Page images
PDF
EPUB

prisme triangulaire, dont le ventre forme une des faces. Le dos est par conséquent élevé en carène; et comme cette dernière partie, exhaussée dans le milieu de sa longueur, s'abaisse vers la queue, et vers la tête, qui est petite et aplatie, l'animal montre encore une sorte de pyramide triangulaire, très-basse et irrégulière, à ceux qui le regardent par le côté.

Le humantin est brun par dessus, et blanchâtre par dessous. Sa peau, qui recouvre une tunique épaisse et adipeuse, est revêtue de tubercules gros, durs et saillans. Sa chair est si dure et si filamenteuse, qu'elle est constamment dédaignée : aussi pêche-ton très-peu le humantin, et va-t-on d'autant moins à sa poursuite qu'il ne fréquente guère les rivages, et qu'il aime à vivre dans la vase et dans la fange du fond des mers; ce qui lui a fait donner le nom de cochon marin. Sa peau sert néanmoins à polir les corps durs.

Les individus de cette espèce ont un mètre et demi (un peu plus de quatre pieds) de longueur, lorsqu'ils paroissent avoir atteint la plus grande partie de leur développement. La mâchoire supérieure est armée de trois rangs, et l'inférieure d'un seul rang de dents

aiguës. Les nageoires dorsales sont très-rapprochées de la tête; la seconde est au dessus des ventrales; la queue et la nageoire qui en garnit l'extrémité sont assez courtes à proportion de la longueur du corps (1).

(1) Le foie du humantin est divisé en deux lobes; il est d'un rouge pâle et recouvre l'estomac. Le fiel est d'un verd obscur; la rate est rougeâtre, échancrée et placée à côté de l'estomac. Ce dernier viscère est long, et le canal intestinal court et large. (Bloch, Hist. nat. des poissons.)

De tous les squales, le humantin est celui dont la chair est la plus dure, au point qu'il est presque impossible de la manger. On retire de son foie de l'huile qui est bonne à brûler. Si l'on en croit Rondelet, cette huile a encore d'autres propriétés; comme celles de résoudre les duretés du foie, et de guérir les cataractes des yeux, en la mêlant avec du miel; le même auteur ajoute que la cendre de la peau du humantin est un remède contre la teigne. Mais ces prétendues vertus médicinales ne sont, pour la plupart, que des rêveries. SONNINI.

LA LICH E.

LE SQUALE LICHE (1) (2), PAR LA CÉPÈDE.

VINGT-HUITIÈME ESPÈCE.

C'EST auprès du cap Breton, dans l'Amérique septentrionale, qu'a été vu ce poisson. Sa tête est grande; son museau court et arrondi. Ses dents sont aplaties de devant en arrière, alongées, pointues, et disposées sur plusieurs rangs les plus grandes sont dentelées; peut-être le sont-elles toutes dans les individus plus âgés que ceux que l'on a

(1) Chien de mer liche. Broussonet, Mémoires de l'académie des sciences de Paris pour 1780.

Squalus americanus. Lin. édit. de Gmelin. Chien de mer liche. Bonaterre, planches de l'Encyclop. méthod.

(2) Squalus pinnis dorsalibus inermibus, posteriore. majore, ventralibus magnis caudæ proximis....squalus americanus, Lin. Syst. nat. edit. 13, gen. 131, sp. 30. Squalus pinnis dorsalibus inermibus, postieá ma→ jøre prima; ventralibus magnis, caudali vicinis... squalus, americanus. Artedi, Gen. pisc. gen. 44m sp. 50, additam.

SONNIN Is

observés, et qui n'avoient qu'un mètre (ou environ trois pieds) de longueur. L'on voit, sur les bords du bout du museau, les ouvertures des narines, qui sont assez larges. Les deux dernières ouvertures branchiales de chaque côté sont très-rapprochées, et les évents éloignés des yeux. Les nageoires dorsales ne présentent aucun aiguillon : la première, qui est moins grande que la seconde, est plus près de la tête que le milieu de la longueur du corps; la seconde en est un peu plus éloignée que celle de l'anus. Les nageoires ventrales sont grandes et rapprochées de la queue, qui se termine par une nageoire dont la forme imite celle d'un fer de lance; et tout le corps est revêtu d'écailles ou tubercules petits et anguleux (1).

(1) Broussonet est le premier naturaliste qui ait vu et décrit la liche. L'individu qui a servi à sa description avoit trois pieds de longueur. Cette espèce ressemble assez à l'aiguillat; mais elle en diffère par ses nageoires du dos qui sont privées d'aiguillons, et par les nageoires ventrales qui sont très-rapprochées de la queue. Un autre attribut, qui distingue ce squale de tous les autres, est la seconde nageoire du dos, plus grande que la première. (Voyez le Mémoire de Broussonet sur les chiens de mer, inséré dans ceux de l'académie des sciences, année 1780, et dans le Journal de physique, année 1785.) SONNINI.

LE SQUALE GRONOVIEN (1) (2),

PAR LACÉPÈDE.

VINGT-NEUVIÈME ESPÈCE.

Nous nommons ainsi un cartilagineux

dont les naturalistes doivent la connoissance à Gronovius. C'est dans les mers de l'Inde qu'il a été pêché. Le caractère distinctif par lequel il est séparé des autres squales compris dans le même sous-genre, consiste dans la position de ses deux nageoires dorsales, dont la première est plus près du bout de la queue que les ventrales, et dont la seconde est

(1) Squalus dorso vario inermi, dentibus acutis. Gronov. Mus. 1, no 133, Zooph. 150.

Squalus indicus. Lin. édit. de Gmelin.

(2) Squalus dorso vario inermi, dentibus acutis... squalus indicus. Lin. Syst. nat. edit. 13, gen. 131, sp. 29.

Squalus dentibus acutis; dorso vario inermi; pinná ani carens. . . . • • squalus indicus. Artedi, Gen. pisċ.

gen. 44, sp. 29, additam.

(

SONNINI.

« PreviousContinue »