmes de nationalité étrangère, II Reg., xv, 19; XVIII, 2; XXV, 39, n'aient eu une influence sensible aussi bien sur l'armement que sur la stratégie. La nécessité de se tenir à la hauteur des armées étrangères fit étendre à tous les soldats l'usage d'armes qui jusque-là étaient réservées à certains corps de troupes ou seulement aux guerriers de distinction, par exemple sous le règne d'Asa le bouclier et la lance, II Par., XIV, 8, et sous Ozias le casque et la cuirasse, II Par., xxvi, 14, armes dont l'usage persévéra après la captivité. II Esdr., Iv, 13, 16-18, 21; I Mach., III, 3. Les frais de l'armement ainsi organisé étaient supportés par l'État, et comme l'armée permanente n'était qu'une faible portion des contingents susceptibles d'être appelés en temps de guerre, on créa dès lors dans les principales villes des arsenaux assez vastes pour contenir tout l'équipement de l'armée de réserve. Salomon en établit pour les chars de guerre, II Par., I, 14; vIII, 6; ix, 25, Roboam pour les lances et les boucliers, II Par., XI, 12; XXVI, 14, ce qui n'empêcha pas de continuer à suspendre aux murailles des villes fortifiées les boucliers de leurs défenseurs. Cant. IV, 4; Ezech., XXVII, 10. Ozias et Ézéchias s'appliquèrent aussi à établir des approvisionnements d'armes considérables. II Par., XXVI, 14; XXXII, 27. On perfectionna à la même époque la forme et la matière des armes. Le petit bouclier, dont on s'était généralement servi jusque-là, prit à partir de David de plus grandes proportions, I Par., XII, 8, 24, 34, et on commença à le fabri quer en airain, I Reg., XVII, 6, 45; III Reg., XIV, 27, sans que le bouclier de bois recouvert de cuir ait été abandonné, comme en peut le conclure de II Reg., 1, 21; Is., xx1, 3; Ezech., XXXIX, 9. La trihu de Nephtali en adopta spécialement l'usage, avec la longue pique, I Par., xíI, 34, tandis qu'une autre pique fut plus particulièrement l'arme des tribus de Juda et de Gad. I Par., XII, 8, 24. On se servit aussi à cette époque d'arcs d'airain. Ps. xvi, 35; Job, xx, 24. Pendant la période agitée des Machabées, l'armement des Juifs, tout en suivant les modifications de détail qui se produisaient dans celui des peuples voisins, demeura pour l'ensemble ce qu'il était sous les rois, car les armes mentionnées sont les mêmes, et les cavaliers célestes qui apparurent pendant quarante jours dans Jérusalem, et dont l'armeinent devait être conforme au type reçu alors, portaient la lance, le bouclier, le javelot, le casque et la cuirasse. II Mach., v, 2-3. Sous la domination romaine, la courte épée ou poignard des Perses, peu différente de la sica des Romains, s'introduisit en Palestine et demeura plutôt l'arme des fanatiques ou sicaires, auxquels elle a donné son nom. Josèphe, Ant. jud., XX, vIII; Bell. jud., II, XIII.

V. MÉTAPHORES DES AUTEURS SACRÉS EMPRUNTÉES AUX ARMES GUERRIÈRES. L'analogie de l'emploi des armes avec l'exercice des vertus, au moyen desquelles le chrétien remporte la victoire sur ses passions, a amené plusieurs fois les auteurs sacrés à parler métaphoriquement de celles-ci au moyen de celles-là, par exemple lorsque le psalmiste, pour exprimer l'étendue de la protection divine sur l'homme, la compare à la protection dont le grand bouclier (șinnâh) couvre le guerrier. Ps. v, 13; XCI, 4. Saint Paul a développé cette application, Eph., VI, 13-17, passage dans lequel il fait allusion aux dards enduits de poix enflammée que les Romains avaient l'habitude de lancer sur leurs ennemis. Cf. Rom., vi, 13; xIII, 12; I Thess., v, 8. Voir aussi Sap., v, 18; Is., LIX, 17. P. RENARD.

1. ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX. Le nom ordinaire de l'armée chez les Hébreux est hayil, qui signifie proprement << force », Exod., XIV, 28; Il Sam. (Reg.), XXIV, 2,

etc., ou şaba', de şâba', « se rassembler (en troupe organisée). » II Sam. (Reg.), vIII, 16; x, 7; I Par., XIX, 8, etc. Bien que les Hébreux ne fussent pas un peuple conquérant et guerrier, ils eurent besoin dès l'origine de recourir aux armes pour se défendre contre leurs ennemis, puis, aprės la sortie d'Égypte, pour conquérir le pays de Chanaan et garantir leur conquête contre l'invasion des peuples voisins. Sous les rois, il y eut des guerres offensives comme des guerres défensives.

I. L'ARMÉE AVANT LES ROIS. Du temps des patriarches, il n'existait aucune organisation militaire. Quand Abraham, pour délivrer son neveu Lot fait prisonnier, voulut poursuivre Chodorlahomor, roi d'Élam, et ses alliés, il rassembla trois cent dix-huit de ses serviteurs, armés de ce qu'ils purent trouver, et c'est avec cette troupe et le secours de quelques habitants d'Hébron qu'il surprit les ennemis et leur enleva leur butin. Gen., xiv, 13-16. — A l'époque de la sortie d'Égypte, tous les hommes capables de porter les armes furent soldats. On voit alors apparaître une organisation rudimentaire, se rapprochant sans doute de celle des Égyptiens, que les Israélites avaient eue si longtemps sous les yeux, mais calquée aussi sur l'organisation politique des douze tribus. Num., I-IV. Chaque tribu fournit comme une sorte de régiment, ayant ses chefs, Num., x, 14-27, ses étendards, Num., 11, 2. Tout était soigneusement réglé dans cette armée : la position de chaque division dans le camp, Num., II, 2-20; l'ordre de marche et les signaux, Num., x, 5-6; et l'ordre qui y régnait était si remarquable, comparé à la confusion des rassemblements armés des tribus arabes, qu'il excitait l'admiration de Balaam. Num., XXIV, 6. Les magistrats civils établis par Moïse, d'après le conseil de Jéthro, et présidant à des sections de mille, cent, cinquante et dix hommes, Exod., xviii, 21-22, semblent avoir été transformés en chefs militaires, et chargés de conduire au combat ceux dont ils réglaient les différends. L'âge de vingt ans fut fixé pour le commencement du service. Num., 1, 2-3. Jéhovah lui-même marque cette limite d'âge. Num., I, 1; xxvi, 1-2. Elle fut toujours maintenue depuis, II Par., xxv, 5; mais les lévites et les prêtres furent à toutes les époques dispensés du service militaire. Num., I, 47, 49. Ainsi formés, ces contingents n'avaient aucun service actif en temps de paix. L'Écriture ne dit rien de la durée régulière du service; Josèphe, qui donne comme limite extrême l'âge de cinquante ans, s'appuie uniquement sur l'analogie du service des lévites, qui cessait à cet âge. Num., IV, 3. Mais comme, d'après la loi, un homme de soixante ans était réputé vieillard, Lev., XXVII, 3, 7, on est fondé à croire que le service militaire obligatoire n'allait pas au delà. Sous les Juges, les chefs de famille furent, en cas de besoin, les chefs militaires; mais il n'y avait aucun pouvoir central qui pùt commander à toute la nation et lui faire prendre les armes. La véritable organisation militaire en Israël ne commence qu'avec la royauté. Lorsque Abimélech tenta, par une révolution politique, de se faire roi, il s'efforça du même coup de créer une armée organisée. C'était la première fois peut-être qu'on voyait en Israël des soldats se battre pour une cause qui n'était pas celle de leur défense personnelle. Jud., IX, 25, 34, 35, 43. Cette tentative échoua par suite de la mort d'Abimélech, et l'organisation militaire demeura imparfaite, jusqu'au jour où elle fut transformée par Saül, David et Salomon.

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II. L'ARMÉE SOUS LES ROIS. 10 Son origine. L'armée d'Israël, qui jusqu'à l'époque des rois n'avait été qu'une institution temporaire, répondant à des nécessités accidentelles, commença sous Saül à devenir une institution permanente. Ce ne fut d'abord qu'un petit corps de troupes, composé de trois mille hommes, destinés, le cas échéant, à former le noyau d'une armée plus considérable, I Reg., XIII, 2, et pour cette raison recrutés avec soin parmi les plus vaillants. I Reg., XIV, 52; XXIV, 3;

xxv, 13; xxvi, 2. Saül apportait lui-même le plus grand soin à ce recrutement; car, « aussitôt qu'il avait reconnu qu'un homme était vaillant et propre à la guerre, il le prenait près de lui. » I Reg., xiv, 52. David, qui, avant d'arriver au trône, avait toujours été assisté par sa fidèle troupe de quatre cents, I Reg., XXII, 2, puis de six cents hommes, [ Reg., xxIII, 13, continua après son avènement à avoir près de lui, même en temps de paix, cette garde d'élite, éprouvée par tant de privations et de combats. I Reg., XXII, 2; xxIII, 13; xxv, 13; xxvii, 2-8; xxx, 1-9; II Reg., 11, 3; v, 6.

20 Garde du corps. L'Écriture dit que les soldats qui la composaient étaient en partie Philistins d'origine. II Reg., xv, 18. Malgré les divergences des éditions des Septante sur ce verset, et le silence du Textus receptus grec, en cet endroit, sur les six cents Philistins de Geth mentionnés dans la Vulgate, cf. Hummelauer, Comment, in lib. Samuelis, p. 380; malgré aussi la répugnance de plusieurs, Tostat et Thenius, par exemple, à admettre que David ait enrôlé dans son armée régulière six cents hommes des ennemis séculaires d'Israël, et la correction qu'ils croient devoir faire de Giṭṭim (Géthéens) en gibborim (héros), il semble néanmoins qu'il faille maintenir le texte de la Vulgate, avec la mention des Géthéens, dont la nationalité est d'ailleurs essentiellement liée à celle de leur chef « Éthaï le Géthéen », qualifié expressément d'« étranger ». II Reg., xv, 19. Car autrement comment des gibborîm, ces vaillants d'Israël, eussentils accepté d'avoir pour chef un Philistin? La présence de ces étrangers dans la garde ordinaire du roi est suffisamment expliquée par les relations d'amitié qui avaient uni David et Achis, roi de Geth, I Reg., XXVII, 2-12; XXIX, 2-11, et les services qu'il avait tirés d'eux dans les campagnes contre les troupes de Saül et d'Ab

salom.

La garde des Géthéens était distincte d'une autre légion étrangère instituée par David d'une manière permanente, et composée de Céréthiens et de Phéléthiens, II Reg., VIII, 18; cf. I Reg., xxx, 14; II Reg., xv, 18; xx, 7, 23; III Reg., 1, 38, 44; I Par., xvIII, 17: soldats probablement sortis de deux tribus alliées des Philistins, ou même faisant partie de ce peuple, I Reg., xxx, 16; Ezech., xxv, 16, où, selon l'hébreu, les Céréthiens sont mentionnés avec les Philistins, comme ailleurs avec les Phéléthiens, ce qui fait croire que Phelethi équivaut à Philisthæi. Cf. Soph., 11, 5. Voir CÉRÉTHIENS, PHÉLÉTHIENS. Cette légion formait la garde du corps du roi.

C'est par erreur que quelques exégètes, comme Weiss, David und seine Zeit, Munster, 1880, p. 173, soutiennent que les gibborîm de David dont il est question II Reg., XXIII, 8-39; I Par., xi, 10-46, sont les six cents Géthéens de II Reg., xv, 18.

30 Les « gibborim » de David. Les gibborim ne semblent pas avoir formé une cohorte spéciale, mais plutôt un ordre de vaillants soldats que le roi prenait comme ses aides de camp, et auxquels il donnait des commandements ou des missions de confiance, suivant la nécessité du moment. Quand ils n'avaient ni commandement ni mission à remplir, ils faisaient fonction de gardes du corps, cf. II Reg., XXI, 17, et c'étaient eux qui, à tour de rôle, commandaient les sections de vingt-quatre mille hommes qui chaque mois fournissaient le contingent de la garde royale. I Par., xxvII, 1-15. Saül paraît ‹avoir été l'instituteur de cette sorte d'état-major. I Reg., xıv, 52. Amizadab, fils de Banaias, commandait cette garde à la place de son père, retenu par un autre commandement. I Par., xxvII, 6. Quatre gibborim, Jesbaam, Éléazar, Semma et Abisaï, avaient le haut emploi de šálīšīm en chef; deux autres, Banaïas, avant d'être général en chef, et Asaël, étaient simples šálišim, II Reg., XXIII, 8, 13, 18, 23, 25, ce qui indique clairement que les gibborim étaient inférieurs aux šālīšim. L'Écriture nomme plusieurs gibborim: trente-sept dans II Reg., XXIII, 39;

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cinquante-trois dans I Par., XI, 10-16. Rien n'indique d'ailleurs que cette énumération soit complète. 40 L'infanterie. - Avant Salomon, tous les Israélites combattaient à pied. Même après lui, la plus grande partie des troupes furent des fantassins. L'infanterie, selon la différence des armes, se divisait en deux sections : l'infanterie légère, armée du petit bouclier, mágên, III Reg., x, 17, et comprenant elle-même deux subdivisions, dont l'une combattait avec l'arc, l'autre avec la fronde; et la grosse infanterie, dont les armes étaient le grand bouclier, şînnáh, III Reg., x, 16, l'épée et le javelot ou la lance. Bien qu'aucune règle n'eût prescrit à chacune des tribus d'Israël l'emploi d'une arme plutôt que d'une autre, ce fut pendant longtemps un usage parmi elles d'avoir une spécialité d'armes pour ses guerriers, ce qui dans l'ensemble constituait une armée complète de soldats exercés. La tribu de Benjamin, par exemple, dont les guerriers étaient armés à la légère, II Par., xiv, 8, s'adonnait avec un rare succès au maniement de la fronde, Jud., xx, 16; II Par., XIV, 8; ses frondeurs étaient si adroits, « qu'ils auraient pu même frapper un cheveu, sans que la pierre se fût le moins du monde écartée. » Jud., xx, 16. Ils lançaient d'ailleurs la pierre avec la main gauche aussi bien qu'avec la droite. I Par., XII, 2. Les hommes de Juda, armés d'ordinaire plus pesamment, I Par., x11, 24; II Par., xiv, 8, donnaient cependant d'importants contingents d'habiles archers. II Par., xvii, 17. Gad et Nephthali fournissaient avec Juda la grosse infanterie; Juda et Gad, les lanciers armés de la lourde lance, rômaḥ, I Par., XII, 8, 24; II Par., xiv, 8; Nephthali, les lanciers armés de la courte lance ou javelot, ḥănîț. I Par., XII, 34. Ainsi, quand sonnait l'appel aux armes, l'armée d'Israël se trouvait immédiatement formée sur le pied de guerre avec la variété de ses différentes unités, et chaque tribu étant tenue d'envoyer tous ses hommes disponibles, I Par., XII, 24-37, leur réunion formait une armée considérable, capable de tenir tête aux armées étrangères.

50 Cavalerie. Salomon créa le premier un corps de cavalerie, à l'exemple des peuples voisins, surtout des Syriens, qui comptaient dans leur armée de nombreux chariots, II Reg., x, 18, des Assyriens et des Chaldéens, IV Reg., VI, 14, et même des Philistins, où la cavalerie formait une légion de six mille hommes au temps de Saül. I Reg., XIII, 5; cf. II Reg., 1, 6. L'absence des représentations de troupes à cheval dans les monuments des anciennes dynasties de l'Égypte donne lieu de penser que pendant longtemps la cavalerie ne fut pas employée par les Égyptiens pour les opérations militaires. Cf. Fr. Lenormant, Sur l'antiquité de l'âne et du cheval, IIe partie; Lefébure, Sur l'ancienneté du cheval en Égypte, dans l'Annuaire de la faculté des lettres de Lyon, 2e année, p. 1-11. Cependant ils devancèrent certainement les Hébreux, qui ne réalisèrent ce progrès qu'après tous leurs voisins, retard qu'on s'expliquerait difficilement, si Dieu, pour garantir le caractère théocratique de leur état politique, ne leur avait maintes fois recommandé de ne pas mettre leur confiance dans les chevaux, et de ne pas en multiplier le nombre. Deut., XVII, 16. A cette recommandation la voix des prophètes fera écho jusqu'à la fin, alors même que la nécessité des temps aura amené les rois de Juda et d'Israël à pourvoir leur armée de ce renfort. Surtout lorsqu'ils verront le peuple oublier l'appui de Jéhovah, et ne penser qu'à s'assurer pour la guerre le secours de la cavalerie et des chars égyptiens, ils feront entendre le même reproche, y joignant de terribles menaces. Is., II, 8-21; xxxvi, 6, 8-10; Ose., 1, 7; Mich., v, 10; cf. Ps. xix, 8. La cavalerie instituée par Salomon formait un contingent de douze mille hommes. III Reg., x, 26; II Par., I, 14; ix, 25. Elle ne se composait pas de cavaliers montés sur des chevaux, mais de guerriers combattant sur des chars. Dės leur entrée en Chanaan, les Hébreux avaient appris à

connaître à leurs dépens l'utilité des chars de guerre. Jos., xvII, 16; Jud., 1, 19. Du temps de David, l'usage en était déjà répandu; on s'en servait surtout comme de véhicules d'apparat, tellement réservés aux rois et aux princes, qu'Adonias, rival de Salomon, ne pensa pas pouvoir mieux affermir ses prétentions au trône qu'en se montrant sur un char, comme faisait le fils de David, II Reg., xv, 1; III Reg., 1, 5: mais avant Salomon les chars ne furent pas utilisés dans les combats.

Cependant depuis longtemps, et au plus tard du temps des Hyksos, l'Égypte s'en servait avec succès (fig. 258), et l'on voit dans les peintures anciennes que, dans les opérations stratégiques, l'infanterie égyptienne s'avançait appuyée

ce chef, quand il le pouvait, la puissance de ses ennemis; ce qu'il fit notamment dans la guerre contre les Syriens, en coupant aux chevaux de trait le nerf du jarret et en brùlant les chars. II Reg., VIII, 4; I Par., XVIII, 4. La création de ce nouveau corps militaire s'imposa surtout lorsque s'étendirent les relations du royaume avec les peuples étrangers, dont le territoire était plus favorable

son fonctionnement. Elle eut lieu sous Salomon. Quatorze cents chars (d'après II Par., Ix, 25, « douze mille chars et cavaliers ») et quatre mille chevaux de trait, tel fut le premier effectif, III Reg., x, 26; II Par., I, 14 (d'après III Reg., Iv, 26, et II Par., IX, 25, « quarante mille chevaux »). Il fallait à ce matériel des arsenaux et des

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Chars de guerre égyptiens. Temple de Ramsès II, à Thèbes. D'après Lepsius, Denkmäler, Abth. II, pl. 155.

sur ses flancs et ses derrières par un cordon de ces chars. Lepsius, Denkmäler aus Aegypten, Abth. II, pl. 155. Les Chananéens et les Philistins, favorisés par leurs vastes plaines de la Séphéla, de Saron et de Jesraël, se servaient aussi de chars dans leurs expéditions guerrières, Jos., XI, 4; Jud., 1, 19; II Reg., 1, 6, et ils étaient réputés pour leurs chars blindés de fer. Jos., XVII, 16, 18; Jud., I, 19. Les Philistins, sous Saül, mirent en ligne un nombre considérable de ces chars, bien que le chiffre de trente mille donné dans le texte, I Reg., XIII, 5, soit sùrement une faute de transcription, les Chananéens du nord n'en ayant eu que neuf cents, Jud., IV, 3, les Syriens d'Adarézer mille. I Par., XVIII, 4. Les Syriens, II Reg., VIII, 4; x, 18; III Reg., xxII, 31; IV Reg., VI, 14, les Assyriens et les Babyloniens usaient depuis longtemps des chars de guerre, quand Israël les introduisit dans son armée. Malgré la difficulté résultant du terrain montagneux de la Palestine, David avait déjà compris quelle cause d'infériorité c'était pour son armée que d'être dépourvue de ce puissant moyen d'attaque. Aussi, en attendant la formation d'un corps spécial, il ne manquait pas l'occasion d'affaiblir de

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A l'exemple de Salomon, les rois d'Israël s'empressèrent, après le schisme des dix tribus, de doter leur royaume de troupes de cavalerie et de chars de guerre. III Reg., xvi, 9; IV Reg., vi, 21; xii, 7. Sous Baasa, Zamri, le meurtrier d'Éla, commandait la moitié de la cavalerie. III Reg., xvi, 9. Mais comme le pays d'Israël, aussi bien que celui de Juda, n'était pas très abondant en chevaux, souvent les rois appelèrent à leur secours la cavalerie et les chars de guerre des Égyptiens, IV Reg., xvIII, 24; Is., XXXI, 1; xxxvI, 9, ou insérérent dans leur traité d'alliance avec l'Égypte une clause concernant les renforts de ce genre à recevoir en cas de guerre.

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elle demeura pendant toute la période des rois, I Reg., | VIII, 12; xviii, 13; II Reg., XVIII, 1; IV Reg., 1, 9; x1, 4; II Par., xxv, 5, et jusque sous les Machabées,. I Mach., III, 55, ce que Moïse l'avait faite à la sortie d'Égypte, Exod., xvIII, 21; cf. Deut., I, 15, en établissant des sections de dix, cinquante, cent et mille hommes, placés sous le commandement de chefs respectifs : décurions, pentachontarques, centurions et chiliarques, appelés dans la Vulgate tribuns. Peut-être avons-nous dans III Reg., Ix, 22, la série des principaux degrés de la hiérarchie militaire au temps de Salomon : 'anšê hammilḥâmâh, simples guerriers; 'ăbâdîm, officiers du second rang, comme nos lieutenants; ŝarim, officiers commandants, comme nos capitaines; šâlišîm, officiers supérieurs (voir plus bas, 7o); enfin ŝarê hârékéb, chefs des chariots, et šarê happârâšim, chefs des chevaux. A côté de ces officiers, il y avait dans l'armée d'Israël d'autres chefs appelés šotrim, dont les fonctions n'avaient probablement pas

7° Les « šališím ». Il existait dans l'armée d'Israël, au moins depuis David, une autre catégorie d'officiers appelés šálišim (Septante: Tpiotάtzi), dont le nom se rencontre pour la première fois dans l'Écriture au sujet de l'armée du pharaon d'Égypte poursuivant les Hébreux : << Il (le pharaon) emmena aussi six cents chars d'élite et tout ce qui se trouva de chars de guerre dans l'Égypte, avec les chefs de toute l'armée » (hébreu : « et les šâlíšim sur chacun d'eux »). Exod., xiv, 7. Plusieurs exégètes, s'appuyant, pour interpréter ce texte, sur la signification grammaticale du mot šâliš (troisième ou un de trois), ont pensé que, dans l'ordre militaire, il désignait l'un des trois soldats qui se tenaient sur les chars de guerre, le ñαpzióáτng des Grecs, Iliad., XXXII, 32, l'essedarius des Romains, César, Bell. gall., Iv, 33; Cicéron, Ad Fam., VII, 6. Cette explication est contredite par les monuments de l'ancienne Égypte, qui ne représentent ordinairement sur les chars de guerre que deux hommes, le

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Chars de guerre égyptiens, montés par un soldat et un cocher. Ipsamboul. D'après Champollion, Monuments d'Égypte et de Nubie, t. i, pl. 33.

pour objet le commandement militaire, car on les distingue souvent des chefs dont nous venons de parler. Deut., 1, 15; xx, 9; I Par., XXVII, 1. L'hébreu šotêr, « scribe » (de šútar, « écrire »), rendu presque partout dans les Septante par yрaμμ¤τevç, désigne par extension tout homme exerçant une fonction publique, l'art d'écrire ayant été le plus souvent le privilège de ces personnages. Il est employé spécialement pour désigner les magistrats du peuple hébreu en Égypte, choisis par lui et ayant mission de rendre des comptes sur leurs concitoyens aux chefs égyptiens constitués par le pharaon. Exod., v, 6-19. On les retrouve au désert du Sinaï, où ils sont mentionnés à côté des anciens du peuple, zeqênîm, Num., XI, 16, comme plus tard à côté des anciens et des juges, šoftim, Deut., XVI, 18; Jos., VIII, 33; XXIII, 2; XXIV, 1, plusieurs fois comme étant euxmêmes lévites, et distingués des autres lévites qui remplissaient les fonctions de juges. I Par., XXIII, 4; XXVI, 29; II Par., xxix, 11; xxxiv, 13. Ce sont eux qui, dans le camp des Israélites, proclament au milieu de chaque tribu les ordres de Josué. Dent., xx, 5, 8, 9; xxix, 9; xxxi, 28; Jos., 1, 10; II, 2. Mais aussi ils sont plusieurs fois désignés comme remplissant des fonctions importantes relativement à l'armée. Deut., xx, 5-11; I Par., XXVII, 1. Elles concernaient vraisemblablement l'organisation des troupes après l'appel aux armes, Deut., xx, 11, et, durant la paix, le maintien de l'ordre dans l'armée permanente, la répartition des services entre les différentes sections de troupes, et peut-être aussi l'approvisionnement. Le plus élevé des šotrim de l'armée d'Ozias était un certain Maasia, qui est nommé à côté du scribe (sôfêr) Jéhiel et de Hananias, l'un des généraux du roi. II Par., XXVI, 11. L'étendue de leur autorité faisait dire à Salomon dans ses Proverbes : « La fourmi n'a ni chef, ni sótêr, ni maître, et cependant elle amasse pendant l'été de quoi se nourrir. » Prov., vi, 7.

conducteur et le combattant (fig. 259). Cf. Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. I, p. 46. Si quelquefois on en rencontre un troisième, qui est l'écuyer du guerrier ou le serviteur tenant sur sa tête le parasol, ce n'est guère que sur le char royal, en Égypte comme en Assyrie. Mariette, Aperçu de l'histoire d'Égypte, p. 64; Birch, Ancient History from the monuments, Egypt, p. 127; Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, t. I, p. 190-192; Sharpe, History of Egypt, 1, 57. De même chez les Héthéens. Brugsch, Geschichte Aegyptens, Leipzig, 1877, p. 503. Voir CHAR.

Cette interprétation du titre de šâlišim a donc trouvé justement de nombreux contradicteurs, qui, niant toute corrélation avec les chars de guerre, expliquent la signification grammaticale de sâliš (troisième) en disant que les šâlîším étaient un corps de vétérans, comme les triarii des Romains (Winer, Lexicon hebraicum, t. II, p. 991), ou bien des officiers du troisième ordre, ou qu'ils occupaient le troisième rang après le roi (S. Jérôme, In Ezech., xxIII, t. xxv, col. 219; Vatable, In IV Reg., xv, 25), ou encore qu'ils appartenaient à la troisième phalange (cf. Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 1429), ou enfin parce qu'ils avaient sous leurs ordres trente soldats (en faisant dériver šališ de šelôšîm, « trente »). Ewald, Geschichte des Volkes Israel, t. I, p. 601; Weiss, David und seine Zeit, Munster, 1880, p. 173-174. Plusieurs, rejetant la traduction de la Vulgate, princeps inter tres ou princeps trium, II Reg., xxIII, 8, 18, 19; I Par., XI, 20, et avouant la grande difficulté de donner à ce mot une interprétation grammaticale exacte, s'en tiennent au sens général de « chefs militaires de haut rang », entre lesquels ils regardent le r'oš haššálišim, I Par., xii, 18, comme supérieur aux simples šâlišim. Hummelauer,

Comment. in lib. Samuelis, Paris, 1886, p. 435, 436. Ces chefs ne formaient point, comme quelques-uns l'ont pensé, une cohorte spéciale, comme celle des Céréthiens et des Phéléthiens. Rien du moins ne l'indique dans les passages où il est question d'eux. II Reg., xxiii, 3, 8, 18, 23, 25; III Reg., IX, 22; IV Reg., vii, 2; ix, 25; XV, 25, etc.

Quoi qu'il en soit, sous les rois d'Israël, les šálišim devinrent les premiers de la cour; on les trouve formant avec les « courriers », cursores, râșîm, la garde d'élite de Jéhu, IV Reg., x, 25, et leur commandant portait, comme par excellence, le titre de šališ. Joram avait un de ces officiers toujours attaché à sa personne, « sur la main duquel il s'appuyait, » IV Reg., vi, 2, 17, 19, et de même Jéhu, qui avait avec lui, sur son char, son šālīš Badacer. IV Reg., 1x, 25. Phacéia, roi d'Israël, fut assassiné par son šālīš Phacée, qui devint son successeur. IV Reg., xv, 25. La puissance de ces officiers était telle, qu' u'Ézéchiel se sert de leur titre pour désigner en général les hauts personnages de Babylone, dont les images peintes sur les murailles avaient excité la passion d'Ooliba. Ezech., XXIII, 15.

80 Général en chef. Enfin au-dessus des šálišim, des šotrim et de tous les autres officiers, était établi le prince de la milice ou généralissime, sar haṣṣâbâ', I Reg., XIV, 50, qui était, sous Saül, Abner, I Reg., XVII, 55; sous David. Joab, II Reg., viii, 16; I Par., XI, 6; sous Salomon, Banaias. III Reg., Iv, 4. C'est par le même titre que la Sainte Écriture désigne les généraux en chef des armées étrangères, comme Sisara, commandant les troupes de Jabin, Jud., Iv, 2; I Reg., XII, 9; Sobach, II Reg., x, 16, et Naaman, IV Reg., v, 1, celles des Syriens; Nabuzardan, celles des Chaldéens. IV Reg., xxv, 11. Le généralissime avait sous ses ordres toute l'armée du roi, excepté la garde royale, qui ne relevait que de son chef particulier; car il ne paraît pas que le commandant des Céréthiens et des Phéléthiens, qui composaient la garde de David et de Salomon, aient été sous le commandement de Joab et de Banaias, non plus que les commandants des légions de vingt-quatre mille hommes formant chaque mois la garde ordinaire du roi. I Par., XXVII, 2.

9o Force de l'armée. — L'armée d'Israël ainsi organisée avait une puissance considérable de cohésion et de résistance. Elle n'était pas moins remarquable par le nombre des soldats qu'elle pouvait mettre en ligne. En réunissant plusieurs des unités dont nous avons parlé plus haut, on formait quelque chose d'analogue à ce que nous appelons aujourd'hui des brigades et des divisions. Plusieurs de ces divisions réunies constituaient les corps d'armée, dont le contingent s'élevait quelquefois à un nombre d'hommes considérable. A l'époque de la sortie d'Égypte, on comptait en chiffres ronds 600 000 guerriers dans le camp des Hébreux, Exod., XII, 37 (ou plus précisément 603 550, Exod., XXXVIII, 25; Num., 1, 46); lors de l'entrée en Chanaan, 601 730. Num., xxvi, 51. David, selon II Reg., XXIV, 9, avait sous ses ordres 1 300 000 soldats, dont 800 000 fournis par Israël, et 500 000 par Juda; selon I Par., XXI, 5, il en avait 1 570 000, dont 1 100 000 d'Israël et 470 000 de Juda, chiffres manifestement dénaturés et grossis par les copistes. Le corps de troupes qu'Asa, roi de Juda, opposa aux Éthiopiens était formé, si les chiffres n'ont pas été altérés dans le texte, de 300 000 lanciers et de 280 000 archers, II Par., xiv, 8-9: c'était au total 580 000 hommes fournis par les deux tribus de Juda et de Benjamin, cf. II Par., XIII, 3, tandis que l'armée du royaume d'Israël à la même époque était de 800 000 guerriers, « tous d'élite et très vaillants. » II Par., XIII, 3. Celle de Josaphat se montait à 1 160 000 hommes, répartis en cinq corps d'armée, trois pour la tribu de Juda, formant un effectif de 780 000 hommes, et deux pour la tribu de Benjamin, donnant 380 000 hommes: chiffres si considérables, que plus d'un interprète les a regardés comme inexacts et grossis par des fautes de

transcription. II Par., xvi, 14-19. Cf. Calmet, Commentaire littéral, in h. loc. Les troupes qu'Amasias opposa aux Iduméens se composaient d'une infanterie de 300 000 hommes, tous armés de la lance et du bouclier, Il Par., xxv, 5, et celles d'Ozias, dans ses guerres contre les Philistins, les Arabes et les Ammonites, étaient de 307 500 hommes de différentes armes, sous le commandement de 2600 officiers. II Par., xxvi, 12-14. Au commencement de la royauté, le recensement militaire, fait par ordre de David dans les douze tribus, avait donné les chiffres de 1 100 000 pour Israël, 470 000 pour Juda, 1 570 000 soldats au total. II Reg., XXIV, 9; I Par., XXI, 5. Ces contingents, qui n'étaient réunis que pour lë temps de la guerre, opéraient leurs mouvements stratégiques sous le cominandement du général en chef, dont il a été question, assisté d'un conseil de guerre composé des chefs de tribus. Il arrivait aussi que, pour les engagements moins généraux, des officiers inférieurs au généralissime dirigeaient les opérations. II Reg., x, 9-13; XVIII, 2.

10° Convocation de l'armée. Elle se faisait tantôt à son de trompe du haut des montagnes, où veillaient des sentinelles placées sur des tours, Jud., III, 27; vI, 34; I Reg., XIII, 3; Jer., IV, 5; VI, 1; Amos, III, 6, tantôt en élevant sur les hauteurs quelque drapeau ou un autre signal convenu, auquel tous connaissaient du même coup l'appel aux armes et le lieu du rassemblement. Is., XVIII, 3. Quelquefois des hérauts d'armes allaient par les tribus, proclamant le ban de guerre, Jud., vi, 35; vII, 24, en y ajoutant même des imprécations et des menaces contre ceux qui feraient défaut, I Reg., x1, 7; ou bien ils étaient porteurs d'un ordre écrit rédigé par un secrétaire, sôfér, du général en chef. IV Reg., xxv, 19; cf. II Par., xxvi, 11; Is., xxxIII, 18; Jer., xxxvii, 15; LII, 25. Le refus général de se rendre à la convocation était un délit de lèse-patrie, dont le châtiment pouvait aller jusqu'à l'extermination des récalcitrants, comme il arriva pour les habitants de Jabès de Galaad. Jud., xxi, 8-10. Il y avait pourtant quelques cas d'exemption prévus par la loi, et que les officiers, šoterim, proclamaient avant le départ pour la guerre: par exemple, le cas d'avoir construit une maison sans l'avoir encore habitée; avoir planté une vigne sans en avoir encore recueilli les fruits; être fiancé ou n'avoir pas encore vécu un an révolu dans le mariage. Deut., xx, 5-7; xxiv, 5; I Mach., II, 56. De plus, les pusillanimes étaient sommés de se retirer, pour empêcher que leur làcheté n'eût sur les autres soldats une funeste influence. Deut., xx, 8.

Après la première concentration avait lieu l'incorporation des combattants dans l'une des divisions militaires; car en dehors de la répartition naturelle des hommes en douze groupes armés correspondant aux douze tribus, il y avait dans chaque groupe des corps spéciaux, selon les différentes armes dont ils étaient pourvus: infanterie légère, comprenant les frondeurs, les lanciers et les archers; grosse infanterie munie d'armes plus pesantes, le grand bouclier, la lourde lance, plus tard la cuirasse; et, à partir de Salomon, cavalerie et chariots de guerre. Chaque homme, étant à l'avance exercé au mar.iement de l'arme avec laquelle il combattait, était aussitôt incorporé. Cf. II Par., xiv, 8. Souvent, pour assurer à l'armée le secours de Dieu et donner confiance aux combattants, on portait au milieu d'eux l'arche d'alliance, Jos., v1, 6; I Reg., Iv, 4; XIV, 18; II Reg., x1, 11; xv, 24, jusqu'à ce que la construction du temple, en donnant à l'arche un asile permanent, eùt mis fin à cette pratique. Les prêtres qui devaient accompagner l'arche étaient convoqués par le chef de l'armée, qui leur donnait, de plus, certaines fonctions sacrées à remplir au milieu des troupes, comme de sonner de la trompette pendant le combat, pour exciter les soldats et appeler sur leurs armes la protection d'en haut, Num., x, 9; xxx1, 6; II Par., xIII, 12, 14, ministère qu'ils continuèrent de remplir même après que

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