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des offices de Cicéron de 1466, et on croit qu'il est mort cette année-là. Schoeffer continua d'imprimer seul depuis cette époque jusqu'en 1492. La longue liste des éditions publiées par lui, soit pendant sa société, soit après sa cessation, a été donnée par Laire dans son Index. Vurdtwein croit que Schoeffer, sur la fin de sa vie, fit un pèlerinage à la Terre-Sainte, et que c'est la raison qui lui a fait donner peu d'éditions depuis 1480. La date de sa mort est incertaine. Orlandi la fixe à l'an 1479; Mattaire et Prosper Marchand à 1492; Jugler et Mercier de Saint-Léger à 1495; Frédéric Reiman à 1530; et enfin M. Peignot présume que cet homme de génie a terminé sa glorieuse carrière en 1503. Sa postérité a continué l'exercice de l'art sublime qui lui a tant d'obligation à Mayence et dans plusieurs villes des Pays-Bas. Elle subsiste, dit-on, encore à Bois-le-Duc, ville du Brabant.

CHAPITRE X.

Des premières productions typographiques.

LES premières productions typographiques, comme nous l'avons déjà dit, furent tabellaires, c'est-à-dire des petits ouvrages gravés sur des planches de bois. On imprima de cette manière plusieurs livres à l'usage des basses classes scolastiques, et qui ont presque entièrement disparu. Tous ces livres sont sans date. Mais lorsque les caractères mobiles furent découverts, alors l'art typographique s'exerça sur des ouvrages plus importans, et l'on vit paraître le fameux Psautier, dont nous avons parlé plus haut, publié à Mayence la veille de l'Assomption de l'an 1457. C'est tout à la fois l'un des premiers essais et l'un des premiers chefs-d'œuvre de l'art. Le savant M. Van Praet en a donné une description exacte dans son excellent catalogue des livres imprimés sur vélin de la bibliothèque du roi. M. Heinceken, dans son ouvrage intitulé Idée d'une collection d'estampes, en a aussi

parlé. Ce Psautier a été imprimé en grand in-fol. en grosses lettres de fonte, rouges et noires, semblables à celles des missels manuscrits, et qu'on a nommées caractères de Pierre, litteræ Petri, du nom de Schoeffer. Il est à longues lignes, à 20 par page et 19 à la première; il contient 175 feuillets. On y admire un grand nombre de capitales gravées en bois, artistement coloriées par rentrée de trois couleurs, bleu, rouge et pourpre, à la manière des camaïeux. M. Wurdtweim, évêque de Vorms, a fait graver le fac simile des caractères de la souscription de ce précieux livre, dans son ouvrage intitulé Bibliotheca moguntina, qui a paru à Ausbourg en 1787, in-4. On y voit les types, la méthode d'abréviation, et la ponctuation employés par Schoeffer.

Quelques bibliographes, voyant un peu de dissemblance dans les tailles et les contours des lettres ordinaires, ont soutenu que cette édition avait été faite avec des caractères mobiles de bois; toutefois un plus grand nombre croit que les caractères sont de fonte. On ne connaît plus que six exemplaires de la première édition. Le premier et le plus complet se trouve dans la bibliothèque impériale de Vienne, Lambecius le porta, en 1665, du château d'Ambas, près d'Inspruck. Cet exemplaire contient 175 feuillets, dont le Psautier remplit les 135 premiers; on trouve ensuite les litanies, des oraisons, repons et vigiles. Le second exemplaire se trouve dans la bibliothèque de la cathédrale de Mayence; le troisième, dans celle de Dresde. Le quatrième est à Londres, dans la bibliothèque du roi, qui l'a reçu en don de l'université de Gottingue; le cinquième, dans celle du lord Spencer, qui l'acheta, en 1798, des religieux de Roth, en Souabe, au prix de 3000 florins d'Allemagne. Le sixième est dans la bibliothèque du roi de France, qui l'a fait acheter 12,000 francs à la vente de M. Mac-Carthy, en 1817, et en a payé le prix sur sa cassette. Cet exemplaire n'a que 169 feuillets, parce qu'il y manque six feuillets dans la partie des hymnes.

M. Gottholf Fischer pense que ce Psautier n'est pas le premier livre en caractères mobiles avec date, mais que c'est un calendrier commencé en 1456, et terminé au commencement de l'année suivante, avant la veille de l'assomption, époque de la publication du Psautier. Ce calendrier n'est imprimé que d'un côté, et M. Fischer en a déposé un exemplaire à la bibliothèque du roi, en 1804, après avoir fait imprimer à Mayence une savante notice qui le décrit.

Après ce Calendrier et ce Psautier, on peut regarder comme touchant au berceau de l'imprimerie le Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand. Ce livre fut publié à Mayence par Jean Faust et Pierre Schoeffer, son gendre, le 6 octobre 1459. Il paraît être le premier ouvrage où celui-ci ait employé les nouveaux caractères fondus au moyen des poinçons qu'on venait de découvrir. C'est un grand in-fol. à deux colonnes de 63 lignes, et qui comprend 160 feuillets. L'édition est remarquable par la beauté de son exécution, et surtout par la parfaite égalité du tirage. La bibliothèque du roi en possède plusieurs exemplaires. Faust et Schoeffer publièrent, en 1459, une seconde édition du Psautier. C'est un grand in-fol. à longues lignes, au nombre de 23 à chaque page, et composé de 156 feuillets. On n'en retrouve plus que huit exemplaires, et la bibliothèque du roi en possède deux. Le Vocabulaire latin du Gênois Jean de Balbi parut l'année suivante; il est intitulé: Summa quæ vocatur catholicon, a Joanne de Janua; Moguntiæ, 1469, grand in-fol. Cet ouvrage est imprimé sur deux colonnes de 66 lignes, et il contient 373 feuillets. Il ne porte point de nom d'imprimeur; et comme ses caractères sont différens de ceux employés ordinairement par Schoeffer, on l'a regardé comme sorti des presses de Guttemberg après sa séparation de Faust. Quelques bibliographes ont placé ce Vocabulaire avant le Rationale, en prétendant que son impression était antérieure à celle de ce dernier ouvrage, bien qu'il n'ait été mis en vente qu'en 1460. Il en existe des exemplaires impri

més sur vélin, et la bibliothèque du roi en possède plusieurs de cette espèce. L'année 1460 vit encore sortir des presses de Faust et Schoeffer les Constitutiones Clementis papæ V, grand in-fol. composé de 51 feuillets imprimés sur deux colonnes, avec les sommaires en rouge. Ce recueil des Clémentines, ou des Constitutions du pape Clément, est rare et précieux, et la bibliothèque du roi en possède un exemplaire. Enfin on vit publier par les mêmes imprimeurs la fameuse Bible de 1462, si recherchée des amateurs. Elle est en 2 volumes grand in-fol.; chaque page a deux colonnes de 48 lignes, avec les sommaires des livres et des psaumes en rouge. Le premier volume renferme 242 feuillets; le second 239. C'est la première Bible qui porte une date. L'exécution en est très-élégante pour le temps. La bibliothèque du roi en possède plusieurs exemplaires sur vélin. Nous ne donnerons pas une nomenclature plus étendue des premiers livres imprimés, parce que l'on peut trouver des renseignemens trèsexacts et très-curieux sur cet objet chez les bibliographes qui, tels que Maittaire, Parzer, Audiffredi, Laire, La Serna-Santander, etc., ont donné l'histoire des éditions du 15° siècle. Ce qu'il y a de certain c'est que dans ce siècle où l'imprimerie fut inventée, elle fut aussi portée à un haut degré de perfection.

CHAPITRE XI.

De la propagation de l'imprimerie dans les principales villes de l'Europe.

L'imprimerie ne tarda pas à se propager après sa découverte. Le monument le plus ancien de sa propagation est un Recueil de fables en allemand, accompagné de gravures en bois, et imprimé à Bamberg en 1461. Ce livre, décrit Heinecke, se trouve à la bibliothèque du duc de Wolfenbuttel. Le livre des Quatre histoires, dont l'estimable Camus

d

par

a donné une notice en l'an VII, a été imprimé dans la même ville, par Pfister, en 1462, Le savant M. Van Praet attribue encore au même imprimeur un fragment de calendrier qui est d'une date antérieure. Mentel et Eggestein s'établirent à Strasbourg vers 1466. Ulric Zel, de Hanau, porta le premier l'imprimerie de Mayence à Cologne vers 1465, et, bientôt après, plusieurs autres imprimeries s'établirent dans la même ville. C'est dans la même année que Conrard Sweynheim, Arnold Pannartz et Ulric Han, de Vienne en Autriche, appelé en latin Ulricus Gallus, tous trois ouvriers sortis des ateliers de Mayence, transportèrent leur art en Italie, sous le pontificat de Paul II. Ils établirent d'abord leurs presses dans le monastère de Sublac, dans la campagne de Rome, où des religieux allemands leur avaient donné l'hospitalité. Ils y formèrent des élèves, et imprimèrent le Donat sans date, et les OEuvres de Lactance en caractères romains, avec souscription et date du 30 octobre 1465. Ils y publièrent encore d'autres Ouvrages, tels que la Cité de Dieu de saint Augustin, etc.

Pierre et François de Maximis, deux frères amis et protecteurs des arts, attirèrent à Rome Sweynheim et Pannartz, les logèrent dans leur maison, où ils imprimèrent, en 1467, les Epitres familières de Cicéron. Ils avaient déja été devancés dans cette ville par Uldaricus Han, que le cardinal de Turrecremata avait fait venir de Sublac. Celui-ci imprima, le 31 décembre 1467, les Méditations de son bienfaiteur. C'est un volume in-fol. avec figures, lequel est de la plus grande rareté il imprima aussi, en 1470, les Commentaires du même cardinal sur le Psautier. Il associa à ses entreprises Simon Nicolas, de Lucques, son élève, et ils imprimèrent ensemble une foule de bons ouvrages, dans la maison de Jean-Philippe de Lignamine, de Messine, homme érudit qui revoyait et corrigeait les éditions dé ces deux artistes.

Le cardinal Caraffa appela à Rome, vers 1469, Georges Laver, de Wurtzbourg, qui établit son atelier dans le mo

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