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11° Lettre de Henri III, du 20 juillet 1585, pour faire diminuer la garde aux portes de la ville de Rouen, et exempter le chapitre de ce service, les derniers remuements étant pacifiez.

12° Détails et lettres sur les derniers moments et sur la mort du cardinal de Bourbon, roi de la ligue. Le sieur de Vergnettes, son varlet de chambre, rend compte de cet événement au chapitre de Rouen, le 22 mai 1590.

13° Lettre du cardinal de Plaisance, légat, adressée au chapitre de Rouen le 25 novembre 1592, touchant l'élection à faire d'un roi.

14° Détails sur l'entrée de Henri IV dans la cathédrale de Rouen, le mercredi 16 octobre 1596.

III. RENSEIGNEMENTS RELATIFS A AGNÈS SOREL,

TRANSMIS PAR M. FERNEL PÈRE,

CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

Neufchâtel, le 10 janvier 1837.

Monsieur le Ministre, j'ai l'honneur de vous envoyer une lettre du prieur de l'abbaye de Jumiéges, en date du 16 novembre 1778, et l'extrait (probablement d'une histoire manuscrite de cette abbaye) qui détermine le lieu où fut inhumée Agnès Sorel. Ce dernier peut servir à rectifier un fait historique faussement annoncé par Belleforest.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Signé: FERNEL.

A cette lettre sont jointes les deux pièces suivantes écrites de la main du prieur Marye:

<«< Monsieur, en écrivant au prieur de Jumiéges, vous ne pensiez pas écrire à une personne de connoissance. Vous pouvez vous souvenir d'avoir vu un grand religieux de la taille de 4 pieds 10 p. environ, maître à Préaux, ensuite au Bec et à Bernay, qui depuis a été 3 ans

secrétaire du visiteur de Normandie. Cet original est maintenant prieur de Jumiéges depuis 6 mois, et il a l'honneur de vous écrire aujourd'hui. -D. Le Picard n'étant plus supérieur s'est retiré avec moy; il me charge de vous présenter ses civilitez. Il a été aussi charmé que moy d'apprendre de vos nouvelles. Votre lettre arriva icy pendant une absence que j'ai été obligé de faire. Je l'ai reçue à mon retour, c'est ce qui m'a empêché de vous répondre plus tôt. Je vais coppier une partie de l'histoire de Jumiéges. Vous trouverez ce qui est nécessaire pour satisfaire votre curiosité. Je désirerois fort que vous voulussiez voir les choses par vous-même, et que vous me procurassiez le plaisir de vous recevoir icy. En attendant que cela arrive, si vous me trouvez bon à quelque chose, ne m'épargnez pas. Je ferai mon possible pour vous satisfaire. Ce sera pour moy une occasion de vous donner des preuves des sentimens respecteux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

MARYE,
Prieur de Jumiéges.

P. S. Il y a 4 jours que j'ai commencé l'autre feuille, sans avoir pu la finir plus tôt à cause de mes occupations et des visites. Si vous voulez quelqu'autres éclaircissemens, je tâcherai de vous les donner.

EXTRAIT DE L'HISTOIRE DE L'ABBAYE DE JUMIÉGES.
(Pag. 257 et suiv.)

« Il y avoit près de 6 semaines que le roy Charles VII étoit à Jumiéges, lorsque Agnès Sorel fut attaquée d'une dissenterie mortelle, dont elle mourut à la ferme du Mesnil dépendante de l'abbaye, le jeudi 9o jour de février de cette année 1450, sur les 6 heures du soir, âgée seulement de 40 ans. Elle mourut dans de grands sentimens de pénitence, et elle laissa aux religieux de Jumiéges 800 saluts d'or fin, de 62 au marc, pour lui dire une messe basse tous les jours et faire son service solennel chaque année. Ils s'y engagèrent par lettres patentes du 14 mars suivant, à la réquisition de Jacques Coeur, Robert Poittevin et Etienne Chevalier, qu'elle avoit faits exécuteurs de son testament. Le roy confirma la donation de sa maîtresse, et permit aux religieux d'en ache

ter un fonds de terre qu'il exempta dès lors du droit d'amortissement. Le cœur et les entrailles de cette demoiselle furent enterrés suivant sa dernière volonté dans la chapelle de la Vierge, où l'on voit encore aujourd'hui son mausolée en marbre noir, élevé de 3 pieds ou environ au dessus du pavé. Elle y étoit représentée en posture de suppliante à deux genoux, tenant entre les mains un cœur qu'elle offroit à la sainte Vierge, comme pour la supplier de la réconcilier avec Dieu, qu'elle avoit tant offensé pendant sa vie. Au pied du tombeau étoit un autre cœur en marbre blanc. Mais ce second cœur et la statue entière, qui étoit aussi de marbre blanc et fermée de grilles de fer, ont été enlevés par les Huguenots du 16° siècle, avec 2 tables de cuivre sur lesquelles on avoit gravé plusieurs vers à sa louange. Belleforest, pour se venger des moines de Jumiéges, qui ne lui avoient pas voulu confier leurs manuscrits ni payer son voyage, n'oublie pas de remarquer que la belle Agnès est enterrée à Loches en Touraine, et que malapropos aucuns auteurs la tiennent avoir été inhumée à Jumiéges. Il nous donne la description de son mausolée dans l'église collégiale de Notre Dame de Loches, et c'est précisément la même chose que celui de Jumiéges, qu'il avoit vu. Il ajoute qu'on lui a communiqué le premier vers de son épitaphe, et c'est encore le premier vers des 4 épitaphes qu'on avoit gravées sur des tables de cuivre incrustées dans la muraille de la chapelle de la Vierge à Jumiéges. Celle même dont il cite le premier vers: Híc jacet in tumbá mitis simplexque columba, et qui porte la condamnation de sa mauvaise foi, subsiste encore tout entière autour du tombeau de Jumiéges, où elle fut gravée en 1525, on ne dit point pourquoi. Elle est composée de 22 vers que nous rapporterons ici, afin qu'on voie clairement par le 16o que le corps d'Agnès Sorel est à la vérité à Loches, mais que son cœur et ses entrailles sont à Jumiéges.

Hic jacet in tumbâ mitis simplexque Columba,
Candidior cignis, flammâ rubicundior ignis,
Agnes pulchra nimis terræ latitatur in imis,
Et flores veris facies hujus mulieris
Belaltique dunum, nemus aptans Vinceniarum
Rexit, et à specie nomen suscepit utrumque.
Ferroriamque Roquam, Vernonis et utique gentem,

Ac Issodunum, regimen dedit omnibus unum.
Alloquiis mitis, compescens scandala litis,
Ecclesiis que dabatque et egenos sponte fovebat.
Illi Surellæ cognomen erat domicellæ ;
Et non miretur quis si species decoretur,
Ipsius est, ipsâ quoniam depictâ ducissâ.
Hoc factum sponte certâ ratione movente
Pro laudum titulis meritorum sive libellis,
Ilia gemeticis latitantur, cætera Lochis;

Mille quadringentis quadraginta novem tulit annis
Illam cum sanctis in tronum vita perennis,
Nona dies mensis hanc abstulit inde secundi,

Palmis extensis migravit ab ordine mundi.

Bella fuit quondam Agnes nomine, regia pellex,
Nunc tumulo vermes turpe cadaver alit.

Mallarius faciebat an. 1525.

Voici une autre épitaphe qui se trouve gravée sur le tombeau, en marbre noir, d'Agnès de Sorel ou de Surelle, dans la chapelle de la Vierge.

Fulgor Apolinæus rutilantis luxque Dianæ

Quam jubaris radiis clarificare solent.

Nunc tegit ops et opem negat atrox Iridis arcus,
Dum furiæ primæ tela superveniunt.

Nunc elegis dictare decet planctuque sonoro
Lætitiam pellat turtureus gemitus.

Libera dum quondam quæ subveniebat egenis,
Ecclesiisque, modò cogitur ægra mori.
O mors sæva nimis, quæ jam juvenilibus annis
Abstulit à terris membra serena suis.
Manibus ad tumulum cuncti celebretis honores,
Effundendo preces quas nisi parca sinit.
Quæ titulis decorata fuit decoratur amictu,
In laudis titulum picta ducissa jacet.
Occubuêre simul sensus, species, et honestas,
Dum decor Agnetis occubuisse datur.
Solas virtutes, meritum, famamque relinquens,
Corpus cum specie mors miseranda rapit.
Premia sunt mortis luctus, querimonia, tellus;
Huic ergo celebres fundite, quæso, preces.

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Voici l'épitaphe françoise qu'on lit encore sur le même tombeau: Cy gît Agnès Surelle, noble damoiselle, en son vivant dame de Roqueferriere, de Beaulté, d'Issoudun et de Vernon sur Seine; piteuse entre toutes gens, qui de ses biens donnoit largement aux églises et aux pauvres ; qui trespassa le neuvieme jour de fevrier de l'an de grace 1449. Priez Dieu pour elle. »

L'usage étoit en France de ne commencer l'année qu'après Pâques, et c'est pour cette raison qu'on a marqué sa mort en 1449 au lieu de 1450. Le roy fut touché de la mort de sa maîtresse, et partit peu de jours après, etc., etc.

IV. NOTICE SUR QUELQUES MANUSCRITS

DE LA BIBLIOTHÈQUE DE NEUFCHATEL;

PAR M. FERNEL.

Monsieur le Ministre, la bibliothèque de Neufchâtel possède seulement trois manuscrits pouvant avoir trait à l'histoire de France: 1o une table, en un volume in-4°, des matières contenues dans la première partie de l'histoire du gouvernement de la France. Cette histoire doit être de M. de Boulainvilliers.

2o L'inventaire des titres de l'abbaye de Foucarmont (ordre de Citeaux), dressé avec beaucoup de soin en 1752.

Il contient 700 pages numérotées. On y voit figurer des lettres de papes, d'évêques, de rois et de princes, relatives à l'abbaye de Foucarmont. La plus ancienne est de 1160; diverses bulles, dont une de 1243, permet aux abbés de donner pouvoir à leurs prieurs, en leur absence, d'absoudre leurs religieux et convers de l'excommunication quam frequenter incurrunt injiciendo manus violentas in se ipsos. Une autre de 1254, accorde le même droit pour les excommunications encourues par les religieux ob violentam injectionem manuum in se ipsos.

La plus ancienne des chartes des rois de France remonte à 1196. Elle concerne les biens et priviléges de l'abbaye.

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