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au plus haut degré de perfection, et quels sont ceux de ces imprimeurs qui ont le mieux mérité d'un art à l'illustration duquel ils ont tous tant contribué.

La première partie de notre travail comprend les éditions de format petit in-douze (1), qui ont une valeur constante et considérable, soit en raison du mérite des ouvrages, soit à cause de la beauté de l'impression, soit enfin parce qu'elles sont d'une rareté bien reconnue. Nous indiquerons, toutes les fois que cela nous sera possible, les plus hauts prix auxquels ces livres auront été portés dans des ventes publiques, ainsi que les mesures des exemplaires si chèrement vendus, en ayant bien soin de faire remarquer que ces prix ne sont pas ceux des livres d'une condition ordinaire, et ne tiennent qu'à la très-grande

(1) Nous croyons utile de faire remarquer que nous indiquons toujours les formats d'après la manière dont le papier a été plié, et que pour nous un in-12 résulte de la feuille d'impression pliée en douze, un in-8° de la même feuille pliée en huit, etc. Cette remarque est nécessaire pour éviter la confusion; car le papier que l'on emploie aujourd'hui étant généralement plus grand que celui d'autrefois, il s'ensuit que les anciens formats in-12 d'alors sont plus petits que la plupart des in-18 actuels.

beauté des exemplaires auxquels ils s'appliquent.

Quelques ouvrages imprimés par les Elzévirs, pris isolément, n'ont qu'une valeur médiocre, et cependant sont susceptibles d'en acquérir une assez grande par leur réunion. Nous donnerons une indication exacte des principales réunions de ce genre que l'on peut former, parmi lesquelles on distingue les œuvres de Balzac, celles de Brantôme, les mémoires et les ambassades de Bassompierre, les écrits relatifs au cardinal de Richelieu, etc., etc. Cette classe, secondaire quant aux prix des ouvrages qui la composent, est assez intéressante quant à leur contenu.

Nous ferons une autre classe de quelques ouvrages sur la politique et sur l'histoire, qui, assez long-temps délaissés, ont repris faveur depuis quelques années, et fournissent une nouvelle preuve de la vérité de cet hémistiche de Terentianus Maurus, Habent sua fata libelli. Ici nous serons forcé d'être sobre et de ne pas trop nous étendre; car dans ces ouvrages, dont bien peu sont remarquables, la nuance entre le médiocre et le détestable est presque imperceptible.

Les Elzévirs ont imprimé beaucoup d'ouvrages de format grand in-douze ou petit in-octavo, parmi

lesquels il s'en trouve de précieux et de chers. Il peut résulter de ces ouvrages une autre espèce de collection qui, je crois, n'a pas encore été indiquée, et qui pourtant mérite de l'être. Au nombre de ces éditions grand in-douze, on compte le Montaigne de 1659, les Raggionamenti d'Aretin, les Voyages de Tavernier, et d'autres encore habituellement rares et chers.

Nous terminerons en indiquant un petit nombre de volumes d'un format inférieur ou supérieur à l'in-12, et qui présentent encore quelque intérêt. Dans cette dernière partie se trouvera une notice sur les ouvrages imprimés en langues orientales par les Elzévirs. Nous devons à l'amitié de M. Langlès, conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque Royale, la plus grande partie des renseignements d'après lesquels cette notice est composée. Nous avons lieu de croire que ces renseignements sont en grande partie publiés pour la première fois, et qu'ils ne seront pas jugés indignes d'attention.

Une portion de notre travail, comprise dans la première partie, est entièrement nouvelle. C'est celle où il est question des éditions d'oeuvres de théâtre de quelques auteurs qui avaient été, jusqu'à

ce jour, injustement négligées par les bibliographes. Peu de personnes étaient instruites que les théâtres de Pierre et de Thomas Corneille avaient été complètement imprimés par les Elzévirs. Ces théâtres sont extrêmement difficiles à réunir, sur - tout d'éditions originales, et il est facile de le concevoir lorsque l'on sait que chaque pièce était d'abord imprimée séparément, et ensuite réimprimée lorsqu'elle venait à manquer; que par conséquent les volumes de ces théâtres presque toujours dépareillés, que l'on rencontre, sont mélangés de ces réimpressions, ce qui rend les exemplaires entièrement de premières éditions d'une excessive rareté. Nous n'avons jamais vu qu'un seul exemplaire parfaitement complet de Pierre et de Thomas Corneille, et c'est celui sur lequel a été faite la description que l'on trouve ici. Les théâtres de Racine, de Quinault et de Molière, sont également décrits. Nous ne nous astreindrons cependant pas à indiquer toutes les pièces de théâtre, imprimées isolément, dont nous aurons eu connaissance. Ces pièces sont assez nombreuses; mais quand elles ne forment pas un corps d'ouvrage, elles ne méritent qu'une médiocre attention.

Toutes les fois qu'il y a eu plusieurs éditions d'un même ouvrage, en les indiquant toutes d'une manière suffisante, nous avons décrit seulement celle que l'on doit préférer. Nous n'avons fait d'exception que lorsque l'une des éditions se trouvait, ce qui arrive quelquefois, la plus recherchée et la plus chère, bien qu'une autre fût la plus estimée et la meilleure; ou bien encore lorsqu'il y a d'un même ouvrage plusieurs éditions également estimées. Dans ces deux derniers cas, nous avons multiplié les descriptions, en ayant soin, pour la facilité des recherches, d'indiquer toutes les éditions d'un même ouvrage à la suite de la première.

On sentira aisément qu'il nous eût été facile d'étendre beaucoup ce travail; mais nous avons mieux aimé encourir le reproche d'être trop court que de mériter le reproche contraire. Si l'on objectait que nous avons négligé certains livres qui par des circonstances particulières ont été payés fort cher, nous répondrions que nous ne nous sommes attaché qu'à présenter des livres d'une valeur reconnue et habituelle, et que nous n'avons pas dû prendre pour base les résultats peu communs ou du caprice ou de la fantaisie.

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