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laissaient la place en blanc, et les acheteurs faisaient ensuite remplir ce vuide par des calligraphes qui y plaçaient la lettre initiale, accompagnée de quelque miniature ou d'ornemens en or et en couleurs.

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3. La rareté de ces mêmes divisions.

4. Le non emploi des virgules et des points virgules.

Ce signe paraît équivoque; car la virgule est très-ancienne, et a été imitée des manuscrits. On la distingue dans les premières éditions, souvent figurée par une ligne oblique. Jungendre a voulu probablement parler de la forme de la virgule qui a varié et qui ne se place pas de même chez les différentes nations. Les Allemands, les Suisses et les Anglais la mettent sans espace, immédiatement après le mot. Les Espagnols et les Italiens la fixent entre deux espaces égaux. Dans les imprimeries françaises on la met entre deux espaces inégaux, et dont le premier est moins étendu que l'autre.

5°. L'inégalité et la grossièreté des types.

Cette inégalité et cette grossièreté ne subsistèrent pas longtemps: peu à peu les caractères se perfectionnèrent, et nous voyons sur la fin du 15 siècle des éditions bien préférables aux éditions de plusieurs imprimeries modernes.

6. Le manque de chiffres au haut des feuillets ou des pages, et celui des signatures et des réclames au bas.

Nous avons déjà dit que l'usage des chiffres, signatures et réclames est d'une date postérieure à la découverte de l'imprimerie.

7°. La solidité et l'épaisseur du papier.

8°. Le défaut du nom d'imprimeur, du nom de la ville et de la date de l'année.

9. Enfin la grande quantité d'abréviations.

On pourrait encore ajouter à ces signes, dit M. Peignot, quelques autres marques qui n'appartiennent qu'aux éditions du 15° siècle, telles que des points carrés, des traits obliques en place de points sur les i, des signes particuliers d'abréviation, comme z pour et; neq3 et quib3 pour neque et

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quibus; des q avec une croix placée au bas de la branche perpendiculaire de cette lettre pour exprimer quam ou quod, etc., etc. ; mais en général tous ces signes sont quel-, quefois fautifs, et il faut être versé dans la bibliographicpour en faire une application toujours juste et concluante.

CHAPITRE XXIII.

Du format des livres.

Un bibliographe doit s'attacher à la connaissance des formats, laquelle n'est pas aussi aisée qu'on l'imagine; car on a vu des hommes instruits commettre des erreurs en ce genre, qui ont fait naître des discussions assez sérieuses sur l'existence de l'édition d'un ouvrage dont le format avait été mal indiqué. La plupart des formats se distinguent à l'inspection d'un livre, et chacun dépend de la manière dont la feuille est pliée. Ainsi la feuille pliée en deux désigne l'in-fol., en quatre l'in-4, en huit l'in-8, etc. Mais comme dans les petits formats il y a quelquefois du doute, il faut avoir recours aux pontuseaux du papier, qui sont toujours perpendiculaires dans les in-fol. et in-8, et horizontaux dans l'in-4 et l'in-12. Les éditions en papier vélin n'ayant pas de pontuseaux, on prend garde aux réclames et aux signatures.

Ce qui peut surtout induire en erreur sur la nature du format, c'est qu'il arrive quelquefois qu'un livre, surtout ceux du 15° siècle et du commencement du 16o, semble être d'un format au-dessous de celui auquel il appartient réellement, parce qu'ayant été imprimé sur du papier plus petit que le carré dont on s'est servi depuis, et les marges qui étaient originairement fort grandes, ayant été rognées plusieurs fois, l'in-fol. a dû se réduire à la forme d'un petit in-4, et celui-ci à celle d'un in-8. Comme l'on faisait rarement usage des signatures dans les premiers temps de l'imprimerie, il a été facile de commettre de ces sortes d'erreurs

lorsque le feuillet qui contenait le registre avait été enlevé. Mais pour éviter de pareilles méprises, il est nécessaire de faire attention aux pontuseaux, c'est-à-dire aux rayes transparentes qui traversent le papier entièrement dans la distance de douze à quinze lignes, ou de vingt-sept à trentetrois traits, selon la grandeur de la feuille, et qui coupent à angles droits d'autres rayes extrêmement rapprochées et moins sensibles que l'on nomme vergeures.

Chaque format est en grand papier, ou en papier ordinaire, ou en petit papier. Cette différence de grandeur occasione aussi des méprises. L'in-8, par exemple, étant en petit papier, se confond.aisément avec l'in-12 posé sur la même tablette; le grand in-8 se confond avec le petit in-4. Ces confusions ne sont pas préjudiciables dans l'arrangement des livres sur des tablettes; mais il en résulterait des erreurs bibliographiques graves si dans un catalogue on désignait un petit in-8 sous le nom d'un in-12. Ce serait alors créer des éditions qui n'ont jamais existé.

Nous avons déjà dit que le format d'un livre se désignait d'après la manière dont on plie la feuille d'impression. Ces formats sont divisés en in-fol. si la feuille n'a que quatre pages.

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CHAPITRE XXIV."

Des livres rares et précieux.

La connaissance des livres rares et précieux est une partie très-importante de la science bibliographique. Beaucoup de bibliothèques ne sont composées que de ces sortes de livres, et le grand art du bibliothécaire est de bien les connaître. Toutefois ces deux mots rares et précieux ne sont pas tout-àfait synonimes; ils diffèrent assez essentiellement pour qu'on ne doive pas appliquer indistinctement cette dénomination aux objets qui ne sont susceptibles que de l'une ou de l'autre. Un livre peut être rare sans être précieux; un autre peut être précieux sans être fort rare; d'autres enfin sont l'un et l'autre en même temps.

Un ouvrage qui n'est recherché que parce qu'on le trouve difficilement, bien que le désir de l'avoir le fasse monter à un prix très-élevé, n'est que rare si la beauté des caractères, la célébrité de l'imprimeur, la belle condition, l'élégance de le reliure ou l'intérêt de la matière ne sont pas les causes immédiates de sa valeur. On doit ranger dans cette classe la plupart des anciennes facéties, une grande quantité de satires, les anciennes pièces de théâtre connues sous le nom, de Sotties, farces et mystères, qui ne doivent en grande partie la valeur commerciale dont ils jouissent qu'au caprice des riches amateurs.

D'autres sont précieux sans être rares et s'élèvent toujours à un prix très-considérable dans le commerce, parce qu'on ne peut s'en passer dans les grandes bibliothèques, et qu'outre le mérite de l'exécution, ils ont une utilité réelle, tels sont les beaux ouvrages sur l'histoire naturelle avec figures coloriées; les grands voyages magnifiquement exécutés aux frais d'amateurs riches; entre autres le Voyage de Naples et de Sicile, par de Saint-Non; le Campi Phlægrei, de Houel; le

Voyage de Grèce, par Choiseul-Gouffier; ceux de Suisse, d'Espagne, d'Autriche, etc., par M. Alexandre de Laborde; celui de l'infortuné Lapeyrouse, la belle Description de l'Egypte imprimée par ordre du gouvernement; les superbes ouvrages sur l'Architecture de Piranesi; les collections d'estampes connues sous le nom dé Galleries et de Cabinets, telles que celles de Florence, du Luxemboug, de Versailles, de Crozat, d'Aguiles, etc.; les estampes du cabinet du roi, l'OEuvre d'Albert Durer, de Callot, les Loges du Vatican de Raphaël; l'Iconologie de Sandrart, etc.; les Collections d'antiquités, de Grævius, Gronovius, Sallengre, Montfaucon; les antiquités d'Herculanum, du comte de Caylus, de d'Hancarville, etc. On peut encore ajouter à tous ces ouvrages la plupart des chefs-d'œuvre typographiques des Didot, d'Ibarra, de Bodoni; la Vie de Napoléon, par M. Arnault, et plusieurs autres productions magnifiques exécutées dans ces derniers temps avec tout le luxe de la typographie et de la

gravure.

D'autres enfin sont rares et précieux, soit par le nombre de volumes et la matière dont ils traitent, soit par la richesse de leur exécution et par les circonstances particulières qui doivent en augmenter le prix tels sont la Collection des grands et petits voyages, très-difficile à rassembler bien complète; le Cabinet de Seba, d'Aldrovande; la Mosaïque de Palestrine, dont un petit nombre d'exemplaires ont été coloriés avec le plus grand soin, bien que la réimpression qui en a été faite en ait considérablement diminué le prix, etc.

Tous les livres connus sous la qualification de rares ne le sont pas également; on peut les diviser en trois classes: ceux qui sont très-rares, ceux qui sont simplement rares, ceux enfin peu communs, c'est-à-dire qu'on ne se procure qu'avec un peu de difficulté. Comme on a fort souvent abusé des mots très-rares, rarissimes, de la plus extréme rareté, nous regardons comme une chose essentielle de fixer les idées sur ces divers degrés de rareté, afin de prévenir contre le

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