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située en partie au dessus et en partie au devant de la nageoire de l'anus, qui est moins près de cette ouverture que de la nageoire de la queue.

Cette dernière nageoire est, au reste, divisée en deux lobes inégaux, et la peau est chagrinée, ou revêtue de petits tubercules.

Le citoyen Broussonet, qui a décrit un individu de cette espèce dans le port de Cette, assure, d'après le témoignage des marins, que la chair du milandre est trèsdure, et répand une odeur désagréable. On la fait cependant quelquefois sécher : « mais l'abondance et le bon marché de cet aliment, dit ce naturaliste, peuvent seuls déterminer des pêcheurs affamés à s'en nourrir ».

D'un autre côté, le milandre doit être moins fréquemment et moins vivement recherché que plusieurs autres squales, parce qu'on ne peut le pêcher qu'avec beaucoup de précautions. Il est en effet très-fort et très-grand; et n'étant pas très-éloigné du requin par sa taille, il est, comme lui, trèsféroce, très-sanguinaire et très-hardi. Sa voracité et son audace lui font même quelquefois oublier le soin de sa sûreté, au point de s'élancer hors de l'eau jusques sur la côte,

et de se jeter sur les hommes qui n'ont pas encore quitté le rivage (1). Nous croyons en conséquence, et avec Rondelet, que le milandre est le squale auquel Pline donne le nom de canicula, et que cet éloquent écrivain peint avec des couleurs si vives, attaquant et immolant les plongeurs qu'il surprend occupés à la recherche du corail; des éponges, ou d'autres productions marines. C'est un combat terrible, selon Pline, que celui qu'il livre au plongeur dont il veut faire sa proie. Il se jette particulièrement sur les parties du corps qui frappent ses yeux par leur blancheur. Le seul moyen de sauver sa vie est d'aller avec courage au devant de lui, de lui présenter un fer aigu, et de chercher à lui rendre la terreur qu'il inspire. L'avantage peut être égal de part

(1) L'on dit que le milandre est si vorace qu'il avale même des morceaux de bois, s'ils sont enduits de graisse.

Cette espèce forme en pleine mer une sorte de société; les milandres y sont presque toujours réunis en troupes. Ils se montrent rarement dans les mers du Nord. Ils déchirent quelquefois les filets où le poisson est pris, et on les trouve sonvent enfermés dans les parcs, dans lesquels ils entrent en le poursuivant. SONNIN I.

et d'autre, tant qu'on se bat dans le fond des mers; mais à mesure que le plongeur gagne la surface de l'eau, son danger augmente; les efforts qu'il fait pour s'élever s'opposent à ceux qu'il devroit faire pour s'avancer contre le squale, et son espoir ne peut plus être que dans ses compagnons, qui s'empressent de tirer à eux la corde qui le tient attaché. Sa main gauche ne cesse de secouer cette corde en signe de détresse, et sa droite, armée du fer, ne cesse de combattre. 11 arrive enfin auprès de la barque, son unique asile; et si cependant il n'est remonté avec violence dans ce bâtiment, et s'il n'aide luimême ce mouvement rapide en se repliant en boule avec force et promptitude, il est englouti par le milandre, qui l'arrache des mains mêmes de ses compagnons. En vain ont-ils assailli ce squale à coups redoublés de tridents; le redoutable milandre sait échapper à leurs attaques en plaçant son corps sous le vaisseau, et n'avançant sa gueule que pour dévorer l'infortuné plongeur.

Le milandre exerce son pouvoir secondaire, et néanmoins très-dangereux, nou seulement dans la Méditerranée, mais encore dans l'Océan d'Europe, et dans plusieurs

autres mers. Cette espèce est très-répandue sur le globe; et dès-lors la partie de sa dépouille la plus difficile à détruire, c'est-àdire, ses dents, ont dû se trouver fossiles dans plusieurs contrées de la terre, où en effet on les a rencontrées (1).

(1) Le milandre est plus commun dans la Méditerranée que dans les autres mers, et il se montre rarement dans celles du Nord.

L'on trouve dans Charleton (Onomazt.) une trèsbonne description anatomique du milandre, par lo chevalier George Ent. SONNINI.

L'ÉMISS O L E.

LE SQUALE ÉMISSOLE (1) (2),

PAR LACÉPÈDE:

DOUZIÈME

E SPEC E.

La forme des dents de ce poisson suffit pour le distinguer de ceux que nous avons

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(1) Dans plusieurs départemens méridionaux émissole. Dans plusieurs contrées de l'Italie, pesce columbo. En Angleterre, smooth hound, prickly hound.

Chien de mer émissole. Broussonet, Mémoires de l'académie des sciences pour 1780.

Squalus mustelus. Lin. édit. de Gmelin.

Chien de mer émissole. Daubenton, Encycl. méth. -Bonaterre, planches de l'Encycl. méth. Gronov. Zooph. 142. Gesner, Aquat. 608.

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Emisole, galeus lævis. Rondelet, première partie, liv. 13, chap. 2.

Mustelus lævis. Salv. Aquat. 135, 136.

Mustelus lævis primus. Willughby, Ichth. p. 60, tab. B, 4, fig. 2.-Ray, Pisc. p. 22.

Smooth hound. Pennant, Brit. zool. 3, p. 91, n° 10.

compris

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