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gauche, la loi suspensive de la liberté individuelle, qui leur était imposée par la majorité, il appuya de tout son pouvoir les amendemens que proposait la commission pour atténuer la rigueur de cette loi, et en présenta un luimême, dont l'objet était non-seulement d'empêcher que les nouveaux suspects ne fussent confondus dans les prisons avec les criminels, mais encore de leur faire accorder une rétribution jusqu'à leur mise en jugement. Il prit aussi part à la discussion des budgets de 1819 et 1820, et à celle du règlement des comptes de 1819. Enfin dans la séance du 13 juillet 1820, M. Sappey ayant fait un rapport au nom de la commission des pétitions, concernant la dénonciation d'une circulaire de l'é

restés impunis, et qu'il était indispensable de surveiller rigoureusement la conduite de ces agens secondaires, que l'éloignement de l'autorité enhardissait. M. Bogne de Faye s'inscrivit contre la résolution des pairs tendant à modifier la loi des élèctions, et il insista sur la nécessité de rendre les ministres responsables. Dans le cours de la discusion sur la liberté de la presse, il proposa plusieurs amendemens en faveur des écrivains. Il voulait qu'on accordât aux jurés le droit de déclarer l'accusé coupable au premier ou au deuxième chef d'accusation; afin que les juges ayant égard aux circonstances atténuantès, pussent appliquer depuis la moitié de la peine jusqu'au maximum pour le deuxième. Il détermina aussi les dommages-inté-vêque de Meaux, relative aux rêts que pourrait demander la biens usurpés de l'église (c'est-àpartie plaignante: tous ces amen- dire nationaux) et à une recherdemens furent rejetés. Dans la che inquisitoriale sur les divers séance du 25 juin 1819, il fut un fonctionnaires publics et princides dix-huit membres qui s'élevè- paux habitans de son diocèse, M. rent contre l'ordre du jour pro- Bogne de Faye prononça une opiposé par la commission sur plu- nion assez étendue, pour combatsieurs pétitions où l'on demandait tre les prétentions de ce prélat, le rappel des bannis. Lorsque la qui demandait compte des biens discussion sur le budget fut ou- de l'église usurpés, et des biens verte, il s'attacha à prouver que de l'église non vendus qu'on pourles voies et moyens donneraient rait recouvrer. « D'après nos lois, un excédant de recettes sur les dépenses, et demanda que cet excédant fût consacré à éteindre la dette flottante. Il prit part à la discussion qui eut lieu sur la proposition de M. Barthélemy, pair de France, et à celle qui s'engagea sur la liberté de la presse, dans la session de 1819. Au mois de mars 1820, après avoir repoussé, avec ses collègues du côté

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dit-il, le clergé a cessé depuis »long-temps de faire corps dans »l'état, et il ne peut y rien possé»der. Les fonctions de ses mem>> bres sont rétribuées comme tou»tes les fonctions publiques. S'il >> existe des biens de l'église non vendus, ils appartiennent de droit >> au domaine de l'état. Le clergé » a-t-il été chargé par l'adminis»tration de ce domaine d'en faire

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»la recherche ? ce n'est pas vraisemblable. C'est donc dans un autre intérêt que la circulaire recommande cette recherche; et c'est dans le même intérêt et » dans les mêmes vues qu'elle s'informe également des biens de l'église usurpés. » Il fif ensuite une citation tirée du discours prononcé le 5 juin 1819 à la chambre des députés par M. le garde-dessceaux, qui défendait la loi de recrutement, citation parfaitement applicable à la circulaire de l'évêque de Meaux. « Toute attaque » contre les libertés consacrées » contre les intérêts garantis, avait » dit le ministre de la justice, est » à nos yeux une tentative révo»lutionnaire; et l'auteur de cette » attaque, quel qu'il soit, nous le >> regardons comme un instrument »de révolution. » M. Bogne de Faye ajouta : « Alors je ne sais si ce même ministre et ses colle »gues avaient bien présente à la mémoire cette sorte d'anathème, lorsqu'ils vous ont proposé »à deux reprises, et de deux ma»nières différentes, d'attaquer les intérêts garantis, après avoir a suspendu ou détruit peut-être les libertés consacrées. Dans ce cas, ils n'ont pas craint de se livrer à une tentative révolutionnaire, et de devenir eux-mêmes des instrumens de révolution. »

BOHAN (ALAIN), membre de l'assemblée législative, puis de la convention, où il fut député par le département du Finistère. Dans le procès de Louis XVI, il vota la mort, après avoir demandé l'appel au peuple, et se déclara ensuite pour le sursis. Compris dans

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le nombre des girondins, il fit par tie des conventionnels contre les quels fut organisé le 31 mai, et signa la protestation du 6 juin contre cette journée. Arrêté avec soixante-douze de son parti, il dut, ainsi qu'eux, son salut à la chute de Robespierre. Bohan entra ensuite au conseil des cinqcents, où il ne parla qu'une fois sur les domaines congéables. Sorti à la fin de la session, en 1798, il rentra presque aussitôt, par suite d'une élection nouvelle. Depuis le 18 brumaire, il est resté inconnu.

BOICHOT (JEAN), naquit, en 1738, à Châlons-sur-Saône. Il fit connaître dès sa jeunesse sa passion pour les beaux-arts, et particulièrement pour la sculpture. Il alla se perfectionner en Italie par l'étude des modèles antiques. De retour en France, il mérita bientôt le titre de statuaire du roi, et celui de membre de l'académie de peinture et de sculpture. Plus tard, il devint correspondant de l'institut. Parmi lès ouvrages de Boichot, presque tous remarquables par l'alliance du grandiose avec la grâce, par le goût et une grande pureté, on cite le groupe colossal de Saint-Michel, la statuc également colossale de l'Hercule assis, autrefois placée sous le portique du Panthéon français, la statue de Saint-Roch, les bas-reliefs des Fleuves de l'arc de triomphe du Carrousel; enfin les Dessins des estampes qui ornent plusieurs traductions de M. Gail, lesquels sont dignes de l'ancienne et célèbre école de Florence. Boichot mourut, le gdécembre 1814, regretté de tous les amis des arts, comme de toutes les personnes

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quile connurent dans les relations de la vie privée.

BOIELDIEU (ADRIEN), célèbre musicien-compositeur, est né à Rouen, le 16 décembre 1775. Il prit des leçons, dès l'âge de 7 ans, de l'organiste de la cathédrale, et parvint en deux ans à improviser Sur l'orgue. S'étant rendu à Paris en 1795, il s'y fit d'abord connaître par son talent sur le clavecin, et par un grand nombre de Romances, qui eurent beaucoup de succès, telles que : S'il est vrai que d'être deux, le Ménestrel, etc. Nommé professeur de piano au conservatoire, il fit de bons élèves. Il partit, en 1803, pour Saint-Pétersbourg, où il reçut un accueil digne de sa réputation. L'empereur Alexandre le nomma maître de sa chapelle. M. Boïeldieu fit, dans cette capitale, pour le théâtre de l'Hermitage, plusieurs opéras comiques, dont voici les titres 1° Aline, reine de Golconde; 2° Abderkan; 5° les Voitures versées, ou Comme à Paris; 4 la Jeune Femme colère; 5° les Chaurs d'Athalie; 6° Télémaque, grand opéra en trois actes, qui passe pour le chefd'œuvre de l'auteur, et qui obtint le plus brillant succès. La plupart de ces opéras ont été joués en France, et n'y ont pas été moins bien accueillis. De retour à Paris, en 1811, avec un congé, M. Boieldieu, que les circonstances politiques empêchèrent de repartir, a travaillé constamment pour l'Opéra-Comique. Voici la liste des principaux ouvrages qu'il a composés en France: 1° La Famille suisse, en 1797; 2° Zoraime et Zulnar; 3° les Méprises

espagnoles; 4° Montbreuil et
Merville; 5° la Dot de Suzette, en
1798; 6° Beniowski; 7° le Calife
de Bagdad; 8° Ma tante Aurore,
en 1800; 9° les deux Paravents;
io Rien de trop, en 1811; 11°
Jean de Paris, en 1812; 12" le
Nouveau Seigneur de village, en
1813; 13° en société avec MM. Ca-
tel, Cherubini et Nicolo, Bayard
à Mézières; 14° avec son élève,
Me Gail, Angela, en 1815; 15°
la Fête du village voisin, en 1816;
16° le petit Chaperon rouge, en
1819; 17° enfin en société avec
MM. Berton, Cherubini, Kreut-
zer et Paër, Blanche de Proven-
ce, ou la Cour des Fées, grand
opéra allégorique en trois actes,
joué sur le théâtre de la cour et
à l'académie royale de musique,
au mois de mai 1821, à l'occa-
sion du baptême du duc de Bor-
deaux. Une mélodie douce et
naturelle, des accompagnemens
simples, mais agréables, une
gaieté expressive et une grande
variété dans l'imagination, carac-
térisent le talent de M. Boïeldieu.
Au mois de juin 1816, il avait été
nommé membre du jury exami-
nateur des productions musica-
les composées pour le grand Opé-
ra. Il s'est marié à Me Clotilde,
l'une des premières danseuses de
ce théâtre.

BOILEAU (JACQUES), né en 1752, homme de loi. Nommé juge de paix au commencement de la révolution, il offrit, en 1791, à l'assemblée nationale, une somme de 300 francs sur le traitement qu'il recevait, afin, disait-il, de procurer aux habitans des campagnes de l'arrondissement d'Avalon, des abonnemens aux diffé

rens Journaux patriotiques, comme un moyen assuré de propager les lumières. Nommé, en septembre 1792, député du département de l'Yonne à la convention nationale, il fut du nombre des membres qui, dans le procès du roi, volèrent la mort sans appel ni sursis. De retour d'une mission à l'armée du Nord, il porta une dénonciation contre la commune de Paris et contre Marat, et demanda que lorsque ce monstre, c'est ainsi qu'il osa le nommer, aurait paru à la tribune, elle fût sur le champ purifiée. De ce moment il se prononça, et chaque fois avec une véhémence nouvelle, contre le parti dominant, celui de la Montagne, qu'il invoqua en vain lorsqu'il se vit compris dans le nombre des députés girondins décrétés d'accusation après le 31 mai 1793. Traduit au tribunal révolutionnaire et condamné à mort, il fut exécuté avec vingt de ses collègues, le 31 octobre suivant. Il était âgé de 41 ans.

BOILEAU, frère du précédent, exerçait, en 1798, les fonctions de juge de paix à Avalon. Il quitta cette place, lors de sa nomination au conseil des cinq-cents, où il siégea jusqu'au 18 brumaire an 8. Il fit partie du corps législatif organisé après cette époque; peu marquant dans cette assemblée, il en sortit sans qu'on s'aperçut de sa disparition.

BOILEAU (MArie-Louis-JosepH DE). On a de lui : 1o Entretiens critiques, philosophiques et historiques sur les procès, in-12, 1803, réimprimés en 1805; 2° Histoire du droit français, in-12, 1806; 3 Code des faillites, in-12, 1806;

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4° Histoire ancienne et moderne
des départemens belgiques, 2 vol.
in-12, 1807; 5° L'Opinion, poè-
me, in-12, 1
1808; 6° une Héroïde
intitulée La Femme stelliona-
taire à ses enfans, in-8°, 1809;
7 Épitre à ÉTIENNE et à NICOLAS
BOILEAU, in-12, 1808; 8° Épitre
à

l'amitié, in-8°, 1811; 9° Contrainte par corps, Abus à réformer, Appel à S. M. Louis XVIII et au corps législatif, in-8°, 1814.

BOILLY (N.), mal à propos oublié dans toutes les Biographies, est un de nos peintres de genre les plus agréables et les plus féconds. Il est né vers 1768. Ses compositions faciles et originales l'ont bientôt fait remarquer, et ses petits tableaux, qui sont en fort grand nombre, ont toujours été vendus à un prix élevé. S'il a droi à des éloges, il n'est pas non plus à l'abri des reproches. Il y a quelque monotonie dans le caractère de ses figures, et quelquefois de l'affectation dans sa couleur; il a abusé pendant quelque temps de son talent à traiter la soie et les étoffes, et ressemblait alors à ces Terburg et à ces Backuysen, dont le talent véritable, esclave de l'un des genres particuliers à l'école flamande, semble disparaître quand il n'y a pas dans le tableau une robe à couleur chatoyante, ou une voile de vaisseau à traiter. Ces défauts de sa jeunesse ne se reproduisent pas. dans les ouvra¬ ges de son âge mûr : l'Arrivée de la Diligence; le Départ des Conscrits, tableaux remarquables par la vérité de l'exécution et par celle de la composition, en sont surtout exempts. Une des idées les plus heureuses qu'ait eues ce peintre,

c'est d'avoir représenté, en 1797, l'intérieur de l'atelier de M. Isabey, cadre dans lequel il fait entrer les portraits en pied des artistes les plus distingués de l'époque.

LOIN (ANTOINE), médecin de Bourges, à qui certains biographes donnent cet éloge singulier, que ses écrits, comme ses opinions, se distinguent également par l'élégance, la pureté, la sûreté, est né le 19 janvier 1769. Il fut employé pendant dix ans à l'armée du Nord et à celle de Hollande. En 1801, il devint membre du jury médical, du conseil des hospices, du conseil-général et du collège électoral du département du Cher. En 1815, il reçut des mains de M. le duc d'AngouJême la croix de la légion-d'honneur. Au retour de Napoléon, il cessa ses fonctions, travailla, diton, avec beaucoup de zèle, au renversement du trône impérial, et siégea, en 1815, à la fameuse chambre introuvable. Il est juste d'ajouter qu'il y faisait partie de la minorité. Il soutint le droit de pétition dans toute son étendue, parla en faveur du projet de loi contre les cris séditieux, et fit imprimer son opinion au sujet de la loi d'amnistie, qu'il adoptait sans amendement. Il fut réélu en 1816. Comme médecin du corps politique, on peut lui reprocher l'usage de quelques remèdes violens, et entre autres, du fatal amendement, à la fin de la session dernière, duquel est résultée la nouvelle loi des élections et la chambre actuelle. Docteur en médecine, on lui doit quelques bons ouvrages: Dissertation sur la chaleur vita

le (Paris, 1802); Coup d'œil sur le magnétisme (Bourges, 1814); Mémoire sur la maladie qui régna, en 1809, sur les Espagnols prisonniers de guerre à Bourges (Paris, 1815). Pour un médecin de province, dit encore un historien du temps présent, M. Boin n'est pas à dédaigner. Toutefois nous n'assurons pas que la place d'inspecteur-général des eaux minérales de France, aux appointemens de 12,000 francs, créée, en 1820, pour le docteur Boin, ait été la récompense de ses travaux en médecine.

BOINDELOT (DE), le premier gentilhomme de la Bretagne qui ait donné à la noblesse l'exemple de l'attachement au nouvel ordre des choses, en prêtant le serment d'obéissance et de fidélité à la constitution. En 1790, il fit une adresse à l'assemblée nationale, et lui offrit un don civique commc une nouvelle garantie de son patriotisme.

BOINVILLE (DE). Quoique noble et appartenant à une des familles les plus riches et les plus anciennes de Strasbourg, il fut un des zélés défenseurs de la liberté. Il quitta, en 1789, une place honorable et lucrative, qu'il occupait dans cette ville, pour se réunir aux défenseurs de la patrie. Attaché d'abord au général de La Fayette, en qualité d'aide-decamp, il passa ensuite en Angleterre, le 8 octobre 1791, pour y remplir une mission auprès du fen duc d'Orléans. A l'époque où M. de La Fayette quitta le commandement de la garde nationale parisienne, il partit pour l'Amérique, où il attendit que les cir

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