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comme si le victorieux pouvoit fans crime en priver le vaincu, aujourd'hui que la guerre est un état de convention qui a fes Loix. Il pense que rien ne répugne à ce que le maître qui, avant d'avoir réduit un autre homme à l'esclavage, auroit pû le tuer, conferve le pouvoir de lui donner la mort s'il le juge néceffaire.. Cet esclave, s'il eft puni de mort par fon maître aura encore gagné (dit l'Auteur) tout le tems qu'il aura vêcu depuis qu'il eût pû légitimement être tué; mais l'esclavage est inconnu en Europe, les prifonniers de guerre ne font point esclaves, les Loix Romaines ôtèrent le droit de vie & de mort aux Patrons les Turcs eux-mêmes le leur refusent, & la propofition de l'Auteur n'eft pas moins contraire aux Loix pofitives de tous les Etats, qui réfervent ce droit aux Souverains, qu'à l'humanité & au précepte du Décalogue qui défend de tuer. Il enfeigne auffi qu'il eft permis de tuer quand il s'agit de défendre fon honneur attaqué; qu'il eft des cas où, même avec réflexion, un: homme peut tuer celui qui veut lui enlever fon bien ; qu'on peut prendre ou endommager le bien d'autrui, quand il eft vrai qu'on ne pourroit fubfifter fans cela, & qu'on eft pouffé par une néceffité pressante, bien entendu qu'on en reftituera la valeur,. lorfqu'on fera en état de le faire. Ce Livre, pour le dire en un eft plein d'erreurs, de fauffes idées, de mauvais rai-

mot

fonnemens.

LE COQ DE VILLERAY,

ET L'AUTEUR ANONYME

DU DROIT PUBLIC GERMANIQUE.

UN François nommé le Coq de Villeray, qui a fait un assez

long séjour en Allemagne & dans les Provinces-Unies, & qui s'eft toujours occupé d'affaires politiques, de retour dans fon pays, a fait un Traité Hiftorique & Politique de l'Empire d'Allemagne. Paris, chez Laurent d'Houry, 1748, in-4°. Ce Traité est assez bon, & renferme un petit abrégé des parties qui compofent le Droit Public du Corps Germanique. Il en rappelle fommairement les époques depuis Charlemagne jufqu'à nos jours, auffi-bien que tous les Traités publics qui font Loi en Allemagne. Il rapporte tout ce qui concerne la perfonne de l'Empereur d'Allemagne ; en quoi confiste son autorité, & les cas dans lefquels il eft obligé de la partager avec les Electeurs ou les Etats; les prérogatives des Electeurs & les privilèges des Princes; les prétentions du Corps Germanique, & les droits communs à tous les Etats, tant féculiers qu'Eccléfiaftiques; les obligations de l'Empereur, de l'Empire & des Etats; la forme de tenir les Diètes générales & particulières, les différens Tribunaux Souverains & fubalternes de l'Empire, avec les affaires de différente nature qui doivent s'y traiter, & la manière de mettre à exécution les réfolutions des Diètes & les jugemens qui émanent de fes divers Tribunaux. C'est l'Hiftoire du méchanisme de ce Gouverne

ment.

Un Ecrivain anonyme publia Le Droit Public Germanique. Amsterdam, chez Pierre Mortier, 1749, 2 volumes in-8°.

C'est un ouvrage à-peu-près comme le précédent. L'Auteur y expose l'état préfent de l'Empire, fes principales Loix & Conftitutions, l'origine & l'aggrandiffement des plus confidérables Maifons d'Allemagne. On y trouve une differtation fur la Jurifdiction de l'Empereur, une autre fur la forme du Gouvernement du Corps Germanique, & une troisième fur le ban de l'Empire. Cet ouvrage eft fupérieur au précédent.

LOUIS

DE HÉRICOURT.

UIS DE HÉRICOURT, né Gentilhomme le 20 Août 1687 (a), & mort Avocat au Parlement de Paris, le 18 Octobre 175 2. Ses talens, fes fuccès & ses vastes connoiffances n'ont jamais altéré la fimplicité de fon caractère & de ses manières: la droiture de fon cœur, la bonté de son ame, son défintéressement à toute épreuve, l'élevoient au-deffus des autres hommes : nous avons de ce célèbre Jurifconfulte:

"

Un Traité des Loix Eccléfiaftiques divifé en quatre parties. La première, de la Jurifdiction Eccléfiaftique, commence par une differtation historique fur l'origine & le progrès du Droit Eccléfiaftique, qui peut fervir d'abrégé raifonné de ce Droit: » Le » bon ordre & la difcipline, dit ce fçavant Auteur, ne peuvent » se conferver dans aucunes fociétés, même dans celles qui fe » forment pour le culte du Seigneur, à moins que ceux qui le compolent ne foient affujettis à certaines règles, & qu'il n'y » ait des peines prononcées contre ceux qui les violent ». Telle en eft la base. La feconde partic, des bénéfices, commence auffi par une differtation historique fur l'origine des bénéfices qu'il expose ainfi: » Les Apôtres ayant prêché l'Evangile dans de grandes Villes, ne manquoient pas d'y établir des Evêques pour inftruire & forti» fier les fidèles, pour travailler à en augmenter le nombre, pour » gouverner les Eglifes naiffantes & pour établir d'autres Evê"ques dans les Villes voifines, quand il y auroit affez de Chré» tiens pour leur donner un Pasteur particulier ». La troisième, des chofes faintes, avec une Differtation hiftorique qui précéde:

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(a) De Julien de Héricourt qui a occafionné l'établissement de l'Académie de Soiffons, par les Affemblées qu'il tenoit chez lui; il fut même chargé de commiffions importantes par la Cour,

» Les chofes faintes dont je me fuis propofé de parler dans cette » troifième partie, (dit le judicicux Jurifconfulte) comprennent. » les Sacremens, le Service Divin, les Eglifes, les Reliques, les » Fêtes & les autres matières qui les concernent». La quatrième, des biens d'Eglife de même, avec une Differtation historique, enfuite l'analyse du Décret de Gratien conféré avec les usages de l'Eglife Gallicane: il y a eu trois éditions de ce Traité, la dernière chez Mariette. Paris, 1730.

On a encore quelques autres ouvrages de fa composition, tels qu'un Traité de la vente des immeubles par decret; des obfervations fur la Coutume générale & fur les Coutumes locales de Vermandois, & un Extrait in-4° des trois volumes du Père Thomaffin fur la difcipline de l'Eglife.

Les œuvres pofthumes de Héricourt, en 4 vol. in-4°. Paris, chez Defaint & Saillant 1759, ne renferment qu'une partie de fon travail, attendu qu'il y a prefque autant de fes Confultations & Mémoires, qui font entre les mains de tout le monde, dont il ne gardoit point de copie, qui faifoient naître à ce Sçavant des penfées & des questions fur le Droit Public; il les communiquoit à ceux qui travailloient avec lui, avec une naïveté qui avoit l'air plutôt d'un homme qui vouloit être inftruit que de vouloir inf truire,

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