Page images
PDF
EPUB

Poniatowski. La retraite de ce corps se fit à travers les états autrichiens, et M. Bignon rejoignit l'armée française à Dresde. Après la rupture de l'armistice qui suivit bientôt la perte de la bataille de Leipsick, M. Bignon, qui avait été laissé dans Dresde avec les autres membres du corps diplomatique accrédités auprès du roi de Saxe, s'y trouva enfermé pendant le siége: il n'en sortit qu'après la capitulation. Cette capitulation ayant été violée, il fut arrêté en chemin par un aide-decamp du prince deSchwarzenberg. Sur ses réclamations d'autant plus légitimes que, pendant le siége de Dresde, il avait fait obtenir des passe-ports à plusieurs ministres étrangers qui s'y trouvaient encore, et notamment aux ministres de plusieurs états dont la defection était déjà connue, le prince de Schwarzenberg envoya un de ses aides-de-camp pour le remettre aux avant-postes français à Strasbourg. Arrivé à Paris le 7 décembre 1813, il annonça la défection de Murat à Napoléon, qui ne voulut pas y croire. Telle a été la carrière de M. Bignon à l'extérieur. Agent politique, il s'est concilié la bienveillance et l'affection des pays où il a eu des devoirs pacifiques à remplir. Administrateur, il a forcé l'estime là où il a eu à remplir des devoirs rigoureux partout il a laissé d'honorables souvenirs. A son retour en France, M. Bignon s'était retiré à la campagne. Dans les cent jours, Napoléon le nomma Sous-secrétaire-d'état au ministère des affaires étrangères, conjointement avec M. Otto. Le dé

partement de la Seine-Inférieure le choisit pour membre de la chambre des représentans. Chargé un moment du portefeuille des affaires étrangères, il signa, en cette qualité, la convention du 3 juillet, qui eût été un bienfait inappréciable pour la France, si elle eût été exécutée. En 1817, M. Bignon a été élu député par le département de l'Eure. La première fois qu'il parut à la tribune, il exprima ses vœux pour le rapport des lois d'exception et le prompt départ des troupes étrangères. Ce fut lui qui fit entendre dans la chambre les premières paroles pour le rappel des proscrits «Que les étrangers sortent, » dit-il, que les Français rentrent, » et la paix règnera bientôt dans >> tous les cœurs... » Dans la session de 1818, une phrase d'une opinion qu'il fit imprimer au sujet d'une pétition pour les bannis l'a exposé aux invectives et aux calomnies du parti anti-libéral. Il disait, dans cette opinion, qu'indépendamment de toutes les raisons qu'il venait d'alléguer, il existait encore, en faveur des Français malheureux dont il plaidait la cause, d'autres argumens d'un grand poids dont peu de personnes avaient connaissance. In

terpellé, six semaines après, par un ministre sur le sens de ces paroles, il répondit que l'explication ne serait d'aucune utilité dans le moment pour l'intérêt des proscrits, et qu'elle serait contraire à l'intérêt du gouvernement luimême. On croit généralement que M. Bignon voulait parler de circonstances particulières qui se rattachent à la convention du 3

juillet 1815. On a depuis, dans divers écrits, indiqué quelquesunes de ces circonstances auxquelles on suppose qu'il a voulu faire allusion: il n'a ni approuvé ni démenti ces conjectures. Dans la session de 1819, il a prononcé un discours sur la liberté individuelle, un autre sur la liberté de la presse, et enfin un sur la loi des élections. En 1820, il a été nommé député par les départemens de la Vendée et du Haut-Rhin. M. Bignon a publié les ouvrages suivans: en 1799, un Mémoire intitulé : du Système suivi par le directoireexécutif relativement à la république Cisalpine; en 1814, Exposé comparatif de l'état financier, militaire, politique et moral de la France et des principales puissances de l'Europe; en 1818, Coup-d'œil sur les démêlés des cours de Bavière et de Bade; en 1820, des Proscriptions; en 1821, du Congrès de Troppau. Les services de M. Bignon, ses ouvrages, ses discours parlementaires lui assignent un rang élevé parmi les diplomates, les écrivains et les orateurs les plus distingués de l'Europe; ses compatriotes ont le droit d'ajouter, et parmi ses plus grands citoyens. M. Bignon est du petit nombre de ceux que la patrie peut présenter avec une égale confiance à ses amis et à ses ennemis.

BIGONNET (JEAN - ADRIEN). Membre du conseil des cinq-cents depuis 1798, ce fut M. Bigonnet qui, au 18 brumaire an 8 (1799), apostropha ainsi le général Bonaparte lorsqu'il se présenta dans la salle des séances: Téméraire ! que faites-vous! vous violez le

sanctuaire des lois ! Ce mouvement ne fut point le résultat d'une véhémence passagère, mais bien: la conséquence de ses principes politiques. Il s'était opposé au rétablissement des impôts abolis par la révolution, et s'était montré plus fidèle à une république en ruine, que ceux-mêmes qui en avaient bâti le fragile édifice. Le Moniteur n'imprima pas le discours qu'il prononça contre les perfidies de cabinets et les jeux si cruels de la fourberie diplomatique : il le fit lui-même imprimer séparément. Ce discours, écouté avec impatience par l'assemblée, fut reproduit, trois jours après, sous des formes nouvelles. Son auteur proposa d'exciter le patriotisme des Français, en créant un Code de mérite et de récompense. La motion de M. Bigonnet fut renvoyée à une commission, qui ne daigna pas s'en occuper. Peu de temps avant le 18 brumaire, il demandait encore la liberté de la presse. Sa conduite dans la fameuse séance qui détruisit la république et prépara l'empire, le fit rejeter dans l'obscurité, et il y vécut pendant toutTM le règne de Napoléon. En 1815, ce prince, qui sentait le besoin de chercher dans le parti populaire un appui qui manquait à son trône, nomma M. Bigonnet maire de Mâcon, à la demande des habitans de cette ville. Député à la chambre des représentans, M. Bigonnet s'opposa à la proclamation explicite de Napoléon II, prouvant, par ce nouveau trait de courage, qu'il marchait sur une ligne droite, et ne se prêtait ni aux temps ni aux circonstances.

BIGOT DE PRÉAMENEU (FLix-Julien-JeanN, COMTE), né vers 1750 dans la province de Bretagne, était, avant la révolution, avocat au parlement de Paris. En 1790, il fut nommé juge du 4me arrondissement de cette ville, et, en 1791, envoyé en qualité de commissaire du roi à Usez, pour apaiser les troubles excités contre les protestans. Nommé député à l'assemblée législative par le département de la Seine, il se montra alors, comme il s'est montré depuis, également ennemi de l'anarchie et du despotisme. Le 7 janvier 1792, il émit cette opinion, qui lui attira les huées des tribunes, que la nation n'était pas seulement représentée par l'assemblée, mais qu'elle l'était encore par le roi. M. Bigot de Préameneu fit ensuite décréter l'organisation des jurés, et vota, quelques jours après, pour l'incompatibilité de ces fonctions avec celles de législateur. Il se prononça contre un décret du département de la Seine, relatif aux prêtres insermentés, et fit accorder un dernier délai d'un mois aux émigrés pour rentrer en France. Il fut nommé président de l'assemblée le 19 avril 1792, et en cette qualité il prononça un discours en réponse à celui de Louis XVI, lorsque ce prince vint annoncer qu'il déclarait la guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Le 25 du même mois, M. Bigot de Préameneu parla en faveur des prêtres insermentés, contre lesquels Thuriot proposait une loi très-sévère. Après la journée du 20 juin, il signala les rassemblemens armés, et obtint un décret

contre eux. Mais M. Bigot de Préameneu, voyant les dangers s'accroître de jour en jour, ne s'occupa plus que de cacher son existence, préférant néanmoins exposer ses jours à quitter le sol de la patrie. La révolution du 18 brumaire amena dans le gouvernement un changement que toute la France regarda comme favorable. M. Bigot alors reparut sur la scène politique. Il fut d'abord commissaire du gouvernement près le tribunal de cassation, et bientôt après conseillerd'état. Il présida, en septembre 802, la section de législation, et fit ensuite partie, avec MM. Portalis, Tronchet et Malleville, de la commission chargée de rédiger un projet de code civil. En mai 1804, il fut nommé candidat au sénat-conservateur. L'année suivante dans un voyage qu'il fit å Naples, il eut occasion d'obser ver une éruption du mont Vésuve, sur laquelle il envoya des détails intéressans à l'archi-chancelier de l'empire. De retour en France, il parut souvent à la tribune du corps-législatif pour y défendre des projets de loi, ayant pour objet différentes dispositions. des codes de procédures civile et criminelle. A la mort de M. Portalis, il fut nommé, au commencement de 1808, au ministère des cultes. Sa prudence et sa modération lui concilièrent l'estime de toutes les sectes religieuses. Il conserva ce ministère jusqu'en 1814. A la fin du mois de mars de cette année, M. Bigot de Préameneu se retira en Bretagne, et fut compris dans la mesure du gouvernement provisoire, dont

le but était d'expulser des places
les fonctionnaires qui avaient sui-
vi l'impératrice Marie-Louise à
Blois. Considéré, en conséquen-
ce, comme démissionnaire, ainsi
que tous ceux qui avaient quitté
la capitale à la même époque, M.
Bigot de Préameneu ne tarda ce-
pendant point à revenir à Paris,
où il vécut dans la retraite jus-
qu'au 20 mars 1815. Napoléon
lui rendit sa place de conseiller-
d'état et le titre de directeur-gé-
néral des cultes. Le 2 juin sui-
vant, M. Bigot de Préameneu fut
nommé membre de la chambre
des pairs; il fit partie de la députa-
tion qui présenta à Napoléon l'a-
dresse de cette chambre, adresse
qui, par les principes de liberté
qu'elle renfermait, fut regardée
à cette époque comme la vérita-
ble expression de l'opinion pu-
blique. A la séance du 26 du mê-
me mois, il s'opposa à l'adoption
du projet de loi sur les mesures
à prendre pour la sûreté généra-
le, attendu que toutes les dispo-
sitions de ce projet étaient ren-
fermées dans le code pénal. Quel-
ques jours après, il fut membre de
la commission chargée de rédiger
un rapport sur l'adresse que la
chambre des représentans avait
décidé, dans sa séance du 30 juin,
de présenter au peuple français
et à l'armée. Après le retour du
roi, M. Bigot de Préameneu ces-
sa de faire partie de la chambre
des pairs. Aujourd'hui il vit reti-
ré, et trouve, dans les sciences
qu'il cultive, un bonheur qu'il ne
pouvait rencontrer dans le tour-
billon des affaires. Après la mort
de Baudin des Ardennes, il était
entré à l'institut, dont il a été

président en 1804. En 1816, le gouvernement l'a nommé membre de l'académie française ; il était cependant digne d'y entrer par le choix de ses collègues.

BIGOT DE MOROGUES ( SÉBASTIEN), petit-fils du chef d'escadre de Morogues, auteur de l'ouvrage intitulé Traité de tactique navale. Né à Orléans, en 1777, M. Bigot de Morogues étudia la minéralogie à l'école des mines; ayant eu des succès dans cette science, il fit différens voyages en Bretagne, dont il donna la relation dans le Journal des Mines. Il a publié, en 1812, Mėmoire historique et physique sur les chutes de pierres tombées sur la surface de la terre à différentes époques, vol. in-8°. On a encore de lui une notice très-détaillée sur la Sologne, qu'il a insérée dans la Bibliothèque des sciences médicales d'Orléans, ainsi que plusieurs articles dans la Biographie universelle.

BIGOT DE SAINTE-CROIX. Voyez SAINTE-Croix.

BILDERBECK (LOUIS-FRANCOIS, BARON DE), maréchal de voyage du prince de Nassau-Saarbruck, né le 30 juillet 1764, à Wissembourg en Alsace. On a de lui plusieurs ouvrages en allemand, dont les principaux sont : Le'nouveau Paris, ou la Malice de trois femmes, nouvelle, vol. in-8°, Gotha, 1786; Cyane, ou les Jeux du destin, roman grec, vol. Neuwied, 1790; la Jeunesse in-8°, de Lenzheim, roman, 2 vol. in-8°, Heidelberg, 1592; Alexandre, roman historique, 2 vol. in-8°, Offenbach, 1799. M. Bilderbeck a encore donné la traduction er

français de divers ouvrages allemands Tableau de l'Angleterre et de l'Italie, par Archenholz, 3 vol. in-8°, Gotha, 1788; Maurice, roman de Schultz, 2 vol. in-8°, Lausane, 1789; Théodore, ou le Petit Savoyard, vol. in-12, Paris, 1796. Il existe en outre de M. Bilderbeck plusieurs pièces de théâtre qui ont paru en 2 vol. in8, Leipsick, 1801 et 1806. Il a inséré dans les Cahiers de lecture différens morceaux de littérature et quelques pièces de poésie.

lée Mes loisirs, parmi lesquelles on distingue plusieurs morceaux écrits en vers blancs et en vers mesurés, c'est-à-dire d'après le rhythme des anciens, et qui sont ce qu'il y a de mieux en ce genre dans la langue hollandaise. On cite surtout sa traduction de l'Anexomènes d'Apulée, et cependant l'auteur lui-même désapprouve cette manière de versifier dans cette langue plus propre à la rime. On reproche d'ailleurs à Bilderdyk d'avoir inséré dans son ouvrage plusieurs traductions d'anciens poètes, sans indiquer les noms d'aucun des auteurs, En 1780, il fit paraître un mémoire sur cette question propo

BILDERDYK (GUILLAUME), d'Amsterdam. Sa passion pour l'étude, et ses succès dans ses classes firent préjuger favorablement de ses talens. Reçu docteur en droit à Leyde, il se dis-sée par la société de Leyde: La tingua dans l'étude des langues anciennes et modernes, et montra beaucoup de goût pour la poésie. Il commença à se faire connaître, en 1776, par une pièce de vers qui remporta le prix proposé par la société poétique de Leyde, sous ce titre De l'Influence de la poésie sur l'art de gouverner un état. L'année suivante, son poème, le Véritable amour de la patrie, et une ode sur le même sujet, lui firent encore obtenir le premier et le troisième prix proposés par la société poétique. Ces productions établirent la réputation de Bilderdyk. Après avoir donné la romance d'Elius, où l'on remarqua un grand nombre de beautés d'images et de style, il fit paraître, en 1779, la traduction de l'OEdipe de Sophocle, traduction qui obtint beaucoup de succès. Peu de temps après, il donna une collection de pièces fugitives, intitu

T. III.

poésie et l'éloquence ont-elles des rapports avec la philosophie, et quels sont les avantages que retirent de celle-ci l'une et l'autre ? Ce mémoire, auquel l'auteur a ajouté, en 1783, des commentaires estimés, lui fit obtenir le premier prix. En 1785, il publia, sous le titre des Fleurs, un volume de poésies fugitives, presque toutes dans le genre anacréontique: elles ne furent pas moins bien accueillies que ses autres productions. La même année, il fit paraître le poème des Gueux, par Onnozwier Van Haren, qu'il avait entrepris de refondre, parce qu'il n'en trouvait les vers ni assez corrects ni assez élégans. Il fut aidé dans son travail par le fameux Reinvis-Feyth. Cet ouvrage, quoique inférieur à l'original sous plusieurs rapports, a été favorablement reçu. En 1787, Bilderdyk donna la traduction de Tyrtée, et en 1788, celle

« PreviousContinue »