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somme modique de 250 fr. un Pentateuque hébreu, d'un caractère très-gros, écrit sur quarante-cinq peaux de veau cousues ensemble, dans une longueur d'environ cent pieds. Le texte n'offrait ni points, ni accens, ni notes massorétiques, M. La Serna Santander possédait dans sa riche bibliothèque un autre pentateuque hébreu. Ecrit sur cinquante-sept peaux de cuir oriental, cousues ensemble avec des filets de la même matière, il formait un rouleau de cent treize pieds de longueur. Les caractères sont gros, de forme carrée, sans points voyelles. On a gravé en cuivre les deux premières lignes de ce manuscrit dans le premier volume de l'excellent catalogue de La Serna.

Suivant Hérodote, les anciens Ioniens n'écrivaient leurs annales que sur des peaux de mouton; et les anciens Perses, au rapport de Diodore de Sicile, s'en servaient aussi pour même usage.

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Parmi les diverses peaux d'animaux préparées et servant de matière aux manuscrits, le parchemin tient un des premiers rangs. Il fut inventé à Pergame, sous le règne du roi Eumènes, environ deux cents avant Jésus-Christ, et après la défense des rois d'Egypte d'exporter le papyrus. Il porta long-temps le nom de pergamenum, à cause de son origine. Ce dernier est une préparation de peaux de chèvre et dẹ mouton, polie avec la pierre-ponce. On en liait les pièces les unes à la suite des autres, pour leur donner une longueur proportionnée à celle des actes ou des ouvrages, et on en forma des rouleaux, appelés volumina, volumes, de volvendo, parce que les feuilles en étaient souvent roulées sur des cylindres. Les juifs étaient très-adroits pour réunir les pièces de parchemin. Ceux qui collaient ces feuilles s'appelaient glutinatores.

Le parchemin étoit blanc, jaune ou pourpre; mais cette dernière couleur fut particulièrement affectée aux livres sacrés et aux diplômes des empereurs. On voit encore des livres d'église entièrement pourprés. Avant le sixième siècle

le parchemin servait pour les livres, et le papier d'Egypte pour les diplômes. En Allemagne et en Angleterre, dit M. Peignot, on ne connaissait point le papier d'Egypte; on ne s'y servait que de parchemin. La longueur des actes décidait de la grandeur des parchemins. Il y a des chartes des rois d'Angleterre qui n'excèdent pas l'étendue d'une carte à jouer, et qui néanmoins sont munies du grand sceau royal.

Dans les premiers temps, on n'écrivait les feuilles que d'un seul côté; ce n'est qu'à la fin du neuvième siècle qu'on trouve des chartes écrites des deux côtés. A la même époque on imagina de râcler le parchemin pour en effacer l'écriture, et le faire servir de nouveau. Ce funeste usage, qui dura jusqu'aux quatorzième et quinzième siècles, a détruit une foule d'écrits utiles, qui nous auraient éclairés sur l'histoire et les mœurs des siècles obscurs. C'est sur du parchemin gratté que l'on a trouvé tout nouvellement les fragmens précieux de l'ouvrage de Ciceron de Republicá, dont on vient de donner une belle édition à Paris, d'après celle publiée à Rome par le savant abbé Mai. Et combien d'ouvrages non moins recommandables ont péri, et ont été métamorphosés en pentécostaires, en homélies, en légendes, etc., etc.

La grande consommation du parchemin, et le commerce immense qu'on en faisait en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne, le rendit cher et rare au dixième siècle; et ce qui le prouve, c'est que les chartreux, à qui Gui, comte de Nevers, voulut faire don de vases d'argent, lui dirent qu'il leur rendroit un plus grand service en leur faisant présent de parchemin.

La fabrication du vélin est d'une date postérieure à celle du parchemin. Il est fabriqué avec la peau de veau mort-né 'ou de veau de lait; mais le plus beau et le plus recherché 'est celui qui provient de veau mort-né. Saint Jérôme, Tzetzès, et un écrivain anonyme dont Saumaise cite les paroles dans ses Exercitations sur Pline, attribuent l'invention

sol; ils la trouvèrent dans le lin et le chanvre. Cette espèce de papier se fabrique avec des chiffons de toile de lin ou de chanvre, pouris, broyés, réduits en pâte dans l'eau, ensuite moulés en feuilles minces, carrées de différentes grandeurs, qu'on colle, qu'on sèche, qu'on presse, et qu'on met en

rames ou en mains.

L'origine de cette découverte est enveloppée de beaucoup de nuages. Les uns l'ont attribuée à des Grees réfugiés à Bâle; d'autres, parmi lesquels on compte les savans Maffei et Tiraboschi, aux Italiens: Scaliger en décerne l'honneur aux Allemands. Enfin plusieurs, tels que Prideaux, regardent les Arabes ou Sarrasins d'Espagne comme les inventeurs de cette espèce de papier. Suivant eux ce fut dans le royaume de Valence, et ensuite dans la Catalogne, que l'on en fit les premiers essais.

L'époque de cette découverte n'est pas moins incertaine que son origine. Mabillon la place au 12 siècle. Montfaucon n'a trouvé ni en France ni en Italie aucun livre ni aucune feuille de papier qui ne fût écrite depuis la mort de saint Louis, c'est-à-dire au 13° siècle. Maffei prétend qu'on ne trouve point de traces de notre papier avant 1300. Mais ce qu'il y a de certain c'est que l'on trouve des écrits sur papier de lin et de chanvre remontant à cette dernière époque. M. Gotthef Fischer, dans son essai sur les filagrammes, cite l'extrait d'un compte, de l'an 1301, écrit sur cette espèce de papier, portant pour marque dans la pâte un cercle surmonté d'une tige, au bout de laquelle on voit une étoile. Ce papier est épais, grenu, et a beaucoup de corps: on y aperçoit des vergeures et des pontuseaux.

L'usage du papier de lin ou de chanvre commença à pénétrer en Italie au commencement du 14 siècle. Les historiens font mention de beaucoup de papeteries qui s'établirent à cette époque dans différentes villes de cette contrée. On prétend qu'on en fit usage en Allemagne dès l'an 1259. M. Stettel regarde Augsbourg comme la première ville de ce pays où l'on ait fabriqué du papier de lin, à cause du

grand commerce de toile qui s'y, est fait de tout temps ; et cette opinion paraît vraisemblable par la découverte faite d'un titre sur papier de chiffes, expédié par Frédéric, qui fut évêque d'Augsbourg, depuis 1307 jusqu'en 1330. Nuremberg a produit un registre des membres du conseil, écrit sur la même sorte de papier et qui est de l'an 1319.

Le papier de linge parvint en France quelque temps après avoir pénétré en Allemagne. Mais ce ne fut guère que sous le règne de Philippe de Valois qu'on y établit les premières papeteries dans les environs de Troyes et d'Essone. Avant cette époque on y tirait le papier de la Lombardie. C'est à peu près à la même époque que l'on fit usage de ce papier en Angleterre. La bibliothèque cotonienne montre des titres de 1335; et dans les archives de Cantorbéry on assure qu'il existe un inventaire de la succession de Henri, prieur de l'église du Christ, mort en 1340, qui se trouve sur papier de chiffes.

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En général le premier papier de chiffes porta dans sa pâte marque de la tête de bœuf, et c'est pour cette raison que l'on aperçoit cette marque sur le papier des premiers livres imprimés par Faust. Beaucoup de papetiers ajoutèrent à cette tête quelques ornemens, tels qu'une croix, un serpent, une rose, une étoile, une couronne, une hache, pour distinguer leurs manufactures particulières. M. La Serna Santander a fait graver, à la suite de son catalogue, plusieurs empreintes de ces têtes de bœuf qui varient pour la forme. Malgré l'ancienneté de l'empreinte de la tête de bœuf, néanmoins M. Camus, dans son intéressant voyage de la Belgique, dit avoir trouvé dans les archives de la ville de Bruges des papiers portant la marque d'une hache et d'un griffon, antérieurs à ceux ayant la tête de bœuf.

Ce n'est pas seulement avec des chiffons que l'on a fait du papier, mais on a cherché à en fabriquer avec toutes les espèces de productions végétales; on y a employé l'écorce

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de bouleau, la peau et la fécule de la pomme de terre, le sureau, la fleur de guimauve et la paille.

En 1800, le marquis de Salisbury a présenté au roi d'Angleterre un livre imprimé sur papier fabriqué avec de la paille. Ce livre traite de la manière dont les anciens employaient différentes matières pour perpétuer le souvenir des événemens célèbres avant l'invention du papier. A cet échantillon étaient jointes des feuilles séparées de papier de paille, blanc transparent, fin et aussi bien collé que pourrait l'être le meilleur papier de linge. Toutefois cette découverte n'appartient point au marquis de Salisbury; Anisson Duperron avait fait anciennement du papier de tapisserie avec de la paille.

Jacques Chrétien Schoeffer, de Ratisbonne, a publié en 1765 un ouvrage in-8, sur les diverses sortes de papier qu'on peut faire sans chiffons, avec des modèles de leur fabrication. On en trouve fabriqués avec le coton du peuplier, des nids de guêpes, la sciure du bois, la mousse; avec le bois de hêtre, de saule, de tremble, de mûrier, de clematite et de pin; avec les sarmens du houblon, l'écorce du bois de vigne, des chénevottes, les feuilles d'aloës et de muguet; avec l'arroche, l'armoise, la masse d'eau, la paille d'orge, des tronçons de choux, les tiges du chardon, du glouteron, du conserva, du blé de Turquie, du gênet et avec la tourbe de Bavière.

On a imprimé en 1786 les œuvres de M. de Villette sur du papier fait d'écorce de tilleul. On trouve à la fin de ce volume, de format in-16, divers échantillons de papier fait avec de la mousse, de la guimauve, des orties, des roseaux, du chiendant, etc. Toutes ces expériences ont été faites à la manufacture de M. Leorier, à Bruges.

Il est évident que l'on peut rendre une infinité de matières propres à faire du papier; on en a fait même avec du tan; mais toutes ces découvertes sont plutôt un objet de curiosité que d'utilité; l'essentiel serait d'en faire qui coûtât moins

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