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nom de vieille, et que nous devons faire connoître la première.

Cette dénomination de vieille vient de la nature du sifflement qu'elle produit, et dans lequel on a voulu trouver des rapports avec les sons d'une voix affoiblie par l'âge et de la forme de ses dents de devant, que l'on a considérées comme un peu semblables à des dents décharnées.

Le baliste vieille parvient quelquefois jusqu'à la longueur de trois pieds ou de près d'un mètre. L'ouverture des branchies est plus grande que sur la plupart des autres balistes; trois rangs d'aiguillons sont ordinairement placés au devant de la nageoire thorachique ou inférieure, qui est trèslongue, et ne contribue pas peu à défendre le dessous du corps. La nageoire de la queue est en forme de croissant (1); les deux rayons

(1) Il y a communément à la membrane des bran

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qui en composent les pointes se prolongent en très-longs filamens. De semblables prolongations terminent les rayons antérieurs de la seconde nageoire du dos, et le premier rayon de la première dorsale est très-fort et dentelé par devant.

Voyons maintenant la nuance et la distribution des couleurs dont est peinte le plus souvent cette belle espèce de baliste.

Le dessus du corps est d'un jaune foncé et rayé de bleu ; ce jaune s'éclaircit sur les côtés, et se change en gris dans la partie inférieure du corps. L'iris est rouge; et de chaque oil partent, comme d'un centre, sept ou huit petites raies d'un beau bleu. Cette même couleur bleue borde les lèvres, les nageoires pectorales qui sont jaunes, celle de l'anus qui est grise, et la caudale qui est jaune, et elle s'étend sur la queue en bandes transversales, dont la teinte devient plus claire à mesure qu'elles sont plus éloignées de la tête.

La vieille se nourrit des animaux des coquilles. Elle est quelquefois la proie de gros poissons, malgré sa grandeur, sa conformation et ses piquans: mais alors elle est presque toujours saisie par la queue, qui, dénuée d'aiguillons, est moins bien

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défendue que le devant du corps, et d'ailleurs est douée d'une force à proportion beaucoup moins considérable; ce qui s'accorde avec ce que nous venons de dire sur la lenteur des mouvemens des balistes (1).

(1) « J'ai remarqué, dit Catesby, que tous les poissons de cette forme nagent lentement, et qu'ils sont la proic de ceux qui sont plus grands et voraces; et quoiqu'il semble que la Nature ne les ait pas laissés absolument sans défense, leurs ennemis évitent ordinairement le danger de leurs armes défensives, en ne coupant avec les dents qu'une petite portion de leur corps, du côté de la queue; mais, comme tous les animaux de proie poursuivent et dévorent avec une furieuse ardeur, je conjecture que quelquefois, en s'avançant trop, ils s'enferrent dans ces os pointus, dont l'un entre dans la mâchoire supérieure et l'autre dans l'inférieure, ce qui les empêche de fermer la gueule; d'où il arrive que celui qui vouloit dévorer ce poisson est bientôt noyé, à moins qu'il ne puisse se défaire de sa proie ». (Hist. nat. de la Caroline tom. II, p. 22.)

De loin, la vieille ressemble à la brême; elle a, suivant Bloch (Hist. nat. des poissons), l'estomac large; le canal intestinal à deux courbures; le foie mince, d'un jaune pâle et divisé en deux lobes, dont l'un est plus petit que l'autre; la vésicule du fiel petite; la rate bleuâtre; la vésicule aérienne unie au diaphragme, forte et épaisse.

On pêche les vieilles aux hameçons; leur chair

On trouve la vieille non seulement dans les mers de l'Inde, mais encore dans celles

n'est bonne que grillée, selon Marcgrave (Hist. nat. bras. p. 164); cuite de toute autre manière, elle est de mauvais goût. Cependant, dans d'autres parages, tels que ceux des îles de France et de Bourbon, l'on sert ces poissons sur les meilleures tables, parce qu'on leur trouve la chair ferme, savoureuse, saine, et de facile digestion; mais on cesse d'y faire usage de cet aliment, et on le rejette comme dangereux dans la saison où les mollusques et les polypes se multiplient, , parce que les vieilles, qui sont très-friandes de ces animaux et les dévorent avec avidité, contractent une qualité délétère, qui devient un poison très-actif pour ceux qui les mangent.

Les symptômes de ce poison ont été décrits par M. Meunier, médecin à l'île de France, et depuis à l'hôtel des Invalides, dans une lettre adressée M. Sonnerat (Journal de phys. du mois de mars 1774, p. 231). Il agit avec vivacité sur la tunique nerveuse de l'estomac, qui se contracte avec violence; la circulation du fluide vital est troublée, interrompue; ce trouble se communique bientôt à tout le genre nerveux ; l'ébranlement et l'agacement sont généraux; les convulsions succèdent aux contorsions des membres, à l'épaississement de la langue, à la fixité des yeux 2 aux mouvemens convulsifs des muscles du visage, à la difficulté de la respiration, à d'horribles tranchées, et le malade périroit dans cet état cruel, si par des remèdes prompts on ne s'opposoit aux dangers de ces symptômes effrayans. Les moyens

d'Amérique, où cette espèce, en subissant quelque changement (1) dans le nombre des rayons de ses nageoires et dans les teintes

curatifs sont les émétiques à grande dose, sans redouter leur effet quelquefois trop puissant, qu'ón arrête à volonté, au moyen des corps gras, les huilenx et les lavemens, les cordiaux qui procurent des sueurs. Quand tous les accidens ont disparu, ont donne avec succès les acides végétaux en limonade, et la cure se termine par les minoratifs. La convalescence entière est ordinairement de huit jours, si toutefois le malade n'a pas mangé une trop grande quantité de vieille; car alors les accidens sont plus graves et plus longs. M. Meunier a traité un soldat qui, ayant mangé la moitié d'une vieille, fut à toute extrémité; après sa convalescence, qui fut longue à arriver, il sentit pendant long-tems des douleurs dans les bras et sur-tout dans les jambes; elles se dissipèrent par l'usage des citrons et des tamarins. Il résulte des observations de M. Meunier, que le principe de la maladie, occasionnée par la vieille prise en aliment, est dans le genre nerveux, ébranlé et agacé par la causticité de cette nourriture. SONNINI.

(1) On compte dans une de ces variétés :

A la première nageoire du dos.

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3 rayons.

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