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que maison de cette malheureuse ville était devenue une forteresse, dans la quelle Français et Autrichiens s'étaient alternativement barricadés, jusqu'à ce qu'eufin la victoire se fût déclarée pour les premiers. L'empereur Paul s'étant brusquement séparé de l'Autriche, à la nouvelle des divisions de l'archiduc et de Suwarow, l'armée de Condé redevint l'auxiliaire des seuls ennemis qui restassent encore à la France, rentra à la solde de l'Angleterre, et fit avec l'Autriche, la campagne de 1800 qui fut si fatale à cette puissance et termina la guerre continentale. Le prince de Condé, après avoir licencié son armée, se retira en Angleterre, dans l'abbaye d'Amesbury, y épousa Mme de Monaco, dont il est devenu veuf en 1813, et ne quitta cette habitation qu'à la fin d'avril 1814, pour rentrer en France, à la suite du roi. Il y a repris les titres et les charges dont la révolution l'avait privé. Forcé de quitter de nouveau la France avec Louis XVIII, lors du retour de Bonaparte, en mars1815, il y est rentré en juillet de la même année. Depuis cette époque, le prince de Condé, dont les facultés morales étaient singulièrement affaiblies, a presque toujours habité Chantilly, d'où il ne revenait que très-rarement à Paris. Il est mort dans cette capitale, le 13 mai1818, à l'âge de 82 ans. L'émigration de 1789 a fait de la mort de ce prince, une véritable affaire de parti; au lieu de se borner à payer à sa mémoire un juste tribut d'hommages et de regrets, elle lui a rendu des honneurs presque divins, et sans aucune proportion avec les qualités estimables que nous nous plaisons à reconnaître en lui. Dans un siècle qui a dépassé tous les prodiges

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connus de la gloire militaire moderne, cette faction a eu la maladresse de louer surtout, dans le prince de Condé, l'éclat de sa vie militaire; comme si les faits guerriers dont elle se compose, i pouvaient être mis en comparaison avec ces campagnes qui ont étonné le monde et fait l'admiration de ceux - là même dont elles consommaient l'asservissement et la ruine. Nous ne rappellerious pas que les lauriers du prince de Condé n'ont cessé, depuis trente ans, d'être teints du sang français, si ce n'était là, nous ne pouvons en douter,son véritable titre à l'enthousiasme de la faction qui prétend à l'honneur d'être exclusivement française, et qui s'est expliquée assez solennellement à cet égard, pour que nous n'ayons pas à craindre de la calomnier, en proclamant ses propres doctriComme,selon elle, tout était révolte en France, depuis 1789, elle n'a combattu que des rebelles; dès-lors, sa gloire est pure et légitime; le peuple français et ses armées sont seuls coupables! Voilà l'unique secret de ces ridicules apothéoses, qu'on vient de voir se renouveler jusqu'au dégoût, dans le | pays même où, quatre ans auparavant, le prince de Condé n'eût paru que pour ! y recevoir la mort des rebelles ! L'intention de l'insulte à l'armée a été profondément sentie, parce qu'elle était trop évidente, et ces vétérans de la gloire, qui représentaient l'armée française en deuil, aux obsèques du maréchal, prince d'Essling (Masséna ), ne se souvenaient qu'avec indignation, qu'on n'y avait pas aperçu un seul des hommes qui, maintenant, formaient le cortége funèbre du prince de Condé !...

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FIN DU TOME TROISIÈME,

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