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Actualités rétrospectives (3) Autour de Flaubert. (A propos de son centenaire). Les véritables personnages de Mme Bovary. Le chirurgien de la « Méduse ». Le début d'un grand

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homme.

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Informations de la « Chronique » (12) Le créateur de Robert Macaire. La mise en scène devant la justice.

Bleue et... l'autre.

Barbe

Echos de partout (16) Plus fort que Sherlock Holmes ! Le Perpétuel.

La Médecine des Praticiens (17) : Phospho-glycérates et Neurosine Prunier. - Voulez-vous maigrir?

:

Singu

Echos de la « Chronique » (21) Mme Sans-Gêne.
liers usages de la Faculté de Montpellier. Couleur de médecin.
Les savants à l'Institut.
La terreur rouge en... 1921.
Petits Renseignements (24) Organisation scientifique des
stations thermales et climatiques des Pyrénées françaises.
Voyage médical au Maroc français.
Association générale des étudiants

gement de Direction.

Cours d'orthopédie de M. Calot.

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en médecine de Paris. Ecole de Psychologie.

Chan

Correspondance médico-littéraire (26) : La maladie de Richelieu. Oscillométrie ancestrale. Le Dr Gall. médecin praticien. - La messe des vérolés. — Epitaphes-diagnostic et anecdotiques. Index bibliographique (32).

Gravure dans le texte (29). SANCTORIUS, dans sa balance.

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L'Administration.

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Nul n'a mieux, à notre sens, expliqué G. FLAUBERT, que M. PAUL BOURGET, dans cette mémorable « lecture » que le plus analyste des psychologues fit naguère à Oxford, au Taylorian Institute: « Flaubert, ce poète lyrique, né d'un médecin et grandi dans un hôpital, l'avait trouvée, toute faite en lui, cette synthèse du romantisme et de la science. »

Pour faire comprendre dans quel sens s'est développée sa vocation, il convient de « se représenter tout d'abord avec exactitude le milieu social où l'écrivain se trouva placé par le hasard de la naissance, et le milieu intellectuel où il se trouva placé par le hasard de l'éducation ».

Nul n'ignore que le père de Flaubert était chirurgien en chef à l'Hôtel-Dieu de Rouen, et que son fils l'a dépeint sous les traits du docteur La Rivière, dans Madame Bovary. Ce qu'on sait moins, et qui a été révélé, il y a seulement quelques années, par un de nos distingués confrères de Rouen (2), c'est qu'Achille-Cléophas Flaubert, le père du romancier, avait présenté, vers la fin de ses études médicales, les symptômes d'une tuberculose évidente; il eut à ce moment des hémoptysies, qui l'obligèrent à quitter Paris.

Son maître DUPUYTREN jugea son cas assez sérieux pour lui faire abandonner ses travaux, et l'engagea à s éloigner de la grande ville pour aller respirer l'air natal. Le diagnostic de l'illustre chirurgien se trouva confirmé à la revision: Flaubert père tira au sort, et fut réformé, le 4 juillet 1806, après avoir été reconnu atteint de << phtisie pulmonaire », comme l'atteste le certificat de « dispense définitive », qui lui fut délivré à cette occasion. Flaubert, venu à Rouen comme prévôt d'anatomie, fut en cette qualité pourvu d'un logement à l'Hospice d'Humanité « là, il prit le repos nécessaire, et en quelques mois, il se rétablit. » En 1810, complètement guéri, du moins en apparence, il reprenait le chemin de la capitale, pour y passer sa thèse, et revenait à Rouen, où il épousait peu après (le 10 février 1812) la nièce du docteur LAUMONIER.

(1) Né à Rouen, le 12 décembre 1821, à 4 heures du matin d'après l'acte mème de naissance.

(2) Cf. la Revue médicale de Normandie, 10 novembre 1904; la tuberculose 'Achille-Cléophas Flaubert, par R. HELOT.

On ne saurait incriminer la tuberculose du père de Flaubert, pour expliquer la pathogénèse de l'épilepsie de son fils, car AchilleCléophas était guéri depuis plusieurs années lorsque naquit Gustave; nous n'avons signalé cette particularité qu'à titre de simple curiosité, et pour ajouter un exemple à ceux, déjà connus (1), de tuberculeux cicatrisés, de phtisiques qui n'ont pas évolué. Le fait que nous venons de rapporter a un autre intérêt : qui sait, si le père Flaubert n'avait pas été obligé de quitter Paris pour raison de santé, s'il se serait fixé à Rouen, et si, parmi les enfants nés de lui, il y aurait eu le créateur du roman moderne, de sève essentiellement normande ? Mais trêve d'hypothèses et revenons à notre sujet.

On a, tout récemment, mis au jour une pièce bien curieuse, relative à notre personnage: c'est l'extrait du discours de réception, prononcé en 1815, par Achille-Cléophas Flaubert à l'Académie de Rouen (2). Dans ce Discours de bienvenue, notre confrère s'est attaché à « établir les rapports nombreux et la liaison intime de la médecine avec toutes les branches des connaissances humaines >>.

Et, tour à tour, l'orateur montre les liens qui unissent notre art: 1o A la métaphysique qui, dit le docteur Flaubert, « fournit au médecin cette méthode précieuse de l'analyse, sans laquelle il devient le jouet des troubles pathologiques, comme le pilote, sans boussole et sans voile, est livré aux caprices et à la fureur des vents... Ce n'est qu'autant qu'il marche à la lueur de son flambeau, que le médecin peut espérer de traiter avec succès les délires, les manies, l'hypocondrie, la mélancolie et toutes les maladies de l'organe. pensant »; 2° La morale, «... qui nous apprend à diriger nos passions vers un but honnête, n'est pas moins nécessaire à celui qui exerce l'art de guérir; c'est elle qui lui indique les moyens qu'il doit employer contre le trouble moral qu'il a à combattre »; 3o La jurisprudence elle-mème « n'est pas sans influence sur l'art de guérir elle sert à guider le médecin dans l'exercice de la médecine légale »; mais c'est surtout 4° dans les sciences physiques, que le médecin trouve son auxiliaire le plus puissant.

La géologie lui montre les changements que les inondations, les grandes catastrophes du globe ont dù apporter dans la constitution de l'homme ; la météorologie l'éclaire sur les degrés de chaleur et de froid, de sécheresse ou d'humidité, de pressions atmosphériques nuisibles ou favorables au développement et à l'exercice des fonctions de l'économie animale.

La statique et la dynamique lui apprennent à calculer la force des puissances musculaires; l'optique lui révèle les secrets de l'action de la lumière directe, réfléchie ou réfractée sur l'œil, et lui fournit des moyens aussi sûrs que précieux pour remédier aux vices qui peuvent affecter cet organe admirable de la vision.

(1) Notamment, ceux de FRANÇOIS Coppée, Péax, LANCEREAUX, et... C. SAINT-SAENS, (2) Cette publication est due à M. G.-A. Le Roy, le très érudit conservateur du Pavillon et Musée Flaubert, à Croisset, qui a communiqué la pièce au Mercure de France; cette excellente revue, magistralement dirigée par M. Alfred VALLETTE, l'a publiée dans son numéro du 1er décembre dernier.

La physique est surtout utile au chirurgien dans le traitement des chocs, des contre-coups, des fractures, des luxations; dans la construction, le perfectionnement et l'emploi de ses instruments.

Quel immense dépôt de connaissances la chimie n'offre-t-elle pas au médecin! La nature et les propriétés, utiles ou malfaisantes, des différentes espèces de gaz, la composition de l'air commun, les qualités qu'il doit avoir pour être propre à la respiration des animaux, les moyens d'en reconnaître la pureté et d'en corriger l'insalubrité, les procédés à suivre pour détruire l'effet délétère des miasmes putrides, la préparation des médicaments de toutes espèces, la nature des poisons minéraux, végétaux et animaux, leur manière d'agir, les méthodes les plus sûres pour en arrêter les pernicieux effets, les altérations que subissent les liquides ou les solides animaux, sous l'influence de telles ou telles maladies, la marche la plus certaine et la plus prompte pour s'opposer à leur progrès ou remédier aux désordres qu'elles ont déjà produits : teis sont les objets importants sur lesquels le médecin ne peut attendre des connaissances exactes, qu'en étudiant les principes de la chimie.

La botanique se recommande à l'étude du médecin sous le rapport des secours précieux qu'elle fournit à la thérapeutique.

La zoologie peut seule le conduire à la connaissance parfaite de l'organisation de l'homme.

L'art du dessin sert, dans les descriptions, à offrir des détails que la parole ne pourrait rendre qu'imparfaitement; cet art devient indispensable dans les affections organiques et les monstruosités.

Et le Dr Flaubert conclut, que s'il est démontré que le médecin ne doit rester étranger à aucune des sciences pour l'exercice de sa profession, il ne pouvait avoir de plus grandes chances de les acquérir qu'au sein d'une Société aussi savante que l'Académie qui avait bien voulu lui faire l'honneur de l'appeler dans son sein.

A ce père qu'il admirait, bien que de profondes divergences de vues l'en séparassent, Gustave Flaubert fut redevable de ce don d'analyse subtile, de « cette merveilleuse faculté d'observation, qui gravait dans sa mémoire des faits, des scènes, des types, que son talent transformait en créations originales d'une saisissante vérité, don heureux que le travail perfectionnait et fécondait, qualité innée dont la nature avait déposé le germe précieux dans cette riche intelligence (1) ».

Certainement il dut à l'éducation paternelle et aussi aux entretiens qu'il put échanger avec les physiologistes qu'il rencontra dans les milieux où sa jeunesse s'écoula, nombre de renseignements dont plus tard il devait tirer profit. « Voudra-t il dans un récit glisser quelques mots espagnols, son médecin, qui a été en Espagne, les lui fournira pendant la visite qu'il lui fait chaque soir (2). » Mais sa documentation s'est elle bornée à cela ? C'est ce que nous allons essayer d'établir.

(1) Précis des travaux de l'Académie de Rouen 1879-1880): Discours d'ouverture, par M. J FÉLIX, président, sur Gustave Flaubert,

(2) Discours de M. J. Félix, p. 12.

Que G. Flaubert ait fait ou non des études médicales suivies, il n'importe guère de l'établir; on croit généralement qu'il les avait commencées, mais il ne les poursuivit pas assez loin pour qu'on puisse expliquer par là son souci de précision scientifique; il est certain que la médecine et les médecins occupent dans son œuvre une place considérable, qui ne pouvait point ne pas être remarquée. Sur ce point, resté longtemps obscur, M. René DɛsCHARMES (1) semble avoir fait la lumière complète.

Rien, écrit-il, ne porte la trace d'études médicales officielles et régulières qu'aurait faites ou seulement entreprises l'écrivain normand. Et si l'on peut, en raison des influences qu'il a subies, du milieu où il a vécu ses premières années, de sa méthode, de son tour d'esprit, s'aventurer à le traiter parfois << d'anatomiste » ou « d'ex-étudiant en médecine », c'est tout juste dans la mesure où l'on serait en droit de le nommer antiquaire, s'il était né dans la boutique d'un brocanteur, ou épicier si le hasard avait voulu que ses parents vendissent de la mélasse.

Et notre essayiste poursuit:

L'exactitude objective de certains tableaux, développés dans Madame Bovary, dans l'Education sentimentale et ailleurs, reste le plus sérieux argument qu'on ait invoqué en faveur de cette croyance injustifiée. Quel autre qu'un «< ancien carabin» pouvait décrire avec autant de précision l'épisode du pied-bot d'Hippolyte, les symptômes du croup qui étrangle le petit Arnoux, ou la pneumonie de Félicité? Quel autre encore aurait suivi, avec un scepticisme aussi bien informé, Bouvard et Pécuchet dans leurs expériences cliniques et thérapeutiques? - Cependant, la constatation de cette exactitude technique, à elle seule, ne prouve pas grand'chose, que la puissance expressive et la valeur de l'art naturaliste, tel que Flaubert l'avait conçu. De fait, nous savons que, loin de se fier à ses propres connaissances, à de prétendus souvenirs d'école, il s'est renseigné d'une façon toute spéciale, il a puisé largement aux meilleures sources, chaque fois qu'il eut besoin de faire intervenir la médecine dans ses romans. Le chapitre 1 de Bouvard et Pécuchet lui a coûté de formidables lectures, qui l'amusèrent médiocrement. Le dénouement d'Un cœur simple a été composé, d'après des notes fournies par Edmond LAPORTE, qui, lui, du moins, avait fait en partie ses études médicales. Avant d'écrire ces pages de l'Education où agonise le fils de Mme Arnoux, Flaubert, raconte le Docteur CHAUME (2), voulut lui-même assister à une trachéotomie. Et si, renonçant à son dessein primitif, il a imaginé la guérison du petit malade provoquée, comme il arrive dans des cas assez rares, par l'expectoration violente et spontanée d'une fausse membrane- «quelque chose d'étrange, semblable à un tube de parchemin »>, s'il n'a pas décrit l'opération chirurgicale, c'est qu'à l'hôpital SainteEugénie où il s'était rendu, le spectacle réel de cette opération l'émut si vivement qu'il ne put l'observer jusqu'au bout (3). Nous trouvons enfin

(1) Cf. le Mercure de France, 1er sept. 1912.

(2)

Comment se documentait Flaubert », signé Dr CHAUME. cale, 15 décembre 1900, p. 769-770.

lin), Flaubert nous dit :

Chronique médi

(3) Visiblement ému (écrit le Dr Chaume, qui était alors interne de MarjoJ'en ai assez vu; je vous en prie, délivrez-le Cf. Dr SEGALEN, l'Observation médicale chez les écri

(l'enfant). Et il s'en alla. »>

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