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l'empereur Napoléon, ex-chargé d'affaires à Hambourg, ex-préfetde police, et membre de la chambre des députés de 1815, né à Sens leg juillet 1769, fut élevé à l'école de Brienne, où il eut pour condisciple Bonaparte, dont il devint, diton, à cette époque, l'ami et le confident. M. de Bourienne quitta l'Ecole militaire en 1788, pour aller étudier le droit et les langues étrangères à l'université de Léipsick; de là, s'étant rendu en Pologne, il ne revint en France qu'en 1792. Nommé alors secrétaire de légation à Stutgard, il partit pour sa destination quelques jours avant le 10 août. La guerre qui éclata entre la France et l'Allemagne, fit bientôt cesser ses fonctions: il reparut un moment à Paris en 1795; mais il retourna bientôt à Léipsick, où il se maria. Comme une cause étrangère à la politique avait déterminé sa résidence dans cette ville, les émigrés ne le considéraient point comme étant de leur parti. Ses intelligences avec un agent de la république française firent naître des soupçons sur lui, et l'électeur de Saxe ordonna l'arrestation de l'un et de l'autre. Après soixante-dix jours de captivité, M. de Bourienne reçut, avec sa liberté, l'ordre de quitter immé diatement la Saxe. Il revint dans sa patrie, où sa conduite fut jugée de diverses manières. Cependant il n'eut pas beaucoup de peine à se faire rayer de la liste des émigrés, sur laquelle on l'avait inscrit dans le département de l'Yonne; mais il est probable qu'il inspirait peu de confiance au gouvernement, puisqu'on le laissa dans l'oubli jusqu'au mois de juiu 1797. Alors

commençait à s'élever cette gloire colossale, fondée sur une suite de triomphes dont l'histoire n'offre point d'exemple. Bonaparte acquérait trop d'importance pour que M. de Bourienne négligeât l'occasion de lui rappeler leurs anciennes liaisons d'amitié. Il lui écrivit donc une lettre dans laquelle il demanda l'autorisation de se rendre auprès de sa personne, et un emploi qui pût l'y fixer. Cette demande fut parfaitement accueillie; le général de l'armée d'Italie engagea son compagnon d'études à venir le trouver à Gratz, en Styrie, où, dès qu'il arriva, il devint son secrétaire intime. Depuis cette époque, M. de Bourienne suivit son maître dans toutes ses expéditions, et vint s'établir avec lui au palais des Tuileries. Jamais confident d'un chef d'état n'avait joui de plus de confiance; sous ce rapport M. de Bourienne ne craignait point de rivaux, et le crédit qui naît de la faveur, le fit nommer conseiller-d'état, le 20 juillet 1801. On dut s'étonner de voir une intimité fondée sur tant d'intérêts cesser tout à coup. Le fait est que M. de Bourienne se trouva compromis par les opérations de la maison Coulon, dans les affaires de laquelle il était intéressé. La banqueroute de cette maison ayant divulgué le secret d'une association qui jusqu'alors avait été ignorée, le premier consulen prit de l'humeur : il ne lui parut pas convenable que le dépositaire des secrets de l'état fût intéressé dans des affaires de banque et de fournitures, et il éloigna M. de Bourienne de son cabinet. Sa disgrâce paraissait devoir durer long

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temps: cependant l'intervention de ses amis, spécialement celle de Fouché, et sans doute un reste de bienveillance de Bonaparte, le firent nommer chargé d'affaires de France à Hambourg, en y joignant le titre d'envoyé extraordinaire près du cercle de Basse-Saxe. M. de Bourienne fut encore dénoncé à l'empereur dans ces nouvelles fonctions d'autres fonctionnaires furent aussi.compromis et destitués. M. de Bourienne seul conserva sa place. Il continua de résider à Hambourg jusqu'en 1813, alors les désastres de nos armées obligeaient tous les agens français à évacuer l'Allemagne. Rentré en France, il n'attendit pas que la fortune eût décidé du sort de son ancien ami pour prendre parti contre lui. Il avait déjà sacrifié ses affections aux intérêts de la restauration, quand le 30 mars 1814 décida qu'il avait pris le parti le plus utile. Il en eut bientôt la preuve, car il obtint dès lors, par le moyen du prince de Talleyrand, président du gouvernement provisoire, la direction générale des postes. Au retour du roi il fut cependant obligé de céder cette place à M. Ferrand; mais il fut nommé conseiller-d'état honoraire. Il resta sans emploi jusqu'au 12 mars 1815, qu'il devint préfet de police: c'était dans la circonstance périlleuse où Napoléon avait mis le gouvernement en sortant de l'île d'Elbe. Ce fut en cette qualité que quatre jours après, c'est-à-dire, le 16 du même mois, M. de Bourienne signa l'ordre d'arrêter le duc d'Otrante, (Fouché), qui lui avait rendu les plus notables services. Le duc

d'Otrante au reste trouva le moyen de se soustraire à l'exécution de cet ordre, en s'évadant avec l'aide de M. Félix Desportes, dont il signa trois mois après la proscription, avec ce courageux désintéressement qui alors a signalé tant d'éclatantes conversions. Napoléon étant arrivé à Paris malgré M. de Bourienne, celui-ci se rendit à Gand, où sa courte administration trouva de nombreux censeurs. Il ne fut pas admis dans le conseil du roi; cependant après la seconde restauration, il fut nommé conseiller-d'état en service ordinaire, et appelé à en remplir les fonctions le 17 septembre 1815. Dans le même mois M. de Bourienne fut élu à la chambre des députés par le collège électoral du département de l'Yonne. Dévoué aux nouveaux intérêts qu'il a embrassés, il s'est assis au côté droit, et n'a pas cessé de voter avec la majorité. Réélu en 1821, il se montre plus que jamais partisan du système opposé à celui auquel il fut redevable de sa première fortune. Il est difficile de saper avec moins de ménagement les institutions libérales, qu'il ne l'a fait dans son rapport sur le budget de 1821. Les sciences, les lettres, les arts, rien de ce qui tient à la philosophie et à la gloire de la nation n'y est épargné. Son économie accorde à peine la pension alimentaire aux modestes établissemens qui leur sont consacrés; il est vrai qu'il va au - devant des missionnaires et des ignorantins dont les besoins sont jusqu'à présent un peu plus étendus que les services. On a attribué à M. de Bourienne l'His

toire de Bonaparte, par un homme qui ne l'a pas quitté depuis quinze ans et le Manuscrit de Sainte-Hélène. Il a désavoué formellement le premier de ces ouvrages, et nous osons, avec ou sans son aveu, le décharger de toute responsabilité par rapport au second. Il avait publié, en 1792, l'Inconnu, drame en 5 actes et en prose, traduit de l'allemands et en 1816, des Observations sur le Budget.

BOURKE (JEAN-RAYMOND-CHARLES), lieutenant général, né à Lorient, département du Morbihan, le 12 août 1773, issu d'une famille originaire de France, qui suivit Guillaume-le-Conquérant en Angleterre, et revint en France avec les Stuarts, en 1688. Le chef de cette famille commandait un régiment de son nom, qui se distingua à l'affaire de Crémone. Charles Bourke entra au service à l'âge de 14 ans, le 1 juillet 1787, en qualité de sous-lieutenant dans le régiment de Welsh, de labrigade irlandaise, et fit partie de l'expédition de la Cochinchine, en 1788. Rentré en France en mai 1790, il partit en novembre 1791, avec le second bataillon du régiment de Welsh pour Saint-Domingue, où l'expédition n'arriva qu'en mai 1792, ayant été forcée de relâcher aux Canaries. Le 12 août 1792, il fut blessé d'un coup de feu à la poitrine, en défendant le poste de Genton. Nommé lieutenant de grenadiers le 7 septembre 1792, déporté de Saint-Domingue avec M M. Blanchelande, d'Esparbès, et une soixantaine d'officiers, il fut compris avec eux dans le dé

cret de la convention du 30 mai 1793, qui déclara qu'il n'y avait pas lieu à les poursuivre. Nommé adjoint aux adjudans - généraux attachés à l'armée des côtes de' Cherbourg, Charles Bourke fut destitué par le comité de salut public en 1794. Réintégré en qualité de capitaine de grenadiers au 92 régiment, en brumaire an 4, il devint chef de bataillon dans la brigade étrangère, le 15 fructidor an 6, et s'embarqua à la même époque sur l'escadre commandée par le capitaine de vaisseau Bompart, destinée à l'expédition d'Irlande; il fut fait prisonnier à bord du vaisseau qu'il montait, par l'amiral Warens, après un combat de six heures. Nommé, en l'an 8, commandant supérieur de Lorient, Port-Louis et arrondissement, en remplacement du général Humbert, il fut désigné, en l'an 10, pour faire partie de l'expédition de Saint-Domingue, aux ordres du général en chef Leclerc. Chargé de seconder, à la tête d'une colonne de 300 hommes de marine, le général Humbert dans la prise du port de Paise, cette opération réussit. Le succès en . fut justement attribué à Charles Bourke, qui, à la suite de cette affaire, fut nommé premier aidede-camp du général en chef, et ne cessa de remplir avec distinction des missions importantes pendant la guerre. Il commanda l'avant-garde du corps d'armée du général Debelle, et fut blessé d'un coup de baïonnette au basventre, à la première attaque de la Crête-à-Pierrot. A la seconde, il fut chargé de diriger la marche de la division Boudet, et comman

porta les postes de cavalerie légère jusqu'à Freybourg. En récompense de cette belle action, le grade de général de brigade lui fut offert, mais il préféra être nommé commandant de la légion-d'honneur. Le 14 octobre, lors des batailles d'Eylau et d'Auerstaedt, le colonel Bourke fut chargé, par le maréchal Davoust, au débouché du défilé de Kosen, de prendre le coramandement de tout ce qu'il y avait de cavalerie, pour faire une reconnaissance, et enlever des prisonniers, coûte qui coûte. Il s'avança jusqu'à ce qu'il eût rencontré toute l'armée ennemie, qu'il trouva en bataille, et il enleva à sa vue 11 dragons et un officier supérieur. Pendant cette

da la réserve de l'armée. Le colonel Péthion, depuis président de la république haïtienne, commandait un des corps de cette réserve. Après la prise du fort, Charles Bourke fut envoyé en mission à la Jamaïque auprès des commandans des forces anglaises, et fut nommé colonel le 22 messidor an 10. L'année suivante, il commanda la brigade chargée de couvrir le Cap, et fut blessé, le 7 vendémiaire an 11, à l'attaque de cette ville, par les Noirs révoltés. De retour en France, il fut nommé colonel-aide-de-camp du général Davoust, commandant le 3 corps de l'armée d'Angleterre, en fructidor an 11, et prit part, en cette qualité, à toutes les affaires de flotille qui ont cu lieu depuis Flessingue jusqu'à Amble-même journée, il fut blessé, à la teuse, et notamment à celle de messidor an 13, sous le cap Grinez. Pendant la campagne d'Autriche de 1805, à la tête de 100 chevaux des 1 de chasseurs et de hussards, le colonel Bourke culbuta l'ennemi, et s'empara des deux premières pièces de canon russes qui furent prises dans cette guerre. A la bataille d'Austerlitz, il commandait une partie du 15 léger, et soutint toute la journée, avec avantage, appuyé par la division Bourcier, l'effort de l'ennemi, qui voulait prendre en flanc l'armée francaise par sa droite. Dans la campagne de Prusse, il fut chargé, le 12 octobre 1806, de pénétrer à Maümbourg avant le coucher du soleil, ce qu'il exécuta à la tête de 100 chevaux du 1" de chasseurs ; il s'empara aussi d'un équipage de pont sur la Saale, et

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tête du 85 régiment, d'une balle qui lui traversa le poignet. En 1809, dans la deuxième campagne d'Autriche, le 19 avril, pendant la bataille de Thaun, il commandait une partie du 48m, le seul régiment qui restât en réserve. Le 23 avril, à deux heures après midi, à la vue des deux armées, il monta à la tête des grenadiers des 25 et 85 de ligne, à l'assaut de la place de Ratisbonne, par la brèche imparfaite que l'artillerie avait ouverte. Après avoir occupé la ville pendant une heure, il fut culbuté et rejeté sur l'escarpe. Dans une seconde attaque, il parvint à s'emparer d'une porte de la ville, qu'il ouvrit à l'armée : 3,000 Autrichiens furent faits prisonniers. A la fameuse bataille de Wagram, il eut deux chevaux tués, et fut nommé général de brigade sur le

ne

champ de bataille. Après cette campagne, il reçut l'ordre de se rendre à Anvers, pour être employé contre l'armée anglaise débarquée dans l'île de Walcheren. Le 15 novembre 1809, il entra à la tête de sa brigade dans le fort de Batz, et le 15 décembre, même année, à Flessingue. Il passa à l'armée d'Espagne en 1810, fut nommé au commandement de la 2me brigade de la division Reille, dans la Navarre, et commanda en chef à l'affaire de Lumbier, où il cut en tête toutes les bandes de Mina; il les culbuta et les mit dans une déroute complète. Après l'affaire de Lerinec, le général Bourke passa avec la division Reille à l'armée d'Arragon, commandée par le général Suchet, et prit part au siége de Valence. Nommé gouverneur de Lérida, il fut chargé d'opérations militaires dans la Haute-Catalogne, et fut blessé d'un coup de feu à la tête, et d'une balle à travers le genou, à l'affaire de Roda, contre le baron d'Eyroles. Le général Bourke fut nommé lieutenant-général le 7 novembre 1813, et gouverneur de Wesel le 19 du même mois. Il défendit cette place contre l'armée prussienne, commandée par le prince de Hesse-Hombourg, jusqu'à la rentrée du roi, époque à laquelle il reçut l'ordre de la remettre. Il ramena en France toute sa garnison et 40 bouches à feu. Le 5 mai 1815, il fut nommé gouverneur des places de Givet et de Charlemont. Chargé par le gouvernement royal de défendre Givet, il s'y maintint jusqu'au 31 décembre contre les attaques de l'armée prussienne, commandée

par le prince Auguste de Prusse. Il ne remit cette place à l'armée russe, qu'en exécution des traités de Paris. Depuis cette époque, le général Bourke est employé en qualité d'inspecteur-général d'infanterie; il est un des membres de la commission de révision des réglemens militaires.

BOURLIER (LE COMTE J. B.), né à Dijon le 1er février 1761, entra fort jeune dans la carrière ccclésiastique, et obtint un bénéfice assez considérable que la révolution lui fit perdre. Il ne s'en montra pas moins partisan de la liberté, et prêta, sans hésiter, serment à la constitution civile du clergé. Quoique pendant le régime de la terreur il se conduisît avec beaucoup de prudence, il fut au moment d'être l'une des victimes de cette horrible époque. Nommé, après le concordat de 1801, évêque d'Évreux, il devint en 1802, administrateur des hospices de cette ville, et reçut de l'empereur la décoration de la légion-d'honneur, le titre de baron, enfin celui de comte de l'empire. En 1806, le corps électoral de la Seine-Inférieure le nomma candidat au corps-législatif. Au mois de janvier 1813, il fut élu député par le département de l'Eure, et nommé sénateur, le 5 avril de la même année. Le 7 juin 1814, le roi lui conféra les honneurs de la pairie. N'ayant rempli aucune fonction pendant les cent jours, il rentra à la chambre des pairs après la seconde restauration.

BOURMONT (Louis-AugusteVICTOR, COMTE DE GAISNE DE), lieutenant-général, est né vers 1773, au château de Bourmont, en An

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