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guste, dans l'armée du comte de Grasse. Avec ce bâtiment, il soutint, le 29 avril 1781, un brillant combat contre l'amiral anglais Hood, vis-à-vis le fort royal de la Martinique. Il se trouva à la prise des îles de Tabago et de StChristophe, et prit part aux combats des 5 septembre 1781; 25, 26 janvier, 9 et 12 avril 1782. Il fut promu ensuite au grade de chef d'escadre, et plus tard il passa dans les armées de terre avec le titre de maréchal-de-camp. Il eût préféré faire des découvertes au Nord, et s'approcher du pôle; mais le comte de Brienne, qui devint ministre à cette époque, ne trouva point de fonds pour un projet qu'il semblait regarder comme le caprice d'un marin curieux de courir encore les mers. « Pen>> sez-vous que ce soit pour moi >> une abbaye? lui dit Bougainville » avec une juste fierté. » La société royale de Londres, informée des obstacles qui arrêtaient son illustre membre, le pria de lui envoyer son travail sur ce sujet ; elle le reçut des mains de l'astronome Cassini, qui eût été du voyage. Lord Mulgrave, alors capitaine Phipps, se dirigea d'après ses notes; mais en choisissant la route que Bougainville avait regardée comme la moins bonne de celles qu'il indiquait, il ne put passer le quatre-vingtième degré. Cependant le voyageur français prétendait qu'on irait beaucoup plus loin, et peut-être au pôle même, en accordant une prime aux bâtimens baleiniers. Après quarante années d'un service si honorable, Bougainville se retira pour ne plus s'occuper que des sciences;

il venait d'éprouver à Brest le chagrin de ne pouvoir rétablir la discipline dans l'armée navale qui s'était révoltée contre Albert de Rioms, en 1790. C'est en 1796 qu'il entra à l'institut; bientôt après il fit partie du bureau des longitudes. Dès la création du sénat-conservateur, il y fut placé par Napoléon. Il avait été passionné dans sa jeunesse pour les plaisirs; il eut la faiblesse d'en reprendre l'habitude dans un âge déjà avancé. Cependant il conserva les facultés de son esprit, et sa bonne humeur jusqu'au dernier moment. Après dix jours d'une forte maladie, dans sa 82me année, il mourut le 31 août 1811, laissant au service trois fils qu'il avait eus de sa première femme, l'une des personnes les plus aimables de son temps, Mile de Montendre. On a faussement attribué à Bougainville un écrit dont l'auteur est Taitbout, et qui a pour titre Essai sur l'ile d'O-Taiti, in-8°, 1779.

BOUGE (N. DE), géographe belge, a publié à Bruxelles des cartes dont l'exactitude et la netteté sont remarquables. On fait un cas particulier de celles qui sont relatives au théâtre de la guerre, entre les Autrichiens et les insurgés brabançons d'abord, et depuis, entre les armées autrichiennes et françaises; ces cartes sont très-recherchées.

BOUGON (N), procureur-général syndic du département du Calvados, à l'époque du 31 mai 1793, avait successivement rempli diverses fonctions publiques avant d'arriver à celles de procureur-général. Ses liaisons avec

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Buzot Grent qu'il se prononça fortement en faveur du parti de la Gironde, et qu'il prit, pour le soutenir, la part la plus active à l'insurrection du Calvados. Après la défaite de l'armée que ce département faisait marcher sur Paris, Bougon, mis hors la loi par la convention nationale, se réfugia en Bretagne auprès de Puisaye, et fit, avec l'armée vendéenne, partie de l'expédition d'outre-Loire, Pris avec le prince de Talmont, après la bataille du Mans, il fut conduit à Laval, et fusillé par ordre du représentant du peuple Esnu-Lavallée.

BOUILLE (FRANÇOIS-CLAUDEAMOUR, MARQUIS DE), général en chef de l'armée de Meuse, Sarreet-Moselle, naquit le 19 novembre 1739, au château du Cluzel, en Auvergne. Sa famille, originaire du Maine, s'était établie en Auvergne, depuis le commencement du 12 siècle. Ayant perdu sa mère presqu'en naissant, et son père lorsqu'il avait à peine atteint l'âge de 8 ans, il demeura sous la tutelle de son oncle Nicolas de Bouillé, doyen des comtes de Lyon, premier aumônier du roi (Louis XV), évêque d'Autun, et conseiller-d'état, qui le fit élever à Paris au collège Louis-le-Craud, dirigé alors par les Jésuites. Il entra dans la carrière des armes à l'âge de 14 ans; et, après avoir servi dans le régiment de Rohan-Rochefort et dans les mousquetaires noirs, il obtint à l'âge de 16 ans une compagnie dans le régiment de dragous de la Ferronnays, avec lequel il rejoignit l'armée en Allemagne en 1758, et fit la guerre de sept ans. Cette guerre si peu heureuse

pour les armes françaises, lui fournit cependant de nombreuses occasions de se distinguer. A la prise de Rhinfeld, (en 1758), il coinmandait l'avant-garde des dragons, et entra l'un des premiers dans cette ville. Il se distingua particulièrement à la bataille de Berghen, le 13 avril 1759; à Wildemgen, dans l'hiver de 1760; à Langen-Salza, en février 1761. Mais ce fut au combat de Grumberg, le 22 mars 1761, que M. de Bouillé se signala plus particulièrement. A la tête de l'avant-garde de dragons sous ses ordres, il perça et culbuta une colonne ennemie de plusieurs mille hommes aux ordres du prince héréditaire, depuis duc de Brunswick, enleva 11 pièces de canon et dix-neuf drapeaux ou étendards, et força l'ennemi à abandonner tous les avantages qu'il avait eus jusque-là. Cet exploit lui valut l'honneur de porter au roi les drapeaux pris dans cette journée; et Louis XV, qui le combla d'éloges, en lui accordant le brevet de colonel, lui promit le premier régiment vacant. De retour à l'armée, il y servit comme colonel sans quitter le régiment de la Ferronnays, et commanda en cette qualité les avant-gardes. A la tête de 500 hommes, il attaqua l'arrière-garde du général Luckner, près d'Eimbeck, la culbuta, ei entra de vive force dans cette ville, où il fit beaucoup de prisonniers. A Quedlimbourg, le 13 novembre 1761, il fut blessé d'un coup de sabre sur la tête, et renversé de son cheval en chargeant l'ennemi; les escadrons qui devaient le soutenir l'ayant abandonné, il fut fait prisonnier. E

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changé peu de mois après, il obtint le régiment d'infanterie de Vastan, dont le colonel venait d'être tué au siége de Brunswick. Ce régiment prit le nom de BouilJé et le conserva jusqu'à la paix, où il eut celui de Vexin. En 1768, M. de Bouillé fut nommé gouverneur de la Guadeloupe, où son régiment fut envoyé en garnison, et il administra cette colonie, jusqu'en 1771. Il y montra tant de prudence, que lorsque la guerre qui s'annonçait entre la France et l'Angleterre, vint donner une plus grande importance au gouvernement des Antilles, et exigea qu'il fût confié à un homme dont les talens les garantiraient du sort qu'elles avaient eu dans les guerres précédentes, M. de Bouillé fut nommé, en 1777, gouverneur général de la Martinique et de Sainte-Lucie, avec des pouvoirs pour prendre le commandement de toutes les autres îles du Vent, dès que les hostilités commenceraient. Il fut fait en même temps maréchal-de-camp. La guerre d'Amérique ayant éclaté, M. de Bouillé occupa, dès le 7 septembre de la même année, la Dominique, à laquelle sa position entre la Martinique et la Guadeloupe donnait une grande importance. Les Anglais se préparaient à y envoyer des renforts considérables, et en les attendant, ils y élevaient des batteries, et fortifiaient les hauteurs pour en faire un poste inexpugnable, quand M. de Bouillé les prévint, et s'en empara. Le jour de la pleine lune de septembre, jour que les marins regardent comme l'un de ceux où la mer est la plus dangereuse,

il s'empara de cette colonie, fit prisonnière la garnison forte de 500 hommes, et se rendit maître de 164 pièces de canon et de 24 mortiers. La même année, il fut employé sous le comte d'Estaing à l'affaire de Sainte-Lucie; et après le mauvais succès de cette attaque, il rallia et sauva les débris de l'armée, imprudemment engagée, et ensuite abandonnée par ce général. Celui-ci, après avoir réparé cet échec par la prise de la Grenade, quitta les Antilles le 20 juillet 1779. Jaloux de la réputation de M. de Bouillé, il lui enleva la plus grande partie de ses troupes, ainsi que tout l'argent et les munitions qui se trouvaient à la Martinique, sans lai laisser un seul bâtiment qui pût protéger les îles françaises. Ainsi dénué de moyens de défense, M. de Bouillé n'avait que son courage et ses talens. Cependant l'ennemi n'osa rien entreprendre contre lui, jusqu'au moment où l'arrivée d'une escadre, commandée par le comte de Guichen, le tira de cette position critique. Aussitôt il reprit l'offensive, et inquiéta l'ennemi par plusieurs tentatives, dont le succès eût été assuré, si ses opérations n'eussent été subordonnées à celles de mer. Le résultat ne seconda pas toujours son activité. Mais un trait de bienfaisance vaut bien la prise d'une forteresse, et le fait suivant l'honore autant que le plus noble exploit militaire. Le 12 octobre 1780, deux frégates anglaises, qui croisaient devant la Martinique, ayant échoué sur les côtes, M. de Bouillé s'empressa de recueillir les débris de leurs équipages, frt

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